Le rêve de Champlain
Le rêve de Champlain is a six, thirty-minute episode docudrama about Samuel de Champlain's life, based on the epic novel by historian David Hackett-Fischer. Every episode combines documentary explorations and historical re-enactments.


Video transcript
Explorer 1602-1604
Royal geographer Champlain must convince the court that establishing New France in North America is feasible. Champlain succeeds and a new expedition is organized. We visit the old port of Honfleur, from which many of Champlain’s voyages to New France were launched. It was from here that he prepared to set off for America for the first time, under the command of Pont-Gravé.
Production year: 2015
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Texte informatif :
Précédemment
Pendant la récapitulation de MARIE-LOUISE ARSENAULT, de courts extraits de l'épisode précédent sont présentés.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Précédemment, dans
Le rêve de Champlain:
il est en mission d'espionnage.
À la suite de sa mission
en Nouvelle-Espagne,
Champlain prend bien soin
de préparer un rapport de qualité.
Début générique d'ouverture
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Dans la vision de David Hackett Fischer,
nous vivons encore aujourd'hui
avec l'héritage de paix
et l'esprit de collaboration
de Champlain.
Voici le portrait renouvelé
et fascinant de l'homme.
Fin générique d'ouverture
Dans un studio numérique, MARIE-LOUISE ARSENAULT propose une introduction à l'épisode en cours. Des animations numériques et des tableaux peuvent apparaître pendant le récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
(S'adressant au public de l'émission)
Au tout début du 17e siècle,
alors que Samuel de Champlain
est de retour en France,
il se prend à rêver d'un monde
meilleur. En fait, il rêve de bâtir
une nouvelle France.
Il cible la vaste région
au-dessus du 40e parallèle,
qui porte le nom de Nova Francia
depuis les voyages
de Jacques Cartier.
Là-bas, les Français sont à l'abri
d'une confrontation
avec l'Espagne ou le Portugal,
qui déploient leur empire
plus au sud.
Durant cette série, nous allons
suivre ses aventures
d'une toute nouvelle façon.
L'historien américain
David Hackett Fischer a consacré
une partie de sa carrière
À Samuel de Champlain.
Son ouvrage : Le rêve de Champlain,
nous fait découvrir
son extraordinaire épopée.
La nomenclature des différents intervenants de la série est accompagnée de segments où on voit chacun d'eux dans l'environnement proposé.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Son livre nous a inspiré
cette série. Pour nous aider
à revivre la grande histoire de Champlain,
nous serons accompagnés par
3 correspondants sur le terrain.
Vincent Leclerc sera en Europe
et aux États-Unis, Charles Bender,
en Ontario, et Fabienne L'Abbé,
au Québec. En studio,
notre archiviste précisera
certains détails importants.
Nous utiliserons une ligne du temps
pour nous situer dans l'époque
et nous permettre de faire des
allers-retours dans l'histoire.
Plusieurs spécialistes
de renom nous aideront
À mieux comprendre
les différents enjeux.
CHAMPLAIN se tient au cordage du bateau.
Texte narratif :
Tadoussac, 1603
CHAMPLAIN
Qu'en dites-vous, Pont-Gravé?
Vous m'accompagnez?
PONT-GRAVÉ
Hum, c'est même hors de question
que vous y alliez sans moi!
Armez la chaloupe.
CHAMPLAIN
Non, pas d'armes!
Je ne veux pas leur faire peur.
Faites venir l'interprète.
PONT-GRAVÉ
On peut se parler un moment?
Êtes-vous bien sûr
de ce que vous faites?
Il y a des milliers
de sauvages là-bas,
et ils sont armés
jusqu'aux dents, eux!
CHAMPLAIN
Je croyais qu'on s'était
mis d'accord.
PONT-GRAVÉ
Oui! Mais je ne m'attendais pas à
ce qu'ils soient aussi nombreux!
CHAMPLAIN
Cela rendra notre démarche
plus convaincante.
PONT-GRAVÉ
Ou de plus courte durée...
Titre :
Le rêve de Champlain
Explorateur
1602-1604
On revient au récit de MARIE-LOUISE ARSENAULT
MARIE-LOUISE ARSENAULT
On est en 1603, Champlain pénètre
pour la première fois
dans l'embouchure
du fleuve St-Laurent
et débarque à Tadoussac.
Ce jour-là, par un hasard incroyable,
près d'un millier d'Amérindiens
y sont rassemblés.
Champlain met alors en oeuvre
son nouveau plan d'approche
du territoire.
En compagnie de son capitaine,
Pont-Gravé, il se présente sans arme
devant les Amérindiens.
C'est risqué, mais les 2 hommes
veulent ainsi éviter
toute forme d'intimidation.
CHAMPLAIN débarque sur la rive et s'approche du campement des groupes d'autochtones.
MONTAGNAIS PORC-ÉPIQUE s'approche de CHAMPLAIN et son groupe et s'adresse à eux dans sa langue.
INTERPRÈTE MONTAGNAIS
Il demande de le suivre.
CHAMPLAIN et son groupe avancent vers le campement.
Près d'un feu, des Amérindiens blessés sont ligotés à des pieux.
MARIE-LOUISE ARSENAULT reprend son récit dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain est tout à fait consciente
de l'importance de cette mission.
Elle doit absolument
produire des résultats,
quitte à bouleverser l'ordre établi.
Car si Champlain est convaincu, lui,
que l'Amérique du Nord est
la terre promise pour la France,
il est loin d'avoir toute
la cour d'Henry IV de son côté.
Et certains de ses détracteurs
ont le bras très, très long.
VINCENT LECLERC se trouve dans une galerie, quelque part en France.
VINCENT LECLERC
Le rêve de Champlain aurait-il
pu ne jamais se réaliser?
Bien sûr que oui!
Les écueils étaient innombrables
et ils se trouvaient partout.
À la cour du roi, entre autres,
où se trouve à l'époque
le plus grand l'adversaire
de tout établissement
en Nouvelle-France.
Malheureusement pour Champlain,
il s'agit aussi du principal
ministre du roi, le duc de Sully.
Sully croit que les colonies
détournent l'attention
des affaires du royaume
et s'est donné comme mission
de monter le roi contre elles.
Le ministre s'oppose
à la Nouvelle-France
parce qu'il est convaincu
simplement que l'intérêt national
est ailleurs. À bien y penser,
n'a-t-il pas de très bonnes raisons
de se méfier des tentatives coloniales
au nord du 40e parallèle?
On présente une carte de la Nouvelle-France présentant quatre zones explorées : Hochelaga : 1535 Cap Rouge : 1542-1543 Ile de Sable : 1599-1602 Tadoussac : 1600-1601.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
En effet, jusqu'à maintenant,
toutes les tentatives
de colonisation française
ont échoué.
On revient dans le studio où MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit son récit avec des animations numériques.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
La dernière en date est celle
de Pierre de Chauvin en 1600,
alors que Champlain était
en Nouvelle-Espagne.
On se retrouve au Poste de traite Chauvin. Une section de la carte nous situe à Tadoussac.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
En échange du monopole
sur la traite des fourrures,
Chauvin établit
un poste de traite permanent
à l'embouchure du Saguenay,
où se rencontrent les voies
commerciales du Saguenay
et du St-Laurent.
On retourne sur le site du Poste de traite Chauvin en compagnie de FABIENNE LABBÉ, correspondante Québec.
[FABIENNE LABBÉ:]/
Avant la première tombée
des neiges, Chauvin rentre en France
avec un stock de fourrure,
et laisse derrière lui
16 colons pour hiverner.
Mais ils avaient sous-estimé l'hiver
et ils manquèrent de vivres.
Seulement 5 colons sur 16
survécurent en vivant de la charité
des Amérindiens.
Près du fleuve Saint-Laurent, sur une terrasse, CHRISTIAN MORISSONNEAU, historien et géographe, professeur associé explique.
CHRISTIAN MORISSONNEAU
Ça, c'était dur!
Et les Français vont le répéter,
lui va le dire, Cartier aussi,
qu'on pouvait pas se douter,
en arrivant en Nouvelle-France,
avec un été presque tropical,
avec une végétation aussi luxuriante,
qu'on aurait des hivers si durs.
Ça, ç'a été le grand frein
à notre expansion.
ÉRIC THIERRY, historien ajoute au propos.
ÉRIC THIERRY
Il avait pas prévu
suffisamment de vivres,
et très vite, il y a
des tensions qui sont apparues
parmi les membres de la colonie
pendant l'hiver 1600-1601.
Il y a eu des bagarres,
il y a eu des mutineries...
et la plupart des colons
sont morts, et les survivants
ont été recueillis
par les Indiens montagnais.
Une nouvelle carte apparaît pour situer la France, l'Espagne et l'océan Atlantique. Puis on grossit un secteur de la France pour nous situer à Honfleur où on retrouve VINCENT LECLERC.
VINCENT LECLERC
Lorsque Pierre de Chauvin
revient de Tadoussac,
il vit ici, dans cette maison
de Honfleur en Normandie.
C'est ici qu'il constate
l'impossibilité pour ses hommes
de survivre à l'hiver canadien
de manière autonome.
En 1602, 2 ans après l'établissement
de son poste de traite
à Tadoussac, et quelques mois
avant son décès, Pierre de Chauvin
lance la serviette et renonce
à son monopole sur la traite
des fourrures dans la vallée
du St-Laurent. La cour
d'Henry IV en profite
pour relancer 2 missions
commerciales dans un genre
de partenariat public-privé.
Les compagnies doivent financer
pour un tiers la fondation
d'une colonie permanente
en échange des privilèges de traite.
Champlain convainc la cour
d'être du voyage.
Le roi le mandate en tant
qu'observateur et lui commande
un rapport. Et c'est ici,
dans la maison de feu
Pierre de Chauvin, qu'il s'installe
pour organiser son départ.
Il se prépare avec zèle
et beaucoup de sérieux.
L'enjeu, inutile de le dire,
est immense.
VINCENT LECLERC et ÉRIC THIERRY discutent dans un café de Paris.
ÉRIC THIERRY
Le roi Henri IV
ne finance jamais
les expéditions coloniales
françaises en Amérique du Nord
parce que la France sort
des guerres de religion,
la France est exsangue,
les caisses du roi, après les
guerres de religion, sont vides,
donc le roi n'a pas d'argent
à dépenser pour les expéditions
coloniales.
VINCENT LECLERC
Qui finance?
ÉRIC THIERRY
Les colonisateurs doivent
se débrouiller eux-mêmes.
Et ils peuvent financer
la création de colonies
grâce au monopole
de la traite des fourrures,
monopole qui est accordé
par le roi.
On revient au studio numérique en compagnie de MARIE-LOUISE ARSENAULT.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
La traite de fourrures
en tant qu'entreprise
commerciale est très risquée,
mais plusieurs compagnies
sont prêtes à prendre le risque,
car les profits peuvent
être importants.
LAURENT TURCOT, professeur d'histoire complète l'information dans le studio numérique.
LAURENT TURCOT
À paris, au début du 17e siècle,
on ne porte plus les mêmes
chapeaux qu'avant: le castor
remplace les plumes,
et la demande européenne
en peaux de castor
de grande qualité est insatiable
et croît sans cesse.
Et les chapeliers européens pensent
que la meilleure fourrure provient
de la vallée du St-Laurent.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
La route des fourrures
qui relie la baie d'Hudson
à Tadoussac est connue
uniquement des Amérindiens.
En établissant une colonie
sur le territoire, il deviendra
possible de commercer avec eux
de façon permanente.
On revient à Honfleur, en France avec VINCENT LECLERC.
VINCENT LECLERC
Champlain prépare
minutieusement son voyage.
Les instructions du roi
et des compagnies sont claires:
il faut trouver et explorer des sites
pouvant accueillir une colonie
et permettant d'établir
des bonnes relations
avec les Amérindiens.
Pour l'exploration, Champlain
s'assure d'avoir à bord
de petites embarcations
pour reconnaître les lieux
et dresser ses cartes.
Et pour les Amérindiens,
il est content d'avoir
à ses côtés les 2 interprètes
Montagnais que Chauvin
a amenés avec lui,
et qui ont été reçus par les Français
pendant une année comme
des princes indiens.
Et pour la survie, il faut penser
à tout.
ÉRIC THIERRY
On a besoin surtout de vivres,
et on a besoin de vivres
pour pouvoir survivre à l'hiver,
et ça, c'est le gros problème.
Ils apportent aussi beaucoup
de vin parce que colons
ont besoin de beaucoup de vin,
ce sont des gros consommateurs.
VINCENT LECLERC
Est-ce qu'on pourrait voir ça,
nous, aujourd'hui,
comme aller
sur une autre planète,
ce type de préparation-là?
ÉRIC THIERRY
Ben, ça nécessite beaucoup
de préparatifs, oui.
VINCENT LECLERC
Et c'est ici, au vieux bassin
de Honfleur, en aval de la Seine
et à l'entrée de la Manche,
que Champlain va s'embarquer
pour la première fois
à destination de la Nouvelle-France.
Il repartira de ce port
à 8 reprises.
L'image se transforme et on recule dans le temps pour se trouver dans le même lieu mais il y a 400 ans.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Nous partîmes de Honfleur
le 15e jour de mars 1603.
SERGE BOUCHARD, anthropologue commente dans un studio.
SERGE BOUCHARD
Chaque traversée,
il mettait sa vie...
Parce que les bateaux, là,
d'abord, beaucoup coulaient,
c'était d'un inconfort...
Mais on n'a pas idée
de l'inconfort! Lui-même
va parler de traversée inhumaine.
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit son récit dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain est à bord de
La bonne renommée,
un solide navire de 27 mètres.
C'est la fin de l'hiver
et les marins se retrouvent
au beau milieu d'une tempête.
Le navire tangue tellement
qu'il est impossible d'allumer
un feu. Dans des conditions
aussi difficiles, on a besoin
d'un bon commandant.
LAURENT TURCOT
Dans ce cas-ci, le capitaine est
François Gravé, sieur du Pont,
tout un personnage!
Ses compagnons de navigation
l'appellent Pont-Gravé.
C'est un Breton qui aime
la compagnie, la bonne chère
et le calvados. Fort en gueule
et cordial, il sait se faire entendre
au milieu des bourrasques
hurlantes.
Texte informatif :
Navigateur – marchand
de 10 ans l'aîné de Champlain.
LAURENT TURCOT
Avec sa longue expérience
de navigation, il va devenir
le mentor de Champlain,
et lui enseigner les leçons
qui s'apprennent à la dure école
de l'Atlantique Nord.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Après une difficile traversée
de plus de 2 mois, Champlain arrive
à l'entrée de ce qu'il appelle
"la rivière du Canada".
Une vue du fleuve Saint-Laurent depuis la basse Côte-Nord illustre le propos.
CHAMPLAIN ([Narrateur)
Toutes ces terres sont
fort élevées et stériles.
Elles n'apporteraient
aucune commodité.
FABIENNE LABBÉ
Champlain a beau être sidéré
par la majesté de ce monde nouveau,
ça reste un endroit
où l'eau est glaciale
et la nature, peu hospitalière,
du moins à première vue.
Mais l'équipage pénètre néanmoins
dans l'embouchure du St-Laurent
et approfondit l'exploration.
Désormais, ils sont
surtout soucieux de savoir
quel genre d'accueil leur
réserveront les Amérindiens.
On retourne à Tadoussac où CHAMPLAIN rencontre les Amérindiens à leur campement.
Texte narratif :
Tadoussac, 1603
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
C'est un événement monstre
qui se déroule à Tadoussac
lorsque Champlain y arrive,
c'est la grande tabagie,
le happening du monde autochtone.
On retourne au studio numérique avec MARIE-LOUISE ARSENAULT. Pendant son récit, une carte apparaît pour illustrer le voyage fait par chacune des nations amérindiennes vers Tadoussac pour le grand rassemblement.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain compte pas moins
de 200 grands canots et estime
le nombre d'Amérindiens
à près d'un millier.
En plus des Montagnais de Tadoussac,
qui sont les hôtes des festivités,
les Betsiamites sont venus
du Bas-du-Fleuve, et les Attikameks
sont descendus de Québec.
Les Porc-épics, eux, viennent
de la vallée de Saguenay.
Plus étonnant encore,
des nations algonquines
ont fait le voyage depuis la rivière
des Outaouais, tout comme
les Etchemins, qui proviennent
de la rivière Penobscot
dans le Maine.
CHAMPLAIN rejoint les chefs des nations au grand feu de camp. SERGE BOUCHARD commente la coutume de la Tabagie. Puis on revient autour du feu.
SERGE BOUCHARD
La tabagie... oublions le mot "tabagie"
qui nous distrait un peu,
il s'agit d'une réunion
politique ou d'une fête.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Leur grand sagamo,
qui s'appelle Anadabijou,
nous reçut fort bien
selon la coutume du pays,
et nous fit asseoir auprès de lui.
GILBERT WHITEDUCK, chef Kitigan Zibi Anishinabeg raconte dans un studio.
CHEF GILBERT WHITEDUCK
C'était une rencontre importante,
c'était vraiment la première fois,
en fin de compte, que les Algonquins
voyaient quelqu'un qui arrivait
d'un autre pays, qui apportait
des valeurs différentes,
qui avait un habillement différent.
C'est une ouverture, pour les Algonquins,
de bien saisir l'arrivée de Champlain,
pis qu'est-ce qu'il vient
chercher dans notre pays.
MONTAGNAIS PORC-ÉPIQUE s'adresse à l'assemblée.
CHAMPLAIN (Narrateur)
L'un des sauvages que nous
avions amenés commença à faire
sa harangue de la bonne réception
que leur avait faite le roi,
et du bon traitement
qu'ils avaient reçu en France.
Il les assura que Sa dite majesté
leur voulait du bien
et désirait peupler leurs terres
et faire la paix avec leurs ennemis
iroquois. Il fut entendu
avec un silence si grand
qu'il ne se peut dire de plus.
JONATHAN LAINEY, historien huron-wendat et archiviste témoigne.
JONATHAN LAINEY
C'est vraiment un traité
d'alliance par lequel les Français
reçoivent le droit de s'installer
sur le territoire, et par lequel
les Amérindiens reçoivent
un allié de taille dans
leur combat contre leurs ennemis.
On retourne au campement de Tadoussac.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Le dit grand sagamo
l'ayant attentivement ouï,
il se mit à faire sa harangue
à tous, parlant posément.
Il dit qu'il était fort aise
que Sa Majesté peupla
leurs terres et fit la guerre
à leurs ennemis,
et qu'il n'y avait nation au monde
à qui il voulusse plus de bien
qu'aux Français.
Un nouveau commentaire SERGE BOUCHARD ajoute à la compréhension.
SERGE BOUCHARD
Quand il parle à Anadabijou,
Anadabijou lui dit:
"Écoute, si t'es mon ami...
"Si t'es mon ami,
mes ennemis sont tes ennemis,
"et je remarque que t'as
des armes à feu."
Ça, ça devient intéressant,
c'est un ami intéressant.
On retourne au campement de Tadoussac où CHAMPLAIN serre la main de ANADABIJOU.
CHEF WHITEDUCK explique le rituel.
CHEF GILBERT WHITEDUCK
On demande à l'esprit de nous guider
et puis d'être honnête, parce
qu'une fois qu'on a fini
de fumer le calumet, là,
c'était l'honnêteté.
On pouvait pas mentir
une fois qu'on avait envoyé
les prières au créateur.
Sur la rive du Saint-Laurent près de Tadoussac, FABIENNE LABBÉ poursuit le récit.
FABIENNE LABBÉ
C'est ici précisément que Champlain
va à la rencontre des Amérindiens
pour la première fois.
Il le fait dans ses conditions à lui,
sans armes, et cela porte fruit.
Les atrocités qu'il a vues en
Nouvelle-Espagne l'ont dégoûté
et il est déterminé à faire
les choses autrement.
C'est donc en tant qu'ami
qu'il est accueilli à Tadoussac,
en plein coeur d'un de
ces grands festins bien enfumés
que les Amérindiens appellent
"tabagies". Et cette amitié va servir
la Nouvelle-France
pendant de nombreuses années.
DAVID HACKETT FISCHER historien et auteur, apporte des précisions depuis son bureau rempli de livres.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
En Virginie, au tour premier jour,
les Amérindiens et les Anglais
s'affrontèrent. Même chose avec
les Hollandais, les Espagnols et
les Portugais.
L'unique et grande exception
fut en Nouvelle-France, celle
de Champlain.
SERGE BOUCHARD
La machine Champlain est
déjà en marche à partir de 1603,
et toute sa vie va tourner
autour de cette alliance
puisqu'il s'agit bel et bien
d'une alliance, ce sont des amis.
On longe les côtes de Tadoussac.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Champlain peut être content,
sa première rencontre avec
les Amérindiens est un succès.
Mais il n'est pas du genre
à s'asseoir sur ses lauriers,
et dès le lendemain de la tabagie,
il s'attelle à une autre tâche,
l'exploration du territoire.
Il commence par le Saguenay,
le premier des 2 grands axes
d'exploration qui s'offrent à lui.
FABIENNE LABBÉ poursuit son commentaire sur les hauteurs de Charlevoix.
FABIENNE LABBÉ
Il se rend vite compte
que cette contrée rocheuse là
est pas propice à y établir
une colonie, mais il s'intéresse
beaucoup à son potentiel
commercial, mais surtout
à la possibilité d'y découvrir
un passage vers l'Asie,
une idée qui en dit long sur
les découvertes encore à faire.
Mais les Montagnais, en guise
de protection de leurs privilèges
commerciaux, lui interdisent
d'aller plus loin. Toujours soucieux
de leurs intérêts, mais surtout
de garder de bonnes relations
avec eux, Champlain évite de
les mécontenter à ce sujet-là.
Les Montagnais comprennent
son intérêt pour le Saguenay
et acceptent de lui décrire
en termes généraux le pays
qui se trouve plus au nord.
Au bord de la rivière Saguenay, CHAMPLAIN discute avec des Montagnais au sujet des tracés de ses cartes.
CHAMPLAIN
Montagne.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Pendant toute sa carrière,
Champlain prend l'habitude
de beaucoup questionner
les Amérindiens qu'il rencontre,
une approche qui aujourd'hui
peut nous sembler bien évidente,
mais qui à l'époque était
carrément visionnaire, et c'est grâce
à cette ouverture d'esprit
qu'il parvient à se faire une
idée précise des territoires
qu'il ne peut pas aller voir
de ses propres yeux.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
On présente une carte du Québec
dessinée par Champlain.
Par la suite, avec Pont-Gravé
lui-même aux commandes,
ils s'engagent sur leur 2e axe
d'exploration, le fleuve St-Laurent.
Champlain sonde et cartographie
le fleuve avec une minutie
remarquable encore aujourd'hui.
Ce n'est pas le premier Européen
à étudier la vallée du St-Laurent,
mais Champlain est de loin
le plus systématique et le mieux
préparé d'entre eux.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Champlain était un cartographe
très doué. Il est difficile de
comprendre comment
il a pu dessiner des cartes
qui étaient même plus précises
que les instruments dont il disposait.
On croit qu'il y est parvenu
surtout parce qu'il était à l'écoute
des Amérindiens.
On se retrouve dans la région de Québec. FABIENNE LABBÉ se trouve sur l'autre rive face à Québec.
FABIENNE LABBÉ
Champlain veut évidemment
trouver un site pour un futur
établissement, mais il cherche aussi
à en apprendre le plus possible
sur le territoire qui s'étend
vers l'Ouest, toujours
à la recherche de la route
vers l'Asie. Le 22 juin 1603,
après avoir dépassé l'île d'Orléans,
il passe la nuit à un endroit
que les Amérindiens
appellent Québec,
un mot algonquin qui signifie
"là où le fleuve se rétrécit".
Avant d'en repartir, Champlain
note la présence d'une montagne
assez haute et de bonnes terres
à cultiver. C'est à cet endroit
qu'il fixera quelques années plus tard
le site de son établissement.
Sur une carte on trace le voyage de CHAMPLAIN entre Tadoussac et Montréal.
FABIENNE LABBÉ
Et au fur et à mesure
qu'il remonte le fleuve
jusqu'à l'emplacement actuel
de Montréal, ses doutes
commencent à se dissiper.
C'est ici que Champlain commence
à voir sa nouvelle France.
Dans les tourbières, sur les côtes du Saint-Laurent, des canards se baignent.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Plus nous allons en avant,
plus le pays est beau.
Ce sont toutes des terres basses,
sans rochers, ou que fort peu.
Les terres meilleures qu'en
aucun lieu je n'eusse vues,
avec quantité de bois
et fort peu de sapins.
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit son récit dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain a de quoi être fier.
Non seulement il a trouvé
un emplacement idéal
donnant accès à 2 grands
axes commerciaux, mais il a réussi
à créer des liens privilégiés
avec les Amérindiens.
Il veut à tout prix en faire
rapport au roi Henri IV.
Il retourne et France et publie
un livre intitulé : Des sauvages.
Dans ce livre, il décrit le
territoire et les Amérindiens.
Bien qu'il soit critique
à l'égard de leur spiritualité
et de leur usage de la torture,
il les dépeint comme étant
parfaitement égaux
aux Européens en intelligence
et en jugement.
On ne peut qu'être épaté
par la modernité de sa pensée.
Mais s'il tient les Amérindiens
en si haute estime, pourquoi
les appeler "sauvages"?
On se retrouve en plein cœur de Paris où VINCENT LECLERC explique.
VINCENT LECLERC
Le terme "sauvage" est dérivé
du latin « sylva », qui veut
dire "forêt". Au 17e siècle,
le terme avait préservé
ce sens et on s'en servait
pour désigner tout être vivant
dans la forêt. Fait intéressant,
Champlain l'utilisait
pour désigner les habitants
de l'Amérique du Nord,
plutôt que ceux
de la Nouvelle-Espagne,
qu'il appelait "Indiens".
Le mot "sauvage" n'avait donc
pas de connotation péjorative
ou raciste et désignait
tout simplement l'habitant
des bois. Huit semaines
seulement après le retour
de Champlain en France,
son livre : Des sauvages
est publié dans une librairie
à la mode, et 400 ans plus tard,
c'est un classique de l'histoire
de l'Amérique du Nord coloniale.
Mais malgré la bonne
réception du livre, l'avis
du jeune Champlain
sur l'importance de s'établir
dans la vallée du St-Laurent
ne pèse pas lourd dans la balance.
Pourquoi?
CHAMPLAIN et De Mons sont attablés dans une maison en bois.
.MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Le lieutenant-général de
la Nouvelle-France, Pierre de Chauvin,
est décédé en 1603,
avant le départ de Champlain
pour Tadoussac. Il est remplacé
par Pierre Dugua de Mons,
qui deviendra un proche
ami de Champlain.
De Mons déteste les hivers
de la vallée du St-Laurent.
Au poste de traite de Tadoussac, FABIENNE LABBÉ poursuit le récit.
FABIENNE LABBÉ
Tadoussac garde un précieux
souvenir du passage
du sieur de Mons
et de Pierre de Chauvin
lors de la désastreuse
expédition de 1600.
Et sans vouloir faire
de jeu de mots, de Mons a pris
l'hiver canadien en grippe!
Mais de Mons est aussi
un proche de Henri IV,
et Henri IV, non seulement
le nomme lieutenant-général
en Amérique septentrionale,
il lui octroie le monopole
commercial sur la traite
des fourrures en Nouvelle-France.
C'est donc de Mons, le patron,
tandis que Champlain
se voit encore une fois
relégué au rôle de simple
observateur. Et le patron
déteste les hivers canadiens,
il recherche plutôt
un endroit où la température
est plus clémente,
un endroit prometteur sur
le plan commercial, évidemment,
mais surtout un endroit
où il peut établir une colonie.
On retourne au studio où une animation numérique illustre la région d'origine de De MONS en France.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Tout comme Champlain,
de Mons est originaire
de la région de Saintonge
où les hivers, comparés
aux nôtres, sont d'une douceur
printanière. Il est donc attiré
par une région qui a la même
latitude que la Saintonge,
où les terres sont fertiles,
et qui porte un joli nom :
L'Acadie.
C'est donc le long des côtes
de la Nouvelle-Écosse
que se retrouve Champlain
un an seulement après
un premier voyage fructueux
dans la vallée du St-Laurent.
Champlain en est maintenant
à son 2e voyage et il doit
malheureusement mettre
en veilleuse son plan d'expansion
dans la vallée du St-Laurent.
Encore une fois, il se lance à
la recherche d'un établissement.
Et encore une fois, il s'applique
à tout cartographier.
De Mons et lui choisissent
de s'établir dans une toute
petite île, l'île Ste-Croix.
Pourquoi là spécifiquement?
VINCENT LECLERC rencontre MARC LAVOIE, professeur agrégé et archéologue, sur l'île Sainte-Croix.
VINCENT LECLERC
M. Lavoie, pourquoi
est-ce que les Français,
après avoir visité et exploré
le St-Laurent, décident de
s'installer le long de la côte
actuelle du Maine pis
en Acadie?
MARC LAVOIE
Bon, il y a 3 raisons,
premièrement il fait froid
Sur le St-Laurent, il faisait très froid,
et on recherchait un climat
qui était plus clément
pour s'installer ici, au Nouveau Monde.
On cherchait aussi une route
vers l'Asie, ça, c'est un rêve
de tous les Européens.
Et aussi, on est ici pour créer
un poste de traite pour
financer les voyages d'exploration.
Des images de la côte du Maine et de l'île Sainte-Croix illustrent le propos.
VINCENT LECLERC
(En lisant le texte de CHAMPLAIN)
"L'île est très attrayante.
"Nos amis sont arrivés en juin,
"et la nature autour des rives
est luxuriante. "La rivière regorge
de poissons et de mollusques,
"il y a des belles réserves
d'eau douce."
CHAMPLAIN (Narrateur)
L'île est couverte de peupliers,
de bouleaux, d'érables et de chênes.
Elle est naturellement bien située
et facile à fortifier.
On retourne au récit de MARIE-LOUISE ARSENAULT.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Les falaises de l'île constituent
une forteresse naturelle pour contrer
une éventuelle attaque.
De Mons donne l'ordre d'abattre
tous les arbres de l'île à l'exception
de ceux bordant la rive,
pour bâtir les maisons.
La plus belle maison est bien
sûr celle de De Mons lui-même,
avec des boiseries intérieures
et des briques importées de France.
Les autres doivent se contenter
de cabanes. On stocke les provisions
dans le magasin et les bateaux
repartent en France chercher
d'autres vivres. 79 colons,
dont Champlain et de Mons,
restent pour passer un hiver
qu'on prévoit des plus cléments.
Vous imaginez la suite.
On montre les affres de l'hiver sur l'île Sainte-Croix.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Dès le mois d'octobre,
une première averse de neige
vient briser leurs illusions.
En janvier, il y a un mètre de neige.
Sur la rivière, le mouvement de la marée
casse et charrie la glace.
Ça devient infranchissable
à pied ou en bateau, leur forteresse
est devenue leur prison.
Et le pire est à craindre.
Texte narratif :
Île Sainte-Croix, hiver 1604
Dans les abris du fort Sainte-Croix, les hommes de CHAMPLAIN sont malades. Puis on retrouve VINCENT LECLERC et MARC LAVOIE.
MARC LAVOIE
Ces gens-là vont passer un
hiver tout simplement horrible.
C'est ce qui arrive
à ces pauvres gens-là,
qui sont pris sur l'île
sous la neige, disons, et qui
peuvent pas s'approvisionner
ou aller prendre refuge ailleurs.
MICKAËL AUGERON, historien de l'Université de La Rochelle commente.
MICKAËL AUGERON
On n'est pas étonnés,
dans ce contexte-là,
que la maladie va surgir,
que la faim elle-même va surgir,
et que des corps affaiblis,
eh bien, vont finir par périr
les uns après les autres.
De nouveau on se retrouve sur l'île Sainte-Croix dans les maisons inadaptées pour le rude hiver.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Le scorbut décimera 68 colons
sur 79. La plupart périssent
dans d'atroces souffrances.
CHAMPLAIN et De MONS se réfugient près du feu.
DE MONS
La neige va prendre une
éternité à fondre avec ce feu.
CHAMPLAIN
Ce sont nos dernières bûches.
Bientôt, la neige, il faudrait
la manger.
DE MONS
Bientôt, il risque de ne plus
y avoir personne pour s'en plaindre.
Début générique de fermeture
Dans un encadré on diffuse des extraits du prochain épisode sur les commentaires des différents intervenants.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Lors du prochain épisode:
VINCENT LECLERC
Les Amérindiens, effrayés,
réagissent à leur façon.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Une seule année pour monter
une colonie qui marche à profit,
pouvez-vous imaginer?
SERGE BOUCHARD
On va s'organiser pour manger
comme du monde!
LAURENT TURCOT
À Port-Royal, grande première
pour les Français en Amérique,
il fait bon vivre
et on mange bien.
VINCENT LECLERC
Cette bouée indique
l'endroit exact où le bateau
de Champlain s'est échoué,
n'ayant pu détecter à temps
cette bande rocheuse à fleur d'eau.
Fin du générique d'ouverture