

Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.
Video transcript
Graham Fox: President and CEO, IRPP
An avid political scientist and public policy researcher, Graham Fox has had a career that is as fascinating as it is varied. At the age of 27, this proud Franco-Ontarian became Chief of Staff for Joe Clark, head of the Progressive Conservative Party at the time. The small team provided an invaluable opportunity for him to try his hand at everything and learn a great deal. Today, he is President and CEO of the Institute for Research on Public Policy (IRPP), a research group that explores various public policy matters and helps to improve governmental decision making. A passionate supporter of democratic reform, he tells #ONFR about his career and his view of politics today.
Réalisateur: Charles Pepin
Production year: 2016
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Titre :
Carte de visite
GRAHAM FOX se présente brièvement, alors que des images du Parlement d’Ottawa sont présentées.
GRAHAM FOX
Je m’appelle Graham Fox.
Fier Franco-Ontarien qui habite
maintenant à Montréal et donc,
fier Montréalais. Politologue
de formation. Chercheur
en politiques publiques.
Et un ardent défenseur
des droits des francophones.
J’ai une feuille de route
qui m’a amené à faire plusieurs
choses dans ma carrière.
Certains diraient que je ne suis
pas resté très longtemps
à aucun endroit.
Ancien chef de cabinet
de Joe Clark, ancien conseiller
politique de Hugh Segal,
ancien chercheur dans
plusieurs think tanks.
Alors, certains diraient varié,
d’autres diraient indécis.
Aujourd’hui, je suis président
de l’Institut de recherche
en politiques publiques,
qui est un groupe de recherche
ou un think tank,
pour employer l’expression
anglaise, dont l’esprit
de recherche est pancanadien,
mais qui est situé à Montréal.
GRAHAM FOX, président et chef de la direction de l’institut de recherche en politiques publiques, accorde une entrevue à LINDA GODIN, à l’extérieur d’un édifice.
LINDA GODIN
Graham Fox, bonjour.
GRAHAM FOX
Bonjour.
LINDA GODIN
Graham, tu es le président
et chef de la direction
de l’Institut de recherche
en politiques publiques.
Qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce
que toi, tu fais là?
GRAHAM FOX
L’IRPP, c’est un groupe de
recherche qui a comme mandat
d’explorer différents enjeux
de politiques publiques,
pour publier des études
et organiser des événements pour
essayer d’apporter de l’eau au
moulin pour les décideurs, pour
améliorer les décisions qui sont
prises par nos gouvernements.
On le fait sans lien
avec une idéologie politique
en particulier, ou une famille
de partis politiques
ni les gouvernements.
Alors, on a quand même
une certaine indépendance
par rapport aux gens qu’on tente
d’alimenter. C’est vraiment ça
notre travail. C’est d’essayer
d’amener des données
pour éclairer le débat public.
LINDA GODIN
Et toi, les politiques
publiques, c’est vraiment
ton domaine d’activité,
et précisément, ta spécialité,
si je puis dire,
c’est la réforme démocratique.
GRAHAM FOX
Oui, oui. Effectivement.
LINDA GODIN
Qu’est-ce qui t’intéresse
là-dedans?
GRAHAM FOX
Je me suis toujours intéressé
par la chose publique. Dans
le sens que, je trouve que
le concept de s’organiser
pour prendre des décisions en
collectif, c’est quelque chose
qui m’intéresse. On m’a déjà dit
que j’ai dû tomber dans la
marmite quand j’étais tout petit
pour employer l’expression.
Parce que, bien que je me
sois promené beaucoup dans
ma carrière, il y a toujours
eu ça comme fil conducteur.
Le contenu des décisions
politiques m’intéresse et
les processus qui mènent à
ces décisions-là m’intéressent
presque plus que
le contenu des décisions.
Comment on s’organise, comment
on développe un consensus pour
ensuite passer à l’action, c’est
quelque chose qui m’a toujours
interpellé, puis c’est quelque
chose que je fais maintenant
dans mon travail.
LINDA GODIN
Et la réforme démocratique en
particulier. Qu’est-ce que toi,
tu aimerais voir au Canada
comme réforme démocratique?
GRAHAM FOX
D’abord, je commencerais avec
les parlements et les assemblées
législatives. On a oublié,
à un moment donné, dans les
30, 40 dernières années, qu’on
avait tous, au niveau provincial
et au niveau fédéral,
des systèmes parlementaires.
Mais, de plus en plus,
c’est l’exécutif qui mène.
Il y a énormément de pouvoir
qui est concentré autour
du Cabinet d’abord, et en plus,
autour de la première ministre
ou du premier ministre. Et c’est
en fait les hauts conseillers
qui ont plus de pouvoir
que l’élu, qui a pourtant
un mandat populaire.
Je voudrais donc, d’abord, qu’on
recentre la prise de décision
autour de l’activité
parlementaire. Et j’aimerais
ça... Je comprends qu’il y ait
un risque là-dedans, mais
j’aimerais ça que les
gouvernements redécouvrent
les bénéfices d’une consultation
auprès de son Parlement.
D’arriver avec des projets
de loi qui ne sont peut-être
pas complètement fermés, de
retrouver le livre blanc,
d’essayer d’engager les
parlementaires avant d’être
certain que tu as déjà
pris ta décision.
Ça, je pense que ça ramènerait
beaucoup la confiance du public,
ça donnerait peut-être plus le
goût de participer en politique,
de remplir son bulletin de vote.
LINDA GODIN
Donc toi, un changement
au système électoral,
t’es pour ça, ou?
GRAHAM FOX
Oui, je pense que oui.
Je pense qu’on est peut-être
rendus là, où la diversité
dans l’opinion publique devrait
être mieux reflétée dans nos
assemblées législatives,
mais je dirais pas que
ce serait la première priorité.
Si j’étais là, je miserais
d’abord sur une réforme
parlementaire. Et une fois qu’on
a un parlement qui fonctionne
comme il le devrait, bien,
à ce moment-là, on peut passer
au mode de scrutin.
Mais je le ferais
dans cet ordre-là.
LINDA GODIN
Pour toi, c’est quoi
la définition
d’un bon gouvernement?
GRAHAM FOX
Encore une fois, ça semble
un peu drôle à dire, c’est un
gouvernement qui est réellement
à l’écoute. C’est un
gouvernement qui n’a pas peur
de faire voir ses processus.
Moi, j’aime beaucoup quand
une personne politique,
qui est responsable d’un certain
dossier, arrive en début
d’exercice pour dire: "Vraiment
là, j’ai pas encore une idée
arrêtée de comment on va régler
ce problème-là, ou qu'est-ce
qu'on va faire pour telle
réforme. J’ai peut-être trois
options que je favorise plus que
les autres." Mais une personne
politique qui est capable de
lancer un débat et d’animer un
débat public, d’animer un débat
parlementaire, je pense que
c’est quelqu’un qui va réussir
une réforme ou qui va faire
accepter une politique
de façon plus convaincante,
que si c’est tout prêt, tout
cuit quand ça arrive. Le vote
est passé et on passe à
d’autres choses immédiatement.
Alors, je pense qu’un bon
gouvernement, c’est d’abord un
gouvernement qui est à l’écoute
et un gouvernement
qui est humble.
C’est un gouvernement qui
avoue qu’il n’a pas toutes
les réponses et qui peut aller
chercher ailleurs. Et peut-être
qu’il y a des idées de l’autre
côté qui méritent
d’être étudiées.
Je pense que c’est ça
un bon gouvernement.
L’entrevue se déplace quelque peu, mais demeure à l’extérieur.
GRAHAM FOX
Si j’avais l’occasion,
j’aimerais beaucoup rencontrer
la chancelière allemande Angela
Merkel qui est probablement un
choix qui va en surprendre plus
d’un, mais c’est la première
chancelière de l’Allemagne.
Des photos de Angela Merkel défilent.
GRAHAM FOX
C’est la première chancelière
qui vient de l’ancienne
Allemagne de l’Est. Elle a pris
le contrôle d’un pays
dont l’unité avait été faite
seulement dix ans auparavant,
alors qu’il était encore tout
nouveau. Qui devait gérer son
histoire de la guerre froide et
du rideau de fer. Qui est encore
en train de gérer, aussi,
le rôle qu’il a joué dans
la Deuxième Guerre mondiale
et la Shoah.
Et qui semble, à elle seule,
porter le projet de l’Union
européenne, aujourd’hui.
Je pense que c’est une personne
de courage quand on regarde
tous les gestes qu’elle a posés
pour les réfugiés syriens.
Et le projet européen, je pense
que c’est un projet qui est
extrêmement intéressant
au niveau de la capacité
d’organiser les États-nations,
puis d’organiser
une action commune.
Et je voudrais lui poser comme
question: comment elle fait?
Alors que tous ses alliés en
Europe, en tout cas à mes yeux,
sont plus mous que mous.
Des images de Angela Merkel dans différents contextes politiques, lors de rencontres, sont présentées.
GRAHAM FOX
Alors que les problèmes... L’un
n’attend pas l’autre, que ce
soit la crise économique,
la crise des réfugiés,
les difficultés avec la Russie.
C’est une leader
qui se porte droit
et qui agit avec conviction.
Je pense que c’est un modèle,
en quelque sorte, de ce à quoi
on devrait s’attendre de
nos leaders. Alors, j’aimerais
beaucoup lui en parler.
LINDA GODIN
Graham, tu as été le chef
de cabinet de Joe Clark
alors qu’il était chef du Parti
progressiste-conservateur.
Comment c’étaient ces années-là?
GRAHAM FOX
D’abord, c’était
une expérience absolument
extraordinaire, qu’on n’a pas
souvent à l’âge de 27 ans.
Il faut dire que je suis devenu
chef de cabinet d’un chef de
parti qui avait fini bon dernier
trois élections de file,
en 1993, 1997 et 2000.
LINDA GODIN
Petite équipe.
GRAHAM FOX
Petite équipe, ça prend
beaucoup d’humilité. Et c’est
probablement pour ça que
quelqu’un qui a 27 ans devient
chef de cabinet. Mais ça a été
une expérience...
une formation incroyable.
Alors, j’ai été surpris quand
M. Clark m’a approché pour
me demander de prendre ces
responsabilités-là. Mais
il m’avait dit très rapidement:
"Moi, j’ai été premier ministre
à 39 ans. Je suis la dernière
personne qui va s’inquiéter
de l’âge de quelqu’un."
Et la relation de confiance
s’est établie presque
automatiquement. Et puis, c’est
vraiment une occasion d’avoir
touché à tout. Parce qu’avec
une petite équipe comme ça, il y
avait vraiment un petit noyau de
personnel, de hauts conseillers.
Alors, on faisait de tout:
des relations médias,
du développement des politiques,
de la gestion ressources
humaines et tout ça.
LINDA GODIN
Et donc, tu as été conseiller
politique de plusieurs
politiciens: Hugh Segal,
Jean Charest, Joe Clark. Et à
un moment donné, tu t’es dit:
"Je ne veux plus faire ça.
Je ne veux plus être conseiller
politique d’un politicien."
Pourquoi?
GRAHAM FOX
D’abord, deux choses. De Hugh
Segal, j’ai gardé l’importance
de faire de la politique sur
les idées, et ça, c’est quelque
chose qui a beaucoup influencé
mes choix de carrière et qui
a vraiment fait avancer
ma réflexion politique.
De M. Clark, j’ai vraiment
retenu l’importance de
s’impliquer pour vrai. Il disait
souvent, en anglais:
"In politics, you can make a point
or you can make a difference."
Et on peut faire une analyse,
une fine analyse
d’un développement assis dans
les gradins. Mais si tu veux
apporter un changement, il faut
que tu descendes des gradins,
faut que tu mettes ton chandail
d’équipe, puis faut
que tu prennes le terrain.
Moi, ça m’a pris plus
longtemps en arriver à cette
conclusion-là. Si mon épouse
était ici, elle vous dirait
qu’en fait, elle, ça fait
beaucoup plus longtemps que ça
qu’elle le savait très bien.
Le soir où je lui ai dit:
"Qu’est-ce que tu penserais
de l’idée de..." Elle dit:
"Oh, mon Dieu! Ça fait
longtemps que j’attends
cette conversation-là!"
LINDA GODIN
"J’ai déjà fait
ma réflexion."
GRAHAM FOX
C’est ça, exactement.
"Bienvenue à la
réunion, M. Fox!"
LINDA GODIN
C’est ça. "Vous êtes
en retard de deux ans!"
GRAHAM FOX
Mais c’était vraiment ça. Je
voulais.... J’avais conseillé,
j’avais fait de la recherche,
des choses que je trouve qui
sont très importantes au
processus. Mais je voulais, à ce
moment-là, voir si je pouvais
moi-même mener un changement.
LINDA GODIN
Et donc, tu t’es présenté
en politique au provincial.
GRAHAM FOX
Oui.
LINDA GODIN
C’était en 2007, hein?
GRAHAM FOX
C’est ça. Durant les élections
provinciales de 2007.
LINDA GODIN
Tu as perdu.
GRAHAM FOX
Oui.
LINDA GODIN
Est-ce que tu te l’expliques?
Est-ce que tu as des raisons
qui expliquent? Comme, euh,
qu’est-ce qui s’est passé?
GRAHAM FOX
Il y a beaucoup de raisons.
D’abord, je dirais que d’avoir
été candidat et d’avoir frappé
à des portes pendant presque
six mois, c’est une des choses
les plus valorisantes
que j’ai jamais faites.
Et quand t’es là, les gens
sont pressés, t’arrives à leurs
portes entre le dodo, puis les
devoirs, puis le bain, puis tout
ça. Mais rares sont ceux qui
n’ont pas déjà quelque chose,
une question à poser ou un enjeu
sur lequel ils veulent échanger
pendant quelques minutes.
Les gens sont pressés, mais les
gens sont informés. De se faire
rappeler ça de porte en porte,
en porte, j’ai trouvé ça
extrêmement enrichissant.
Et pour la défaite, comme Hugh
Segal m’a dit le soir des
élections, du côté positif des
choses, un écart de 8000 voix,
ça permet pas vraiment de
réfléchir à: Ah! Si seulement
on avait fait telle chose.
Le résultat est concluant,
merci. On se fait congédier
sur la place publique
et il y a pas beaucoup de:
"Si seulement on avait..."
Il y en a pas de ça.
LINDA GODIN
L’année d’avant, tu as été
chef de cabinet de Peter Mackay,
qui était ministre alors.
Mais trois jours seulement.
GRAHAM FOX
OK. C’est vrai.
LINDA GODIN
Qu’est-ce qui s’est passé?
GRAHAM FOX
Je commencerais en disant
qu’un ministre et un chef
de gouvernement, un premier
ministre, a l’entière discrétion
de choisir les conseillers
politiques, de qui ils veulent
s’entourer. Alors ça,
c’est très clair à mes yeux.
Il est vrai qu’à la suite
de l’assermentation du nouveau
cabinet de M. Harper, après les
élections de 2006, que j’avais
eu des discussions avec
M. Mackay qui m’avait demandé
de lui donner un coup de main,
que j’acceptais de faire.
Et il y a d’autres gens
qui ont eu d’autres idées, et
qui auraient voulu que M. Mackay
fasse un autre choix que...
LINDA GODIN
Que Graham Fox?
GRAHAM FOX
Et donc, quelqu’un d’autre a
pris ce poste-là et moi, j’ai
mis un peu une croix sur l’idée
d’être conseiller politique.
C’est un peu à ce moment-là,
où je me suis dit:
OK, peut-être que c’est un
signe, peut-être que c’est le
temps de penser à la politique
autrement et de pas être
dans les coulisses.
LINDA GODIN
Mais quand tu dis: "Il y a
des gens qui voulaient
quelqu’un d’autre que moi."
C’était Stephen Harper?
GRAHAM FOX
Oui, c’est ce qu’on peut
comprendre de ce qui s’est
passé. Quelques mois avant
les élections, j’avais publié
un texte dans une revue qui
s’appelle Options politiques,
et parce que notre pays est
un village, Options politiques,
c’est la revue de l’Institut
de recherche en politiques
publiques dont je suis
maintenant président.
Alors, l’histoire
a un sens de l’humour.
Et j’avais donc publié un texte
qui comparait ce que j’analysais
comme étant deux styles
de leadership de M. Harper.
Et j’en favorisais un, beaucoup.
Assez fortement.
Et mon texte n’avait pas plu.
LINDA GODIN
Justement, en parlant
de Harper, tu as codirigé un
livre qui s’appelle
The Harper Factor.
Qu’est-ce que
tu penses, justement,
de l’empreinte de Stephen
Harper sur le Canada?
GRAHAM FOX
D’abord, je pense que l’impact
de M. Harper est beaucoup plus
nuancé que ce que voudraient
laisser savoir ses plus ardents
défenseurs et ceux qui sont
vraiment, vraiment en désaccord.
Et l’exercice du livre,
essentiellement, que j’ai
codirigé avec Jennifer
Ditchburn, qui à l’époque était
une journaliste à la presse
canadienne et qui est depuis
devenue collègue à l’IRPP.
On s’intéressait du fait que
beaucoup a été écrit au sujet de
la personnalité de M. Harper, de
son comportement politique, de
sa façon de faire la politique,
mais on pouvait pas trouver
d’analyses de son impact réel
sur les politiques publiques.
Quel a été vraiment l’impact
législatif dans différents
domaines de politiques
publiques? Et on s’est dit
que c’était un vide
qu’il fallait combler.
Plutôt que de se taper tout
le livre nous-mêmes, on pensait
que c’était plus... peut-être
plus rigoureux, sur le plan
intellectuel, d’aller chercher
des experts qui ont chacun
préparé les chapitres
sur le plan thématique.
Et une fois qu’on a fait cette
analyse-là, la grande conclusion
qu’on est presque forcés
d’adopter, c’est celle qu’il y a
eu beaucoup moins de changements
ou les changements se font
beaucoup plus dans la nuance.
D’abord, il y a eu beaucoup plus
de continuité qu’on le dit.
Les grands pans de la politique
fiscale, la politique économique
et, à un certain égard,
la politique étrangère, c’est
vraiment la continuité depuis
les années Mulroney. On voit
que, si changement il y a eu,
ils sont facilement défaits,
soit par son successeur
ou les tribunaux.
Alors, en bout de ligne, en fin
d’exercice, c’est difficile
d’identifier une chose
dont on va célébrer
le dixième anniversaire.
Je pense qu’il a transformé
la politique, et on le voit
maintenant dans le fait que
les autres partis adoptent
plusieurs des pratiques
organisationnelles:
l’utilisation des données,
big data et tout ça.
Mais au niveau
policy, au
niveau des politiques publiques,
c’est difficile de voir
qu’est-ce qui va
rester dans cinq ans.
JOE CLARK, premier ministre du Canada (1979-1980) accorde une entrevue en studio.
JOE CLARK
Je m’appelle Joe Clark,
et j’étais chef du Parti
progressiste-conservateur
à l’époque. Graham était chef
de cabinet dans mon bureau
parlementaire et aussi dans
ma position comme chef du parti.
Premièrement, Graham a un grand
talent comme individu. Il est
bien informé, bien éduqué.
Il comprend les complexités
et il n’est pas inondé
par les complexités.
Il est capable de trouver
les moyens de résoudre les
questions. C’est une partie
de la force de Graham Fox
qu’il a, sans question,
une personnalité forte, mais
il est capable de rester hors
le spotlight quand nécessaire.
Et dans une position comme chef
de cabinet, comme membre d’une
équipe, il avait compris que
c’était sa place de donner la
lumière aux députés et moi-même.
Mais une chose intéressante en
ce qui concerne Graham, il a
la capacité d’être un député
excellent, efficace, je crois,
mais souvent, les personnes sont
attirées à la vie politique pour
être élues, pour être premières,
d’avoir une certaine
proéminence. Pour lui,
la motivation est
la substance des questions.
Il veut les analyser. Il veut,
quand nécessaire, changer les
choses. Et ce serait un avantage
pour le pays si Graham Fox
devient candidat encore
et être élu. C’est une personne
qui peut être bien efficace
à la Chambre des communes
ou à un autre niveau.
Mais personnellement, c’est
le type de personne qu’on a
besoin dans la vie publique.
Dans la vie publique
et la place publique,
et les chambres publiques.
Plus tard, LINDA GODIN et GRAHAM FOX marchent sur une piste en forêt, tandis que l’entrevue se poursuit.
LINDA GODIN
Graham, toi, tu es
un très fier Franco-Ontarien.
GRAHAM FOX
Oui.
LINDA GODIN
Ton identité culturelle
est très importante pour toi?
GRAHAM FOX
Oui, absolument. Absolument.
J’irais même jusqu’à dire que
mon éveil politique s’est fait
vraiment par l’entremise
de la langue.
LINDA GODIN
OK.
GRAHAM FOX
Où c’est l’espèce de prise de
conscience de ce que c’est que
d’être francophone en Ontario
qui a vraiment allumé mon action
politique. Tout le reste
est venu après. Alors oui,
effectivement, c’est vraiment
au cœur de mon identité.
LINDA GODIN
Et toi, tu es le fils de Bill
Fox qui était attaché de presse,
directeur des communications
avec Brian Mulroney quand
il était premier ministre du
Canada. Est-ce qu’il a beaucoup
influencé ce que
tu fais aujourd’hui?
GRAHAM FOX
Oui, pas mal. Mais je dirais
que c’est même la grande famille
Fox. Mon grand-père, c’est
quelqu’un qui a fait beaucoup
de bénévolat en politique,
qui était très engagé.
Tous les frères et sœurs
de mon père, aussi, sont engagés
en politique. Et on a
de toutes les couleurs.
Les progressistes-conservateurs
sont dans la minorité.
LINDA GODIN
Ah, OK.
GRAHAM FOX
Et puis...
LINDA GODIN
Ça, ça devait faire
des discussions, comment dire,
avec beaucoup d’étincelles?
GRAHAM FOX
Oui, oui, c’est sûr. Quand tu
mets quelques Fox ensemble pour
parler politique, ça parle fort,
ça gesticule, ça rit beaucoup.
Mais oui, effectivement,
ça fait vraiment partie
de l’ADN familial.
L’entrevue se poursuit ensuite à l’extérieur d’un édifice.
LINDA GODIN
Graham, tu es
un progressiste-conservateur.
Est-ce que c’est impensable
pour toi de te présenter pour
le Parti conservateur du Canada?
GRAHAM FOX
Pas impensable, non. Mais je
pense que... Moi, j’ai fait
une réflexion sur mon propre
positionnement politique,
ma réflexion politique,
ma philosophie.
Et je suis très ouvert à l’idée
que, peut-être, éventuellement,
il y a d’autres formations
qui pourraient répondre à ça.
Mais ça a toujours été quelque
chose qui était très présent
chez moi, parce que quand on
grandit en Ontario français et
on développe un intérêt pour la
politique, tout le monde tient
pour acquis qu’il y a juste une
couleur. Et on met le dossard
rouge et on met nos souliers
rouges, puis on se joint
à l’équipe des rouges.
LINDA GODIN
Oui, parce que
progressiste-conservateur
et Franco-Ontarien,
c’est comme un pull?
GRAHAM FOX
Ça va pas toujours ensemble.
LINDA GODIN
C’est comme à contre-courant,
on pourrait dire.
GRAHAM FOX
Mais mon choix de formation
politique vient d’un choix
de réflexion et de philosophie.
C’est-à-dire, en démocratie,
on a comme deux valeurs. Tout le
monde veut être égal et tout
le monde veut être libre.
Mais veut veut pas, à quelque
part, ces deux valeurs-là sont
en conflit l’une avec l’autre
et il faut faire des choix.
Et souvent, quand ma plus
vieille m’a demandé: "Comment ça
se fait que tu t’es retrouvé
au centre-droit plutôt que
centre-gauche?" Puis tout ça.
La seule façon que j’ai trouvée
pour lui expliquer ça, c’était
de dire: "On veut tous
l’égalité, on veut tous la
liberté, mais des fois il faut
choisir. Est-ce qu’on veut
être plus égal que libre?
Ou plus libre qu’égal?"
Et moi, je suis très optimiste
par rapport à la capacité
de l’individu. J’ai beaucoup
confiance en l’individu si on
le laisse libre de ses moyens.
Alors, j’ai choisi plus libre
qu’égal. Alors nécessairement,
je me retrouve du côté
de centre-droit. Le Parti
conservateur dans la fusion
des deux partis a gardé beaucoup
des éléments qui m’attiraient
à la politique: un engagement
à la réforme démocratique, un
engagement à une saine gestion
des finances publiques,
une approche à la gestion
de la fédération qui colle bien
à mes idéaux, c’est-à-dire...
LINDA GODIN
Plus décentralisée.
GRAHAM FOX
Exactement. Une fédération qui
laisse la place aux provinces,
laisse la place à la flexibilité
pour refléter les circonstances
locales. On a un système fédéral
qui donne le plus de pouvoir
à son niveau subnational
que la plupart des fédérations
dans l’Ouest.
Nos provinces sont fortes,
elles sont autonomes. Elles sont
souveraines dans leurs champs de
compétence. Et je pense qu’on a
tout à gagner de leur permettre
d’expérimenter et d’innover au
niveau des politiques publiques.
Alors, c’est pour ça que je
dis que philosophiquement, au
fédéral, la formation, c’est le
Parti conservateur. Et je fais
la différence entre un idéal
politique et les idéaux d’une
formation politique, et les
agissements d’un gouvernement en
particulier. Je suis pas certain
que tous les libéraux ou tous
les néo-démocrates sont, non
plus, fiers à 100 % et appuyant
à 100 % de chaque décision
de chacun des gouvernements
qu’ils ont menés.
Les gouvernements ont le droit
de réagir aux circonstances, ont
le droit de réagir aux réalités
qui sont devant eux, mais sur
le plan philosophique,
ça change pas.
LINDA GODIN
Et donc, la véritable
question, c’est: quand est-ce
qu’on va revoir ta photo
sur une pancarte électorale?
GRAHAM FOX
(Riant)
Pas bientôt!
LINDA GODIN
Ah, non?
GRAHAM FOX
Bien, écoutez. Je ne crois pas
non plus à l’activité politique
comme étant une carrière
à long terme.
Je vois ça plutôt comme étant
un mandat. Tu as un projet, tu
t’impliques, tu fais ce que tu
voulais faire et ensuite, tu
t’en vas faire d’autres choses.
Et tu laisses la place aux
autres, qui ont d’autres projets
et peut-être une réflexion qui
est plus fraîche que la tienne,
parce que tu as passé huit ans
en politique ou tu as passé une
dizaine d’années en politique.
J’ai fait exprès, moi-même,
de passer de la politique
à la recherche à la politique
à la recherche, de façon assez
consciente. Parce qu’à un moment
donné, tu t’épuises. Il faut que
tu retournes à la réflexion, il
faut que tu ailles te ressourcer
et peut-être que tu peux faire
plusieurs passages en politique.
Mais selon moi, tu les fais pas
d’un trait. Et je pensais que je
ferais la politique soit tôt ou
tard dans ma carrière. Mon père
est très heureux de me rappeler
qu’il ne me reste plus de tôt.
LINDA GODIN rit.
GRAHAM FOX
Alors, ce sera le tard.
LINDA GODIN
Et donc, ça ne sera pas, quoi,
dans les cinq prochaines années?
GRAHAM FOX
Je ne pense... Bien, en fait,
non. Ce ne sera pas dans les
cinq prochaines années. Mais là,
je pense que j’ai des devoirs
à faire, j’ai une réflexion
à approfondir, j’ai des
expériences à acquérir. Puis,
ensuite, si je fais le choix, ce
sera ça que je reviens donner.
LINDA GODIN
Graham Fox, merci beaucoup.
GRAHAM FOX
Ça me fait plaisir.
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