Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.


Video transcript
François Houle: Clarinetist
Quebec-born François Houle is a Franco-Colombian clarinetist with a vast interest in different music styles.
And while he may be classically trained, his career path has been far from traditional.
He excels in jazz and adds contemporary music to the mix.
If you haven´t already, you´re sure to hear about this gifted musician, who has over 20 albums to his name.
Réalisateur: Joanne Belluco
Production year: 2016
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Titre :
Carte de visite
FRANÇOIS HOULE joue de la clarinette en solo sur une scène de Vancouver.
Plusieurs paysages des côtes, des îles et de la ville de Vancouver, défilent.
FRANÇOIS HOULE (Narrateur)
Quand je suis arrivé à Vancouver,
j'ai été vraiment surpris par la
scène musicale, qui était très
dynamique. Il y avait beaucoup
de musique classique, bien sûr,
mais il y avait aussi une
scène de jazz. Un jazz assez
particulier, beaucoup plus
avancé, avec un langage très
contemporain et très axé
autant sur le rock que
sur le jazz américain.
Tout ce que je fais, côté
musique, c'est de la musique
traditionnelle. Ça vient
toujours de quelque part. Peu
importe le style ou le genre,
il y a toujours une tradition
derrière. Donc, je fais beaucoup
de musique contemporaine. Et par
la musique contemporaine, j'ai
ramené ce monde-là du côté du
jazz, de la musique du monde,
ce qui fait que j'ai réussi
à développer une voix assez
particulière avec l'instrument.
La clarinette, c'est ma vie.
C'est l'instrument de
prédilection qui me permet
de m'exprimer, peu importe
le style. C'est un instrument
qui m'a fasciné dès l'âge de
7 ans. Et je ne l'ai jamais
abandonné. On a parcouru
toute notre vie ensemble.
L'animatrice GISÈLE QUENNEVILLE rencontre FRANÇOIS HOULE dans une salle de spectacle.
GISÈLE QUENNEVILLE
François Houle, bonjour.
FRANÇOIS HOULE
Bonjour.
GISÈLE QUENNEVILLE
François, raconte-moi la
première fois que tu as tenu
une clarinette entre les mains.
FRANÇOIS HOULE
Ah... J'avais environ 7 ans et
mon cousin est arrivé chez nous
avec une clarinette usagée
dont il voulait se débarrasser.
Il en jouait au secondaire, puis
il s'est dit: "Tiens, peut-être
ça t'intéresserait de faire ça."
Parce qu'à l'époque,
je commençais juste dans
la musique avec la flûte à bec.
La méthode Orff, les xylophones.
Et il m'a amené la clarinette,
il l'a assemblée pour moi,
puis j'ai fait un son un peu
comme ça.
J'ai trouvé ça fantastique.
GISÈLE QUENNEVILLE
C'était fantastique. Je sais
pas si tes parents ont trouvé ça
fantastique, par exemple.
FRANÇOIS HOULE
Tout le monde a bien rigolé en
tout cas. Mais en dedans d'une
demi-heure, j'arrivais à jouer
une petite mélodie. Puis
j'étais vraiment complètement
accro à ce moment-là.
GISÈLE QUENNEVILLE
Et là, à ce moment-là, t'as
commencé à prendre des leçons à
l'école, dans une école privée?
FRANÇOIS HOULE
Oui. En fait, il y avait
un clarinettiste à Montréal, à
Châteauguay, où j'ai grandi, qui
jouait à l'église le dimanche
matin. Il jouait du saxophone
alto et des fois, de la clarinette.
À chaque fois qu'il
jouait de la clarinette, moins
souvent que l'alto, c'est le son
qui m'épatait complètement.
J'étais vraiment foudroyé.
Donc, quand j'ai eu l'occasion
d'en jouer la première fois,
j'ai pensé tout de suite à lui.
Puis mes parents l'ont approché
et lui ont demandé: "Est-ce que
vous pourriez donner des leçons
à notre fils?" Il a accepté
comme ça, parce qu'il y avait
pas beaucoup de jeunes de mon
âge qui s'intéressaient à des
instruments comme la clarinette.
Même à l'école, il n'y avait pas
de programme de musique où il
y avait des instruments comme
le saxophone, la clarinette, la
trompette, tout ça. Donc c'était
assez inusité comme requête.
Et puis, ce qu'il y avait
d'intéressant, c'est que... Je
jouais de la musique d'église,
bien sûr, mais le samedi soir,
il y avait un band de jazz,
surtout pour la danse, un
band de swing. Un restaurant
qui s'appelait: Le rustique,
à Châteauguay, qui était
vraiment le « dine and dance »,
l'endroit pour mes parents,
leur génération, où ils allaient
fêter, manger, tout ça.
Et donc c'était mon premier
professeur de clarinette.
Et dès le départ, il a insisté
pour me montrer la technique
vraiment classique, les gammes,
les arpèges, les études. Puis
en même temps, il me faisait
écouter des trucs de
Benny Goodman, de Artie Shaw,
des trucs que mon père
écoutait à la maison.
GISÈLE QUENNEVILLE
Oui.
FRANÇOIS HOULE
Donc, dès le départ, j'étais
tombé dans deux univers assez
distincts, de la musique
classique, Mozart, Brahms, tout
ça, et le jazz, Benny Goodman.
GISÈLE QUENNEVILLE
Qu'est-ce que tes amis
pensaient de ça? Parce que
Benny Goodman
et la musique classique,
quand on est ado, euh...
FRANÇOIS HOULE
Pendant assez longtemps,
j'étais un peu clarinettiste,
tu sais, euh...
GISÈLE QUENNEVILLE
Dans le placard?
FRANÇOIS HOULE
Dans le placard, exactement.
Même mes frères me disaient...
J'ai trois frères. Ils me disaient:
"Quand tu pratiques,
c'est trop fort. Peux-tu faire
ça dans la chambre de bain?"
Quelque chose comme ça. Alors,
je me cachais un peu. J'étais
pas intimidé ou embarrassé
par le fait que je jouais de la
clarinette, mais je le gardais
pour moi-même, parce que presque
tous mes amis écoutaient
du métal. Ça écoutait pas de
jazz, ça écoutait pas de musique
classique. Ça écoutait du rock.
Quand j'arrivais à l'école, on
grattait un peu de guitare, puis
des choses comme ça, mais c'est
que vers l'âge de 12 ou 13 ans
que les gens se sont rendu
compte à l'école que
je jouais de la clarinette.
Les occasions à l'école où il
y avait besoin de musique, alors
j'amenais ma clarinette. Puis:
"Qu'est-ce qu'on va faire avec ça?"
On a trouvé des moyens
de faire. Donc, du coup, essayer
de stationner cet instrument-là
dans le contexte social, c'était
un challenge dès le départ
pour moi. Mais on dirait,
en regardant vers l'arrière, que
ça a vraiment formé, si tu veux,
cet esprit d'aventurier que j'ai
toujours eu avec l'instrument.
GISÈLE QUENNEVILLE
Tu as fait des études pas
mal poussées en musique, en
clarinette, à McGill, entre
autres, à Yale également.
C'était toujours dans le but
d'en faire une carrière?
FRANÇOIS HOULE
Oui, pour faire plaisir à ma
mère et à mon père, parce qu'au
début, quand je leur ai annoncé
que je deviendrais musicien
professionnel, ils n'étaient
pas trop contents de ça.
Ils voulaient vraiment que
je devienne dentiste ou docteur.
Mais je les ai convaincus en
leur disant que je deviendrais
musicien d'orchestre,
que je jouerais un jour
avec un orchestre symphonique.
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce que c'était vraiment
l'idée derrière ça, ou c'était
juste pour les calmer?
FRANÇOIS HOULE
C'était juste pour les calmer.
Mais quand j'ai entrepris
mes études avancées, j'ai eu
l'occasion de jouer dans des
orchestres, dans les orchestres
de formation, et j'ai été
séduit par le répertoire.
Bon, Beethoven, Brahms, tout ça.
C'était fantastique. Tous les
concertos, concertos de Mozart,
ces choses-là. Donc, ça m'a
encouragé à poursuivre cette
veine, si tu veux, mais j'avais
toujours un petit côté aussi, je
dirais pas délinquant, mais très
souvent, dans mes pratiques,
j'improvisais. Ou j'écoutais de
la musique de jazz, j'essayais
d'imiter un peu Charlie Parker,
des choses comme ça. Artie Shaw,
Benny Goodman. Mais encore là,
ce côté, je le gardais un petit
peu pour moi-même. Quoique
mes professeurs de clarinette
à l'université se posaient
toujours des questions
un peu sur la façon dont
je pratiquais ou la façon
d'aborder l'instrument.
GISÈLE QUENNEVILLE
Parce que c'était mal vu
de faire autre chose que
du classique à l'université?
FRANÇOIS HOULE
Un peu. Ou si tu veux, l'école
de clarinette, en Amérique
du Nord, c'est très dogmatique.
Il y a une approche très rigide.
La façon de produire le son,
le côté technique, de placer
les doigts sur l'instrument, la
façon de souffler, qui est très
prescrite par une tradition
qui est vraiment très riche, qui
est vraiment fascinante, mais
en même temps, qui te casse très
rapidement, tu vois? Et moi,
j'étais toujours intéressé
à chercher les choses qui
sortaient de ce cadre-là, pour
voir qu'est-ce qui arriverait,
comment ça influencerait
mon approche. On dirait que
je cherchais toujours à trouver
des choses qui étaient toujours
un petit peu plus personnelles
plutôt que de rentrer dans un
cadre très rigide, traditionnel.
Je mettais toujours en question
la tradition. Ce qui fait
que dès mes premières années
d'études à l'université,
à McGill, j'avais une affinité
pour la musique contemporaine,
parce que dans la musique
contemporaine, il y avait des
pratiques instrumentales plus
avancées que dans la musique
traditionnelle classique.
On retourne au solo de clarinette peu traditionnelle de FRANÇOIS HOULE.
On retourne à l'entrevue de FRANÇOIS HOULE sur la scène d'une salle de spectacle.
GISÈLE QUENNEVILLE
Je sais que tu aimes
pousser les limites de
ton instrument. De quelle façon?
FRANÇOIS HOULE
Euh... Comme je te disais,
vu que mon affinité a toujours
été pour une musique un peu
plus éclectique, si tu veux,
j'ai commencé à faire de
l'expérimentation dès un très
jeune âge, en écoutant la radio.
J'écoutais des trucs de
Led Zeppelin, puis j'essayais
de jouer en même temps, d'imiter
les solos de guitare de Jimi
Hendrix, de faire des sons assez
bizarres. Comme par exemple...
quand Jimi Hendrix utilise
la distorsion avec la pédale
wawa, tout ça, j'essayais
d'imiter ça un peu
avec la clarinette...
(Faisant un effet de distorsion)
De faire des choses comme ça, tu
vois? J'arrivais avec ça à mes
leçons, puis mon prof me disait:
"Mais qu'est-ce que tu fais?
C'est n'importe quoi!" Je
disais: "Non, non,
c'est du Jimi Hendrix."
Il en revenait pas.
Puis bien sûr, dans le jazz,
la musique contemporaine, il y a
toutes sortes de techniques
qu'on utilise qui ne sont pas
dans les livres, vraiment.
Premièrement, la respiration
continue qui, jusqu'à il y a
quelques années, demeurait
une technique assez avancée,
que très peu de
musiciens utilisaient.
FRANÇOIS HOULE
C'est quoi?
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est de respirer, c'est
de jouer un son continu tout en
respirant par le nez au lieu de
par la bouche, et en soufflant
de l'air des joues dans
l'instrument pour que le son
continue pendant qu'on inspire.
Ça sonne un peu comme ça.
GISÈLE QUENNEVILLE
Je pense qu'il y a des
techniques de clarinette que
toi-même, tu as développées?
FRANÇOIS HOULE
Oui. Elles sont toujours
inspirées d'autres choses. Comme
par exemple, une des techniques
que je pratique qui est un peu
différente de la majorité des
autres clarinettistes, c'est le
slap tongue. Le slap tongue,
c'est quoi? Bon, on utilise la
langue pour essayer de créer une
espèce de son de percussion sur
l'anche, qui imite un peu ce que
les musiciens de jazz faisaient
dans les années 10, les années
20, dans le dixieland.
Il y avait des techniques où ils
faisaient des choses comme ça...
Tu vois? Et moi, la façon
dont je l'ai abordé,
c'était pas tellement
par rapport à cette inspiration
jazz, mais c'était plus par
la musique africaine. J'écoutais
beaucoup le balafon de la Côte
d'Ivoire, du Sénégal aussi,
puis la musique des musiciens
du Burundi. Ils jouaient sur des
billots de bois avec des bâtons,
avec des pierres aussi, qui
donnaient un son très percussif,
mais qui résonnait un peu
dans le bois, qui sonnait
un peu comme ça...
(Faisant une démonstration)
Alors, ça donne ce côté
de musique africaine
avec ce son-là.
GISÈLE QUENNEVILLE
Maintenant, pour toi, des
fois, jouer une clarinette,
ça suffit pas. Il faut en
jouer deux en même temps.
FRANÇOIS HOULE
Oui, bien...
GISÈLE QUENNEVILLE
Pourquoi?
FRANÇOIS HOULE
Bien, premièrement, parce que
jouer deux notes en même temps
sur l'instrument, c'est pas
facile. Puis il y a quand même
des limites sur ce qu'on arrive
à faire harmoniquement. Quand on
joue dans un contexte de jazz où
tu as des grilles d'accords, où
tu dois demeurer dans le mode,
si tu veux, c'est pas possible
de faire ça avec un seul instrument.
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est plus facile
de le faire avec deux?
FRANÇOIS HOULE
C'est plus facile de le faire
avec deux. En fait, la première
fois que je l'avais fait,
c'était un petit peu comme faire
une blague. Puis je me suis
aussi inspiré un peu de la
musique traditionnelle de la
Sardaigne. Il y a un instrument
en Sardaigne qui... C'est
une espèce de clarinette triple,
mais qui est fait en bambou.
Donc, il y a un morceau très
court, dix quintes, puis un
autre tube, qui est un peu plus
long et un autre, qui est très
très long. Puis ils jouent ça
en même temps, les trois. C'est
la tradition de la musique de la
Sardaigne. C'est le launeddas,
c'est le nom de l'instrument.
Et quand j'ai vu ça, j'ai dit:
"Ça doit être possible de faire
ça avec deux clarinettes." Donc,
j'ai sorti mes deux clarinettes
en même temps pour essayer
d'imiter un peu cette espèce
de compas bizarre et essayer
de trouver une embouchure qui
me permettait de jouer les
deux en même temps. À force
d'expérimenter avec ça,
j'arrivais à faire des sons qui
étaient quand même relativement
bien, par exemple
avec des unissons.
(Faisant une démonstration)
Mais dès que je change
de doigté avec une, bien là,
on peut faire des harmonies.
(Soufflant dans ses deux clarinettes)
Et quand j'ai découvert ça,
que je me suis rendu compte que
c'était possible de le faire,
j'ai travaillé pas mal pour
essayer de développer certaines
lignes mélodiques ou des
harmonies ou des improvisations,
ce qui me permet de jouer par
exemple comme le launeddas.
Si je me sers de ça comme de la
ligne de base, qui ne bouge pas,
et de jouer les mélodies sur
l'autre clarinette, je peux
arriver à faire des
choses comme ça...
(Jouant un air)
Donc, c'est très joli,
mais en même temps,
je peux faire des choses
très dissonantes, comme...
(Jouant de manière plus dissonante)
Donc, il y a toutes sortes
de possibilités. Je peux
aussi changer le registre.
Je pourrais jouer dans l'aigu.
(Plus aigu)
GISÈLE QUENNEVILLE
Incroyable.
FRANÇOIS HOULE
Et à force de le travailler,
on arrive à contrôler un peu
aussi les volumes, combien d'air
va passer sur un instrument,
l'autre, de changer les
articulations aussi. Donc, c'est
devenu, si tu veux, synonyme
de mon travail à la clarinette,
parce qu'il y a très peu
d'instrumentistes qui font ça.
Mais c'est ça qui est
fantastique aussi avec
l'instrument. C'est que c'est un
instrument qu'on retrouve dans
tellement de traditions, dans
le klezmer, dans la musique
"azerbaïdjane", dans la musique
grecque. On la retrouve partout,
dans toutes les traditions. Dans
le choros brésilien, etc. Dans le
jazz américain, bien sûr, dans
le dixieland. Donc, je pense
que c'est un des instruments
qui est le plus présent
dans tous ces domaines.
Et c'est ce qui me fascine
le plus, c'est d'essayer
d'aller extraire les choses très
particulières, ou les techniques
qui ont été développées dans
ces différents domaines-là,
puis de les ramener
dans mon monde à moi.
On assiste à un solo où FRANÇOIS HOULE joue de deux clarinettes à la fois.
GISÈLE QUENNEVILLE poursuit son entretien avec FRANÇOIS HOULE, clarinettiste.
GISÈLE QUENNEVILLE
François, tu fais toutes
sortes de musiques, mais tu es
surtout connu pour la musique
contemporaine et la
musique actuelle.
Quelle est la différence
entre ces deux genres-là?
FRANÇOIS HOULE
C'est très simple. La musique
contemporaine, c'est de la
musique écrite, composée
par un compositeur, et on
interprète cette musique-là.
Tandis que la musique actuelle,
habituellement, c'est nos
musiques à nous, qu'on compose
et qu'on performe, mais
qui incluent une grande
portion d'improvisation.
Le terme "musique actuelle" est
venu un peu du Québec.
Quand je suis parti de Montréal
en 1984, c'est autour
de cette époque-là
que des types comme René
Lussier, Jean Derome, Daniel
Hétu, les filles de Super Mémé,
qui avaient commencé à faire des
projets. Et à un moment donné,
le terme "musique actuelle"
a émergé de tout ça.
GISÈLE QUENNEVILLE
Tu joues dans, je pense,
une demi-douzaine de groupes
différents. Je pense que tu as
une vingtaine d'albums à ton nom
en ce moment. Où est-ce que tu
trouves le temps de t'éparpiller
et de faire tout ça?
FRANÇOIS HOULE
Si je faisais...
GISÈLE QUENNEVILLE
Il faut dire que les groupes
dans lesquels tu joues
sont assez différents
les uns des autres.
FRANÇOIS HOULE
Oui. Oui, oui. Euh...
Tu vois, la réalité du musicien
d'aujourd'hui, c'est qu'on ne
peut pas faire qu'une chose.
Si on ne faisait qu'une chose,
on serait complètement cassé.
On n'arriverait pas à gagner
notre pain. Alors, il faut
que j'enseigne,
il faut que je gère mes trucs,
que je fasse des demandes
de bourses ou que je produise
toutes sortes de choses,
des projets. Je fais un peu de
composition pour la musique de
film. Je fais de la composition
de musique de chambre,
de l'orchestre. Et je joue
dans tous ces groupes-là.
Donc, ça devient un peu
une espèce de bizarre...
un casse-tête où il faut garder
toutes les boules dans les airs,
si tu veux, constamment,
en plus d'être père de famille,
de gérer ce côté-là aussi.
Mais c'est la réalité
d'aujourd'hui, il faut se
diversifier tout en gardant
quand même un
focus, d'une certaine façon,
sur les musiques
qui nous intéressent.
Pour moi, le côté
« catalyste » de tout ça, c'est vraiment
l'instrument. Donc, ma pratique
de tous les jours, quand je me
lève, dès que... Après avoir
déjeuné, tout ça, la première
chose qui me rentre en tête,
c'est: Qu'est-ce que je vais
faire aujourd'hui? Qu'est-ce
qui va... Sur quoi je vais
déboucher? Il y a toujours des
surprises, mais il y a aussi
une pratique. Ça demande une
certaine discipline. Tous les
jours, il faut faire un coup
de fil, il faut faire un
courriel pour essayer d'avoir
le prochain concert. Il faut
contacter les médias, il faut
contacter les autres musiciens
pour essayer d'organiser
les répétitions. Puis
il faut trouver aussi du temps
pour jouer quelques sons,
pour composer quelques notes.
On n'écrit pas une symphonie en
un jour. Ça prend des semaines
et des années des fois à
arriver sur quelque chose.
Mais en faisant ça, en mettant
la main à la pâte tous les
jours, on arrive. Puis il y a
des choses qui émergent
qui deviennent des disques,
qui deviennent des projets
sur scène, qui deviennent des
groupes qui font des tournées.
On sait jamais vraiment
qu'est-ce qui va marcher,
qu'est-ce qui va cliquer,
puis qu'est-ce qui cliquera pas.
C'est ça qui m'intéresse, moi.
C'est que je suis improvisateur
dans toute ma... de tous
les côtés, tu vois. Moi,
je rends ma femme complètement
folle quand on part en voyage.
"Bon, OK, on va regarder sur la
carte." "Bien non! Prends pas la
carte, on regarde sur le GPS."
Mais on n'a même pas besoin
de ça. Je prends des détours,
des fois, qui sont improvisés.
"Ah tiens, la route, là, a l'air belle.
On va vers les montagnes."
Elle dit: "Non,
on s'en va de l'autre côté. Tu
prends le mauvais chemin." Moi,
c'est comme ça. J'aime toujours
prendre le côté un peu plus
aventureux, les découvertes
ou les chemins un peu moins
parcourus, si tu veux.
GISÈLE QUENNEVILLE
Eh bien, François Houle, merci
beaucoup pour cet entretien.
FRANÇOIS HOULE
Ça fait plaisir.
Un dernier solo de FRANÇOIS HOULE ferme l'émission.
Générique de fermeture
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