

Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.
Video transcript
Doric Germain : Author
Few Franco-Ontarian authors have had the same career path as Doric Germain.
Author of five novels, he is rare among Franco-Ontarian authors in that his works are studied in the province’s Secondary Schools.
First an ecologist, Germain invites readers to respect nature – and human nature.
Réalisateur: Alexandra Levert
Production year: 2014
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Début générique d'ouverture
[Début information à l'écran]
Carte de visite
Fin formation à l'écran
Fin générique d'ouverture
Pendant que RACHEL DESAULNIERS présente son invité, DORIC GERMAIN, auteur, on montre des photos celui-ci, des images de ses livres ainsi que de la nature hivernale ontarienne.
RACHEL DESAULNIERS
Peu d'auteurs de l'Ontario
français ont un parcours
semblable à celui de
Doric Germain.
Auteur de cinq romans, il est au
nombre des rares écrivains
franco-ontariens dont les
œuvres sont étudiées dans les
écoles secondaires de
la province.
Son premier roman,
« La vengeance de l'orignal »,
est un succès de librairie
avec 20 000 exemplaires
vendus l'année de sa parution,
en 1980.
Les trois premiers romans sont
destinés à la jeunesse.
Doric Germain situe l'action
dans le Nord. Il décrit les
lacs, les forêts, la faune et
la flore avec révérence et
attachement. Écologiste avant
l'heure, l'auteur invite ses
lecteurs à respecter la nature,
et la nature humaine aussi.
Doric Germain a enseigné la
littérature pendant 40 ans.
Ce sont des valeurs qu'il a
cherché à transmettre à
ses étudiants.
(L'entrevue suivante se déroule dans la demeure de DORIC GERMAIN.)
RACHEL DESAULNIERS
Doric Germain, bonjour.
DORIC GERMAIN
Bonjour.
RACHEL DESAULNIERS
Vous êtes auteur de cinq
romans. Chacun de vos romans a
eu une deuxième ou une troisième
édition. Vous êtes parmi les
meilleurs vendeurs...
DORIC GERMAIN
Merci.
RACHEL DESAULNIERS
Est-ce que vous vous
attendiez à autant de succès
lorsque vous avez commencé
à écrire?
DORIC GERMAIN
Non, bien sûr. Le premier
roman que j'ai écrit, je savais
même pas que j'écrivais un
roman puis je savais
certainement pas qu'il allait
être publié, pour commencer.
C'était une petite histoire que
j'avais écrite pour mes élèves
à ma première année
d'enseignement dans une
école secondaire.
Puis bon, cette histoire-là, à
un moment donné, je lui ai
rajouté des épisodes, puis j'ai
fini par laisser ça de côté
pendant je sais pas combien de
temps, une dizaine d'années même
peut-être, dans un tiroir
de bureau.
Et c'est seulement quand j'ai eu
la chance de rencontrer Gaston
Tremblay, qui était directeur
à la maison d'édition Prise de
parole à Sudbury, que... il m'a
offert de jeter un coup d'oeil
dessus et il a finalement
accepté de le publier sous forme
de roman.
RACHEL DESAULNIERS
On parle de « La vengeance de
l'orignal ». J'ai eu le grand
plaisir de relire le roman, et
là, je me mettais à votre place
et, pour dire que l'intrigue se
déroule dans un lieu, il y a
une quête, il y a des bons, des
méchants. Il y a beaucoup
d'humour, de suspense. Vous
terminez vos chapitres toujours
avec un petit clin d’œil pour
titiller le lecteur, et je me
suis dit que vous devez avoir
eu énormément de plaisir à
écrire ce roman.
DORIC GERMAIN
Moi, je pense que je suis un
amateur de romans d'aventures,
puis inconsciemment quand j'ai
écrit La vengeance de l'orignal,
je suis sûr que j'essayais
d'émuler Jules Verne, Jack
London avec ses aventures du
Klondike, j'essayais de rendre
ça intéressant de la façon
dont eux l'avaient fait.
En tout cas, moi, ils m'avaient
intéressé, donc...
RACHEL DESAULNIERS
Vous avez mentionné tout à
l'heure que, dans le fond, la
première version de La vengeance
de l'orignal, on peut dire que
c'était un exercice
pédagogique. Vous vous
retrouvez devant un groupe de
garçons et vous voulez leur
donner la passion de la
lecture. Vous écriviez à
chaque semaine.
DORIC GERMAIN
Donner la passion de la
lecture, c'est un bien grand
mot. Mes ambitions étaient
peut-être un peu plus modestes
que ça, quand même.
Je devais enseigner du
français, j'étais professeur de
français dans une école
secondaire. C'est d'ailleurs la
seule année où j'ai enseigné
dans une école secondaire.
Et j'avais de la difficulté,
surtout avec ce groupe
de garçons-là qui étaient
beaucoup plus intéressés
par la menuiserie, puis la
soudure, puis la mécanique
que par la littérature.
Alors j'avais eu l'idée
d'inventer une histoire
de chasse avec laquelle ils
pourraient peut-être plus
facilement s'associer. Ça se
passait à Hearst, bien sûr.
Et alors j'avais imaginé cette
histoire-là de deux chasseurs,
deux touristes américains, qui
venaient à la chasse dans le
Nord de l'Ontario, qui se
faisaient conduire en
hélicoptère, qui tuaient un
orignal, essayaient de soulever
l'orignal avec l'hélicoptère,
faisaient un accident, et bon,
tout le reste s'enchaine. Oui.
RACHEL DESAULNIERS
Vous l'avez écrit en 1970
comme exercice en salle de
classe, mais vous avez pris
quand même dix ans avant de le
publier. Qu'est-ce qui s'est
passé entre la première
version et...?
DORIC GERMAIN
Pour commencer, j'utilisais
ce roman en classe-- roman,
c'était pas un roman, cette
petite histoire-là en classe.
J'ai changé d'emploi, je suis
allé enseigner à l'université,
puis là, mon histoire ne se
prêtait pas très bien à
l'enseignement universitaire.
Alors je l'ai tout simplement
laissée dans le tiroir
de bureau...
sauf que je l'aimais bien quand
même mon histoire et de temps en
temps, je la ressortais du
tiroir puis je rajoutais
quelques épisodes.
Et c'est seulement une dizaine
d'années plus tard que j'ai
rencontré Gaston Tremblay puis
que finalement, ça a fini par
donner quelque chose...
de publiable.
RACHEL DESAULNIERS
Oui. Vous vouliez encourager
la lecture, mais vous, lorsque
vous étiez petit, vous aviez
pas eu besoin de vous faire
encourager trop trop.
DORIC GERMAIN
Non. Curieusement...
Bien, curieusement, peut-être
pas. Je suis né à l'époque...
Je pense, j'avais 17 ou 18 ans
quand on a eu la télévision chez
nous, ça fait que c'était une
époque où les divertissements
étaient plus rares.
On était d'ailleurs dans un
endroit plutôt isolé.
Donc, un des divertissements,
c'était la lecture. Et ça
adonnait bien parce que la
famille, chez nous, on était
tous des lecteurs, du plus
jeune au plus vieux, on lisait,
puis beaucoup. Les livres
étaient quand même assez rares à
l'époque, mais dès qu'il
rentrait un livre dans la
maison, on se chicanait pour le
lire puis je me souviens que ma
mère devait arbitrer
des chicanes.
Je pense qu'il y a des parents
qui aimeraient ça avoir de
l'arbitrage comme celui-là à
faire aujourd'hui.
RACHEL DESAULNIERS
Vous êtes né au
Lac-Sainte-Thérèse,
près de Hearst.
C'est un environnement naturel,
vous êtes dans la forêt,
entouré de lacs, de rivières.
Vous l'avez dans la peau, la
nature, le Nord. Vous l'écrivez
aussi, vos romans sont
situés... C'est instinctif pour
vous d'aller vers ce type
d'écriture qui parle de
la nature?
DORIC GERMAIN
Bien, je pense qu'on écrit
bien seulement à propos de
choses qu'on connaît bien, puis
c'est là-dedans que je suis né,
que j'ai grandi, donc c'est un
peu normal, je pense, que j'aie
écrit à propos de ça.
RACHEL DESAULNIERS
Parlant de votre plaisir
d'écriture, j'ai trouvé une
citation. Quand je l'ai lue en
préparant l'entrevue, je me
suis dit: ah! celle-là, je vais
vous la proposer pour vous
faire réagir.
« Une brise légère apportait du
rivage cette odeur de verdure
nouvelle qu'il fait si bon
respirer après un long hiver
inodore. » Plus tard, vous parlez
du type de moustiques,
qui diffèrent, du matin, de
l'après-midi, dans la soirée.
Est-ce que c'est une écriture
qui vous vient plus de
l'instinct ou est-ce que
c'est intellectuel?
DORIC GERMAIN
Oui, bien sûr. Non, c'est pas
très intellectuel. Les brûlots,
c'est le matin puis les mouches
noires, elles ont leur temps
dans la journée, puis les
maringouins, tard le soir après
souper... juste avant la
brunante, c'est pas mal
chanceux pour les maringouins.
Quand on est habitués en forêt,
on le sait.
RACHEL DESAULNIERS
Cet automne, vous avez reçu
le prix Mariette, c'est un prix
de la région de Hearst, nommé
en l'honneur de Mariette
Carrier-Fraser, une dame qui a
fait carrière dans le domaine
de l'éducation. On vous a remis
le prix au cinquième Gala
de la francophonie. Qu'est-ce
que ça vous fait d'être
reconnu, de recevoir un prix
par votre localité, les gens
qui vous entourent?
DORIC GERMAIN
C'est un peu spécial
par les gens qu'on côtoie
tous les jours, oui, et c'est
une reconnaissance importante.
D'ailleurs, j'ai reçu le prix
après des gens bien vus de
la place, comme Raymond
Tremblay, René Fontaine,
Mariette Carrier-Fraser, bien
sûr. Oui, disons que je me
sentais en bonne compagnie.
RACHEL DESAULNIERS
Avez-vous l'impression
maintenant que vous êtes dans le
club sélect des pionniers, des
chefs de file de la région?
DORIC GERMAIN
Bien, en tout cas, ça a été
agréable à recevoir, oui.
RACHEL DESAULNIERS
On écrit, à votre sujet, des
journalistes vont lire vos
romans, écrire des articles qui
sont publiés dans Liaison, dans
d'autres revues.
Habituellement, votre rapport
avec les journalistes, est-ce
qu'ils vous comprennent? Est-ce
qu'on arrive à vous saisir?
Votre relation avec les médias,
ça se passe comment?
DORIC GERMAIN
Bien. Je me demandais toujours
ça avant d'écrire des romans:
comme professeur, est-ce
qu'on fait dire des choses aux
auteurs qu'ils ont pas
voulu dire?
Puis les journalistes, c'est
arrivé à quelques reprises
peut-être qu'ils m'ont fait
dire des choses que j'avais pas
vraiment voulu dire,
mais quand j'y pense comme
il faut, souvent, c'est une
interprétation tout à fait
légitime, même si j'y avais pas
pensé comme ça en l'écrivant.
RACHEL DESAULNIERS
Doric Germain, vous avez fait
vos études au séminaire de
Hearst, vous avez gagné des
prix au concours de français,
en 8e année, vous aimiez la
lecture. Vous vous êtes dirigé
vers l'Université d'Ottawa, et
la littérature était pas votre
premier choix. Vous vous êtes
inscrit en droit. Pourquoi?
DORIC GERMAIN
Mon Dieu, hum...
Bien, c'était une carrière qui
m'avait l'air très attirante,
le droit.
C'est très aride, le droit.
J'étais en droit commun,
(propos en anglais et en français)
en common law,en anglais en plus.
RACHEL DESAULNIERS
En plus.
DORIC GERMAIN
Ce qui était pas très naturel
pour moi. Enfin, au bout de
trois semaines, je me suis dit
que c'était pas ce que je
voulais faire le reste de mes
jours. Et j'ai transféré au
département des lettres de
l'Université d'Ottawa, où j'ai
fait une maîtrise en lettres et
linguistique française.
RACHEL DESAULNIERS
Vous vous retrouvez après la
maîtrise à Hearst. On est venus
vous chercher pour vous amener
en salle de classe.
Racontez-nous cette histoire.
DORIC GERMAIN
Oh, mon Dieu.
J'étais en train d'écrire ma
thèse de maîtrise et
je travaillais...
Il y a un de mes frères qui
était en train de construire un
petit bloc-appartements puis
je travaillais pour lui, sur la
construction. Il y avait un
professeur qui avait donné sa
démission au mois de, je me
souviens pas, décembre, je
pense. Et on est venus me
chercher, le directeur de
l'école avait entendu dire que
j'étais en train de finir une
maîtrise, donc il était venu me
chercher pour aller enseigner.
Et ça a été mon année
d'expérience au secondaire.
RACHEL DESAULNIERS
L'année que vous avez proposé
« La vengeance de l'orignal ».
DORIC GERMAIN
C'est ça.
RACHEL DESAULNIERS
Ensuite, vous vous retrouvez
à l'Université de Hearst, vous
avez été prof pendant une
quarantaine d'années en
littérature. Quelle était votre
spécialité, la période que
vous enseigniez?
DORIC GERMAIN
Au début, j'enseignais
surtout de la littérature
française. À un moment donné,
j'ai eu le goût d'enseigner
de la littérature
franco-ontarienne.
Et ça n'existait pas à
l'époque. Je voulais proposer
au département de français puis
au Sénat de l'Université
Laurentienne de donner
des cours de littérature
franco-ontarienne. Et on
m'avait sorti une espèce de
cours fourre-tout dans
l'annuaire qui s'intitulait
« Éléments de littérature
canadienne », quelque chose de
même. Puis là, ils m'ont dit:
« T'enseigneras ce que tu
voudras dans ce cours-là. »
Mais réellement, ce que je
voulais enseigner, c'était des
gens comme Hélène Brodeur,
Dalpé... je sais pas s'il y
avait Dalpé déjà, Dickson,
Patrice Desbiens.
Finalement, je pense que
c'est devenu de plus en plus
accepté. Aujourd'hui, on
enseigne la littérature
franco-ontarienne sous le nom
littérature franco-ontarienne.
RACHEL DESAULNIERS
Mais dans vos goûts de lecture
à vous, est-ce qu'il y a un
style en particulier qui
vous plait?
DORIC GERMAIN
Oh mon Dieu! J'ai parlé
tout à l'heure un peu du
roman d'aventures. J'ai été
énormément influencé, je pense,
par des gens comme
Jules Verne, en anglais Jack London,
que j'ai probablement lu en
français d'ailleurs au début,
mais je l'ai relu par la suite
dans la langue d'origine.
J'ai adoré les romans
historiques aussi, les romans
de Victor Hugo, par exemple
Alexandre Dumas.
Oui. Alexandre Dumas
qui mélange peut-être
un peu les genres
historiques et aventures.
RACHEL DESAULNIERS
Parlant de romans
historiques, vous-même,
vous êtes allé de ce côté
en 2003 avec le livre
« Défenses légitimes »,
qui rappelle les événements de
Reesor Siding. Vous les racontez
de quel point de vue?
DORIC GERMAIN
Eh mon Dieu! D'un point de
vue pratiquement familial. Mon
père avait été impliqué dans
ces événements-là. Ça a été un
des drames d'ailleurs de mon
enfance. Mon père avait été
impliqué puis il avait été même
accusé de meurtre dans cette
histoire-là. Pour rappeler les
choses brièvement, c'était une
grève des employés de la
Spruce Falls Power and Paper de
Kapuskasing. Mon père était dans
un groupe de travailleurs
indépendants qui ont continué
de travailler...
En tout cas, ça a fait...
un affrontement, à un moment
donné, et il y a eu des morts,
des blessés. Donc j'avais
toujours voulu raconter cette
histoire-là puis essayer de
comprendre puis d'expliquer
aussi ce qui c'était
vraiment passé.
Maintenant, c'était
pas facile...
à Hearst, puis à Kapuskasing,
c'est des événements qui ont
été tenus pratiquement cachés.
Les gens en parlaient pas parce
que ça divisait trop l'opinion.
RACHEL DESAULNIERS
Justement, vous avez pris la
plume pour l'écrire 40 ans plus
tard. Pourquoi il y avait ce
besoin de l'écrire à ce
moment-là?
DORIC GERMAIN
Je me souviens que j'avais
déjà parlé d'écrire un livre,
puis je savais pas si ce serait
un roman, l'histoire ou quoi
exactement, et que ma mère
m'avait répondu: « Garde donc
ça mort. »
À un moment donné, mon père est
décédé. Un peu plus tard, ma
mère est décédée elle aussi
puis je me suis dit que
peut-être que si je voulais pas
que la même chose m'arrive à moi
aussi avant que j'aie le temps
de le faire, que c'était le
temps d'écrire à ce sujet-là.
RACHEL DESAULNIERS
Une chose, au début,
lorsqu'on entendait parler du
roman « Défenses légitimes », on a
presque l'impression que c'est
un parti pris. Vous donnez
raison à un des groupes.
Mais là, à l'écrit, c'est au
pluriel, « Défenses légitimes ».
DORIC GERMAIN
Oui. Et j'ai toujours été un
peu conscient de cette
ambiguïté-là. D'abord, j'ai
déformé l'expression.
L'expression, c'est légitime
défense. Mais j'ai voulu
démontrer que tout le monde,
les deux parties, dans le fond,
les deux, s'il y en avait
uniquement deux - il y avait
peut-être même plus que deux
parties dans tout ça -,
défendaient, avaient quelque
chose à défendre et que ces
défenses-là étaient toutes
légitimes.
(On introduit une seconde invitée, JOHANNE MELANÇON, pour une partie de l'entrevue.)
RACHEL DESAULNIERS
Nous passons en mode trio.
Johanne Melançon, bonjour.
Vous êtes prof de littérature à
l'Université Laurentienne, vous
avez été collègue de Doric
Germain à l'Université de
Hearst, complice et couple dans
la vie. Comment se passe une
session de travail? Est-ce que
vous êtes la première lectrice
des œuvres de Doric Germain?
JOHANNE MELANÇON
Je dois dire que c'est...
Je pense pas qu'on puisse
parler vraiment de session de
travail. Chacun de notre côté,
je pense qu'on est d'un naturel
très indépendant puis j'ai
laissé Doric travailler, puis à
un moment donné, quand il m'a
demandé, je me souviens pas
exactement comment c'est venu,
il m'a dit: « Est-ce que tu en
lirais quelques pages pour me
dire ce que tu en penses? »
Bien là, bien sûr, j'attendais
juste ça comme question.
Puis c'est comme ça que je
lisais: ah, c'est intéressant,
ou faire des petites critiques
comme ça.
Les livres de Doric sont
importants parce qu'ils ont été
mis aussi dans les mains des
jeunes, et plus on est jeune,
plus on entre en contact avec
cette littérature-là, plus elle
est formatrice, puis c'était
important que ces jeunes-là
aient une image d'eux-mêmes.
RACHEL DESAULNIERS
Monsieur Germain, vous êtes
parmi les seuls auteurs à être
étudiés en salle de classe
dans les écoles secondaires
de l'Ontario français.
Vous avez l'occasion
d'aller souvent à la rencontre
des jeunes au Manitoba, au
Nouveau-Brunswick.
Comment sont ces rencontres-là
avec les jeunes?
DORIC GERMAIN
Je dirais pas que je suis allé
très souvent ni au Manitoba ni
au Nouveau-Brunswick, mais je
suis déjà allé une fois au
Manitoba et dernièrement, au
mois de septembre, je suis allé
au Nouveau-Brunswick.
Par contre, je l'ai fait très
souvent en Ontario. Il doit pas
y avoir beaucoup d'écoles
secondaires françaises
en Ontario où je suis pas allé.
Windsor, dans le Sud, je suis
allé à Toronto, Sudbury,
même dans les petites villes. Je
me souviens d'être déjà allé à
Gogama, Dubreuilville... Un peu
partout. C'est une partie très
intéressante du travail d'écrire
que de rencontrer ses lecteurs.
Je l'ai fait également dans les
salons du livre, mais en
particulier dans les écoles.
Les jeunes s'imaginent souvent
que des auteurs, c'est pas des
êtres en chair et en os comme
eux, que c'est des êtres un peu
surnaturels, fantomatiques, on
sait pas trop quoi. Moi, j'aime
bien les rencontrer puis...
D'ailleurs, c'est au contact
des jeunes que j'ai commencé à
écrire, donc peut-être que ça me
rappelle un peu cette époque-là
où j'ai commencé à écrire
« La vengeance de l'orignal ». Oui,
c'est une partie du travail,
disons, que j'aime.
RACHEL DESAULNIERS
Et les jeunes auteurs, quand
on vous dit: Monsieur Germain,
je veux faire comme vous, je
veux être auteur quand je vais
être grand ou grande. Quels
conseils leur donnez-vous?
DORIC GERMAIN
Mon Dieu, d'abord apprendre
la langue parce que la langue,
c'est le matériau avec lequel
l'écrivain travaille puis on
est pas capable d'écrire sans
savoir manier la langue.
Le deuxième, c'est de laisser
aller leur créativité. Écrire,
c'est un peu laisser notre
subconscient aller.
RACHEL DESAULNIERS
Vous avez reçu des prix. Le
prix de la francophonie, le
prix Mariette, pour le Gala de
la francophonie, cet automne. En
2003, pour « Défenses légitimes »,
vous avez remporté le Prix des
lecteurs de Radio-Canada.
Qu'est-ce que ça vous fait de
recevoir ces reconnaissances?
DORIC GERMAIN
C'est toujours agréable de
recevoir. C'est un métier très
solitaire, écrire, on est
toujours seul quand on écrit.
Et c'est peut-être une des
raisons d'ailleurs pour
lesquelles les auteurs aiment
participer à des salons
du livre et aiment aller
rencontrer les lecteurs.
Les prix littéraires
sont également une occasion de
voir que ce qu'on écrit,
finalement, on n'est pas les
seuls à aimer ça!
Parce que des fois, on a
peut-être l'impression, quand
on écrit, moi, j'aime ça, je
pense que c'est bien ce que
j'écris, mais les autres, est-ce
qu'ils pensent la même chose?
Quand on reçoit un prix, au
moins, on sait qu'il y en a
quelques-uns qui aiment
ça aussi.
RACHEL DESAULNIERS
Les nouvelles technologies
font en sorte que les gens vont
en ligne, on n'écrit plus de la
même façon. Vous, est-ce que ça
vous inquiète de penser
que peut-être le livre va
disparaître, ou les librairies?
Quel est votre point de vue?
DORIC GERMAIN
Je pense pas que le livre va
jamais disparaître, pour
commencer. Je suis pas très
techno moi-même.
Même en écrivant, j'aime bien
avoir ma plume puis... quitte,
par la suite, à transférer ça
sur ordinateur.
Je pense pas que le livre va
jamais disparaître totalement.
En tout cas, j'ai de la
difficulté à concevoir qu'il
disparaisse. Un livre, c'est un
objet, ça a un poids, souvent
une odeur même, certainement
une apparence, puis je pense que
le lecteur a un lien affectif
avec. Ça, il me semble...
En tout cas, j'espère que
ça disparaîtra pas.
RACHEL DESAULNIERS
Ces temps-ci, qu'est-ce que
vous lisez?
DORIC GERMAIN
Oh mon Dieu Seigneur! J'ai
justement un livre d'entrepris,
je pense que ça s'intitule
« J'ai aimé une reine », par Poivre
d'Arvor. C'est une biographie
du général La Fayette, qui a été
en amour avec Marie-Antoinette,
semble-t-il, selon ce qui est
écrit. C'est à moitié
historique, à moitié romancé,
je pense. Non, c'est
certainement beaucoup
historique, mais un peu
romancé aussi peut-être.
RACHEL DESAULNIERS
Côté écriture, qu'est-ce que
vous écrivez en ce moment?
DORIC GERMAIN
Pas grand-chose à l'heure
actuelle, là...
Moi, je me suis toujours promis
de ne jamais écrire juste parce
que je me disais écrivain.
D'attendre d'avoir un bon filon
pour écrire. Ça m'est arrivé à
quelques reprises, dans le cas
de « Poison », par exemple, je
pense, dans le cas de « Le soleil
se lève au nord », et surtout dans
le cas de Défenses légitimes, il
y avait quelque chose que je
voulais vraiment écrire, et à ce
moment-là, me semble que
ça va... ça va pas tout seul,
mais ça va beaucoup mieux,
en tout cas.
Mais je me suis dit que
si j'avais pas cette
inspiration-là au départ,
que... non.
Il y en a trop de ces
auteurs-là, à mon avis, qui
écrivent simplement parce qu'ils
sont écrivains, mais qui se
répètent. En tout cas, j'ai pas
envie de faire la même chose.
RACHEL DESAULNIERS
Doric Germain,
merci beaucoup.
DORIC GERMAIN
C'est moi qui vous remercie.
(Générique de fermeture)
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