Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.


Video transcript
Robert Freynet - Artist
Robert Freynet has found the solution for piquing young people´s interest in history: the graphic novel. It all began when the native of Ste-Geneviève, Manitoba, created a graphic novel on the life of the great Louis Riel. He soon followed it up with another about explorer La Vérendrye. These days, Freynet is working on a new piece about Jean-Baptiste and Marie-Anne Lagimodière, a pioneer couple from the Red River. Freynet´s talents, however, do not lie only in graphic novels. He is also an accomplished muralist, and his works are displayed all over Manitoba. Some notable “galleries” include the Manitoba Legislative Building, the Saint Boniface Cathedral, and the Monseigneur Taché Historic Site in Ste-Geneviève, where he lives with his wife.
Réalisateur: Charles Pepin
Production year: 2016
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Titre :
Carte de visite
Pendant sa présentation, ROBERT FREYNET peaufine des planches de bandes dessinées.
ROBERT FREYNET (Narrateur)
Je m'appelle Robert Freynet.
Je suis un artiste visuel.
Et puis j'aime bien faire de la
bande dessinée, de la peinture,
du dessin, puis même un peu
de sculpture parfois.
J'étais né avec un crayon
dans la main pour ainsi dire.
J'ai toujours aimé dessiner.
Mais à 18 ans, j'ai pris la
ferme résolution de devenir un
artiste peintre à temps plein et
sans compromis. Donc, je me suis
retiré dans une cabane dans
la forêt, que mon père avait,
et puis je suis resté là pendant
quelques mois et je me suis dit
que je sortirais pas de cet
endroit-là avant d'être peintre.
Alors, j'ai emmené tout mon
équipement avec moi et je me
suis pratiqué. Puis, j'en suis
sorti tout inspiré et j'ai
continué ma vie d'artiste
dès ce moment-là.
Les images se superposent : des crayons, des couleurs, des pinceaux et des planches de bandes dessinées. Puis on présente des œuvres de ROBERT FREYNET dans une église.
ROBERT FREYNET (Narrateur)
Dans mon oeuvre, on retrouve
souvent l'histoire et la
religion. Ces deux sujets-là
me fascinent. Je me dis pas
historien, mais je m'intéresse
beaucoup à l'histoire.
En ce qui concerne la religion,
j'aime bien l'aspect spirituel
de la peinture, où je peux
communiquer des choses qui sont
les plus profondes dans l'être
humain. Et puis dans une église,
on est bien disposé pour
accueillir l'art. On a l'esprit
calme. On est recueilli. C'est
quelque chose que je trouve
très important pour communiquer
ce qui est très profond
dans l'âme humaine.
Titre :
Robert Freynet
LINDA GODIN rencontre ROBERT FREYNET, artiste multidisciplinaire dans une église.
LINDA GODIN
Robert Freynet, bonjour.
ROBERT FREYNET
Bonjour, quel plaisir!
LINDA GODIN
Vous êtes un artiste
multidisciplinaire. Parlons
d'abord de la bande dessinée.
Vous êtes bédéiste. Qu'est-ce
qui vous intéresse? Qu'est-ce
qui vient vous chercher
dans la bande dessinée?
ROBERT FREYNET
Depuis que j'étais tout
jeune, je me suis intéressé
passionnément à la
bande dessinée.
J'adorais les... C'était surtout
les comics américains au
début. J'avais une source sans
limites de bandes dessinées,
alors je passais mon temps à
lire la bande dessinée. Depuis à
peu près l'âge de 8-9 ans, j'ai
commencé à faire mes propres
bandes dessinées, puis c'est
drôle parce qu'en dessinant,
j'enseignais aussi une amie
à côté de moi comment dessiner.
Alors, je faisais un peu
mon professeur en même temps
que je faisais mon artiste.
LINDA GODIN
Mais là, il faut dessiner,
mais il faut faire le dialogue
aussi. Il faut créer une
histoire à la fois avec
le dessin et avec le dialogue,
qui est assez court en BD.
ROBERT FREYNET
Justement, il faut que
le dialogue soit très succinct
parce que c'est l'image
qui prime en bande dessinée.
Donc, il faut faire certain
qu'on dit les choses de façon
très efficace, très pointue.
Bien, c'était les bulles
de dialogue que je faisais.
J'aimais conter l'histoire.
J'aime aussi écrire. Et puis,
j'aime faire la recherche. Et
j'aime dessiner. Alors, tu mets
tout ça ensemble et ça fait
un bédéiste, alors ça me
passionne. J'adore ça.
LINDA GODIN
D'ailleurs, en parlant
de recherche, vous avez fait
une bédé sur Louis Riel. Ça a
été laborieux comme travail?
ROBERT FREYNET
Laborieux, mais pas pénible.
C'était beaucoup de travail.
C'est vrai, c'était un sujet
très complexe. J'ai lu une
vingtaine de volumes sur sa vie.
Je prenais des notes tout
le long. Recherche les images,
les photographiques de l'époque.
Heureusement que la caméra était
déjà inventée, alors on peut
avoir beaucoup des personnages
qui peuplent l'histoire de Louis
Riel. On peut les retrouver dans
les photos, donc on a une bonne
documentation sur la façon dont
ils ont l'air. Le truc, c'était
vraiment de faire une synthèse
de toute cette information très
complexe et puis de la ramener
À une histoire simple et
intéressante pour que le
lecteur puisse le lire
en se divertissant et non
en étant assommé d'une
pédagogie en bande dessinée. Et
puis c'est ce que j'ai fait avec
mon tout dernier Louis Riel qui
a été lancé. En fait, le volume
2 a été lancé cette année.
LINDA GODIN
Et vous avez fait aussi une
bande dessinée sur La Vérendrye.
ROBERT FREYNET
Oui, sur La Vérendrye.
En fait, ce qui m'intéresse,
c'est vraiment...
les échos de la Nouvelle-France
dans l'Ouest parce qu'on ne
reconnaît pas ça assez, que
la Nouvelle-France avait étendu
son influence jusqu'ici, au
Manitoba, et encore plus loin,
par les forts qu'ils ont
établis, que La Vérendrye a
établi tout à travers l'Ouest
canadien. Alors, il était
un grand diplomate. Il était
vraiment habile négociateur,
donc il a établi les bonnes
relations de base avec les
Autochtones. Ça fait une
symbiose vraiment intéressante
pour le Canada. Si on compare
aux États-Unis, c'était beaucoup
moins violent. C'était beaucoup
plus de synergie qui se passait
entre les Autochtones et les
Blancs de l'Est qui faisaient
la traite des fourrures. Puis
il écrivait dans ses écrits
au roi de France pour financer
ses explorations. Il justifiait
ses explorations en décrivant
ce qu'il voyait. Alors,
ça fait un très bon "record"
pour nous et ça fait...
L'essentiel de ma bande
dessinée, j'ai été fouiller
dans ses écritures d'origine
pour voir qu'est-ce
qui s'est passé.
Des œuvres de Fragonard défilent pendant le témoignage de ROBERT FREYNET.
ROBERT FREYNET
J'apprécie beaucoup le peintre
du XVIIIe siècle Fragonard.
Il avait une fraîcheur dans
sa technique, une spontanéité.
Il peint avec une certaine
sensualité, et puis c'est
difficile de pas tomber
sous le charme de sa peinture.
La toile qu'il a faite qui est
ma préférée, en tout cas
une de mes préférées, c'est
La liseuse. C'est un sujet
très simple. C'est une femme qui
lit son livret. On la voit de
profil. Et puis c'est désarmant
par la simplicité du sujet,
mais aussi par son petit sourire
de sensualité dans la technique
et dans le personnage.
J'aimerais demander à Fragonard
comment il travaillait, bien
sûr, lui poser des questions
techniques, mais aussi savoir
un petit peu qu'est-ce qui
l'inspire, et puis j'aimerais
aussi lui dire de ne pas
se décourager malgré le fait
que c'est bien possible qu'il
soit pauvre ou qu'il soit peu
apprécié, mais que la postérité
va apprécier son oeuvre et que
moi-même je l'apprécie beaucoup.
C'est un des grands maîtres
de l'histoire de l'art, alors
j'aimerais l'encourager un petit
peu avec ces mots-là. L'artiste
sait pas toujours ces choses-là.
Quand on travaille tout seul
dans notre atelier, si les gens
nous apprécient. On travaille
dans notre coin un peu.
C'est un travail solitaire.
C'est pas comme travailler
dans un orchestre ou dans
une formation quelconque.
On est tout seul et puis on peut
être en proie au découragement.
Alors, j'aimerais l'encourager
et lui dire: "Continue parce
que la postérité va apprécier
ce que tu as fait."
De retour dans l'église où LINDA GODIN poursuit son entretien avec ROBERT FREYNET.
LINDA GODIN
M. Freynet, vous êtes
bédéiste, peintre, sculpteur,
restaurateur d'oeuvres d'art.
Qu'est-ce qu'il manque?
Dessinateur, designer...
Pourquoi tout ça?
ROBERT FREYNET
Bien. J'ai plusieurs cordes à
mon arc comme on dit, parce que
c'est une question de survie,
je pense, dans le monde des
arts. Ici, au Manitoba français,
c'est pas une grande densité
de population. Alors, il y a pas
énormément de monde dans un seul
domaine, donc je peux pas
me spécialiser par exemple juste
dans la peinture, ou la peinture
religieuse, ou la peinture
historique, ou la bande
dessinée. Il faut vraiment...
Quand il y a un projet qui se
termine, je me pose toujours la
question: « qu'est-ce que je vais
faire maintenant? » Alors, je vois
autour de moi les besoins qu'il
pourrait y avoir. Par exemple,
je vois un mur blanc dans
une institution et je pourrais
très bien proposer à cette
institution une peinture murale
qui serait propice pour la
vocation de l'institution
et l'espace disponible.
Souvent, on accepte mes projets,
alors je vais pas nécessairement
attendre que le téléphone sonne,
mais je vais souvent proposer
des projets et puis espérer
que ça puisse rapporter
quelque chose.
LINDA GODIN
Vous êtes surtout reconnu,
je pense que je peux le dire,
comme bédéiste et peintre parmi
toutes les formes d'art que vous
pratiquez. Parlons peinture.
Qu'est-ce que vous faites
comme peinture?
ROBERT FREYNET
J'aime faire de la peinture
à l'huile. Dernièrement,
beaucoup la peinture acrylique.
Et puis je fais aussi
de l'aquarelle bien sûr. La
bande dessinée, c'est surtout de
l'aquarelle. Un peu de gouache,
mais en général, la peinture
à l'huile, j'ai commencé ma
carrière en étudiant les grands
maîtres de la Renaissance
et leurs techniques qu'ils
utilisaient: la colle de peau
de lapin, une façon d'enduire
une toile avec du gesso,
comment peindre avec des glacis
transparents superposés
pour avoir la finesse...
J'étais vraiment passionné
de toutes ces anciennes
techniques des grands maîtres.
LINDA GODIN
Mais est-ce que vous peignez
surtout en grande majorité des
toiles religieuses de saints,
de scènes qui ont un caractère
religieux? Est-ce que c'est
surtout ça que vous peignez?
ROBERT FREYNET
Euh, je dirais à peu près
un tiers religieux, un tiers
historique et puis un tiers
sujet général, comme
par exemple des natures mortes,
des portraits, des paysages.
LINDA GODIN
Vous avez fait plein de
projets ou vous avez plein de
projets en tête. Entre autres,
vous avez fait Facemaker.
Parlez-moi de ça.
Qui est un jouet.
On présente le jouet Facemaker.
ROBERT FREYNET
C'est en fait un jouet.
Un jouet sculptural qui peut
produire 125 différentes
expressions. C'est une espèce
de Rubik's Cube, mais à un sens
seulement. Alors, les sourcils,
les yeux et la bouche qui
forment l'expression du visage
humain. Alors, en changeant ces
trois éléments-là, on peut avoir
toute une variété de différentes
nuances d'expressions,
d'émotions qui sont exprimées.
Alors, j'ai remarqué dans mes
cours de dessin que je donnais
aux jeunes, cet aspect-là de mon
cours de dessin les intéressait
beaucoup. Ça les passionnait et
ils riaient. C'était tellement
facile pour eux autres.
Ils produisaient facilement,
ils obtenaient facilement
des résultats avec cette
technique-là de changer les
expressions du visage que j'ai
pensé: Ce serait intéressant
d'avoir un jouet qui pourrait
exprimer cet aspect-là
du visage. Alors, j'ai pensé:
plutôt que d'avoir quelque chose
qui glisse, j'aimerais ça
avoir quelque chose qui est
trois dimensionnels, qui est
sculptural. Alors, j'ai pensé à
un bloc qui pivote sur lui-même
avec cinq différents visages
tout le tour, avec chaque
facette qui a une différente
configuration des sourcils,
des yeux et de la bouche. Alors,
en changeant ces différents
aspects-là, on peut avoir
à chaque tour, une différente
expression... D'ailleurs,
cinq différentes expressions
tout le tour du bloc.
LINDA GODIN
Il a été commercialisé.
Là, il est plus en vente.
Est-ce que vous avez des projets
pour ce jouet-là? Est-ce que
vous aimeriez le remettre...
ROBERT FREYNET
Oui, j'aimerais parce que le
monde me dit que c'est tellement
génial, que ça pourrait servir
à tellement de choses.
LINDA GODIN
Mais est-ce que ça a eu
un grand succès quand
ça a été vendu?
ROBERT FREYNET
Ça a eu un bon succès,
mais c'était une compagnie qui
s'appelait Bebel qui l'avait
commercialisé, et puis ensuite
Bebel a été acheté par Slinky
qui eux ont laissé tomber
cet aspect-là. Ils ont
gardé d'autres aspects
de la compagnie. Donc,
c'est maintenant une idée
à l'abandon, si tu veux.
LINDA GODIN
Un autre projet que vous avez,
celui-là qui n'a pas encore été
réalisé, c'est celui du
pavillon du centre du Canada.
ROBERT FREYNET
Ah oui!
LINDA GODIN
Qu'est-ce que c'est ça?
ROBERT FREYNET
Le fameux monument au centre
du Canada. Bien, c'est qu'ici,
entre Sainte-Geneviève et
Winnipeg, il y a le centre
longitudinal du Canada à la
Transcanadienne. Alors, j'ai
conçu l'idée voilà à peu près...
hum, une dizaine d'années, de
faire un monument pour marquer
le centre longitudinal du
Canada. Alors, j'ai intéressé
la municipalité de Taché dans
laquelle le point se trouve,
le point central du Canada,
et puis eux ont acheté
un 60 acres à côté de la
Transcanadienne réservé pour
ce projet. Un comité à but
non lucratif a été formé pour
réaliser le projet et puis c'est
depuis ce temps-là qu'on avance
le projet un petit peu à la fois
pour voir si ce serait possible
d'installer ce monument-là.
Je sais qu'il y a un parc et ça
s'en vient bien. On essaye, pour
le 150e anniversaire du Canada,
d'avoir ce parc pour marquer le
centre du Canada, puis peut-être
pour l'an 2020 qui serait
le 150e du Manitoba, quand
le Manitoba a rejoint la
Confédération. Peut-être
le monument pourrait se
matérialiser à ce moment-là,
mais c'est un concept super
intéressant et j'espère
certainement qu'un jour,
ça puisse se réaliser.
LINDA GODIN
Et il y aurait vos oeuvres
là-dedans, certaines de vos
sculptures? Qu'est-ce qu'il
y aurait qui viendrait
de vous? Le design?
ROBERT FREYNET
Essentiellement, c'est une
grande porte. La porte d'est
en ouest, si tu veux, du pays.
Et puis ça surplombe la ligne
centrale qui passerait à travers
le parc. Il y aurait l'effigie
du Canada sur le dôme de
l'édifice. Ce serait un globe
terrestre avec le Canada,
le drapeau survolerait le tout.
Il y aurait quatre grandes
portes qui font face aux quatre
directions. Ce serait aussi une
rose des vents, si tu veux,
qui indiquerait les
différentes directions.
LINDA GODIN
Est-ce qu'il y a de l'intérêt?
ROBERT FREYNET
Oh, il y a beaucoup d'intérêt.
LINDA GODIN
Au niveau provincial, au
niveau fédéral, est-ce qu'il y a
de l'intérêt pour votre projet?
ROBERT FREYNET
Oui, il y a beaucoup,
beaucoup d'intérêt.
LINDA GODIN
Et de l'argent?
ROBERT FREYNET
Ah, voilà... la question.
LINDA GODIN
Le nerf de la guerre.
ROBERT FREYNET
C'est l'argent pour réaliser
ce grand rêve que j'ai. Et puis
un jour, peut-être, il y aurait
un bienfaiteur ou bien le
gouvernement fédéral s'intéresse
certainement et puis on va
voir ce que ça donne. Il y a
des pourparlers en cours
actuellement et puis j'espère
bien que ça puisse porter fruit
pour voir ce grand rêve réalisé.
Ce serait un assez grand
monument quand même
et j'espère bien le...
Que ça se matérialise.
On montre une affiche qui indique le Centre longitudinal du Canada 96○ 48' 35''.
Ensuite on visite le site historique de Monseigneur Haché, à Sainte-Geneviève au Manitoba.
ROBERT FREYNET (Narrateur)
Le site historique Monseigneur
Taché, c'est un site
qui commémore un petit peu
la vie paroissiale d'une petite
paroisse canadienne-française.
La paroisse a pris naissance il
y a exactement 100 ans, en 1916.
Ça a fermé en 1995 comme
paroisse, alors il y a un comité
qui s'est mis en place pour
faire une corporation à but
non lucratif pour s'assurer
de l'entretien du site, pour
inciter les touristes à venir
faire un tour, visiter, alors
ça encourage le tourisme.
Sur le site, nous avons
une église historique datant
de 1918, un presbytère aussi
qui date de 1918 et puis
un entrepôt... un vieux style de
maison qu'on a mis sur les lieux
pour tenir tous les artefacts
que nous avons ici.
Il y a aussi le cimetière,
puis un 20 acres qui entourent
le site. Mgr Taché, c'était
le deuxième évêque de
Saint-Boniface et c'était
le premier archevêque de
Saint-Boniface. Il était un
grand colonisateur de l'Ouest.
On doit un petit peu à Mgr Taché
le fait que nous avons un bon
réseau de villages francophones
au Manitoba et qui alimente
un peu Saint-Boniface, qui est
un peu le centre de tout ça.
Et puis c'est très vivant comme
culture francophone, puis c'est
dû un peu au fait qu'il y a
une certaine concentration,
dans le sud-est surtout,
de villages francophones.
L'entretien se poursuit dans l'église.
LINDA GODIN
M. Freynet, dans vos toiles,
dans vos bandes dessinées, vous
racontez beaucoup l'histoire.
On retrouve beaucoup l'histoire.
C'est ce qui vous
intéresse le plus?
ROBERT FREYNET
Oui, l'histoire m'intéresse
beaucoup. Je me demande des fois
pourquoi on parle le français
au Manitoba. Puis si on cherche
un peu, on va voir qu'il y avait
des personnages dans notre
histoire qui étaient très
marquants, qui ont fait
qu'on parle encore français
aujourd'hui au Manitoba et dans
tout l'Ouest canadien. Il y a
des communautés francophones qui
ont été établies un petit peu...
En fait, ça a commencé un petit
peu avec le chapelet de forts
que La Vérendrye avait établis
un peu à travers le pays.
Il avait établi ça à des points
stratégiques pour récolter
les pelleteries qui allaient vers
la Compagnie de la Baie d'Hudson
qui étaient les Anglais.
Eux autres, ils récoltaient...
Ils faisaient la traite des
fourrures dans le Nord. Et puis,
lui, il a fait ses forts
plus au sud pour intercepter
justement ce trafic-là.
Alors, ça, ça a donné des
communautés francophones un peu
À travers l'Ouest canadien,
qui parlent toujours le français
aujourd'hui. Et puis si on
pense à des grands colonisateurs
comme Mgr Taché, d'après
lequel ce site ici a été
nommé d'ailleurs, un grand
colonisateur qui voulait établir
une espèce de petit Québec dans
le Sud-est manitobain. Et puis
dans une large mesure, il a
réussi aussi. Il y a beaucoup
de villages francophones ici.
Et les Louis Riel aussi, qui
se sont battus pour les droits
des Franco-Manitobains. Et puis
plus proche... plus proche
à notre époque, il y avait
les Georges Forest, par exemple,
qui s'est battu jusqu'en Cour
suprême pour les droits des
francophones pour... Parce qu'en
fait, le Manitoba est une
province bilingue, et puis
on retrouve de plus en plus
cette identité-là chez nous,
avec tous les droits
et les lois qui viennent avec.
LINDA GODIN
Et donc, comme vous êtes très
connaisseur, si je peux dire, de
l'histoire de l'Ouest canadien,
très connaisseur de Louis Riel,
à cause de votre bande dessinée,
est-ce que vous trouvez
qu'on donne suffisamment
de place à Louis Riel
dans l'histoire du pays?
ROBERT FREYNET
Bien, je pense que le restant
du Canada pourrait en apprendre
plus sur Louis Riel. C'est un
personnage clé dans l'histoire
de la Confédération canadienne.
Il était le fondateur du
Manitoba, qui était la cinquième
province à se joindre
à la Confédération, puis qui a
ouvert le chemin pour tout
le nord-ouest du Canada,
pour ouvrir le pays d'un océan
à l'autre, si tu veux.
C'est lui qui l'a fait possible.
Donc, c'est un personnage clé
dans l'histoire canadienne.
Dans l'histoire... Au Manitoba,
on le connaît assez bien,
mais je crois aussi, au niveau
international, il doit être
connu plus, un peu comme
un Che Guevara, si tu veux.
On connaît un très... d'une façon...
Dans plusieurs pays, on connaît
le nom, on connaît son visage.
Louis Riel, il mérite
la même reconnaissance.
LINDA GODIN
Vous, est-ce que vous trouvez
que nous, comme Canadiens,
on connaît bien notre histoire?
ROBERT FREYNET
Je crois que, comme
Pierre-Elliott Trudeau a dit,
il y a les deux solitudes au
Canada. Et puis les anglophones
du pays ont leur histoire et les
francophones ont leur histoire.
Puis d'ailleurs, même
aujourd'hui, nous avons nos
stars, nos héros, si tu veux, au
Canada français, qui ne sont pas
nécessairement du tout connus
au Canada anglais.
LINDA GODIN
Et vice versa.
ROBERT FREYNET
Et vice versa. Souvent oui.
Mais en général, les
francophones ont tendance à être
plus bilingues, donc ils sont
plus au courant de ce qui
se passe dans la majorité...
la culture majoritaire.
LINDA GODIN
Même chose, donc, pour notre
histoire, un peu? On connaît
plus l'histoire qui est associée
aux francophones, puis les
anglophones associent plus
l'histoire associée
aux anglophones?
ROBERT FREYNET
Oui, absolument.
Et puis c'est deux différentes
perspectives de l'histoire.
Puis je pense que c'est un peu
le but de ma bande dessinée de
Louis Riel. J'ai voulu le faire
dans les deux langues.
J'ai écrit une version française
et une version anglaise, mais
je raconte la même histoire
dans les deux versions.
LINDA GODIN
Oui, parce que des fois,
c'est une version différente.
ROBERT FREYNET
Oui, justement, de différentes
perceptions. Alors, j'espère que
ça pourrait, tu sais... J'essaie
d'être objectif. La plupart
de mes sources, d'ailleurs, sont
des sources... Si tu regardes
ma bibliographie, c'est surtout
des livres d'anglophones que je
me suis servi. Donc, on peut pas
m'accuser d'être biaisé.
Mais, je veux dire,
les faits sont là, alors...
Moi-même, je fais pas beaucoup
d'éditoriaux dans ma bande
dessinée. Je préfère que
le lecteur tire ses propres
conclusions d'après les faits
que j'ai exposés dans ma bande
dessinée. Puis, des fois,
c'est étonnant. C'est étonnant.
C'est incroyable ce qui est
arrivé à Louis Riel.
LINDA GODIN
Et là, présentement,
sur quoi vous travaillez?
ROBERT FREYNET
Je travaille actuellement
sur une nouvelle bande dessinée
sur Lagimodière, Jean-Baptiste
Lagimodière, et son épouse,
Marie-Anne Gaboury. C'est
un couple extraordinaire.
Ils ont eu des aventures
extraordinaires. C'était les
grands-parents de Louis Riel.
Alors, l'histoire se construit
un petit peu de reculons
dans la genèse de mes bandes
dessinées. Et puis, c'était...
Jean-Baptiste Lagimodière,
c'était une espèce de
super-voyageur. Il est bien
reconnu. C'est une légende. Il a
marché, un hiver, de la rivière
Rouge jusqu'à Montréal pour
livrer un message à Lord Selkirk
en raquettes. Figurez-vous.
Alors, c'était un fait
extraordinaire qu'il a accompli
là. Puis il a été récompensé
par ce noble qui était Lord
Selkirk qui avait commencé
une colonie à la rivière Rouge.
Et puis il y avait des troubles
à la rivière Rouge. Il y avait
comme une grosse compétition
entre les deux compagnies
qui faisaient la traite
des fourrures: la Compagnie
du Nord-Ouest et la Compagnie
de la Baie d'Hudson. Puis,
ils se livraient une bataille
acharnée. Puis ça faisait
des gros troubles. Ça menaçait,
en fait, la colonie. Donc,
Lagimodière est connu pour avoir
livré ce fameux message à Lord
Selkirk, qui a envoyé une armée,
puis a rétabli la paix
dans la colonie, tout ça.
C'est une histoire passionnante
qu'on peut raconter là. On parle
des voyageurs avec leurs super
grands canots. On peut parler de
la bataille des Sept-Chênes. On
peut parler de la fondation de
la colonie de la rivière Rouge,
la traite des fourrures,
les trains de charrettes de la
rivière Rouge. Tout ça, on peut
explorer tous ces aspects-là
de notre histoire, toutes
les icônes de notre histoire
en suivant leur histoire parce
qu'eux autres ont vécu à travers
tout ça au début de la colonie.
C'est passionnant. Passionnant.
LINDA GODIN
Qu'est-ce qu'on peut vous
souhaiter d'autre, alors? Est-ce
que vous avez un autre projet
que vous aimeriez, comment dire,
voir se concrétiser, à part
le pavillon du centre
du Canada, peut-être?
ROBERT FREYNET
Bien, ce serait intéressant
de faire... Là, je recule
de l'époque de Louis Riel.
J'aimerais peut-être avancer
un petit peu maintenant avec
Gabriel Dumont, qui était son
commandant en chef des forces
armées métis. Et puis lui,
il a eu une carrière, toute une
carrière vraiment intéressante,
et on dit même qu'il s'est rendu
à Paris à un moment donné
pour... avec Buffalo Bill's Wild
West Show. Il est devenu... Il
était là-dedans, puis il était
un grand promoteur de la cause
métis. Alors, ça, ce serait
une autre bande dessinée
intéressante à explorer aussi.
Puis, peut-être même, je parle
de Radisson, D'Iberville, encore
plus loin dans le temps. Ça, ce
serait une autre bande dessinée,
mais toujours avec la thématique
de... les échos de la
Nouvelle-France dans l'Ouest
canadien. C'est ça qui
m'intéresse, c'est pourquoi
est-ce qu'on parle français
ici, dans l'ouest.
LINDA GODIN
Robert Freynet,
merci beaucoup.
ROBERT FREYNET
Merci à vous.
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