Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.


Video transcript
Allister Surette
Allister Surette is the president of the only French university in Nova Scotia: Sainte-Anne University.
Sainte-Anne University is also the first university of the Maritimes, ahead of Moncton University.
An Acadian teacher from Nova Scotia, Allister Surette spent time in politics as a minister before returning to education to manage post-secondary institutions.
Réalisateur: Joanne Belluco
Production year: 2015
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Générique d'ouverture
Titre :
Carte de visite
Pendant que GISÈLE QUENEVILLE présente son invité, ALLISTER SURETTE, le recteur et vice-chancelier de l'Université Sainte-Anne, on montre des images du village de Pointe-de-l'Église et de l'université.
GISÈLE QUENEVILLE
Dans le
sud-ouest de la Nouvelle-Écosse,
à un peu plus de 250 kilomètres
de Halifax, on trouve le
village de Pointe-de-l'Église.
Il y a un peu plus de 1000
personnes qui habitent ici.
L'activité du village tourne
autour de son université.
Oui, c'est bien ça. L'Université
Sainte-Anne a son campus
principal à Pointe-de-l'Église.
Elle accueille quelque
450 étudiants qui viennent
de partout en Nouvelle-Écosse,
au Canada, même dans le monde.
Le recteur s'appelle Allister
Surette, un Acadien de la
Nouvelle-Écosse, un enseignant
qui s'est lancé en politique
et qui, ensuite, est retourné
en éducation pour diriger des
institutions postsecondaires
de sa province.
ALLISTER SURETTE
(Citation tirée de l'entrevue)
De s'exprimer en français,
pas seulement dans la salle
de classe, mais à l'extérieur,
ça a toujours été un défi.
L'entrevue suivante se déroule dans une salle de réception de l'Université Sainte-Anne.
GISÈLE QUENEVILLE
M. Surette, bonjour.
ALLISTER SURETTE
Bien, bonjour.
GISÈLE QUENEVILLE
M. Surette, on est
à l'Université Sainte-Anne, qui
est une toute petite université.
On parle d'à peu près 400
étudiants à temps plein ici.
C'est à peu près la grosseur
de l'école élémentaire de mes
enfants à Toronto. Comment ça se
peut, une si petite université,
dans un si petit village?
ALLISTER SURETTE
Bien, c'est l'historique.
On existe, ça fait depuis 125
ans maintenant. On célèbre notre
125e anniversaire, cette année,
de la création, la fondation
de cette institution
en 1890 par les pères eudistes,
qui sont venus dans le coin pour
développer la région, mais aussi
pour établir l'institution ici.
Et ça fait depuis ces jours-là
qu'on recrute non seulement
en Nouvelle-Écosse,
mais ailleurs aussi. Durant
les premiers jours, beaucoup au
Québec avec des pères eudistes.
Maintenant, en Nouvelle-Écosse,
les autres provinces du Canada,
surtout au Nouveau-Brunswick,
l'Île-du-Prince-Édouard,
Terre-Neuve jusqu'à un certain
point, et beaucoup plus à
l'international maintenant.
Donc, c'est pas seulement qu'on
répond à un besoin local en
termes de formation, on répond
à un besoin local en termes
de développement communautaire,
socioéconomique aussi. Et ces
derniers jours-ci, beaucoup plus
dans le domaine de la recherche,
développement et d'innovation.
GISÈLE QUENEVILLE
Quand je pense à
la Nouvelle-Écosse, je pense
souvent à des petites
universités, pas juste
l'Université Sainte-Anne, mais
même les universités de langue
anglaise. Il y a beaucoup...
Je pense qu'il y a une dizaine
de petites universitaires dans
cette province. Est-ce qu'il
y a une tradition? Quel est
l'attrait pour des petites
universités dans une
province comme celle-ci?
ALLISTER SURETTE
En fait, on a 10 universités
et un collège communautaire
anglophone en Nouvelle-Écosse,
des petites et des grosses.
Donc, oui, nous et Atlantic
School of Theology, des petites
universités, mais aussi
Dalhousie, qui est de l'autre
côté. Donc, ils ont des dizaines
de milles, quinzaine de milles
d'étudiants. Mais la beauté de
la Nouvelle-Écosse, c'est qu'il
y a des institutions d'un bout à
l'autre de la province. Le rôle
de l'Université Sainte-Anne,
c'est surtout de répondre à
la langue française, aux besoins
des Acadiens et des francophones
et des francophiles dans la
province de la Nouvelle-Écosse.
Donc, les institutions
sont beaucoup différentes
les unes des autres.
GISÈLE QUENEVILLE
(Acquiesçant)
Hum-hum. Revenons à
l'Université Sainte-Anne.
Quand elle a été fondée
par les religieux à la fin
du XIXe siècle, qu'est-ce
qu'il y avait ici?
Pourquoi fonder
une université ici?
ALLISTER SURETTE
Je pense que c'était une
vision des pères eudistes qui
voyaient... Bien, certainement,
il y avait des églises, les
Autochtones étaient ici aussi.
Comme vous pouvez le voir sur
le campus, il y a un phare sur
le bout de la pointe ici. Donc,
c'était surtout une région...
Bien, c'était la pointe à ce
point-là. Et il y avait une
vieille église ici aussi. Donc,
je pense qu'ils ont vu ça comme
la place logique pour développer
ce qu'eux voyaient comme
une université dans le coin pour
aider la communauté acadienne à
se développer, à s'éduquer, etc.
GISÈLE QUENEVILLE
Parlez-moi un peu de
la communauté étudiante ici.
Qui sont-ils? Qu'est-ce
qu'ils viennent faire ici?
ALLISTER SURETTE
Elle a beaucoup évolué
dans les dernières 125 années,
comme vous pouvez imaginer.
Mais maintenant, on a un volet
collégial et un volet
universitaire. Aussi, un volet
de français langue seconde.
On fait beaucoup de programmes
d'immersion ici, sur le campus
aussi. Donc, en termes de
programmes, de services, on
offre une variété de programmes
et de services, dans la langue
française naturellement, pour
les Acadiens de la province,
les francophones de la province,
les francophiles, parce qu'il
y a beaucoup d'élèves dans
les systèmes anglophones en
immersion qui viennent ici pour
améliorer leur français par la
suite ou suivre des programmes
réguliers dans différentes
disciplines. Donc, variété de
programmes, variété de clientèle
en Nouvelle-Écosse. Aussi, des
francophones ailleurs au Canada.
On recrute beaucoup de la
Louisiane aussi, qui viennent
avec nos relations acadiennes,
cajuns de la Louisiane.
Plusieurs viennent ici l'été
pour des programmes d'immersion
pendant qu'il fait trop chaud
en Louisiane. Ils viennent ici
apprendre le français. Donc,
une très belle notoriété
en Louisiane. Et ces dernières
quelques années, beaucoup à
l'international. Donc, beaucoup
des pays de l'Afrique qui
viennent ici pour étudier en
français, et pour eux, apprendre
la langue anglaise jusqu'à
un certain point aussi.
GISÈLE QUENEVILLE
Mais c'est quoi, la différence
entre un Acadien,
puis un francophone?
ALLISTER SURETTE
Bien, je pense que "Acadien",
ça veut dire "Acadien de
souche". Donc, des régions
acadiennes de la province
de la Nouvelle-Écosse
ou des régions acadiennes
du Nouveau-Brunswick.
GISÈLE QUENEVILLE
Vous parlez du fait
qu'il y a une grande population
d'étudiants étrangers. Je pense
que c'est le tiers de votre
population étudiante ici. Quels
sont les avantages qui viennent
avec ça? Quels sont les défis
qui viennent avec cet accueil
de gens d'ailleurs?
ALLISTER SURETTE
C'est sûr, ça a toujours
existé, j'imagine. Durant
les premiers jours du collège
Sainte-Anne, les pères eudistes
recrutaient beaucoup du Québec.
Donc, à ce point-là, avoir
des Québécois ici, dans
le territoire acadien, c'est sûr
qu'on avait une différence, non
seulement dans la langue, mais
aussi la manière de vivre, etc.
Donc, s'intégrer, s'adapter,
ça a toujours été un défi
jusqu'à un certain point.
Nous, la même chose maintenant.
Les internationaux qui viennent
de Casablanca avec des millions
de personnes, qui arrivent dans
un petit point comme ça,
avec très peu de population,
vous pouvez juste imaginer
en plus de la langue, du parler,
l'accent, la manière de vivre,
les règlements au Canada, etc.
Donc, c'est un défi certainement
et ça va toujours l'être. Donc,
on fait ce qu'on peut du côté de
la vie étudiante pour intégrer
du mieux possible les étudiants
internationaux avec les autres
étudiants ici, sur le campus.
Un avantage vite, certainement
en Nouvelle-Écosse puisque c'est
majoritairement anglophone,
comme beaucoup d'autres
provinces au Canada.
Nos Acadiens et ceux ici,
en Nouvelle-Écosse, ont beaucoup
l'habitude de parler en anglais.
Donc, même s'ils participent
à des écoles acadiennes
francophones ou ici, l'habitude
de parler anglais, c'est un
défi. De parler en français
et de s'exprimer en français,
pas seulement dans la salle de
classe, mais à l'extérieur, ça a
toujours été un défi. Avec les
internationaux qui parlent très
peu l'anglais, parlent beaucoup
plus le français. La langue
commune maintenant sur le
campus, c'est le français.
Donc, ça a francisé notre campus
énormément durant ces dernières
quelques années. Donc, c'est
certainement un avantage.
GISÈLE QUENEVILLE
J'étais en Louisiane,
il y a peut-être six semaines,
et je pense que partout où on
allait, les jeunes, les gens
connaissaient l'Université
Sainte-Anne. Parlez-moi
des relations que vous avez
avec la Louisiane. En fait,
les relations que les Acadiens
de la Nouvelle-Écosse, je pense,
en particulier, ont avec
les Cadiens de la Louisiane.
ALLISTER SURETTE
Oui, pour plusieurs raisons,
je pense. Un, nous, ça fait
40-42 ans qu'il existe un
programme d'immersion l'été ici.
Donc, les étudiants viennent ici
pour cinq semaines, ils vivent
totalement dans un environnement
francophone. Donc, la
télévision, ils peuvent pas
parler anglais, ils ont des
amendes s'ils parlent en
anglais. Donc, l'environnement
est complètement en immersion
française. Donc, ça fait 40-42
ans qu'on recrute, non seulement
de la Nouvelle-Écosse,
ailleurs au Canada, mais aussi
en Louisiane beaucoup. Donc, on
est reconnus comme le meilleur
programme d'immersion au Canada.
L'avantage d'être dans
une région rurale, c'est que
les étudiants ont pas le goût
de sortir dans la grande ville
et fêter, ils restent ici, sur
le campus. Donc, ils développent
toute une vie étudiante entre
eux-mêmes. Donc, s'ils sont 300
étudiants ici l'été, c'est
comme une grande famille en fin
de compte. Et puis plusieurs
beaux commentaires que c'est les
meilleures expériences qu'ils
ont vécues après qu'ils ont
habité ici ou qu'ils sont
restés ici pour cinq semaines.
GISÈLE QUENEVILLE
M. Surette, vous,
vous êtes un Acadien,
je pense, de la Nouvelle-Écosse.
Vous venez de pas très loin
d'ici, n'est-ce pas?
ALLISTER SURETTE
À peu près une heure d'ici.
Un petit village, environ 2000
personnes, dépendamment de
comment on compte le village,
là. Un petit village qui
s'appelle Pubnico West. C'est
un petit village de pêche à peu
près à une heure d'ici, oui.
GISÈLE QUENEVILLE
Alors, vous avez grandi
au bord de la mer.
ALLISTER SURETTE
Exactement.
GISÈLE QUENEVILLE
Famille de pêcheurs?
ALLISTER SURETTE
Oui, dans la transformation
de poissons. Donc, j'ai grandi
avec une usine de poissons juste
en face de chez nous. Et mes
premiers jours de l'âge de
12 ans à peu près, j'ai commencé
à travailler dans l'entreprise
familiale. Mon frère, mes
deux cousins, ma cousine
sont propriétaires de l'usine
maintenant. Ils le font très
bien. C'est une belle vie pour
ceux qui aiment ça. Mais moi,
j'ai pris un différent virage.
GISÈLE QUENEVILLE
Vous vouliez pas prendre
la relève de l'entreprise
familiale.
ALLISTER SURETTE
Non, c'était pas
dans mes plans, non. Non.
GISÈLE QUENEVILLE
Et c'était quoi,
vos plans, alors?
ALLISTER SURETTE
Bien, moi, j'ai toujours
bien fait à l'école, j'adorais
l'école, j'aime la vie
étudiante, puis j'ai pris
la route universitaire
et dans l'enseignement. Donc,
j'ai jamais regardé en arrière.
Certainement, ma vie a pris
un virage non anticipé ou non
planifié, je devrais dire, dans
le domaine de l'enseignement.
J'avais toujours... Je visais
toujours probablement de
m'avancer dans le domaine de
l'administration, en éducation,
mais dans les écoles publiques,
je pensais plus. Et puis c'était
pas jusqu'en 1993, vraiment,
ma vision... J'ai suivi
des programmes de leadership
et de développement pour
la gestion en administration.
GISÈLE QUENEVILLE
J'aimerais qu'on revienne
peut-être à votre enfance
un petit peu. Pubnico West,
est-ce que c'était... c'est
un village francophone, ça?
ALLISTER SURETTE
Oui, oui. Le plus vieux
village acadien, je pense,
dans la région. Il y a même
un village historique là,
maintenant, juste pas loin
d'où j'ai grandi, vraiment. Puis
un petit village de pêcheurs,
surtout. L'économie, c'est
surtout axé sur la pêche.
Ils font une très belle vie en
faisant la pêche. La pêche est
beaucoup diversifiée. C'est
surtout la pêche au homard, mais
aussi la pêche aux poissons de
fond, les pétoncles jusqu'à un
certain point. Le hareng se fait
dans ce coin-ci aussi. Donc,
beaucoup diversifiée, puis...
Oui, non, région complètement
francophone, oui.
GISÈLE QUENEVILLE
Région acadienne également.
Est-ce que... Je sais qu'au
Nouveau-Brunswick, les Acadiens
sont très fiers, avec drapeaux,
etc. Est-ce que c'est la même
situation en Nouvelle-Écosse?
ALLISTER SURETTE
Oui, mais on est tous un
peu différents. Oui, en général,
c'est vrai. En Nouvelle-Écosse,
le défi, c'est que les régions
acadiennes sont dispersées d'une
manière géographique en raison
de la déportation des Acadiens,
puis le retour des Acadiens. Ils
se sont établis sur des régions
côtières, comme la baie
Sainte-Marie où on est
présentement. Ensuite, à une
heure d'ici, il y a une autre
région acadienne de... Et
on appelle ça ici "par en haut",
puis là, "par en bas". Région
de Clare ou région d'Argyle,
donc dans le sud-ouest de la
province. Ensuite, à sept,
six heures de route d'ici, t'as
les régions au Cap-Breton, les
régions acadiennes de Richmond
du côté de Chéticamp, dans ce
coin-là. Donc, on est beaucoup
similaires comme les Acadiens,
même si on est dispersés.
Pour un grand bout de temps,
on était séparés en raison de
la distance. Mais ces dernières
quelques années, ici, avec
la technologie, que ce soit
la vidéoconférence via notre
système de postsecondaire ici
ou l'Internet, et le voyage est
beaucoup plus facile, on est
beaucoup plus proches qu'on a
jamais été comme communauté
acadienne francophone ici,
en Nouvelle-Écosse.
GISÈLE QUENEVILLE
Vous mentionnez
la technologie, l'éducation
à distance. Je pense qu'on peut
dire que les francophones de la
Nouvelle-Écosse, les Acadiens
de la Nouvelle-Écosse, vous êtes
des pionniers, n'est-ce pas,
dans cette aventure-là.
Ça a commencé à quel moment?
ALLISTER SURETTE
Dans les années 1990, ils ont
créé le Collège de l'Acadie, qui
était le collège communautaire
francophone en Nouvelle-Écosse.
Il a ouvert ses portes vraiment
dans les années 1990-1992.
Et puisque la population était
tellement dispersée, comme
je viens de le dire, la seule
manière de pouvoir offrir une
formation collégiale, technique
et professionnelle, était
en utilisant des systèmes
de formation à distance.
Donc, ils ont commencé
avec des systèmes
d'audioconférence, qui ont
évolué dans les systèmes
de vidéoconférence. Donc,
les étudiants pouvaient rester
dans leur région et étudier.
Aujourd'hui, les systèmes
ont beaucoup évolué. On fait
la formation collégiale
et la formation universitaire
maintenant dans tous nos campus.
Donc, le campus principal ici
et les quatre autres campus
dans les différentes régions.
GISÈLE QUENEVILLE
Vous, vous avez grandi dans
cette région-ci, l'Université
Sainte-Anne existait quand
vous êtes allé à l'université,
mais vous êtes pas venu ici.
ALLISTER SURETTE
Non, puis je pense que c'est
ça, l'évolution qui est arrivée
dans les dernières quelques
années. Malheureusement, quand
moi et d'autres de mon âge avons
passé dans le système scolaire,
c'était un système scolaire
où tous les manuels étaient
en anglais et où la classe était
en français. Donc, on a étudié
en anglais et puis beaucoup
de la conversation se passait
en français. C'est une drôle
de manière d'étudier maintenant
qu'on regarde en arrière.
Et puis, en Nouvelle-Écosse,
l'Université Sainte-Anne
a été fondée en 1890,
le collège communautaire a été
fondé en 1990, à peu près 100
ans plus tard, et le système
des écoles publiques a juste été
créé dans les années 1995-1996.
Donc, c'est un peu à l'inverse
pour moi. Si les écoles avaient
été francophones à ce point-là,
ça aurait été beaucoup plus
facile pour moi et d'autres
de continuer nos études dans
la langue française. Donc--
GISÈLE QUENEVILLE
Mais vous vous sentiez plus à
l'aise, donc, en anglais pour
faire vos études à ce moment-là?
ALLISTER SURETTE
Bien, je pense qu'on avait...
On étudiait en anglais, donc
on était à l'aise. Et beaucoup
de nous ont fait nos études
dans des universités
anglophones, oui.
GISÈLE QUENEVILLE
Un enjeu pour vous ici,
à l'Université Sainte-Anne,
ça doit être le recrutement.
Vous êtes tellement petit.
Comment vous faites pour
aller chercher les étudiants?
ALLISTER SURETTE
C'est certainement un défi,
se faire connaître. Comme on
l'a mentionné plus tôt, déjà dix
universités en Nouvelle-Écosse.
Donc, comment se placer
même dans la province de la
Nouvelle-Écosse, dans notre
propre province, avec des
grosses institutions, tu sais.
Comme les Dalhousie ou les St-FX
ou Acadia, qui sont bien connues
au niveau national. Donc,
comment se différencier et
travailler sur sa notoriété,
c'est pas facile.
C'est sûr qu'on a une porte et
un partenariat privilégié avec
le conseil scolaire francophone
ici, dans la province.
Ça, c'est facile.
GISÈLE QUENEVILLE
Mais comme vous le disiez,
les jeunes qui sortent
des écoles françaises peuvent
aussi bien aller étudier
en anglais qu'en français.
ALLISTER SURETTE
Exactement. Donc, ça, c'est
un défi pour nous autres parce
qu'ils sont aussi bons qu'ils
le sont en français. Ça dépend
du type de programme qu'ils sont
intéressés dedans, ça dépend
s'ils veulent poursuivre
leurs études en français
ou en anglais, c'est beaucoup
individuel. Donc, oui.
On a encore des discussions
régulières de comment améliorer
notre recrutement, et c'est
la partie la plus difficile pour
nous autres, se faire connaître.
La partie la plus facile, c'est
notre rétention qui est très,
très forte ici, notre taux de
placement de nos étudiants
est très, très élevé. On annonce
même une garantie d'emploi.
Donc, un étudiant qui se trouve
pas un emploi après sa formation
à Sainte-Anne peut retourner
étudier gratuitement dans
un programme d'une même durée.
Parce qu'on est confiants que
nos étudiants se placent. Ils se
placent à presque 100%. Ce qui
facilite notre recrutement
du jour d'aujourd'hui, c'est les
médias sociaux. Donc là, on est
à parts égales plus ou moins
avec les autres, tu sais. On a
pas besoin de dépenser beaucoup
d'argent pour des promotions
à la télévision ou à la radio
comme auparavant ou dans
les journaux, que maintenant les
médias sociaux, on peut essayer
de faire plus de promotion et
de rejoindre les étudiants à
ce niveau-là. Parce que c'est
certainement un défi, oui.
On peut pas se cacher.
Une partie de l'entrevue se déroule à l'extérieur, sur le campus de l'Université Sainte-Anne.
GISÈLE QUENEVILLE
M. Surette, l'Université
Sainte-Anne, le campus,
c'est un campus écologique.
Qu'est-ce que ça veut dire,
ça, un campus écologique?
ALLISTER SURETTE
On est le campus le plus vert
au Canada. Donc, ça fait depuis
2009 qu'on a une installation de
panneaux solaires, comme on peut
le voir ici, avec 118 panneaux
solaires, la plus grande
installation en
Nouvelle-Écosse.
GISÈLE QUENEVILLE
Wow!
ALLISTER SURETTE
Complémentaires aux panneaux
solaires, deux fournaises
à copeaux de bois.
On montre les fournaises et les réserves de copeaux de bois.
ALLISTER SURETTE
Donc, deux
fournaises à biomasse et les
copeaux de bois, on les coupe
ici, dans le bois de la région.
Et comme vous pouvez le voir à
la pointe aussi, deux éoliennes
ici.
Les silhouettes de deux éoliennes se dessinent à l'horizon.
ALLISTER SURETTE
Donc, pour réduire la
dépendance sur l'électricité.
GISÈLE QUENEVILLE
Et ça, est-ce que
c'était une décision morale
ou une décision financière
d'aller dans ce sens-là?
ALLISTER SURETTE
Un peu des deux.
GISÈLE QUENEVILLE
Oui?
ALLISTER SURETTE
C'était très stratégique
de notre part. Un, il fallait
remplacer nos fournaises à
mazout à l'huile, qui étaient
devenues désuètes. Et puis
ensuite, une décision, bien,
pour réduire les coûts. Donc,
avec les installations qu'on
voit ici, on a réduit nos coûts
d'énergie d'à peu près 400 000$.
Donc, 400 000$, pour une petite
institution comme la nôtre,
est considérable.
GISÈLE QUENEVILLE
Est-ce que c'est quelque chose
que vous avez pu faire parce que
vous êtes une petite université?
Est-ce que ce que vous faites
ici peut se traduire ailleurs
dans d'autres institutions?
ALLISTER SURETTE
Ça peut certainement
se traduire, mais pour nous,
c'était plus facile d'être
dans une région rurale.
Naturellement, les copeaux
de bois, l'accès aux copeaux de
bois est plus facile. Et puis du
fait que le campus est peut-être
un peu plus petit, donc toutes
les résidences sont branchées
sur un système central.
GISÈLE QUENEVILLE
Et vous en êtes fier, sans
doute, de ce campus écologique.
ALLISTER SURETTE
On est très fiers, oui.
En plus d'économiser des coûts
d'énergie, réduire les gaz
à effet de serre, contribuer
au développement économique de
la région de Clare, de réduire
nos dépenses; tout a très,
très bien fonctionné pour nous.
L'entrevue reprend dans la salle de réception de l'Université Sainte-Anne.
GISÈLE QUENEVILLE
M. Surette, votre parcours,
jusqu'à maintenant, peut sembler
assez conventionnel, mais c'est
pas du tout le cas, parce que
vous, vous avez fait de la
politique. Vous avez été élu
député. Vous êtes même devenu
ministre, à un moment donné.
Est-ce que ça, ça faisait
partie de vos projets?
ALLISTER SURETTE
Pas du tout. C'est un peu
bizarre pour moi.
Durant mes jours à l'école,
j'étais plus gêné que non.
De me voir en politique,
jamais que j'avais pensé à ça,
surtout dans ma jeunesse.
GISÈLE QUENEVILLE
Alors, qu'est-ce
qui vous a piqué?
ALLISTER SURETTE
Bien, ça m'a toujours
intéressé et toujours suivi,
mais j'étais pas affilié avec
un certain parti ni rien.
Ils cherchaient des candidats
en 93 pour le parti libéral à ce
point-là et je me suis présenté
en politique. Donc, les premiers
quelques années, c'était comme
député. Donc, pour moi, c'était
excellent que j'ai pas été nommé
ministre tout de suite. J'ai pu
comprendre un petit peu c'était
quoi le rôle d'un député d'une
région, qui était une région
acadienne à peu près à une heure
d'ici. Mais 50% de la région
au moins acadienne francophone,
l'autre moitié anglophone
naturellement, comme beaucoup de
nos régions. Puis de comprendre
un peu les défis de la région et
les enjeux, et ensuite, quelques
années comme ministre aussi,
qui était toute une différente
manière d'opérer.
GISÈLE QUENEVILLE
Comment s'est faite
la transition entre
enseignant, député, ministre?
ALLISTER SURETTE
Bien, c'était difficile. C'est
sûr que... Et puis nous, c'était
des jours difficiles. C'est
un peu comme aujourd'hui avec
des réductions budgétaires...
Pour moi, c'était ça qui était
difficile. Moi, j'aime toujours
de pouvoir répondre au positif
dans beaucoup des cas, mais
c'est que beaucoup de décisions
du côté politique, c'est qu'on a
besoin de dire non et qu'on sait
qu'on va avoir des pour et des
contre. Donc, il y a plusieurs
moments durant ces jours, durant
ces cinq années-ci en politique,
qui étaient difficiles pour moi
personnellement parce que,
tu sais, prendre des décisions
difficiles qu'on sait
qui affectent directement
des individus dans la province
et dans ta circonscription,
ça a pas été facile.
GISÈLE QUENEVILLE
La Nouvelle-Écosse,
c'est petit. Est-ce qu'il y a
des particularités à être
politicien dans une province
comme la Nouvelle-Écosse?
ALLISTER SURETTE
Pour sûr. T'es toujours
sous la loupe. T'es toujours au
travail. Donc, peu importe si tu
vas au centre d'achat ou si tu
vas à une partie de hockey ou...
T'es toujours au travail et
puis on est petits donc il faut
s'apprêter que c'est pas juste
un emploi, c'est une vie.
Moi, la chose en politique qui
m'a réveillé beaucoup, c'était
la communauté acadienne. Nommé
comme ministre des Affaires
acadiennes, beaucoup mieux
connaître les autres régions de
la Nouvelle-Écosse acadiennes et
francophones. Donc, les régions
acadiennes à travers la province
et les autres francophones
est le défi qui existait.
GISÈLE QUENEVILLE
Dans vos années au
gouvernement, vous avez été
nommé gestionnaire spécial pour
la francophonie, pour la gestion
scolaire des francophones.
Quel a été votre rôle dans
l'implantation d'un système
scolaire francophone
en Nouvelle-Écosse?
ALLISTER SURETTE
Les deux plus gros défis,
je pense, durant mes jours
en politique, un, c'était
la création ou monter un système
scolaire francophone dans des
écoles homogènes, comme on en
parlait au temps, et deux,
comme tu viens de le mentionner,
c'était les gels salariaux
et renégocier des conventions
collectives. Dans le domaine
de la gestion scolaire, ce
dossier-là aussi a pas été
facile. De convaincre ou
de changer les écoles comme
elles existaient, comme je l'ai
mentionné tantôt, moi, dans mes
jours, on étudiait en anglais,
mais on parlait le français.
On avait des anglophones à côté
de nous dans la même école.
De changer ce système-là à un
système d'écoles anglophones et
d'écoles francophones, dont deux
écoles secondaires par exemple
dans une même région, ça a été
des jours difficiles. Les gens
de la région, pas convaincus
qu'une école homogène, c'est la
meilleure chose pour apprendre
la langue française et pour le
futur de nos communautés, donc--
GISÈLE QUENEVILLE
Ça, c'est les francophones
qui pensaient comme ça.
ALLISTER SURETTE
Les francophones qui pensaient
beaucoup comme ça aussi, oui,
dans les régions. La réalité,
c'est que nos régions sont
tellement anglophones, dominées
par les médias anglophones,
les organismes anglophones,
etc., qu'il faut faire plus
du côté francophone.
Et puis ça a été démontré qu'une
école homogène francophone
dans une région minoritaire,
certainement, c'est la meilleure
chose pour le futur et
pour le bilinguisme aussi.
GISÈLE QUENEVILLE
Ça fait 20 ans depuis la
création des écoles françaises
en Nouvelle-Écosse.
Après 20 ans, quel est
le constat que vous faites?
ALLISTER SURETTE
Le système fonctionne très,
très bien, et en fait, les
inscriptions sont à la hausse
dans le système francophone,
ce qui est pas la réalité
dans le système anglophone avec
la démographie. C'est sûr que
la preuve a été faite durant ces
dernières 20 années ici que oui,
c'était la bonne décision. Mais
je suis certain qu'il y a des
gens encore dans nos régions
qui préfèrent encore l'ancien
système. Peut-être pas plus
au niveau de la formation et de
l'éducation, mais plus au niveau
de ce que ça fait pour nos
régions et la division entre les
Anglophones et les Francophones.
GISÈLE QUENEVILLE
Diriez-vous que
c'est votre plus belle
réussite en politique?
ALLISTER SURETTE
C'est sûr que l'éducation,
c'était super important, puis
je le vois comme encore très
important du jour d'aujourd'hui.
Mais il y a d'autres réussites,
surtout dans le domaine que
j'ai aimé beaucoup, c'est
dans le domaine de l'économie,
et comment aider nos régions
à survivre, parce que c'est dur
aujourd'hui. On a de gros défis
démographiques: vieillissement
de la population, l'exode
des jeunes. Oui, il faut faire
ce qu'on peut avec la langue
française et l'éducation,
mais aussi, il faut avoir
des jobs. L'emploi est la
vitalité dans nos régions. Donc,
j'ai beaucoup aimé les rôles que
j'ai joués en termes de présider
des comités, de développement
économique dans les
régions rurales aussi.
GISÈLE QUENEVILLE
Eh bien, Allister
Surette, merci beaucoup.
ALLISTER SURETTE
Un grand merci.
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