Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.


Video transcript
Carte de visite: Pierre Desrochers
Pierre Desrochers demystifies misconceptions about the latest trend: eating local. A subject that is creating quite a buzz.
Production year: 2012
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Début générique d'ouverture
[Début information à l'écran]
Carte de visite
[Fin information à l'écran]
Fin générique d'ouverture
L'ANIMATRICE GISÈLE QUENNEVILLE fait une courte présentation de son invité : PIERRE DESROCHERS.
GISÈLE QUENNEVILLE
Soyez les bienvenus à Carte de visite.
Manger local, manger bio, c'est
devenu une religion pour plusieurs.
On fréquente les marchés des fermiers,
on reçoit des paniers de fruits
et de légumes à la maison,
en provenance de fermes locales.
Selon certains, tout ce qu'on
consomme doit parvenir d'un
rayon de 160 kilomètres de notre
domicile. On nous dit que c'est
meilleur pour notre santé, que
c'est meilleur pour l'environnement,
ainsi que pour l'économie locale.
Eh bien, un professeur de
l'Université de Toronto remet
en question ces nouvelles tendances.
Dans « The locavore's dilemma -
In Praiseof the 10,000-mile Diet »,
Pierre Desrochers et son épouse,
Hiroko Shimizu, nous disent que
manger des pommes et des fraises
de l'Ontario, c'est bon quand c'est
la saison, mais que manger des
pommes du Chili ou des fraises
de la Californie, c'est correct aussi.
Et que c'est même bon pour la santé,
pour l'environnement et pour
l'économie locale. Vous n'allez
peut-être pas souscrire à la façon
de penser de Pierre Desrochers,
mais une chose est certaine,
ses propos sont cohérents
et ils font réfléchir.
(Dans une grande salle, PIERRE DESROCHERS ET GISÈLE QUENNEVILLE sont assis l'un face à l'autre. Au cours de l'entrevue, quelques tableaux et images appuient le propos.)
GISÈLE QUENNEVILLE
Pierre Desrochers, bonjour.
PIERRE DESROCHERS
Bonjour.
GISÈLE QUENNEVILLE
Votre livre semble être une
réplique au best-seller
« Le dilemme de l'omnivore »,
où, le journaliste, Michael Pollan
vante les mérites de manger local :
que c'est bon pour nous, pour la
santé, pour l'environnement.
Et vous démystifiez, si vous voulez,
certains mythes par rapport à ça.
Le premier, c'est que je pense,
en quelque part, que les gens
mangent local pour le goût,
que c'est bon, que ça goûte meilleur.
PIERRE DESROCHERS
Et on a aucun problème...
Bien enfin, il faut voir.
C'est sûr que la nourriture de qualité
doit être produite quelque part.
Donc, si c'est dans votre cour
arrière ou près d'une zone à 160
kilomètres de chez vous, pour
parler de la « 100-mile diet »,
tant mieux, personne n'a de problème
avec ça. Je veux dire, tant que
les gens choisissent leur nourriture
pour la qualité et le prix,
on a évidemment aucun problème
avec ça. Mais si vous voulez
avoir un mouvement d'achat local
qui, vraiment, se tient,
les activistes nous disent:
« On doit aller au-delà de ce qui
est raisonnable. » Je veux dire,
quand la nourriture locale
est de bonne qualité et, encore
une fois, abordable, les gens
vont l'acheter.
Le problème, c'est que les activistes
de l'achat local nous disent
maintenant: « On doit avoir
des serres chauffées, on doit
produire des choses qu'on ne
produit pas présentement dans
notre région. » Et ce que l'on
soutient, dans le livre, c'est que,
évidemment, c'est de la nourriture
qui va coûter plus cher,
qui va être de moindre qualité
et qui va avoir une empreinte
écologique plus importante.
Donc c'est là qu'on dit:
« Non, non, c'est pas raisonnable. »
GISÈLE QUENNEVILLE
Parce que, ce que vous dites,
c'est que manger local, c'est
aussi éphémère, dans le sens où
il y a une saison pour tout.
PIERRE DESROCHERS
Il y a une saison pour tout,
surtout dans notre climat.
Bon, manger local pendant,
peut-être un mois, un mois et demi,
dépendant des productions,
d'accord, aucun problème.
Mais, si vraiment l'idée de manger
local, c'est d'avoir plus de
fraîcheur, à ce moment-là,
ç'a pas de bon sens parce que,
le reste de l'année, vous devez
congeler la nourriture,
la réfrigérer, la déshydrater...
enfin, la mettre en conserve.
Si vous voulez manger frais,
notre système actuel n'a pas
de parallèle, dans la mesure où :
vous avez la nourriture locale
en saison, si elle est de bonne
qualité, et vous pouvez avoir
des produits qui sont presque
aussi bons, mais qui viennent
d'un peu plus loin le reste de
l'année.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ça, c'est pour manger frais.
Parlons de la santé maintenant.
Parce qu'on a eu quelques cas de
contamination dans des grandes
usines, ici même, au Canada.
Est-ce que manger local; si on
suit la logique manger local, on
n'aurait pas ces problèmes-là?
Est-ce que c'est vrai ou faux,
ça?
PIERRE DESROCHERS
Ce que les activistes vont
vous dire, c'est que, ce qui arrive
dans notre système,
à l'heure actuelle, c'est qu'on a
des produits d'un peu partout,
qui se retrouvent dans des
grandes usines de transformation,
et que si on a un problème,
évidemment, le problème
va se répandre et va avoir
une échelle géographique
beaucoup plus importante.
Or, dans les faits, c'est faux.
Si on regarde les chiffres qu'on a,
qui sont évidemment pas
parfaits, y a à peu près 100 fois
moins de cas d'empoisonnements
alimentaires, per capita, aujourd'hui
qu'il pouvait y en avoir,
il y a un siècle. Le problème,
aujourd'hui, c'est que les gens
font une obsession vraiment
sur les pesticides, mais
ce qui est vraiment dangereux
pour nous, c'est des choses
comme la salmonelle, la listériose,
des trucs qui se retrouvent souvent,
bon, dans les fumiers, par exemple,
qu'on va appliquer sur les
productions. Et y a en fait des
économies d'échelle importantes
à détecter ces problèmes-là.
Donc lorsque vous avez une
grande usine, vous avez des gens
qui sont des spécialistes de la
sécurité alimentaire, qui vont
s'assurer que, justement, y ait
pas de contamination entre les
aliments, ou à tout le moins,
qui peuvent vérifier à chaque
étape du processus de
production, pour s'assurer que
ces problèmes-là ne se répandent
pas. Bon, c'est pas pour dire
que des grandes entreprises
comme Maple Leaf ne vont pas
avoir de problèmes, mais on
discute d'un cas dans le livre,
le pire cas d'empoisonnement
alimentaire de la dernière génération,
aux États-Unis, est arrivé
au Colorado, l'an dernier.
C'était une petite ferme organique,
dans le sud-est du Colorado,
qui produisait des cantaloups.
Et les cantaloups sont toujours
très problématiques parce que,
si vous savez ce qu'est un
cantaloup, bon, avec la peau,
c'est facile, souvent de collecter
des maladies. Donc le producteur,
évidemment, envoyait ses meilleurs
cantaloups chez... dans les
marchés locaux puis aussi chez
Walmart. Et ces cantaloups qui
étaient pas propres à la
consommation humaine se
retrouvaient sur une ferme où on
élevait du bétail. Et malheureusement,
il a emmené sa petite camionnette,
il a roulé dans le fumier, il est revenu
à sa ferme et le fumier s'est répandu
dans son équipement de nettoyage
des cantaloups. Et c'est ça
qui a résulté, au bout du compte,
un cas de listériose assez sérieux;
au moins 25 personnes
en sont mortes. Et ce genre
de situation-là ne serait jamais
arrivée dans une grande usine,
où vous avez des spécialistes
de sécurité alimentaire
qui se seraient assurés
que sa camionnette ne soit pas
près de son équipement de nettoyage,
entre autre.
GISÈLE QUENNEVILLE
Parce que chez les producteurs,
les petits producteurs,
y a pas autant de contrôle.
PIERRE DESROCHERS
Y a pas autant de contrôle et
y a pas autant de connaissances.
C'est bête à dire, personne n'a
intérêt à empoisonner ses clients,
évidemment. Mais le problème,
c'est que... écoutez, la sécurité
alimentaire, c'est comme autre
chose, y a des spécialistes qui
savent vraiment de quoi il en
retourne.
Et les petits producteurs,
malgré toute leur bonne volonté,
n'ont pas nécessairement accès
à toutes les connaissances qu'une
grande entreprise peut se payer.
GISÈLE QUENNEVILLE
De plus en plus, on reçoit nos
aliments de l'étranger, et là,
de pays comme la Chine et l'Inde,
par exemple. Est-ce qu'on
peut s'attendre à ce qu'il y ait
autant de contrôle dans des pays
comme la Chine et l'Inde
qu'on a ici ou dans
d'autres pays occidentaux?
PIERRE DESROCHERS
Bon, y a deux choses qu'il faut
retenir. La première, c'est que :
les gens de qui vous achetez,
lorsque vous allez au supermarché,
ce ne sont pas les producteurs en Inde,
mais votre supermarché local.
Et les supermarchés locaux
ont vraiment intérêt à
ne pas empoisonner leurs clients.
Et ce que l'on importe
de ces pays-là, souvent, ce sont...
ça vient de productions qui
ont reçu beaucoup de transferts
de connaissances des économies
plus développées, parce que,
justement, on sait que
ces produits-là ne vont pas
servir la population locale,
ce qui est bête à dire, mais s'en
vont vraiment à l'exportation.
Donc ce qui arrive, les producteurs
en Chine et en Inde
ont tout intérêt à faire du
mieux qu'ils peuvent parce que,
lorsque leurs produits, par exemple,
arrivent en Amérique du Nord,
s'ils passent pas le contrôle
de qualité, ils peuvent être
retournés en Chine ou en Inde,
aux frais des producteurs.
Donc ils ont intérêt aussi à
faire venir des inspecteurs, que
ce soit du Canada, des États-
Unis ou d'ailleurs, qui vont
certifier que toutes les mesures
normales ont été appliquées dans
ces cas-là.
Donc, évidemment, tout n'est pas
parfait, et parfois, bon, on en
a eu des cas, des aliments pour
animaux, notamment, qui venaient
de Chine, où se rend compte que
certains préservatifs se retrouvent
aussi parfois dans la peinture
et dans les aliments pour animaux.
Mais dans l'ensemble, ce qu'on dit:
« Écoutez, ça fait des années
qu'on en importe et où sont les
victimes, à l'heure actuelle? »
Donc tout n'est pas parfait,
mais on croit qu'il y a beaucoup
d'exagération, y a beaucoup de
craintes exagérées sur cette
question-là.
GISÈLE QUENNEVILLE
Y a toute la question de
l'environnement. On se dit que
si on mange une pomme de l'Ontario,
c'est mieux pour l'environnement
que la pomme qui vient du Chili
ou de l'Afrique du Sud, par exemple.
C'est... vrai, ça?
PIERRE DESROCHERS
Ça peut être vrai en saison.
Écoutez, en septembre ou en
octobre, c'est sûr qu'une pomme
qui vient de l'arbre et qui se
retrouve dans votre assiette
rapidement a pas une très grande
empreinte écologique.
Par contre, en mars ou en avril,
c'est autre chose. Si vous
cueillez votre pomme au Québec
ou en Ontario, en septembre ou en
octobre, bien, vous devez la
mettre dans un entrepôt réfrigéré
pour quelque chose comme
six mois. Y a une dépense
énergétique énorme associée à ça.
Vous allez en perdre un
certain pourcentage. Bon,
évidemment, le gaspillage est
inévitable dans ces situations-là.
Et bon, bien que les techniques
se soient améliorées beaucoup
depuis que je suis petit - enfin,
mes parents étaient dans les pommes,
c'est pour ça que je sais un peu
de quoi je parle là-dessus -, le
goût est peut-être pas encore
aussi bon qu'il peut l'être en
septembre.
Par contre, ce que des pays
comme la Nouvelle-Zélande,
l'Afrique du Sud et le Chili ont,
en termes d'avantages, c'est qu'ils
sont dans l'hémisphère sud.
Donc leurs saisons sont inversées.
Vous voulez célébrer Noël
en Nouvelle-Zélande, bien,
c'est au milieu de leur été.
Donc qu'est- ce qui arrive là-bas?
Bien évidemment, ils cueillent
leurs pommes en février, mars ou
avril, on les met sur
un bateau-container, qui est énorme,
qui est vraiment très efficace...
Pour vous donner une idée, ça
coûte à peu près un sou par
pomme, pour amener une pomme
de la Nouvelle-Zélande
en Amérique du Nord. Donc ça brûle
très peu de diesel par pomme.
Et ça se retrouve sur nos tablettes
de supermarchés quelque chose
comme trois semaines plus tard.
Donc la pomme est plus fraîche,
elle est moins chère et il y a eu
moins de gaspillage. Donc en mars
ou en avril, souvent, la pomme
de la Nouvelle-Zélande, vendue
en Ontario, va être plus écologique
que la pomme d'Ontario,
cueillie en septembre ou en octobre.
GISÈLE QUENNEVILLE
Mais une fois que la pomme arrive
dans le port de Montréal ou
de Vancouver, par exemple,
faut qu'elle soit transportée
par camion.
PIERRE DESROCHERS
Bien sûr. Ou si ça arrive
de Vancouver et qu'on
veut l'envoyer sur la côte ouest,
ça peut être par train. On a le
transport intermodal par container,
aujourd'hui. Oui, c'est sûr.
Mais au bout du compte,
il y a eu des analyses rigoureuses
qui ont été faites là-dessus,
et la pomme de Nouvelle-Zélande
demeure plus écologique.
Mais faut pas oublier aussi que,
si vous allez en Nouvelle-Zélande,
en Afrique du Sud ou au Chili,
vous allez avoir des pommes
de l'hémisphère nord,
lorsque c'est pas leur saison.
Donc j'avais un collègue
qui était en Nouvelle-Zélande,
l'an dernier, qui était très surpris
de trouver des kiwis qui venaient
d'Italie, à son hôtel. L'Italie
est maintenant le principal producteur
de kiwis en Europe.
Et bon, eux, évidemment,
quand c'est pas la saison,
en Nouvelle-Zélande, plutôt que de
garder leurs kiwis réfrigérés
pendant des mois, ils les
expédient en Nouvelle-Zélande,
et lorsque c'est la saison en
Nouvelle-Zélande, ils vont les
expédier en Italie. Et au bout
du compte, encore une fois, les
consommateurs en bénéficient,
c'est moins cher, et l'environnement
aussi, par la même occasion.
GISÈLE QUENNEVILLE
Quand on va au marché des fermiers,
on y va pour la fraîcheur,
mais souvent, on y va pour appuyer
l'agriculteur du coin, donc
pour promouvoir l'économie locale.
En quoi... ces marchés des fermiers
font justement la... promotion de
l'économie locale?
GISÈLE QUENNEVILLE
Écoutez, si vous y allez et
que vous estimez en avoir pour
votre argent, si c'est un peu
plus cher, mais que le produit
est vraiment frais...
Si par exemple, vous y allez le
samedi matin et que votre pêche
a été cueillie le vendredi soir
plutôt que mardi matin et mise
en entrepôt pour être livrée le
samedi, bon, tant mieux, on n'a
aucun problème avec ça. Mais par
contre, ce que vous devez
comprendre, c'est que si vous
allez là et que vous achetez par
sens du devoir, si vous payez
plus cher pour un produit de
qualité équivalente à ce que
vous auriez au supermarché, vous
n'aidez pas vraiment votre
économie locale dans la mesure
où, plus vous payez pour votre
nourriture, moins vous avez
d'argent pour dépenser sur autre
chose, que ce soit aller au cinéma,
localement, acheter des meubles
faits localement ou sinon,
acheter des produits qui
nous viennent d'autres pays.
Et si vous arrêtez d'acheter
de ces pays-là, ces gens-là,
évidemment, ont moins d'argent
pour acheter des produits
canadiens pour lesquels on peut
avoir un avantage, que ce soit
du minerai de fer, du papier ou
autre chose.
GISÈLE QUENNEVILLE
Mais au niveau de la transformation,
il y a une transformation locale
qui peut aussi se faire, et donc, ça,
c'est bon pour l'économie locale.
PIERRE DESROCHERS
Bien sûr. Mais, écoutez, y a
peut-être un emploi sur six ou
sur huit, dépendant d'où vous
êtes au Canada, qui va dépendre
de l'industrie de la transformation.
Mais écoutez, c'est comme
pour les vins ontariens;
y a beaucoup de raisins chiliens
qui se retrouvent dans les vins
ontariens malgré les trucs locaux.
Donc la transformation,
c'est autre chose. On va
transformer de la nourriture,
mais elle a pas nécessairement
besoin d'être locale pour
soutenir ses emplois. Écoutez,
prenez le cas, par exemple,
du sucre aux États-Unis.
Bon, les Américains maintiennent
le prix du sucre artificiellement élevé,
mais ils vont peut-être payer
deux ou trois fois le prix mondial.
Au Canada, selon certaines études,
on paye peut- être 10% ou 15%
de plus. On est pas vraiment
au prix mondial, mais quand même.
Mais qu'est-ce qu'on a observé,
il y a plusieurs fabricants
chocolatiers américains qui se
sont relocalisés au Canada,
parce que le sucre leur coûte moins
cher, des fabricants de bonbons
aussi. Et dans le chocolat qu'on
fait au Canada, on y met du lait
canadien qu'on réexporte aux
États-Unis.
Est-ce qu'on aurait intérêt à
faire pousser des betteraves à
sucre en Ontario ou en Alberta,
comme on l'a déjà fait, et être
aussi peu compétitifs que les
Américains? On dit: « Non,
spécialisons-nous dans ce qu'on
fait de mieux. Et c'est comme ça
vraiment qu'on va créer des
emplois dans le secteur de la
transformation alimentaire. »
GISÈLE QUENNEVILLE
Parlons des producteurs. Parce que,
depuis la mondialisation,
on a vu que l'agriculteur ontarien
ou québécois, ou canadien,
dans plusieurs cas, a été obligé,
soit d'agrandir sa surface
ou vendre carrément ses terres
à un gros producteur ou
une multinationale, ou encore,
se trouver une niche sur le
marché local. Quelle est la
solution pour l'agriculteur ontarien
aujourd'hui?
PIERRE DESROCHERS
Est-ce que c'est un problème
justement? Parce que, aussi, moi,
dans le petit village où j'ai grandi,
c'est exactement ce qui s'est passé.
Les producteurs les moins efficaces
ou ceux dont les enfants
voulaient pas prendre la relève
sont sortis du marché.
Ils ont été achetés - je pense,
notamment, à un producteur en
particulier qui, lui, est devenu
très gros. Écoutez, y a deux
types de marchés agricoles.
Y a le... marché des denrées
de base, si vous voulez, où les
économies d'échelle sont
importantes. Et ça, vous avez
deux façons d'en obtenir:
soit vous avez un gros producteur
privé ou vous avez un cas,
dont on discute dans le bouquin :
une coopérative laitière,
en Nouvelle-Zélande, Fonterra,
qui a environ 13 000 membres.
Et évidemment, quand vous avez
13 000 producteurs laitiers,
certains qui sont pas énormes,
vous avez quand même accès à des
intrants qui vont être moins
chers, la mise en marché ou le
commerce international... bon.
Alors que ce soit une entreprise
privée ou une coopérative
de producteurs, pour certains types
d'aliments de base, là, si je
peux parler comme ça, vous avez
intérêt à avoir des économies
d'échelle. Les petits producteurs
qui veulent pas embarquer
dans ce genre de schéma-là,
règle générale, vont se trouver
un marché, une niche,
un produit de qualité supérieure,
peut-être, qui va typiquement
viser le marché des
classes moyennes supérieures.
Et à ce moment-là, si c'est ce genre
de production-là dont on fait
la promotion pour l'achat local,
venez pas nous dire qu'on le fait
pour bénéficier à l'ensemble
des gens. Je veux dire,
on embarque pas là-dedans.
Donc écoutez, c'est comme autre
chose. Le secteur automobile a
quelques grands producteurs, qui
produisent des autos pour la
majorité des gens, mais vous
avez Ferrari, vous avec Rolls-
Royce, vous avez... Même chose
pour le marché des vins. Je veux
dire, on peut avoir des vins qui
ont bien du bon sens à 10$, qui
vont venir d'une grande production,
et des trucs beaucoup plus ciblés,
beaucoup plus dispendieux
pour une niche qui est beaucoup
plus petite. Et c'est comme ça
que les agriculteurs ontariens,
québécois et canadiens vont
sortir leur épingle du jeu.
GISÈLE QUENNEVILLE
Une chose dont les gens
s'inquiètent, par exemple, c'est
ce qu'on appelle l'étalement
urbain, le fait qu'on utilise de
plus en plus des terres agricoles,
des terres fertiles pour construire
des maisons, des autoroutes,
des banlieues. Est-ce que ça,
c'est problématique?
- Non, c'est pas problématique
dans la mesure où, en Ontario,
par exemple, on perd plus de
terres agricoles à la reforestation,
si vous voulez, qu'on en perd
pour le développement urbain.
De toute façon, la meilleure façon
d'aider l'environnement, c'est
de concentrer les gens dans les
grandes villes. Et vous allez
dans une banlieue comme
Mississauga, aujourd'hui,
la densité de population est
vraiment très élevée, même si
c'est, en théorie, une banlieue.
Donc plus on concentre les gens,
même si on perd quelques terres
agricoles, je crois qu'au bout
du compte, la nature se porte
mieux que si on a une occupation
du territoire qui est beaucoup
plus vaste et moins densément
peuplée, si vous voulez, que ce
qu'on avait dans le passé.
GISÈLE QUENNEVILLE
Alors si je suis votre logique,
toute la politique publique
de ceinture de verdure,
est-ce que... ça a du sens, ça?
PIERRE DESROCHERS
Non, ça a pas de sens dans la
mesure où on a des expériences,
comme par exemple à Londres,
en Angleterre, où depuis des
décennies, on voit ce qui s'est
passé. L'attrait des villes est
tel que les gens vont vouloir
s'en approcher, mais si vous
avec une ceinture verte autour
de la ville, les gens vont
simplement aller se relocaliser
de l'autre côté de la ceinture
verte et vont continuer d'aller
en ville de façon régulière ou
en banlieue. Donc ce que l'on
dit et ce que l'expérience britannique
et d'autres expériences
nous enseignent: laissons les gens
se concentrer. La ceinture verte
n'a pas vraiment de bon sens,
dans le contexte ontarien,
en tout cas
GISÈLE QUENNEVILLE
Parlons de sécurité alimentaire
maintenant. Depuis quelques années,
le prix des denrées de base
augmente. On a vu le pain
et les pâtes, par exemple,
au Canada, mais dans les pays
plus pauvres, avec des répercussions
assez importantes. Est-ce qu'on
produit suffisamment de nourriture?
Pourquoi on se ramasse avec ce
problème-là?
PIERRE DESROCHERS
Il faut dire deux choses d'abord.
La hausse des prix alimentaires
remonte vraiment à 2007.
Si vous regardez le prix des denrées
alimentaires en 2006 et que vous
le comparez, disons, à 1956,
quelques décennies plus tôt,
on payait à peu près seulement
le tiers en 2006 de ce qu'on payait
pour un panier d'alimentation,
de ce que les gens payaient, en 1956.
Donc même si les prix ont augmenté,
si on regarde l'évolution historique,
la nourriture demeure quand même
abordable. Mais y a plusieurs
facteurs qui sont entrés en
ligne de compte, notamment,
l'augmentation du prix des
carburants fossiles et certaines
politiques alimentaires qui,
encore une fois, maintiennent
le prix des aliments
artificiellement élevé. Chaque
fois qu'on essaie de libéraliser
le commerce international,
la pierre d'achoppement, c'est
toujours le commerce agricole.
Donc on a un marché qui est très
sévèrement réglementé et
contingenté. Donc on paye plus
pour la nourriture à cause de ça
plutôt que... je sais pas,
l'emprise des multinationales
sur le marché, si vous voulez.
D'un autre côté, on produit
suffisamment de nourriture dans
le monde aujourd'hui pour
nourrir les sept milliards
d'êtres humains. Ce que l'on
oublie, c'est que : un, on ne
produirait pas cette quantité de
nourriture-là si on adoptait pas
les technologies modernes.
Donc si tout le monde devenait
un producteur organique, par
exemple, on aurait pas assez de
fumier ou on aurait pas des
rendements pour produire
théoriquement assez de nourriture
pour nourrir tout le monde.
Et le milliard d'êtres humains
qui est mal nourri sont... En
fait, les vrais locavores dans
le monde, ce sont des fermiers
de subsistance, des cultures
vivrières en Afrique subsaharienne,
en Asie du Sud-est, et ces gens-là
ont un problème d'alimentation
parce que, peu importe
où que vous soyez dans le monde,
vous allez avoir des mauvaises années.
Donc au moment où on se parle,
on est à la fin d'un cycle de
sécheresse assez sévère,
en Amérique du Nord, cette année.
Les récoltes de soja et de maïs,
par exemple, vont être terribles
dans le Midwest américain.
Évidemment, les prix vont augmenter.
Mais personne va mourir de faim,
dans le Midwest, cette année.
On va simplement payer
notre nourriture un peu plus
cher et les producteurs,
s'ils ont une année normale,
l'an prochain, vont sans doute
augmenter la production de façon
considérable. Et historiquement,
c'est ça en fait qui a mis fin
aux famines et à la malnutrition
dans les économies avancées, le
fait que, surtout le chemin de
fer et les navires à vapeur au
XIXe siècle, ont permis de
transporter de grandes quantités
de nourriture des régions qui
avaient des surplus, de très
bonnes années, vers les régions
qui avaient de moins bonnes
années. Et le problème, c'est
que, avant ça, évidemment,
lorsque les gens dépendaient
essentiellement de leur
approvisionnement local, bien,
vous allez avoir des
tremblements de terre, de la
grêle, du froid, des pluies trop
abondantes, des inondations, des
sécheresses, des problèmes
d'insectes, des problèmes de
champignons, etc.
Donc on est beaucoup plus
sécuritaire aujourd'hui qu'on
pouvait l'être à une époque où
l'approvisionnement agricole
était essentiellement local.
GISÈLE QUENNEVILLE
Mais si... on produit suffisamment
de nourriture pour... nourrir,
finalement, toute la planète,
pourquoi est-ce qu'il y a
encore des gens
qui meurent de faim?
PIERRE DESROCHERS
Parce que, justement, ils font
pas partie de la chaîne
d'approvisionnement mondial.
Les gens qui souffrent de la faim,
en Afrique sont des gens
qui, typiquement, vivent pas à
côté de routes carrossables, qui
ont pas accès, qui peuvent pas
vendre leurs produits aux
principales villes d'Afrique et
auxquelles on peut difficilement
livrer de la nourriture de façon
abordable.
Donc c'est vraiment un problème
de transport. Un problème de
transport et de barrières au
commerce agricole. Selon moi,
c'est à ça qu'on devrait s'attarder,
bien plus qu'à l'aide étrangère
ou à la distribution de nourriture
dans ces économies-là.
GISÈLE QUENNEVILLE
Et est-ce qu'on s'y attarde,
à ce moment-ci, aux quotas,
aux subventions, aux systèmes de
gestion? Nous, au Canada, on a
des systèmes de gestion.
PIERRE DESROCHERS
Eh oui, malheureusement,
et c'est ce qui nous fait toujours
mal paraître lorsqu'on essaie de
négocier...
GISÈLE QUENNEVILLE
Des ententes de libre-échange,
voilà.
PIERRE DESROCHERS
Oui, en Asie et tout ça. Non,
écoutez, les lobbies agricoles
sont très forts et, malheureusement.
Enfin, je connais davantage
la situation québécoise.
J'aime décrire la mentalité
des agriculteurs québécois ou,
enfin, ceux qu'on voit dans
les médias, comme étant
une mentalité d'assiégés;
on est le dernier petit village,
on va protéger notre agriculture.
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est des Gaulois.
PIERRE DESROCHERS
Des Gaulois, vraiment.
Mais ces gens-là oublient que,
ce qui aide vraiment les meilleurs
agriculteurs, au bout du compte,
c'est d'avoir accès au marché
mondial. Parce que, qu'est-ce
qui arrivait dans le passé,
encore une fois, lorsque
l'essentiel des productions
était local? Bien, à cause de
conditions géographiques, à peu
près tous les producteurs dans
une même région produisaient la
même chose et arrivaient au
marché en même temps. Donc si
tout le monde avait une bonne
récolte de pêches, une année,
ils arrivaient au marché, et
puis, évidemment, les prix
s'effondraient et ils étaient
pas contents. L'arrivée du
chemin de fer a permis
d'exporter les surplus des
régions qui avaient de bonnes
années, encore une fois, vers
d'autres régions qui, même si
elles avaient des années
normales, parce qu'elles sont à
une altitude différente, bien,
les pêches arrivaient plus tôt
ou plus tard sur le marché.
Donc ce qu'on essaie de
démontrer dans le livre, c'est
de dire aux agriculteurs:
« Écoutez, en Amérique du Nord,
on a des très bonnes conditions
pour faire pousser des choses.
La population mondiale va
augmenter d'au moins deux
milliards d'êtres humains, à
court terme, les prix sont
élevés, allons-y, allons sur le
marché international. Cessons
d'essayer de toujours nous
recroqueviller sur nous-mêmes. »
GISÈLE QUENNEVILLE
Mais quand on a des situations
de sécurité alimentaire, justement,
il y a des pays qui vont carrément
limiter les exportations. On pense
au Brésil, certains pays d'Amérique
du Sud, par exemple.
PIERRE DESROCHERS
Même la Russie a fait ça avec
plusieurs républiques « -stan »,
en Asie Centrale. Oui, c'est le
réflexe normal des politiciens.
Mais ce qu'on illustre dans le livre,
c'est que ça fait des milliers d'années
que ces politiques-là existent
et elles ont toujours des effets pervers
importants. Dans la mesure où,
si le message que vous envoyez
à vos producteurs locaux,
c'est de dire : « on vous laissera pas
profiter des bonnes années »,
lorsque vous pourriez obtenir
des bons prix sur le marché
international, personne, à ce
moment-là, du côté des producteurs,
ne va se donner la peine d'investir,
de grossir leurs entreprises
pour servir le marché mondial.
Donc, malheureusement, c'est
un réflexe naturel chez les
politiciens, mais qui est très
dommageable à court, à moyen
et à long terme.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ce qui est intéressant tout au
long du livre, c'est qu'on fait
référence au Japon; en grande
partie parce que votre épouse et
coauteure du livre. Elle est
japonaise, elle a grandi à
Tokyo. Comment le Japon a fait
face à la mondialisation?
C'est un bel exemple.
Ils s'en sont sortis finalement.
PIERRE DESROCHERS
Oui, bien, c'est-à-dire que,
faut comprendre que le Japon,
c'était peut-être l'économie la
plus fermée au monde jusqu'au
milieu du XIXe siècle. À un
moment donné, ils se sont
ouverts, encore une fois,
à la mondialisation des marchés,
à la fin du XIXe siècle, et ils ont
eu certains problèmes. Parce
qu'évidemment, au Japon, si vous
y êtes déjà allée, ils ont très peu
de terres agricoles, ils ont
quand même une population
très élevée, donc nourrir
la population au Japon a toujours
été un problème.
Malheureusement, ce qui est
arrivé au début du XXe siècle,
c'est que lorsqu'ils ont commencé
à gagner des parts de marché,
en Amérique du Nord et ailleurs,
les Nord-Américains ont dit:
« Écoutez, on n'est plus vraiment
intéressés à importer des produits
japonais, c'est du cheap labor... »
bon, des arguments qu'on entendrait
aujourd'hui. Alors malheureusement,
ça a, si vous voulez, ouvert la porte
aux pires éléments de la société
japonaise, qui ont pris le contrôle
du pays à ce moment-là.
Les fascistes, les militaristes,
des militaires surtout, qui ont
dit: « Bon, écoutez, si on peut
pas se fier au marché mondial,
si la nourriture ne viendra pas
au Japon, le Japon va aller à la
nourriture. »
Donc ils ont envahi Taïwan
pour produire du riz, ils
ont envahi la Corée et la
Mandchourie pour produire du
soja, et ç'a été vraiment une
situation terrible - on sait
tous ce qui est arrivé.
Et d'ailleurs, mes beaux-parents
sont presque morts de faim
pendant la Deuxième Guerre
mondiale. En Amérique du Nord,
on réalise pas toujours vraiment
à quel point la population a
souffert, au Japon, à l'époque.
Mais ce qu'on illustre dans le
livre, c'est que, oui, les Japonais
ne se sont pas ouverts
suffisamment au marché mondial.
Vous leur donneriez le choix,
plusieurs d'entre eux achèteraient
du riz californien s'ils pouvaient,
mais le Japon est encore
très protectionniste.
Mais par contre, ils importent,
bon an mal an, à peu près 60% à
70% des calories qu'ils
consomment.
Donc eux, ce qu'ils ont fait,
évidemment, ils se sont
spécialisés en autre chose, que
ce soit, bon... des bandes
dessinées aux voitures...
GISÈLE QUENNEVILLE
Ou l'électronique.
PIERRE DESROCHERS
On connaît les produits
japonais. Et... bien, c'est
comme ça qu'ils se procurent
leur nourriture, en dépendant du
marché mondial, en bonne partie.
Ils sont malheureusement encore
protectionnistes. Et ce que l'on
dit dans le livre, enfin, ce que
mon épouse dit : c'est que le
Japon serait encore mieux s'il
s'ouvrait au marché mondial et
s'ils arrêtaient de protéger
leurs producteurs inefficaces.
Mais, encore une fois, les
Japonais, d'une certaine façon,
ne sont pas menacés dans leur
approvisionnement, dans la
mesure où si, par exemple, une
année, un pays a de mauvaises
récoltes ou leur envoie pas
suffisamment de produits
laitiers ou quelque chose, il y
a plusieurs autres pays qui sont
prêts à les leur fournir.
Donc le Japon se spécialise dans
autre chose que l'agriculture et
consomme essentiellement des
nourritures importées.
GISÈLE QUENNEVILLE
Parlons argent maintenant.
Moi, mon père était agriculteur.
Et je me souviens, le matin,
avec la boîte de Corn Flakes,
c'était toujours le même
discours: « J'ai payé la boîte de
Corn Flakes 3,50$, et moi,
l'agriculteur, je n'ai reçu que
25 cents ». Est-ce qu'on paye un
prix juste pour notre alimentation?
Est-ce qu'on paye trop
ou est-ce qu'on paye pas
assez?
PIERRE DESROCHERS
Moi, le prix juste devrait
toujours être le prix le plus
faible, tant qu'à moi, et c'est
au producteur de s'adapter. Dans
la mesure où c'est un prix du
marché, y a suffisamment de
producteurs efficaces qui font
des profits avec le prix qui
leur est donné. Sinon, le prix
serait plus élevé. Donc c'est
sûr que la part de l'agriculteur
n'est pas énorme.
Mais, encore une fois, si vous
regardez votre Corn Flakes, je
suis sûr que le producteur de
boîtes se dit la même chose. Le
producteur de sacs de plastique
à l'intérieur se dit la même
chose. Le producteur de sucre
qui a été ajouté au Corn Flakes,
et des autres produits. Donc
écoutez, dans la mesure où c'est
le prix du marché, où ce sont
des échanges volontaires...
Écoutez, je présume que votre
père est assez semblable à tous
les agriculteurs que j'ai connus;
le prix est toujours trop bas,
de toute façon...
GISÈLE QUENNEVILLE
Sauf, cette année; les prix
vont augmenter, mais y aura pas
de récoltes.
PIERRE DESROCHERS
Voilà, exactement. Mais peut-
être que, l'an prochain, justement,
il va y avoir une bonne récolte
et quelqu'un d'autre va avoir
une sécheresse; à ce moment-là,
pour une fois, il sera content.
Mais... non, écoutez, c'est que
les gens réalisent pas tout le
travail qu'il y a à produire une
boîte de Corn Flakes, et
ensuite, la livrer, l'amener
d'un côté de l'Amérique du Nord
à un autre. Donc moi, encore une
fois, ce que je vous dis: Si les
prix sont libres et c'est de
façon volontaire, et que
suffisamment de producteurs sont
prêts à produire à ce prix-là -
ils font quand même un profit -,
selon moi, le prix est juste.
PIERRE DESROCHERS
Et comme consommateurs, on
paye trop ou on paye pas assez?
PIERRE DESROCHERS
Ce que je vous dirais, au Canada,
on paye trop pour les
produits laitiers, la volaille,
les productions contingentées,
et vous entendez souvent les
agriculteurs nous dire: « Oui,
mais grâce à ça, on a de la
qualité et tout. » Écoutez, j'ai
vécu au Japon, j'ai vécu aux
États-Unis, j'en suis jamais
mort. J'ai consommé beaucoup de
produits laitiers, beaucoup de
volaille dans ces pays-là. Donc
je crois qu'effectivement,
on paie trop pour certains produits
au Canada. Par contre, on a
l'avantage qu'on produit
relativement peu de choses.
Donc on paye pas un prix trop
élevé, disons, pour le sucre,
les oranges ou autre chose parce
qu'on les produit pas
localement. Donc on a moins
d'incitatifs, si vous voulez,
comme aux États-Unis, où vous
avez un lobby agricole puissant
pour certaines productions, à
essayer de protéger artificiellement
ces marchés-là. Donc, écoutez,
encore une fois, c'est sûr
qu'on paie plus cher depuis
environ 2007-2008, mais j'ai
tendance à croire, personnellement,
que le prix des carburants
fossiles va diminuer,
qu'on va peut-être réussir un
jour à libéraliser le marché
agricole et, à ce moment-là, on
paiera moins.
Mais je crois qu'à long terme,
on devrait toujours viser à
payer le moins possible pour
notre nourriture.
GISÈLE QUENNEVILLE
Très intéressant, Pierre
Desrochers. Merci beaucoup.
[PIERRE DESROCHERS:] Merci.
(Générique de fermeture)
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