Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.


Video transcript
Greg Selinger: Manitoba Premier 2009-2016
Greg Selinger has been a part of Manitoba´s political landscape since 1988. He was first elected as a Winnipeg city councillor, and in 1999, he was elected MPP for St. Boniface in Gary Doer´s NDP government. The new MPP was immediately named Minister of Finance, a position he would hold for 10 years. When Gary Doer left politics to become Canada´s ambassador to the U.S in Washington, Selinger joined the race to replace his former leader. He won the leadership race and became Premier in 2009. Two years later, his party was elected in the general election. But in 2013, Selinger would make a decision that would led to his political downfall. He increased the provincial sales tax, reneging on an election promise. And while he managed to hold on to power despite a caucus revolt, his party was ousted from power in 2016.
Réalisateurs: Charles Pepin, Joanne Belluco
Production year: 2016
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Titre :
Carte de visite
GREG SELINGER (Narrateur)
La province
du Manitoba, c'est une province
avec une population de
1,2 million de personnes.
Très multiculturelle: 15%
de notre population sont
des personnes indigènes,
Métis et autochtones.
C'est une province
avec un vaste territoire.
Être un bon politicien, c'est
quelqu'un qui est prêt à écouter
la communauté, qui est engagé
avec sa communauté et est prêt
à représenter leurs priorités
et leurs besoins, et qui n'a pas
peur d'avoir un engagement où il
y a une réflexion sur les choses
qu'on peut faire ensemble,
d'avancer les besoins
de la communauté.
Greg Selinger, je suis
le representative
de la circonscription
de Saint-Boniface.
LINDA GODIN et GREG SELINGER, premier ministre du Manitoba entre 2009 et 2016, sont en entrevue devant le palais législatif du Manitoba.
LINDA GODIN
Greg
Selinger, bonjour.
GREG SELINGER
Bonjour.
LINDA GODIN
Beaucoup d'enfants rêvent
de devenir Premier ministre.
Est-ce que c'était votre
cas quand vous étiez jeune?
GREG SELINGER
Non, pas "actuellement". J'ai
rêvé d'être impliqué dans la
communauté, d'apprendre comment
la société et le gouvernement
fonctionnent, mais j'étais très
ouvert à la possibilité d'être
un participant dans la vie
active de notre société. Oui.
LINDA GODIN
Vous êtes devenu
Premier ministre en 2009.
GREG SELINGER
Oui.
LINDA GODIN
Comment avez-vous
trouvé l'expérience?
GREG SELINGER
En général, très positive.
On a une expression: le jour
le plus pire au gouvernement
est meilleur que le meilleur
jour dans l'opposition.
LINDA GODIN
(Riant)
Ah oui.
GREG SELINGER
Parce que vous avez la chance
de faire des choses positives,
vous avez la chance de
prendre les initiatives.
LINDA GODIN
Oui.
GREG SELINGER
Donc, même dans les périodes
difficiles, si vous avez ciblé
les priorités de vos citoyens
et citoyennes, vous pouvez faire
une différence. Et j'ai trouvé
ça depuis le commencement de
ma carrière en politique: il y a
toujours la possibilité de faire
les choses positives, quelles
que soient les circonstances.
LINDA GODIN
Pendant votre mandat de
Premier ministre, vous aviez,
en campagne électorale, dit que
vous n'augmenteriez pas la taxe
de vente provinciale. Vous
l'aviez fait quand vous étiez
au pouvoir et ça, ça vous a,
comment dire? Causé
beaucoup de problèmes.
GREG SELINGER
Oui, oui.
LINDA GODIN
Est-ce que vous regrettez
d'avoir augmenté la taxe?
GREG SELINGER
Well, j'ai regretté le
processus, parce qu'on n'a
pas donné assez d'avis et
d'informations aux citoyens.
Mais c'était essentiel qu'on
investisse dans l'infrastructure
après les inondations, c'était
nécessaire. On a eu les
ressources de continuer de bâtir
l'économie. Et donc, on apprend.
Chaque fois que vous avez une
expérience, comment faire les
choses dans une meilleure façon.
Mais quand vous êtes dans une
position de leadership, c'est
aussi nécessaire de prendre les
décisions. Donc, de le refaire,
je le referais dans une façon
différente. Mais c'était
nécessaire d'avoir les
ressources pour la protection
de nos communautés.
LINDA GODIN
À ce moment-là, quand, dans
toute cette tourmente-là, vous
avez des députés, des ministres
qui vous ont demandé de
démissionner à deux reprises, je
pense, à deux moments, et vous
avez toujours refusé: pourquoi?
GREG SELINGER
Oui, parce que la majorité
m'a demandé de rester là,
la majorité des ministres,
la majorité de mon caucus et
le public aussi, les membres
de notre parti politique. Donc,
quand vous avez une chicane
dans le cabinet, c'est
nécessaire de trouver
une façon de le résoudre, et
la meilleure de le résoudre dans
une démocratie, c'est de donner
le choix aux membres dans
une convention, un congrès.
On a fait ça, ça a été fait.
J'ai gagné, on a continué de
gouverner, même durant
cette période.
LINDA GODIN
Et vous avez perdu les
récentes élections qui ont eu
lieu au Manitoba. C'est le Parti
conservateur qui a remporté.
Beaucoup d'analystes disent
que c'est cette augmentation
de taxe-là qui vous a causé
votre poste. Vous êtes
d'accord avec ça?
GREG SELINGER
C'était une des dimensions,
mais les
polls ont montré
juste avant l'élection que
plus de personnes ont décidé
que c'était une bonne idée
d'avoir ces ressources pour
les investissements dans nos
infrastructures dans nos
communautés. Il y a beaucoup
de choses qui sont des décisions
dans une élection. Après
presque 17 ans à être dans le
gouvernement, c'est une longue
période. On a fait quatre
mandats. Mais on a eu des
problèmes, il n'y a aucun doute.
Quand vous êtes dans le pouvoir
depuis longtemps, s'il y a
un problème, ça sera sur
la table avant l'élection.
LINDA GODIN
Oui. Et ça va... Vous
le traînez tout le temps.
GREG SELINGER
C'est toujours là.
LINDA GODIN
Quand des députés et des
ministres de votre caucus vous
demandaient de démissionner, et
ça s'est déroulé presque sur un
an et demi à peu près, comment
avez-vous trouvé ça? Que des
gens de votre entourage, des
gens avec qui vous travaillez
voulaient votre démission?
Comment personnellement
vous l'avez vécu?
GREG SELINGER
C'est toujours difficile.
C'est toujours difficile. Quand
il y a une division dans votre
équipe, tout le monde est
dans une situation pire.
J'ai consulté mes collègues,
la plupart de mes collègues m'a
demandé de continuer. Mais quand
il y a une division en public,
ça perd la confiance du public.
Donc, il y a des leçons de ça.
Ça a été un des facteurs qui a
contribué à un changement de
gouvernement et comme j'ai dit
avant, je l'accepte. C'était
le temps pour les citoyens
de changer de gouvernement, mais
ils ont aimé beaucoup de nos
politiques en même temps. Donc
on a pris quelque conscience de
ça. Il y a un bon programme pour
l'avenir du Manitoba et comme
opposition maintenant, c'est
notre responsabilité d'avoir
le gouvernement imputable,
responsable pour leurs
résultats maintenant aussi.
LINDA GODIN
Comme Premier ministre, de
quoi êtes-vous le plus fier?
GREG SELINGER
Je suis le plus fier qu'on ait
laissé une province avec plus
de jeunes formés et "gradués"
qu'on n'ait jamais vu dans la
province. Autour de... Oh,
mon Dieu. On a commencé à 73%
de "gradués", on a augmenté ça
autour de 13% à 15%. Donc
beaucoup de jeunes sont restés
dans leurs écoles, beaucoup plus
de jeunes ont "gradué", on a
fait beaucoup d'investissements
dans la santé, pas simplement
dans la capitale de Winnipeg,
mais dans les régions. On a
formé plus d'infirmières, plus
de médecins et on a eu un taux
de chômage parmi les plus bas
du pays. Alors moi, avant
l'élection, notre taux de
chômage était le meilleur dans
le pays et notre économie était
une des plus fortes. Ça, ça
donne beaucoup de choses
positives aux gens du Manitoba.
Dans un autre segment, RAYMOND HÉBERT, politologue à l'université de St-Boniface, est interviewé.
RAYMOND HÉBERT
La carrière
de M. Selinger s'est faite
en deux temps, deux mesures.
Paradoxalement, sa meilleure
période, ça a été en tant que
ministre des Finances et je
pense qu'il a été un excellent
ministre des Finances,
et je pense qu'il y a
consensus là-dessus.
Son époque en tant que Premier
ministre a été beaucoup plus
houleuse. Il y a eu les
problèmes des finances publiques
évidemment, mais il y a aussi
eu de grandes inondations,
notamment en 2011, ce qui s'est
reflété aussi dans le Trésor
public évidemment. Et par la
suite, il a fait une erreur
majeure sur le plan politique:
il a augmenté la taxe de vente
provinciale en 2013 après avoir
promis en campagne électorale
qu'il ne ferait jamais ça.
Donc, ça a été le début
de sa déchéance en tant
que Premier ministre.
La question de sa démission
ou non, je pense qu'il a refusé
de démissionner tout simplement
par entêtement. Quelques députés
provinciaux l'avaient approché
en privé, lui suggérant qu'il
démissionne. Il a refusé,
évidemment, et par la suite,
il y a eu un certain nombre de
ministres du cabinet qui l'ont
contesté publiquement. Ça a
déclenché une course à la
chefferie. Il l'a emporté de
justesse avec 51% des votes.
Et sa dernière campagne
provinciale, il l'a perdue
évidemment, de façon écrasante.
Il a été un bon Premier
ministre, il a été un
bon Premier ministre
social-démocrate. Ça, ça été
clair: convaincu, ferme dans ses
principes. Sur le plan fiscal,
je pense que c'est là où il y
a eu des déboires. Le déficit
actuel du Manitoba frise le
milliard, ce qui est énorme,
et peut-être en bonne partie,
c'est attribuable à la gestion
de la province de M. Selinger
depuis 2009.
Ça m'étonne pas qu'il soit
resté député parce qu'il
demeure très populaire ici
à Saint-Boniface, le coeur
de la francophonie au Manitoba.
Il s'est taillé une place
de choix et il sera toujours
populaire ici.
L'entrevue entre GREG SELINGER et LINDA GODIN se poursuit.
LINDA GODIN
M. Selinger, vous êtes entré
en politique par la porte
du municipal. Vous êtes
devenu conseiller municipal,
il y a quoi? Presque 30 ans?
Est-ce que d'après vous, c'est
la meilleure porte d'entrée
pour la politique?
GREG SELINGER
C'est une bonne porte d'entrée
parce qu'il y a beaucoup de
choses pratiques que tu dois
apprendre et beaucoup de
services pratiques vitaux que
tu peux offrir à ta communauté.
Vous êtes en contact avec
les citoyens chaque jour sur
des choses très spécifiques: la
qualité des rues, des ruelles...
LINDA GODIN
Les ordures!
GREG SELINGER
Les ordures, etc., les
services récréatifs, de garder
vos piscines ouvertes et pas
d'être coupé. Donc c'était
une expérience très positive
pour moi, oui.
LINDA GODIN
Et à un moment donné après
quelques années, vous avez tenté
votre chance pour devenir
maire de la ville.
GREG SELINGER
Oui, oui.
LINDA GODIN
Et vous avez été défait
et vous avez quitté la
politique après ce moment-là.
GREG SELINGER
Oui.
LINDA GODIN
Est-ce que c'était parce que
c'était une défaite qui était
difficile à prendre, amère, non?
GREG SELINGER
Non, pas du tout. Ça a été une
expérience très positive d'être
un candidat pour la mairie. Ça
a été un programme de réformes
pour la politique municipale.
J'ai eu une bonne équipe. Un
des membres est devenu le maire
après deux autres élections, M.
Murray, en Ontario maintenant.
LINDA GODIN
Glen Murray.
GREG SELINGER
Oui, mais pour moi, ça a été
une période où j'ai eu de jeunes
enfants, deux garçons, et j'ai
décidé de rester à l'extérieur
de la politique, d'avoir du
temps avec mes enfants quand
ils étaient jeunes. Et pour moi,
personnellement, ça a été
une bonne décision, une
décision très positive.
LINDA GODIN
Et là, vous avez choisi à un
moment donné de vous lancer en
politique provinciale. Pourquoi?
Qu'est-ce qui vous a décidé?
GREG SELINGER
Après quelques années, ça a
été une période de nécessité
de changer le régime au niveau
provincial, parce que...
Les problèmes avec l'Hôpital
Saint-Boniface, par exemple,
les longues lignes dans la salle
d'urgence, c'était évident. Le
problème avec la pauvreté dans
les communautés était clair.
Les coupures dans le domaine
de l'éducation étaient... Elles
sont devenues chaque année de
plus en plus difficiles. Donc,
c'était nécessaire de faire une
décision: déménager, ignorer le
problème, ou être un participant
dans la solution. J'ai reçu
l'appui de ma communauté et les
demandes d'être un candidat,
et j'ai choisi de le faire.
LINDA GODIN
Et là, vous êtes donc devenu
député de Saint-Boniface sous
le gouvernement de Gary Doer
et vous êtes rapidement devenu
le ministre des Finances.
GREG SELINGER
Oui.
LINDA GODIN
Sous votre régime, si je peux
dire, quand vous étiez ministre,
aucun déficit.
GREG SELINGER
J'ai eu la chance d'être le
ministre des Finances il y a dix
ans sans les déficits techniques
durant cette période. Mais comme
j'ai dit, dans la politique,
la moitié des choses, c'est
la chance, l'autre moitié des
choses, c'est votre compétence.
On a eu une période très
positive pour l'économie
au niveau provincial, mais
à travers le pays aussi.
Donc nous avons
négocié des nouveaux--
LINDA GODIN
Vous êtes en train de me dire
que c'était facile pour vous?
GREG SELINGER
Ce n'était pas facile. Ce
n'est toujours pas facile d'être
ministre des Finances ou aucun
ministre. Mais nous avons eu des
problèmes de... 9/11, un énorme
déclin dans l'économie. Mais
nous avons "recouvré" assez
vite. Nous avons eu la chance
de mettre en place les
investissements dans la
santé, dans l'éducation,
dans l'économie, et nous avons
agrandi notre économie.
Nous avons eu la chance de
renégocier nos ententes fiscales
avec le gouvernement fédéral
avec Paul Martin, John Manley,
même avec Jim Flaherty. J'ai
négocié beaucoup de choses
positives pour notre province
et nous avons laissé une base
pour l'avenir de notre province.
LINDA GODIN
Et donc, quand vous étiez
ministre des Finances sous M.
Doer, vous avez été pendant dix
ans sans faire de déficit. C'est
une belle période économique,
mais à un moment donné, on vous
a reproché de ne pas mettre
les déficits, par exemple,
des sociétés d'État dans vos
budgets. Est-ce que ça, c'était
quelque chose qui, comment dire,
c'était une façon de ne pas
faire de déficit que
d'emprunter cette voie-là?
GREG SELINGER
On a fait ça une fois
au Manitoba, on a--
LINDA GODIN
Et vous vous l'êtes
fait reprocher.
GREG SELINGER
Nous avons fait ça une fois,
simplement de "balancer"
le budget. C'était une chose
qui était faite dans les autres
provinces, par exemple,
au Québec, en Saskatchewan,
à travers le pays. Mais le
Manitoba est une des seules
provinces à prendre un
dividende ou un profit de
nos sociétés de la Couronne,
pour Hydro, par exemple. Mais
quand c'est nécessaire, tu dois
le faire en ordre de continuer
d'avoir un régime raisonnable
et en même temps, de garder
les tarifs pour l'énergie, pour
l'électricité, parmi les plus
bas de l'Amérique du Nord.
LINDA GODIN
À ce moment-là à la fois, avec
le porte-feuilles des Finances,
vous étiez aussi responsable
des Affaires francophones.
De quoi êtes-vous le
plus fier à ce titre-là?
GREG SELINGER
Simplement d'avoir eu la
chance de le faire et d'avoir
mis en place les investissements
clés dans les écoles
francophones,
dans les "facilités" de santé
pour les francophones, dans
l'habitation sociale pour les
âges d'or et pour les personnes
handicapées, de faire des choses
avec la petite enfance, de
donner à des jeunes familles
une bonne chance de commencer en
français, de vivre en français.
Et nous avons mis en place les
centres de services bilingues,
un modèle unique au Canada
où on peut avoir les services
en français et où le personnel
travaille en français là.
Donc, nous avons passé
une loi pour ça aussi.
LINDA GODIN
Est-ce que c'est ce dont
vous êtes le plus fier
comme ministre?
GREG SELINGER
Globalement, ce sont les
investissements dans la
communauté et en même temps,
de le faire d'une façon,
avec un consensus de la majorité
de notre société. Parce que
quand vous êtes responsable
pour une communauté comme
la francophonie, la communauté,
historiquement, il y a
la discrimination depuis le
temps de Riel, c'est nécessaire
de le faire dans une façon
où il y a le consensus dans
notre société, parce qu'avec
un consensus, les résultats
sont plus stables et plus
durables aussi.
LINDA GODIN
Vous êtes toujours le député
de Saint-Boniface. Ça fait
combien d'années là maintenant?
GREG SELINGER
16 ans et demi,
presque 17 ans, oui.
LINDA GODIN
Pourquoi vous restez encore
député même si vous avez
perdu en tant que chef du parti?
GREG SELINGER
Well, j'ai été réélu
et la communauté m'a demandé
de continuer là pour une période
de temps "en ordre" d'avoir
la stabilisation des choses
nécessaire et j'ai accepté ça.
Quand vous êtes un candidat,
vous ne démissionnez pas la
minute après que vous êtes élu.
Ça ne respecte pas le mandat
qui vous est donné
par la communauté.
LINDA GODIN
Présentement là, vous avez,
comment dire? Tourné la page?
GREG SELINGER
Ah oui, absolument.
LINDA GODIN
Avec tout ce qui s'est passé,
là, les tensions, tout ça, avec
le parti Néo-démocrate et vous?
GREG SELINGER
Même avant l'élection nous
avons tourné la page, mais
l'expérience de l'élection,
la population s'est souvenue
des difficultés, mais nous
avons fonctionné très bien
comme une équipe durant
la période de l'élection.
Dans un autre segment, MADELEINE MEILLEUR, ancienne ministre responsable des affaires francophones de l'Ontario, est interviewée.
MADELEINE MEILLEUR
Bien, j'ai connu Greg Selinger
en 2003 lorsque j'ai été élue
comme députée d'Ottawa-Vanier,
ministre des Affaires
francophones.
Greg était déjà ministre
des Finances et ministre
des Affaires francophones
et on a commencé à travailler
ensemble. Greg, c'est un homme
extraordinaire, ça a toujours
été notre grand frère, le
doyen des ministres des Affaires
francophones parce qu'il
était là depuis 1999.
Greg était un grand francophile.
Oui, il était marié à une
Franco-Manitobaine, mais un
grand francophile. Il était
toujours là et tellement fier
de représenter les francophones
du Manitoba, et un homme
qui voulait toujours aider
la francophonie provinciale,
nationale et aussi à
l'international. Alors,
on a fait des voyages à
l'international ensemble avec
l'Organisation internationale
de la francophonie. Il était
présent, il était un acteur clé.
Puis, il y avait pas de partis
politiques lorsqu'on se
réunissait, les ministres de la
francophonie, surtout pas avec
Greg. Greg était du parti
Néo-démocrate, j'étais du Parti
libéral: un grand respect un
envers l'autre. D'ailleurs,
je pense que la belle loi qui a
été adoptée par le gouvernement
présent, dont l'auteur était
Greg Selinger, la loi comme on
la connaît en Ontario, la Loi 8,
la Loi sur les services en
français, la Loi 5, au Manitoba,
c'est la même chose. Alors,
on cristallise les services
qui étaient déjà offerts aux
Franco-Manitobains pour assurer
sa pérennité, assurer que les
services vont toujours être là,
et l'améliorer aussi. Parce que
je lisais que la ministre des
Affaires francophones veut
continuer à améliorer les
services, et je dirais que
le parrain, c'est Greg Selinger.
L'entrevue entre GREG SELINGER et LINDA GODIN se poursuit.
LINDA GODIN
M. Selinger, comment se
fait-il que vous parliez
assez couramment le français?
GREG SELINGER
J'ai appris comme un adulte.
Après, j'ai rencontré mon
épouse, Claudette Toupin,
et j'ai décidé... On a décidé
comme un couple qu'on voulait
élever nos enfants en français,
et on peut vivre en français
une vie bilingue.
Donc si vous faites un
engagement comme ça, vous avez
la responsabilité et l'intérêt
d'apprendre la langue. Je l'ai
fait, j'ai commencé avec
les cours au collège qui est
maintenant l'Université de
Saint-Boniface, l'Université du
Manitoba, à Rivière-du-Loup,
à Grenoble en France.
LINDA GODIN
Oh oui?
GREG SELINGER
Donc pour moi, ça a été
une "journée" intéressante
d'apprendre la langue et
ça a été une vie intéressante
de vivre dans les deux langues.
LINDA GODIN
Vous représentez une
circonscription qui est très
francophone, Saint-Boniface, ça
fait presque 20 ans que vous en
êtes le député, ce qu'on me dit,
ce que je lis, les gens de
Saint-Boniface vous aiment
beaucoup, beaucoup comme député,
même si ça fait déjà
presque 20 ans.
GREG SELINGER
Oui.
LINDA GODIN
Vous êtes populaire.
GREG SELINGER
C'est bon, oui.
Well, j'aime
la communauté. Quand vous
avez choisi de vivre dans une
communauté, vous êtes peut-être
même plus engagé parce que vous
avez fait un choix, vous avez
fait un engagement, vous avez
fait une décision de vivre là
et vous avez un intérêt dans les
familles, dans les relations,
qui est apparenté à qui. C'est
toujours intéressant. Et pour
moi, ça a été toujours quelque
chose de fascinant d'apprendre
l'histoire de la communauté.
Et l'autre chose que j'aime
de la circonscription de
Saint-Boniface, il y a là
les racines historiques, les
racines de Riel, les racines
de l'histoire de la province
du Manitoba, les écoles
confessionnelles, l'Acte
du Manitoba. Donc, vous avez
un sens de l'Histoire, un sens
de l'évolution de la province
et du pays du Canada quand
vous vivez à Saint-Boniface.
LINDA GODIN
Et quand vous étiez Premier
ministre, vous avez, comment
dire? Vous avez proposé le
projet de loi, la Loi 6
sur les services en français,
si je peux résumer.
GREG SELINGER
Oui.
LINDA GODIN
Au Manitoba. Qu'est-ce qu'il
comportait, ce projet de loi là?
GREG SELINGER
Well, nous avons passé la
loi maintenant avec le nouveau
gouvernement. C'était une
loi pour la reconnaissance de
la francophonie ici au Manitoba,
la reconnaissance de leur
contribution à notre communauté
et la reconnaissance de
la langue française.
LINDA GODIN
Et de l'épanouissement
de la langue française.
GREG SELINGER
L'épanouissement de la langue
française, avec une définition
inclusive d'une personne qui
veut être un francophone. Ce
n'est pas simplement d'avoir la
langue maternelle en français,
c'est une personne qui aimerait
vivre ou travailler avec une
préférence pour le français, une
affinité pour le français. Et
c'est nécessaire maintenant dans
un monde en pleine évolution, un
monde plus global, d'avoir une
définition plus inclusive, parce
que, par exemple, nous avons
les francophiles, comme moi, qui
aimeraient vivre en français,
nous avons les réfugiés et les
immigrants qui aimeraient vivre
en français, nous avons les
Métis avec peut-être une langue
métchif qui aimeraient vivre
en français. Et d'avoir une
définition plus inclusive, ça
nous donne plus de possibilités
de venir ensemble dans la langue
et la culture francophone.
LINDA GODIN
Vous avez proposé la Loi 5
quand vous étiez Premier
ministre et elle n'a jamais
été adoptée. Et là, c'est les
conservateurs qui ont adopté
la Loi 6. Quelle est la
différence entre les deux?
GREG SELINGER
Pas grand-chose, les petits
détails. Mais c'était la même
loi que nous avons présentée
avant la législature, et la
chose qui m'a donné le plus de
contentement: nous avons passé
la loi de façon unanime
dans notre législature.
Tout le monde était--
LINDA GODIN
C'est exceptionnel, ça.
GREG SELINGER
C'est très exceptionnel,
surtout avec l'histoire de la
francophonie, l'histoire de Riel
ici au Manitoba et les grands
conflits que nous avons eus
dans les années 80, par exemple.
LINDA GODIN
C'est ça.
GREG SELINGER
Donc d'avoir cette loi passée
de façon unanime, c'est très
positif, parce qu'il y a une
reconnaissance maintenant au
niveau des politiciens. Il
y a 100% des politiciens qui ont
reconnu la contribution de la
francophonie dans la province
du Manitoba. C'est quelque
chose de positif.
LINDA GODIN
Pourquoi vous n'avez pas
réussi à la faire adopter,
votre loi?
GREG SELINGER
L'opposition. Quand vous êtes
en opposition, vous devez être
prêt de le faire. Quand le
gouvernement qui existe
en ce moment, gouvernement
conservateur, était en
opposition, ils n'étaient prêts
à le passer. Quand ils sont
devenus le gouvernement, ils ont
changé leur attitude parce
qu'ils ont commencé dans une
façon un peu difficile avec
la francophonie. Leur lettre de
mandat a oublié de mentionner
la francophonie. Donc, quand
le ministre a montré un intérêt
pour le faire, je lui ai dit:
"Je suis prêt à vous appuyer.
Si on peut le faire de façon
unanime dans votre législature,
ce sera à l'avantage
de tout le monde."
LINDA GODIN
Concrètement, qu'est-ce
qu'elle fait, cette loi-là?
GREG SELINGER
Concrètement--
LINDA GODIN
Dans la vie de tous les
jours, si je peux dire?
GREG SELINGER
Dans la vie, il y a une
définition plus inclusive
maintenant. Il y a une nécessité
d'avoir les ressources,
un Secrétariat aux Affaires
francophones. Il y a une
nécessité d'avoir un comité
des membres de la communauté
pour donner des conseils
au ministre et--
LINDA GODIN
Une sorte de
comité consultatif?
GREG SELINGER
Oui, un comité consultatif,
donner les avis, les opinions,
leur sagacité au gouvernement.
Donc, il y a dans ce sens, un
partenariat entre la communauté
et le gouvernement qui existe.
Ça, c'est quelque chose
de très positif.
LINDA GODIN
Là, vous avez passé par
le municipal, le provincial.
Il ne vous reste que le
fédéral maintenant.
GREG SELINGER
Oh, pour moi, je suis très
content d'avoir eu l'opportunité
de servir ma communauté au
niveau provincial et municipal.
C'est assez pour moi, oui.
LINDA GODIN
Donc vous n'avez
aucun intérêt pour...
GREG SELINGER
Dans la politique fédérale?
LINDA GODIN
Oui?
GREG SELINGER
Probablement pas, non. Est-ce
que je suis prêt à continuer
de servir ma communauté, mon
pays? Absolument. Mais il y a
plusieurs façons de le faire:
comme un prof, comme un
bénévole, comme un membre de
la communauté. J'ai toujours dit
quand j'ai commencé, j'ai fait
le développement communautaire
au centre-ville dans
la communauté, le voisinage
le plus pauvre. N'importe quel
rôle que vous avez dans une
vie, vous pouvez faire une
contribution à votre communauté.
Donc, je suis prêt
à le faire dans les autres
façons à l'avenir.
LINDA GODIN
Greg Selinger, merci beaucoup.
GREG SELINGER
Merci, Linda.
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