

Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin and Daniel Lessard meet exceptional francophones from throughout Canada and beyond. Discover politicians, artists, entrepreneurs and scientists whose extraordinary stories are worth telling.
Video transcript
Pascal St-Laurent: Soir de semaine Member
Adventure plays a major role in Pascal St-Laurent´s life. At 24 years old, the Quebec teacher decided to take a sabbatical year and travel along the West Coast, from the Arctic to the Antarctic. But once he arrived in the Yukon, he needed money. And so he found himself some odd jobs. Around the same time, he began making music, and that´s when he met Alain Desrochers and Marie-Maude Allard. Together they formed Soir de semaine, a staple of the Yukon music scene. With two albums to their credit, they now tour all across Canada. But what became of the dream to traverse North America from north to south? Well, last year, Pascal, his wife, and their two kids made the trek in roughly a year, taking only their backpacks and a few buses to go from the Yukon all they way to Guatemala!
Réalisateur: Joanne Belluco
Production year: 2016
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Titre :
Carte de visite
PASCAL ST-LAURENT joue de la guitare joue avec un trio composé d'un bassiste, d'une accordéoniste et de lui-même. Le groupe Soir de semaine joue dans un wagon de train pendant la présentation.
PASCAL ST-LAURENT (Narrateur)
Je m'appelle Pascal St-Laurent.
J'habite au Yukon.
Je travaille pour le ministère
de l'Éducation du Yukon.
Je suis conseiller pédagogique
en français langue seconde.
Je suis membre du groupe
Soir de semaine. Je suis originaire
de Sherbrooke au Québec.
Puis, en ce moment, j'habite
à Whitehorse.
On présente des images de Whitehorse.
PASCAL ST-LAURENT (Narrateur)
Pour moi, le Yukon, ça représente
beaucoup de liberté. Beaucoup
de choses que je peux
faire ici que je pourrais pas
faire dans d'autres provinces
ou d'autres pays.
Je décrirais la musique de
Soir de semaine comme une espèce
de gros mélange avec plein
d'influences. On a un peu de
folk, un peu de reggae, un peu
de ska, un peu de rock, un peu
de roots. On a un peu de tout.
C'est mélangé, dépendamment
qui apporte la chanson.
On retourne dans le wagon avec le groupe Soir de semaine.
PASCAL ST-LAURENT (Narrateur)
Soir de semaine, c'est une belle
histoire d'amour. C'est un beau
party. C'est des musiciens.
On est ensemble depuis longtemps.
On crée. On a du plaisir.
Puis on partage notre
passion pour la musique.
GISÈLE QUENNEVILLE rencontre PASCAL ST-LAURENT, membre du groupe Soir de semaine, dans un grand hangar où se trouve un vieux wagon de train.
GISÈLE QUENNEVILLE
Pascal St-Laurent, bonjour.
PASCAL ST-LAURENT
Bonjour.
GISÈLE QUENNEVILLE
Pascal, j'ai l'impression que
tout le monde au Yukon a
sa petite histoire de comment
il ou elle est arrivé au Yukon.
C'est quoi la tienne?
PASCAL ST-LAURENT
Elle se résume assez vite.
C'est un voyage. Je suis arrivé
ici par hasard. Je voyageais.
GISÈLE QUENNEVILLE
Tu venais ici? C'était ici le point final?
PASCAL ST-LAURENT
Non. C'était pas ma destination.
J'avais la grande idée de partir
puis de monter le plus au nord
possible et rouler le plus au sud
possible ensuite. Puis...
Je suis passé par ici. Je suis
tombé en amour avec la place.
Puis après ça, bien, je suis
tombé en amour avec une femme
ici puis le reste a suivi.
GISÈLE QUENNEVILLE
Souvent, ces histoires
du Yukon ont des débuts
assez rustiques. Est-ce que
tes débuts au Yukon ont
été assez rustiques?
PASCAL ST-LAURENT
Oui. Je pense que je fais
partie de la... comment on
dirait, de la moyenne ou de...
Oui. Je fais partie de ceux...
Oui, ça a été rustique. On
a vécu pendant deux ans dans
une cabine pas d'eau courante,
à l'extérieur de la ville.
Puis, c'était un peu, c'était un
classique dans ce temps-là. Tout
le monde faisait ça. On arrivait
puis on est tous en train de
voyager. On sait pas combien
de temps on va rester. Ça fait
qu'on s'installe à l'extérieur
de la ville dans le bois puis on
fait nos petites choses. Puis on
laisse la vie aller puis...
De là, on s'installe.
GISÈLE QUENNEVILLE
Toi, un moment donné, t'as
décidé que tu voulais rester.
Pourquoi tu voulais rester ici?
PASCAL ST-LAURENT
Oui. J'ai pas eu de journée
où on a dit: OK, on reste ici.
Moi, ça m'est jamais arrivé.
Comme j'ai jamais déménagé ici
vraiment. Je suis arrivé ici,
je suis tombé en amour avec la
place. Je suis juste resté ici.
Je suis jamais reparti. Puis à
chaque année encore, on se pose
la question en famille. Tout le
monde est content ici? Oui, on
est bien. Parfait! Bon, bien,
on reste ici. C'est tout.
GISÈLE QUENNEVILLE
Puis qu'est-ce qui fait
que vous êtes contents ici?
PASCAL ST-LAURENT
Pour moi, il y a une partie
d'opportunités. Il y a des
opportunités qu'on a dans le
nord qu'on n'a pas ailleurs.
Puis c'est un fait. Au niveau
de la musique, au niveau
des emplois, au niveau de
l'éducation pour les enfants
aussi. Ils ont accès à des
choses que la plupart des jeunes
ont pas accès: des services.
Ils ont plein d'appuis à
l'école, plein de sorties.
Ils peuvent faire un paquet
de choses. Ils peuvent explorer.
Ils peuvent voyager avec
l'école. Il y a beaucoup plus de
liberté aussi au niveau, comme
pour moi, professionnellement,
pour voyager. L'année passée,
on a voyagé. J'ai pu récupérer
mon emploi quand je suis revenu.
Plein de choses comme ça qui
sont vraiment difficiles à
faire, je pense, de plus en plus
difficiles à l'extérieur
du nord ou du Yukon.
GISÈLE QUENNEVILLE
Quand on vient ici, il faut
être un amateur de plein air
et de nature?
PASCAL ST-LAURENT
Je pense que oui.
Moi... oui, je suis un amateur
de plein air. J'aime la nature.
J'aime la pêche. Je suis en
train de découvrir la chasse.
On fait beaucoup de camping.
Du vélo de montagne. Oui, on est
beaucoup dehors. Je pense que
c'est un atout. Si tu veux
rester ici, il faut
que tu aimes être dehors.
Faire du plein air, c'est
une des raisons pourquoi
la plupart des gens sont ici.
GISÈLE QUENNEVILLE
Tu parles de la chasse.
Qu'est-ce qu'on chasse ici?
PASCAL ST-LAURENT
Bien, on chasse... on chasse
des gros animaux. On peut
chasser des bisons. On peut
chasser des orignaux. On peut
chasser des wapitis. On peut
chasser des chevreuils.
On peut chasser de la perdrix.
On peut chasser un peu de tout.
Puis c'est relativement
accessible quand même. Alors,
il y a des belles opportunités
sur ce côté-là aussi.
GISÈLE QUENNEVILLE
Puis, tu fais ça pour
le trip de chasser ou c'est
pour subvenir à tes besoins?
PASCAL ST-LAURENT
Il y a un peu les deux. Mais
honnêtement, moi, j'ai trois
enfants. Ça mange. Ça mange.
GISÈLE QUENNEVILLE
Trois garçons, je pense.
PASCAL ST-LAURENT
Trois garçons, oui. Puis, oui,
ça revient, dépendamment comment
on y s'y prend, des fois un
peu moins cher, oui, d'aller
chercher notre viande nous-mêmes.
Puis je suis pas un grand chasseur.
Moi, ce qui m'intéresse dans
la chasse, c'est la viande.
Je suis pas... Je vais chasser
pour avoir de la viande, pour
remplir mes congélateurs. Puis
passer à travers l'hiver puis
on peut avoir de la viande
dont on sait d'où elle vient.
Je sais comment elle a été
traitée. Puis... Je suis pas obligé
d'aller à l'épicerie en acheter
à toutes les semaines.
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce que la vie ici est
plus chère? Souvent, on entend
parler que la vie est
chère dans le nord.
PASCAL ST-LAURENT
Au bout du compte, oui. Tout
est un peu plus cher. Veut, veut
pas. T'as toujours le transport
qu'il faut que tu paies. Oui.
Le coût de la vie est un peu
plus élevé. Les salaires
sont plus élevés aussi en général,
je dirais. Ceux qui travaillent au
gouvernement, parce que comme,
le gouvernement prend beaucoup
de place ici au niveau de la...
C'est une capitale, Whitehorse.
Oui. C'est plus cher, mais je
pense qu'avec les salaires qui
sont mieux, il y a moyen d'avoir
une belle qualité de vie ici.
GISÈLE QUENNEVILLE
On a l'impression, quand on
vient du sud, n'est-ce pas,
que le Yukon, Whitehorse, c'est
loin, c'est isolé. Est-ce qu'on
se sent loin et isolé quand on est ici?
PASCAL ST-LAURENT
Pas moi.
GISÈLE QUENNEVILLE
Des fois?
PASCAL ST-LAURENT
Pas moi. Non. Je me sens loin
de ma famille. Oui. Il y a des
journées où je me sens loin
de ma famille. J'aimerais ça
être plus près de ma famille.
J'aimerais ça avoir tout ce que
j'ai ici puis avoir ma famille
proche de moi: mes parents,
mon frère, ma soeur, mes amis.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ta famille est au Québec.
PASCAL ST-LAURENT
Oui, ma famille, je suis
originaire du Québec. Ma
famille est au Québec. Euh...
Mais non, c'est pas ça qui est
la réalité en ce moment, mais
je ne me sens pas isolé. On a
un aéroport international qui
est juste là. Il y a des routes.
C'est assez facile de sortir
d'ici. C'est facile de venir.
Pour moi, je me sens pas isolé.
Le groupe Soir de semaine interprète la chanson « Une chance » dans le wagon d'une autre époque.
MARIE-MAUDE ALLARD, membre du groupe Soir de semaine témoigne.
MARIE-MAUDE ALLARD
Je m'appelle Marie-Maude Allard.
Je travaille à Whitehorse Elementary
en immersion française.
J'enseigne la musique et
j'enseigne aussi le français.
Je suis arrivée en 2003.
Ça fait que ça fait 13 ans.
ALAIN DESROCHERS membre du groupe Soir de semaine témoigne.
ALAIN DESROCHERS
Alain Desrochers. Je joue de
la musique avec Soir de semaine.
Je joue de la basse. Je chante.
Je joue de la guitare, du gazou.
Je suis aussi professeur
d'éducation physique dans
une école secondaire.
(Chantant)
♪ Une question de survie ♪
PASCAL ST-LAURENT
Je suis arrivé en même temps
que Marie-Maude au Yukon à peu
près. Puis Alain était ici
un peu avant nous. On s'est
rencontrés dans des partys. On a
jammé de la musique. Touc! On
a connecté. Puis à partir de là,
on a commencé à se rencontrer
puis à créer, à essayer
d'inventer, écrire des chansons,
commencer à écrire des textes,
enregistrer ça puis c'est
comme ça que c'est parti.
ALAIN DESROCHERS
(Chantant)
♪ Rester pris ♪
MARIE-MAUDE ALLARD
Soir de semaine, on a commencé
un mardi soir chez Alain. Puis
on jammait ensemble. Je pense
qu'Alain, lui, il avait
des visions de groupe.
PASCAL ST-LAURENT
On travaillait. Donc, il fallait
qu'on paie nos bills comme
tout le monde. Ça fait qu'on
se voyait les soirs de semaine.
Ça fait que c'était: OK,
un autre soir de semaine.
Soir de semaine.
MARIE-MAUDE ALLARD
J'étais plus avec Pascal.
Musicalement, on jammait ensemble.
Puis là, Alain avait des plans.
Puis on s'est retrouvés
les trois puis on a comme composé
quelque chose. Mais il y a eu
une chimie qui s'est installée.
PASCAL ST-LAURENT
Soir de semaine, c'est un
mélange musical de styles puis
d'influences. T'as du folk. T'as
du reggae. T'as du ska. T'as
du rock. T'as du roots un peu.
T'as un peu de tout mélangé. Des
fois, t'as même des lignes bossa
un peu. Ça dépend qui apporte la
chanson avec quelle inspiration.
ALAIN DESROCHERS
Festif. Une chance pour la
communauté francophone de
venir voir un spectacle et
de rencontrer d'autres gens
francophones du milieu.
Je pense qu'on est un groupe
qui est rassembleur au Yukon.
MARIE-MAUDE ALLARD
Il y a eu beaucoup de
francophones au Yukon et je
voulais faire un mélange
entre le francophone et
le Yukon. Et... Je voulais pas
qu'on soit québécois. Moi, je suis
Québécoise, mais le groupe n'est
pas québécois et je voulais
représenter un aspect de la
culture du Yukon dans le
spectacle. Donc, j'ai commencé
à porter des robes de French
cancan, à demander aux garçons
qu'ils s'habillent un peu plus
comme des prospecteurs à une
certaine époque où il y avait
aussi le banquier un peu
plus, tu sais, qui s'occupait de l'argent.
On avait un peu des personnages
un peu comme ça pour
représenter la culture du Yukon.
PASCAL ST-LAURENT
Pour moi, il y a une partie
rituelle. Quand on se maquille
avant un spectacle, on se parle.
OK, oui, on se consulte. Il y a
un petit caucus. On est intimes.
C'est proche. Puis c'est souvent
là qu'on va échanger nos
impressions avant le spectacle.
MARIE-MAUDE ALLARD
Je dirais que le groupe
Soir de semaine est yukonnais.
Mais chaque membre vient d'ailleurs.
C'est une auberge espagnole ici.
Chacun apporte qu'est-ce qu'il est.
ALAIN ET PASCAL
♪ On a une chance ♪
♪ Wou hou ♪
♪ On a une chance ♪
On retourne à GISÈLE QUENNEVILLE qui s'entretient avec PASCAL ST-LAURENT.
GISÈLE QUENNEVILLE
Pascal, veut, veut pas,
t'es un grand voyageur.
Tu t'es rendu jusqu'ici au
Yukon. Mais le voyage, je pense
que ça fait également partie
d'un projet de famille.
Un projet de famille que
vous avez réalisé l'année passée.
Vous vous êtes rendus, je pense,
au Guatemala. C'était quoi
l'objectif de ce voyage-là?
PASCAL ST-LAURENT
L'objectif?
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce qu'il y en avait un?
PASCAL ST-LAURENT
C'est une excellente question.
Honnêtement, bien, j'aime
voyager, mais ma conjointe,
Véronique, pour elle, c'est
un mode de vie. C'est un style
de vie de voyager. Pour elle,
elle voyagerait toujours.
Puis c'est un peu dans cette
optique-là qu'on a fait le
voyage aussi parce qu'elle
aime voyager. Puis, ça faisait
longtemps qu'on avait le
goût de faire une aventure.
Puis, elle m'a un peu poussé
aussi. On part. On part un an.
On voyage pendant un an avec
les enfants puis on découvre
des choses. Puis initialement,
j'avais déjà eu l'idée, moi,
de rouler jusqu'au nord. C'était
mon voyage initial. C'était ça.
Puis d'aller jusqu'au sud. Elle
a dit: "On poursuit ton voyage".
Bien, j'ai trouvé un autobus
scolaire. Je l'ai converti. Puis
on est partis avec les trois
enfants puis on a roulé pendant
un an. On a fait le Canada,
les États-Unis, le Mexique,
le Guatemala. Puis ça a été,
écoute, une grosse aventure, là.
GISÈLE QUENNEVILLE
Alors, l'autobus, ça ressemblait à quoi?
PASCAL ST-LAURENT
L'autobus, c'est notre autobus
classique jaune scolaire. Hum...
Quand je l'ai acheté, il y avait
déjà, c'était Bob Daft qui avait
l'autobus pour des voyages de
canot puis de rafting puis tout ça.
Alors, il y avait déjà des
choses un peu faites avec des
bancs. Mais j'ai poursuivi
le projet. J'ai rajouté des lits
pour les enfants. J'ai changé
les comptoirs. On a fait une
espèce de petite cuisine.
Une petite chambre de bain
à l'arrière. Du rangement.
Pouf, on est partis avec ça.
GISÈLE QUENNEVILLE
Puis vous avez pris ça
jusqu'au Guatemala?
PASCAL ST-LAURENT
On a roulé. Bien, on a roulé...
On est allés au Québec
voir la famille. On a fait
la côte est des États-Unis.
On a fait, oui, le Mexique. Puis
finalement, on a fait un voyage
dans un voyage. On a laissé
l'autobus pas loin de la
frontière du Mexique puis
on a fait tout le Guatemala
en sac à dos. Sur le pouce un peu.
Transport en commun.
Les « chicken bus » qu'ils appellent.
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est quoi un chicken bus?
PASCAL ST-LAURENT
Des autobus scolaires, mais
qui sont, ils ont comme juste
des parcours. Puis c'est plein
de monde puis ils les appellent,
je pense, les chicken bus
parce que le monde amène
des animaux. On n'en a pas vu
beaucoup, mais oui, il y en a
qui amènent des animaux
là-dedans des fois. Alors...
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est pas dangereux faire ça?
Surtout avec des jeunes enfants.
PASCAL ST-LAURENT
Non. J'ai pas senti ça
dangereux du tout, moi. Non.
C'est sûr que quand tu fais du
transport en commun, t'es avec
le peuple, t'es avec les gens
de tous les jours. Eux aussi
ont des enfants. Donc, on allait
où est-ce que les gens avaient
aussi des enfants. Donc, non, je
ne me suis pas senti en danger.
GISÈLE QUENNEVILLE
Les enfants sont pas allés
à l'école donc pendant un an.
PASCAL ST-LAURENT
À leur grand bonheur!
(Riant)
J'ai tenté, et je dis bien tenté,
de faire l'école à la maison.
Ça a fonctionné
peut-être la moitié de l'année.
Puis, bien, les enfants ont
abandonné. Ils ont dit: "Non.
On préfère refaire notre année
scolaire puis être libres comme
l'air puis faire ce qu'on a
le goût de faire cette année".
Puis ma conjointe Véronique
était tout à fait d'accord avec
ça. Puis moi, éducateur comme
je suis, bien, ça a été un peu
plus dur de recevoir ça.
Mais ça m'a pris, oui, quelques
semaines. Puis après ça, je me
suis dit: Bien, sais-tu quoi,
on va probablement apprendre
beaucoup de choses de toute
façon. Puis, effectivement,
bilan très positif.
GISÈLE QUENNEVILLE
L'aspect le plus mémorable
de ce voyage-là?
PASCAL ST-LAURENT
L'aspect le plus mémorable,
je te dirais, ce qu'on parle le
plus déjà en famille, c'est, on
a été, on s'est stationné dans
des endroits pendant trois
semaines, un mois parfois, puis
je dirais que dans le sud des
Caraïbes, au Mexique, c'est
vraiment, il s'est passé quelque
chose. On est rentrés, on est
restés là puis on s'est comme
intégrés dans la communauté puis
en dedans de quelques semaines,
c'était comme si on habitait là-bas.
Les enfants avaient des amis
partout. On habitait là.
On était comme presque rendus
comme les local comme
on les appelait.
Puis on a appris à parler
espagnol aussi à travers ça. Ça
fait que je pense que ça, ça a
été un gros moment du voyage.
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce que le retour
est difficile après
un voyage comme ça?
PASCAL ST-LAURENT
J'avais jamais voyagé pendant
un an. Ça fait que pour moi,
c'était une nouvelle expérience
de dire: tu voyages pendant un an.
T'habites dans un autobus
jaune pendant pratiquement un an
avec tes enfants. C'est un autre
style de vie, mais complètement différent.
Je pense que j'ai surestimé mes
capacités de retour. Je pensais
que je reviendrais à Whitehorse,
je reviendrais au Yukon comme..
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est pas les Caraïbes
quand même.
PASCAL ST-LAURENT
Non, c'est pas les Caraïbes.
Je ne me sens... Non! Retour au
travail: non, pas difficile du
tout. Ça a été de retourner,
de revenir dans la maison
puis de pas bouger. De...
Il y avait comme un aspect
statique qu'on... que je sais
pas, j'avais... j'ai eu beaucoup
de difficultés avec. Puis
j'ai... je suis un gars habituellement
bien sociable dans la vie. Je parle
avec tout le monde. J'aime les grands
groupes. Puis depuis mon retour,
je suis beaucoup plus sauvage.
On dirait que j'ai de la misère
à gérer les groupes ou les
foules ou je préfère les
relations plus intimes,
plus en profondeur avec
une ou deux personnes.
GISÈLE QUENNEVILLE
Et pour les enfants, est-ce
que le retour a été difficile?
PASCAL ST-LAURENT
Dur à dire. J'ai pas l'impression
que c'est difficile, non, pour eux autres.
Ils étaient prêts à revenir, eux
autres. Ils avaient même hâte de
revenir. Ils étaient contents de
revenir. Non! J'ai pas senti que
c'était difficile pour eux. J'ai
l'impression que c'est plus moi
dans la famille. C'est moi qui
ai eu le plus gros choc
de retour. Les autres...
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce que c'est à refaire?
PASCAL ST-LAURENT
Si c'était à refaire, oui, je
le referais. Et est-ce que c'est
à refaire? Oui. On veut refaire
une autre aventure un peu de fou
encore. Je sais pas si ça sera
sur une forme de road trip,
sur une forme autre, mais on
aimerait ça refaire quelque chose,
oui.
GISÈLE QUENNEVILLE
Il y a beaucoup de gens qui
rêvent de faire ce que vous avez
fait. Des conseils à donner,
maintenant que vous avez vécu
l'expérience d'être en voyage
road trip pendant un an? Des
conseils à donner à des gens
qui voudraient éventuellement
tenter l'expérience?
PASCAL ST-LAURENT
C'est assez simple. Je pense
qu'une famille ou quelqu'un, des
gens qui voudraient faire une
chose comme on a faite, il faut
pas trop planifier. Il faut pas
trop penser. Puis il faut se lancer.
Puis il faut gérer quand on est
dedans puis gérer le retour
quand on revient.
C'est la meilleure chose. C'est
ce qu'on a fait. Si j'avais
pensé à tous les détails de
ce voyage-là avant de partir,
je pense que je serais encore
ici en train d'essayer de tout
organiser. Non. Il faut laisser
la vie placer les choses. Puis,
en voyage, on rencontre beaucoup
de gens. Puis beaucoup de gens
qui sont très aidants. Puis
nous, on avait une attitude
très positive aussi dans notre
voyage. Puis je pense que
c'est avec ça qu'il faut partir.
Puis il faut pas tout organiser.
Il faut laisser la vie tracer
son chemin à travers tout ça.
Le groupe Soir de semaine interprète la chanson « Tes yeux » dans le wagon ancien.
De nouveau, les membres du groupe témoignent à tour de rôle.
ALAIN DESROCHERS
Les saisons affectent
énormément nos chansons, nos
compositions, nos spectacles.
PASCAL ST-LAURENT
C'est sûr que quand on compose
à -40oC puis ça fait une semaine
que t'as presque pas vu le
soleil, oui, ça l'a pas la même vibe
que quand c'est l'été. C'est gros soleil
puis le party puis on dort pas
beaucoup puis c'est la fête.
Donc, oui, je trouve que c'est
plus introspectif pendant
l'hiver. Puis pendant l'été,
c'est beaucoup plus éclaté puis
festif puis yeah, la fête.
MARIE-MAUDE ALLARD
Dans la musique, tu peux
entendre et sentir probablement
la noirceur de l'hiver. Puis
tu peux sentir aussi la lumière
de l'été, mais aussi la lumière
qui ressort de la noirceur.
C'est des paroles de mon papa.
C'est comme ça qu'il entend
notre musique. Puis je trouve
que ça représente bien un peu
Soir de semaine.
ALAIN DESROCHERS
♪ Et coule la rivière ♪
Les gens ici, on dirait qu'ils
se sentent accomplis puis ils
sont bien où ils vivent. Ça
paraît dans les chansons. C'est
plus relaxe. C'est rare que
tu vois des chansons négatives
du monde qui vivent ici.
PASCAL ST-LAURENT
Il y a pas un son du Yukon. On
a un son Soir de semaine. On a
créé notre identité musicale.
Les gens, je pense que même si
on amène une nouvelle pièce,
ils devinent que c'est nous.
Ils entendent les voix.
Ils entendent nos arrangements.
Notre type de mixage.
On a notre signature.
MARIE-MAUDE ALLARD
C'est le silence de la nature.
Puis c'est la place que
tout le monde peut apporter
quelque chose. Donc, c'est,
le son du Yukon, c'est une place
à prendre.
PASCAL ST-LAURENT
Le plus beau moment de
Soir de semaine? Hum... Moi, je dirais
que ça a été dans les tournées
qu'on a faites. On s'est payé
des tournées. Puis, je dirais
que pour moi, 2010, avec les
Olympiques, on a beaucoup été
impliqués. On a joué beaucoup
de musique. Ça a été un moment
marquant dans notre carrière
de tournée de Soir de semaine.
Pour moi personnellement.
MARIE-MAUDE ALLARD
Je te dirais le moment où
est-ce que mon coeur a vibré le
plus fort, c'est quand j'ai dit:
"Bonjour, la francophonie!"
Puis j'étais au BC Stadium.
Puis il y avait plein de monde.
J'avais jamais vu ça autant de
monde me regarder en même temps.
J'étais fière de dire: bonjour
la francophonie. J'étais là pour ça.
ALAIN DESROCHERS
♪ La vie peut être belle ♪
Nos enfants vont grandir.
Peut-être qu'ils vont rentrer
dans le groupe. Le groupe va
grossir. On a des autobus
scolaires qu'on a convertis
en autobus de voyage avec
les familles et tout ça.
Ça fait que je pense que
ça va durer longtemps.
Puis l'important, c'est
d'être bien ensemble.
♪ La vie peut être belle
dans ce mouvement ♪
Le hangar où se trouve le vieux wagon est au bord d'une rivière. On retourne à l'intérieur pour la suite de l'entrevue avec GISÈLE QUENNEVILLE et PASCAL ST-LAURENT.
GISÈLE QUENNEVILLE
Arrivé ici au Yukon en étant
prof francophone, ça a dû
être assez facile en fait
de trouver du travail.
PASCAL ST-LAURENT
Oui et non. J'avais un contexte.
Moi, je voulais pas enseigner
quand je suis revenu ici.
Quand j'ai, je suis parti en voyage,
je suis parti explorer.
Je suis pas parti trouver un
autre emploi. J'ai pris une
pause de l'enseignement. Puis je
voulais prendre une pause de
l'enseignement puis j'avais
le goût de voir d'autre chose,
de faire d'autre chose.
C'était dans ce mode-là que
j'étais quand je suis arrivé au
Yukon. Donc, non, je voulais pas
enseigner quand je suis arrivé
ici. J'ai fait toutes sortes
de petits travaux, des jobines.
J'ai travaillé un peu
pour l'environnement,
la décontamination du sol.
J'ai travaillé dans des garages.
J'ai travaillé dans toutes
sortes de choses.
Mais j'enseignais pas. Plus
tard est venu, j'ai fait du
remplacement. Puis, parce qu'ils
avaient besoin de profs dans les
écoles. J'ai remplacé certains
enseignants. Puis je me suis
redécouvert une passion pour
les langues secondes. Comment
est-ce qu'on peut efficacement
enseigner une langue seconde,
qui est le français ici,
dans un contexte scolaire,
dans une école?
GISÈLE QUENNEVILLE
Toi, t'enseignes du côté
anglophone. T'enseignes le
français, ou t'enseignais le
français du côté anglophone.
Est-ce qu'il y a un désir ici
chez les anglophones
d'apprendre le français?
PASCAL ST-LAURENT
Oui, il y en a un. Oui.
C'est d'ailleurs, j'ai piloté
un projet vraiment intéressant
autour des années 2005. On a
amené ce qu'ils appellent le
français intensif qui est aussi
l'approche neurolinguistique,
qui est vraiment une approche
vraiment efficace dans
l'enseignement des langues
secondes en contexte scolaire.
GISÈLE QUENNEVILLE
Et c'est quoi ça, cette
approche-là? Comment ça marche?
PASCAL ST-LAURENT
C'est une approche qui est
quand même canadienne, qui a été
conçue par deux chercheurs ici:
Claude Germain puis Joan Netten.
J'ai fait des formations
à Montréal. J'ai fait des
formations au Nouveau-Brunswick.
C'est un mouvement qui arrivait
de l'est, Terre-Neuve surtout.
Puis j'ai fait beaucoup de
formation autour des années
2004, 2005, 2006 puis je me suis
spécialisé là-dedans à fond.
Puis j'ai démarré un programme
de français intensif avec
l'approche neurolinguistique ici
au Yukon. J'étais le seul.
Ça fait qu'on a démarré dans
une école pilote puis j'ai été
engagé pour bâtir ce projet-là.
Puis, de fil en aiguille, j'ai
adoré ça. Puis j'ai continué à
enseigner, enseigner, au niveau
du français langue seconde.
Puis maintenant, bien, je suis
rendu conseiller pédagogique.
Et je fais des formations et
je forme d'autres profs qui
enseignent le même programme
dans cinq ou six écoles
maintenant ici au Yukon.
GISÈLE QUENNEVILLE
Et c'est quoi l'approche
neurolinguistique? Est-ce que
c'est différent de la façon
d'apprendre le français
ailleurs?
PASCAL ST-LAURENT
Oui. Oui. Pour moi, c'est
une révolution au niveau
de l'enseignement des langues
secondes. Il y a le français
de base qui existe toujours,
comme on a l'anglais de base au
Québec, qui est les élèves vont
essayer d'apprendre le français,
exemple, ici, pendant trois
blocs de 30 minutes par semaine.
Puis finalement, ils y arrivent jamais.
Et avec cette approche-là, on
concentre du temps et on utilise
beaucoup de stratégies efficaces
où on commence par l'oral. On
commence par amener les élèves
à communiquer à l'oral.
Et ensuite on passe
à la lecture et à l'écriture.
Et ça change drastiquement
les résultats. Et le contexte et
l'ambiance de salle de classe.
Au lieu de commencer par écrire,
on commence par communiquer.
Comme quand on était petit puis
on a appris à parler.
On a commencé par apprendre à parler.
Après ça, plus tard, on a appris
à lire et à écrire. Bien, il faut
reproduire le même système.
Donc, pour les enseignants,
c'est une façon d'enseigner qui
est complètement différente de
celle que la plupart utilisent
pour enseigner le français
de base. Donc, c'est un
gros mouvement, oui.
GISÈLE QUENNEVILLE
Dans une ville comme
Whitehorse, est-ce qu'ils ont
l'occasion de pratiquer ce
qu'ils apprennent à l'école
à l'extérieur de la salle de
classe? Ou est-ce que c'est
pas l'objectif finalement?
PASCAL ST-LAURENT
Oui. Il y a une grande place.
Il y a une communauté
francophone qui est très
vibrante, très active,
très présente à Whitehorse.
Oui, il y a beaucoup
d'opportunités pour des élèves
qui apprennent le français,
comme langue seconde, d'aller
pratiquer ou d'assister à des
spectacles, des événements,
des regroupements francophones
et c'est très ouvert. Il y a
beaucoup d'opportunités pour ça.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ça fait une quinzaine d'années
que t'es ici. Ta famille est
ici. T'as fondé ta famille ici.
Pour beaucoup de gens, le Yukon,
c'est une terre de passage.
Est-ce que ce l'est pour toi?
PASCAL ST-LAURENT
Non. Plus maintenant. Je
pense que ça aurait pu l'être.
Mais quand ça fait 15 ans que
t'es ici, non, ce n'est plus
une terre de passage. T'es ici.
T'habites ici. Il y a différents
niveaux au niveau social. Les
gens qui arrivent, que ça fait
pas longtemps qu'ils sont au
Yukon, sont beaucoup ensemble.
Puis un moment donné, plus
le temps avance, oui, on
en rencontre des nouveaux
arrivants, mais on se tient
beaucoup avec des gens qui
habitent ici. Parce qu'un moment
donné, de créer des relations
avec des gens qui s'en vont
toujours, ça devient épuisant.
Alors, veut, veut pas, il y a le
contexte un peu pas d'isolement,
mais tu établis des relations
avec les gens qui sont ici
depuis un certain temps. Parce
que tu sais qu'ils vont être ici.
Tu peux te fier sur eux.
Ils sont de bons amis.
Des belles relations.
Une belle communauté. Et dans
mon cas, je considère pas que
je suis ici de passage en ce
moment. Mes enfants sont nés ici
tous les trois. Eux, tu leur
demandes qui ils sont. S'ils
étaient ici tous les trois,
ils te diraient qu'ils sont nés
à Whitehorse. Ce sont des
Franco-Yukonnais. Moi, je suis
Québécois. Mais eux, c'est
des Franco-Yukonnais.
C'est pas la même chose.
GISÈLE QUENNEVILLE
Pascal, merci beaucoup.
PASCAL ST-LAURENT
Un plaisir.
La chanson Une chance du groupe Soir de semaine joue pendant le déroulement du générique.
SOIR DE SEMAINE
♪ Quoi qui arrive
dans ta vie ♪
♪ Perds jamais un instant ♪
♪ Apprécie aujourd'hui ♪
♪ T'as toute qu'une chance ♪
♪ Oui c'est vrai
dans mon corps vivant ♪
♪ Ça chauffe ♪
♪ Oui ça chauffe en esti ♪
♪ Alors faisons l'amour
cette nuit ♪
♪ On a une chance ♪
♪ Wou hou ♪
♪ On a une chance ♪
♪ Wou hou ♪
♪ On a une chance ♪
♪ Wou hou ♪
♪ On a une chance ♪
♪ Wou hou ♪
♪ On a une chance ♪
Générique de fermeture
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