Le rêve de Champlain
Le rêve de Champlain is a six, thirty-minute episode docudrama about Samuel de Champlain's life, based on the epic novel by historian David Hackett-Fischer. Every episode combines documentary explorations and historical re-enactments.


Video transcript
Huron country 1614-1628
Seriously wounded in battle in the heart of Central Iroquoia, Champlain is forced to spend the entire winter in Huronia. He uses this as an opportunity to carefully study Huron customs and visit the many Algonquin nations. We return to France, where young Louis XIII, exasperated by his mother, retakes control of the kingdom and surrounds himself with the old advisors of his father, Henri IV. Champlain again takes up his position as lieutenant in New France. In the spring of 1620, Champlain takes his wife to Quebec and builds a small farm at Cap Tourmente.
Production year: 2015
video_transcript_title-en
Texte narratif :
Précédemment
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Précédemment,
dans Le rêve de Champlain...
Plusieurs extraits de l'épisode précédent sont présentés.
Début générique d'ouverture
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Dans la vision
de David Hackett Fischer,
nous vivons encore aujourd'hui
avec l'héritage de paix
et l'esprit de collaboration
de Champlain.
Voici le portrait renouvelé
et fascinant de l'homme.
Fin générique d'ouverture
Dans un studio numérique, MARIE-LOUISE ARSENAULT propose une introduction à l'épisode en cours. Des animations numériques et des tableaux peuvent apparaître pendant le récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Toujours à la poursuite
de son rêve, Samuel de Champlain
cherche l'endroit idéal
pour bâtir un Nouveau Monde,
un monde prospère où Amérindiens
et Européens pourraient vivre
dans un esprit de collaboration.
Durant cette série,
nous allons suivre ses aventures
d'une toute nouvelle façon.
La nomenclature des différents intervenants de la série est accompagnée de segments où on voit chacun d'eux dans l'environnement proposé.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
L'historien américain
David Hackett Fischer
a consacré une partie de sa
carrière à Samuel de Champlain.
Son ouvrage, Le rêve de Champlain,
nous fait découvrir
son extraordinaire épopée.
Son livre nous a
inspiré cette série.
Nous serons accompagnés par
3 correspondants sur le terrain.
Vincent Leclerc sera
en Europe et aux États-Unis,
Charles Bender, en Ontario,
et Fabienne L'Abbé, au Québec.
En studio, notre archiviste
précisera certains détails importants.
Nous utiliserons
une ligne du temps
pour nous situer dans l'époque
et nous permettre de faire des
allers-retours dans l'histoire.
Et plusieurs spécialistes
de renom nous aideront
À mieux comprendre
les différents enjeux.
Texte narratif :
Honfleur, France, septembre 1616
CHAMPLAIN et PONT-GRAVÉ marchent dans les rues de Honfleur. CHAMPLAIN lit un document pendant leur randonnée.
CHAMPLAIN
Le vice-roi de Nouvelle-France
est emprisonné à la bastille.
PONT-GRAVÉ
Condé? Pour quel motif?
CHAMPLAIN
Trahison, rébellion et lèse-majesté.
PONT-GRAVÉ
Hum... Alors,
il risque la mort!
CHAMPLAIN s'arrête.
PONT-GRAVÉ
Quoi, ce n'est pas tout?
CHAMPLAIN
Le remplaçant de Condé a
choisi un nouveau lieutenant
pour la Nouvelle-France.
PONT-GRAVÉ
Ah, c'est ridicule,
il n'y a que vous
qui soyez en position
d'occuper ce poste!
CHAMPLAIN
Bien, il faut croire que non.
Titre :
Le rêve de Champlain
Huronie 1614-1628
MARIE-LOUISE ARSENAULT commence le récit de cet épisode dans un studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Le rêve de Samuel de Champlain
prend forme.
La Nouvelle-France prend
de l'expansion vers l'ouest.
Champlain, lui, gravit les échelons.
Depuis 1612, il est lieutenant
de la Nouvelle-France.
Tout va pour le mieux
dans le meilleur des mondes,
mais pas pour longtemps.
Quatre ans plus tard,
il est congédié.
Du jour au lendemain, on lui
enlève sa Nouvelle-France.
La ligne du temps, recule pour revenir en 1614, année de la Fugue de Hélène de Champlain. [MARIE-LOUISE ARSENAULT
Entre temps, il a bien failli
perdre aussi son épouse.
Lorsque Champlain rentre en France,
sa femme Hélène doit venir
vivre avec lui comme l'exige
le contrat prénuptial.
Mais la jeune fille de 15 ans
se révolte et s'enfuit.
Elle demeure introuvable.
Ses parents sont furieux.
Ils la déshéritent, et ce mariage,
qui scellait l'union
entre Champlain et la haute
administration de la cour,
menace de s'écrouler.
Enfin, on ignore comment,
mais les parents d'Hélène
réussissent à la retrouver
et la retournent à son époux.
Le mariage reste fragile,
mais survit.
On retourne à Honfleur, au 21e siècle.
VINCENT LECLERC, correspondant en France poursuit le récit.
CHAMPLAIN
C'est dans cette chapelle d'Honfleur,
construite au début
du 17e siècle, que les marins
demandent protection à
Notre Dame de Grâce
avant chaque départ en mer.
Parmi eux, Samuel de Champlain,
grand catholique devant l'éternel.
En prévision d'un nouveau départ,
sa 15e traversée de l'Atlantique,
Champlain conduit à Honfleur
4 pères récollets pour veiller
à la vie spirituelle de ses marins,
mais aussi pour oeuvrer
à titre de missionnaires
auprès des Amérindiens.
Il croit que ces derniers,
qui adorent un grand manitou,
sont des âmes perdues,
sans espoir de rédemption
tant qu'on ne leur aura pas
enseigné la vraie foi,
la seule et unique selon
Champlain, la foi catholique.
De nouveau le fil du temps bouge pour indiquer l'année 1615, départ des missionnaires pour la Nouvelle-France.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Et c'est ainsi que les pères
récollets partent pour le Nouveau Monde.
Lorsqu'ils arrivent à Québec,
l'établissement ne compte
qu'une trentaine d'habitants.
Champlain leur demande de bâtir
une résidence et une chapelle.
DENIS VAUGEOIS, historien, contribue au récit dans une église de Québec.
DENIS VAUGEOIS
Champlain, à mon avis, il a
compris que les missionnaires,
récollets ou jésuites,
c'est des alliés potentiels.
Dans toute l'histoire
de la Nouvelle-France,
les missionnaires,
c'est des agents de l'État.
Il faut pas tromper,
ils font l'action missionnaire,
mais c'est des agents
de l'État aussi.
DIDIER POTON, président du Musée Rochelais d'histoire protestante, témoigne aussi dans une église de La Rochelle.
DIDIER POTON
Je sais pas s'il est devenu
catholique de coeur et d'âme.
Ce qui est certain,
c'est qu'il joue le jeu
des catholiques qui croient
dans l'établissement
d'une colonie catholique
et exclusivement catholique
en Amérique du Nord.
On retourne dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain part vers l'ouest
avec un détachement de soldats
et quelques pères récollets.
En arrivant près de Montréal,
il retrouve des Hurons
et des Algonquins
qui s'empressent
de lui demander son aide.
Sur la carte de la Nouvelle-France, on situe le territoire Iroquois entre Montréal et le Lac Ontario. [MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Leurs ennemis iroquois
sont devenus très actifs
à l'ouest de la vallée
du Saint-Laurent.
Il s'agit de nations venant
de territoires plus au sud.
Ces Iroquois montent intercepter
des convois de fourrure,
menaçant du coup la sécurité
des Hurons et des Algonquins
dans leur propre pays.
Champlain s'engage à les aider.
Les chefs lui promettent
de réunir 2500 guerriers,
tandis que Champlain revient à
Québec chercher plus de soldats.
On trace le parcours de CHAMPLAIN depuis Québec jusque qu'à Mattawa au nord de l'actuel Toronto en amont de la rivière Outaouais.
CHARLES BENDER, correspondant Ontario se trouve sur le site de la confrontation à Mattawa.
CHARLES BENDER
Champlain quitte Québec
le 4 juillet 1615 avec entre 10 et
13 arquebusiers français.
Il est en terrain connu
jusqu'au lac aux Allumettes
puisqu'il a déjà parcouru
la rivière des Outaouais
lors de ses voyages
de 1613 et 1614.
Le territoire qu'il découvre
ensuite est nouveau pour lui.
C'est ni plus ni moins
que l'actuel territoire
de l'Ontario.
Pour Champlain, la beauté
et l'intérêt d'un lieu
portent uniquement
sur sa capacité à accueillir
un établissement et ses habitants.
Mais il trouve un point
positif à la région.
Elle regorge de bleuets,
framboises et autres petits
fruits délicieux. Pour rejoindre
ses alliés Hurons,
Champlain doit faire route
vers l'ouest. Et c'est ici qu'il délaisse
la rivière des Outaouais
pour s'engager sur
la magnifique rivière Mattawa.
CHARLES BENDER pagaie sur la rivière Mattawa comme CHAMPLAIN l'a fait à l'époque.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Nous laissâmes cette rivière
qui vient du nord en un lieu
assez agréable à la vue.
CHARLES BENDER (Narrateur)
Champlain doit faire
plusieurs portages
pour contourner les nombreux
rapides de la Mattawa.
Sur la carte le tracé du parcours mène jusqu'au lac Nipissing. CHARLES BENDER fait lui aussi le voyage.
CHARLES BENDER
Il débouche enfin
sur le lac Nipissing
et rencontre les Amérindiens
qui y vivent, les Nipissingues.
Et Champlain trouve de bons mots
À dire sur leur territoire.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Il y a grand nombre d'îles
fort plaisantes et nombre
de belles prairies,
avec de très beaux bois
qui l'environnent où il y a
abondance de gibier.
La côte nord du lac
est fort agréable.
Il y a de belles prairies
pour la nourriture du bétail
et plusieurs petites rivières
qui se déchargent dans le lac.
CHARLES BENDER
(En faisant face à une rivière)
Champlain quitte le lac Nipissing
et descend cette rivière, qu'on
appelle la rivière des Français.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Ce pays est bien moins
agréable que le précédent.
Je n'ai point vu le long
de cette rivière 10 arpents
de terre labourable,
sinon rochers et montagnes.
Une illustration montre l'aspect des Cheveux relevés.
CHARLES BENDER
C'est dans cette région qu'il
rencontre pour la première fois
la nation des "cheveux relevés",
des Amérindiens aux narines
percées et aux coiffures plus
soignées que les courtisanes
françaises. Champlain se prend
d'affection pour eux
et apprécie grandement
leurs manières.
CHARLES BENDER est de retour dans son canot.
À l'embouchure de la rivière
des Français, Champlain arrive
au lac Huron ou plus précisément
dans l'actuelle baie Georgienne.
Il est émerveillé par l'étendue
du lac, qu'il appelle
"la mer douce". Champlain est
impressionné par la pêche
puisqu'il y capture une truite
d'un mètre et demi de long.
Il longe ensuite la rive
de la baie Georgienne
et atteint la Huronie 23 jours
après avoir quitté Montréal.
Sur la carte, on voit tout le parcours que Champlain a franchit pour se rendre en Huronie.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
En arrivant en Huronie,
les Français y sont aimablement
reçus. Ce séjour est marqué
de réjouissances, de festins
et de danses. Les Hurons
manifestent ainsi leur satisfaction
de voir Champlain si résolu de
les assister dans leur guerre.
Pendant une cérémonie en l'honneur des Français, en Huronie, les Hurons et Champlain tracent des cartes.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Champlain et ses alliés hurons
et algonquins préparent
la campagne militaire.
Le 1er septembre 1615,
il quitte avec un contingent
formé de ses arquebusiers
et de plus de 500 guerriers
amérindiens. On est loin
des 2500 guerriers promis,
mais Champlain décide tout de
même de se lancer à l'attaque.
On retourne à la carte pour illustrer le trajet des guerriers vers l'Iroquoisie.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Le trajet en canot dure 40 jours,
entrecoupé de plusieurs portages.
Arrivés au sud du lac Ontario,
ils cachent leurs embarcations
et entreprennent la dernière
étape de ce périple à pied.
Le point d'arrivée, se trouve à Fort Onontagué (Syracuse, NY), sur le territoire des Onontagués.
VINCENT LECLERC, correspondant États-Unis, s'adresse au public de l'émission dans un stationnement de mail commercial.
VINCENT LECLERC
C'est ici, à l'emplacement
de ce centre d'achat de Syracuse
dans l'État de New York,
que Champlain mène
son expédition punitive
contre un fort iroquois
en octobre 1615.
Si le lieu n'est plus très
inspirant aujourd'hui, on peut
quand même apprécier
la position privilégiée
que le fort tenait
sur le bord du lac Onondaga.
On retourne dans le passé avec CHAMPLAIN et les hurons à Syracuse, NY, en octobre 2015.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Champlain compte utiliser
la même tactique que lors
de ses 2 premiers affrontements,
c'est-À-dire attendre que
les Iroquois sortent du fort
avant de révéler la présence des
Français et de leurs arquebuses.
Mais l'indiscipline d'un petit
groupe de ses alliés met
toute la troupe en danger
et l'oblige à agir,
ce qui gâche complètement
son effet de surprise.
CHAMPLAIN
Attendez!
VINCENT LECLERC
Champlain est furieux,
mais il se met aussitôt
à étudier le fort iroquois
pour établir une nouvelle stratégie.
VINCENT LECLERC marche le bord du lac Onondaga.
VINCENT LECLERC
S'inspirant de l'art
du siège à l'européenne,
il fait construire un cavalier,
c'est-à-dire une plate-forme
plus haute que les remparts
du fort, sur laquelle on positionne
des arquebusiers.
Un croquis dessiné par CHAMPLAIN montre le plan d'attaque du fort Onontagué, en 1615. Ensuite on retourne en compagnie de VINCENT LECLERC sur un pont qui donne sur le lac.
VINCENT LECLERC
C'est donc depuis un cavalier
situé à 5 mètres de la palissade
que les arquebusiers ouvrent le feu.
Et ils font des ravages.
Pendant près de 3 heures,
ils criblent le fort de balles
et infligent de lourdes pertes
à l'ennemi. Jusqu'ici, tout va bien.
Champlain peut se concentrer
sur son 2e objectif, incendier le fort.
C'est là que ça se complique.
Les vents, le manque de bois
d'allumage et les réserves d'eau
des Onontagués font en sorte
que cette manoeuvre échoue.
Et pire, il crée le désordre
parmi les troupes de Champlain
et permet aux Iroquois
de revenir en force.
De retour sur le champ de bataille avec CHAMPLAIN, les cris des Iroquois montrent qu'ils sont toujours vivants.
CHAMPLAIN reçoit quelques flèches et finit par s'écrouler.
CHAMPLAIN
À moi!
Viens m'aider!
CHAMPLAIN prend une flèche dans une jambe.
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit le récit dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
En plus d'être blessé lors
de la bataille, Champlain juge
l'ensemble de la mission comme
un échec. Il n'a pas pu s'emparer
du fort iroquois et a dû abandonner
ses objectifs.
L'historien et sociologue, Denys Delâge donne son point de vue.
DENYS DELAGE
Champlain le voit
comme un échec
parce qu'il n'a pas réussi
à prendre le village ennemi
et qu'il ne s'est pas fait
obéir par ses guerriers.
Au tour de l'historien et auteur, DAVID HACKETT FISCHER de donner des détails.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Les Amérindiens pensaient en
termes d'expéditions punitives,
et non de victoire absolue,
comme le concevaient Champlain
et les Européens.
JONATHAN LAINEY, historien huron-wendat et archiviste donne aussi sa version.
JONATHAN LAINEY
On ne parle pas de guerre
de Conquête, on ne parle pas
de guerre dans le but
de détruire l'adversaire,
de l'anéantir, de tout brûler
pour le faire disparaître.
Ça n'a jamais été ça.
Les guerres amérindiennes,
ça vise à montrer
à quel point on est brave.
C'est aller attaquer l'ennemi,
c'est aller jusque dans le camp
de l'ennemi pour aller lui
soutirer quelque chose,
pour faire un prisonnier.
Les victimes de fort Onontagué sont restées sur le terrain.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Champlain se retrouve
immobilisé par ses blessures.
Ses alliés amérindiens
prennent les choses en main
et organisent leur retraite
avec une grande habileté.
Les Iroquois les poursuivent,
avides de prisonniers,
mais ils rentrent chez eux
les mains vides.
Les Hurons pagaient vers leur territoire.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Champlain est vivement
impressionné par la conduite
de la retraite, où s'exprime
une discipline remarquable.
MARIE-LOUISE ARSENAULT, toujours dans le studio numérique poursuit le récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Après la bataille, on peut constater
que les raids iroquois au nord
se font beaucoup moins nombreux.
Et pendant 20 ans, les Iroquois
évitent tout affrontement
avec les Français.
La campagne de Champlain
contre les Onontagués
est un exemple réussi
d'une bataille ayant pour
objectif d'instaurer
la paix et la stabilité.
CHAMPLAIN est blessé et se laisse porter par les flots des rivières et des lacs en Huronie.
L'anthropologue, SERGE BOUCHARD poursuit le récit.
SERGE BOUCHARD
Il devait être là juste
un été, mais là, il est blessé.
Il est humilié en plus.
Tu sais, il va écrire,
"J'étais comme un petit bébé
transporté par les Indiens."
Pis, ah, il est écoeuré de ça!
Le fil du temps nous situe en 1616 où CHAMPLAIN hiverne en Huronie.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain doit donc passer
l'hiver en Huronie.
Il s'agit d'un territoire
situé entre la baie Georgienne
et le lac Simcoe en Ontario,
qui regroupe un nombre important
de villages hurons.
On situe la zone sur la carte.
CHARLES BENDER
Des fouilles archéologiques
ont été effectuées
non loin d'ici, près de
la ville d'Orillia en Ontario.
CHARLES BENDER se trouve sur un site huron.
CHARLES BENDER
Ce pourrait être le site
du village de Cahiagué,
chef-lieu de la Huronie.
Champlain aurait passé beaucoup
de temps dans ce village
à étudier la façon de vivre
des Hurons. Avec la guérison
de ses blessures, le commandant
de la Nouvelle-France
peut commencer
à explorer la Huronie
à sa guise. La taille et les
fortifications des villages
l'impressionnent.
Une illustration montre, la structure des villages hurons.
CHARLES BENDER (Narrateur)
Cahiagué, par exemple,
comportait 300 maisons longues
et 3000 habitants, le tout protégé
par une palissade imposante
avec 7 rangées de pieux,
ce qui donne une bonne idée
de la rudesse des combats
entre Hurons et Iroquois.
De nouveaux croquis de Champlain montrent le battage du grain, et les tenues huronnes.
CHARLES BENDER
Les Hurons sont
d'excellents cultivateurs,
et leurs villages,
semblables à cette reconstitution
du musée Huronia en Ontario,
sont entourés de vastes
champs de maïs pouvant
atteindre jusqu'à 10 hectares.
L'importance de leur
production agricole leur permet
de vendre leurs surplus
à d'autres nations autochtones.
Champlain prend activement part
à la vie des Hurons
et participe à de grandes
chasses au gros gibier
qui consistent à rabattre
des troupeaux de cerfs
vers des enclos où ils sont
emprisonnés. Champlain
est impressionné
par l'habileté des chasseurs
et par leur grande maîtrise
du travail collectif.
Un autre croquis montre les activités de chasse des Hurons.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Je vous assure qu'il y a
un singulier plaisir en cette
chasse. En 38 jours que nous
y fûmes, nous prîmes 26 cerfs.
On assiste au quotidien d'un village Huron.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Champlain aune bonne impression des Hurons.
Il admire leur technique
agricole et leur habileté
pour la chasse et la pêche.
Il estime qu'ils sont
égaux aux Européens
du point de vue de l'intelligence,
et supérieurs en force physique,
en courage et en endurance.
Au musée canadien de l'Histoire, on rencontre le conservateur et historien, JEAN-FRANÇOIS LOZIER.
JEAN-FRANÇOIS LOZIER
Je dirais que c'est un moment
très important dans l'histoire
de l'Ontario parce que Champlain
est pas le premier Français
à y mettre le pied,
il est pas le premier
être humain à y mettre le pied.
Des populations autochtones
habitent sur ce territoire,
l'occupent depuis
des temps immémoriaux
au moment où Champlain
s'y aventure. Cela dit,
c'est grâce aux descriptions
de Champlain que le monde
occidental, que la France,
mais par extension, l'Europe,
apprend à connaître
ce territoire. Ça représente
tout de même une fraction
du territoire qui deviendra
ontarien, donc Champlain
ouvre la voie à d'autres qui,
comme lui, décriront
le territoire.
CHARLES BENDER
Une nuit, Champlain
sort se promener pour
se libérer des puces
qui l'empêchent de dormir.
Il n'est pas le seul à faire
une telle balade nocturne.
Plusieurs jeunes Hurons sont
déjà dans le village.
Seulement, eux sont en quête
d'une compagne pour la nuit.
CHAMPLAIN se lève pendant la nuit. Une jeune femme l'arrête.
JEUNE HURONNE
(Propos en wendat)
La jeune huronne attire CHAMPLAIN vers elle, mais il s'y refuse et s'éloigne.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Le passage de Champlain
en Huronie est majeur
dans l'histoire puisque sa visite
formalise une alliance
avec les Hurons.
Plusieurs illustrations montrent la vie dans le village huron et le lien qu'ils ont avec les Français.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Cette entente jette les bases
et solidifie les fondations
de la Nouvelle-France
pour les 40 prochaines années.
On retourne au studio numérique avec MARIE-LOUISE ARSENAULT.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain repart donc de Huronie
après un hiver complet
de cohabitation. Cette expérience
le conforte une fois de plus
dans son grand dessein
pour la Nouvelle-France:
faire un pays où Français
et Amérindiens pourraient
exister côte à côte
en préservant ce qu'il y a
de mieux dans chaque culture.
Mais à l'été 1616, il est grand temps
pour lui de rentrer en France.
On retourne à Honfleur, en compagnie de PONT-GRAVÉ et CHAMPLAIN, en septembre 1616.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
En arrivant ici même, à Honfleur
Champlain est accueilli par
plusieurs mauvaises nouvelles.
Un portrait du prince de Condé apparaît.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Le vice-roi
de la Nouvelle-France
et protecteur de Champlain,
le prince de Condé,
a été arrêté et emprisonné
sous l'ordre de la reine
pour trahison, rébellion
et lèse-majesté.
VINCENT LECLERC se trouve à Honfleur en tant que correspondant Europe.
VINCENT LECLERC
Quoi qu'il en soit, Champlain
se retrouve le bec à l'eau
et il veut comprendre ce qui est
arrivé pendant son absence.
On se retrouve dans les rues de Paris, près des bâtiments occupés par la reine Marie de Médicis.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narrateur)
En 1615, alors qu'il est en Huronie
Marie de Médicis, d'origine
florentine, est devenue très
impopulaire. De nombreux Français
n'apprécient pas les courtisans
italiens qui l'entourent
et dont la corruption est
devenue un scandale public.
ÉRIC THIERRY commente sur une place de Paris.
ÉRIC THIERRY
Et il y a beaucoup
de membres de la grande noblesse
qui vont se révolter
contre elle.
Et ces révoltes vont être
dirigées par le prince de Condé,
qui est un membre de la famille
royale.
En marchant dans Paris, VINCENT LECLERC poursuit son récit.
VINCENT LECLERC
À l'été 1616, lors d'un conseil
du roi, le prince de Condé
est accueilli par une foule
en liesse qui veut lui manifester
son allégeance au détriment
de la reine. Même les nobles
quittent le Louvre et accourent ici
à son hôtel particulier.
Devant ce désaveu général,
Marie de Médicis cède
à la panique. Elle bannit
de la cour les ministres
les plus respectés d'Henri IV
et elle ordonne l'arrestation
du prince de Condé.
On retourne avec MARIE-LOUISE ARSENAULT dans le studio numérique. Plusieurs portraits de LOUIS XIII et d'autres nobles de l'époque défilent.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Mais Samuel de Champlain
ne perd pas espoir. Et il a raison,
parce qu'un nouveau personnage
entre en scène et va tout changer:
le roi. Louis XIII est en âge
de prendre le trône
et il ne s'en prive pas.
Il déteste l'entourage de sa mère.
Il organise un coup de force
avec l'appui
des sympathisants de son père.
Il envoie alors Marie de Médicis
à l'exil, il l'isole dans
un château de la Loire.
Et bien qu'on ne sache
pas comment, Champlain
redevient lieutenant
de la Nouvelle-France.
Mais la situation financière
de la colonie l'inquiète,
et malheureusement,
il n'a plus accès au roi
comme à l'époque d'Henri IV.
Il passe alors beaucoup de temps à la cour
et doit travailler
d'arrache-pied pour
garder l'Amérique dans
les pensées du jeune Louis.
VINCENT LECLERC est de retour au château du Louvres.
VINCENT LECLERC
Les ballets de cour sont très
à la mode au début du 17e siècle.
Les spectacles sont flamboyants,
à l'image du roi et de sa cour.
Louis XIII en est un grand
amateur, et il y participe
activement comme compositeur,
concepteur et même danseur.
On illustre le propos à l'aide de quelques portraits et dessins de l'époque.
VINCENT LECLERC
Et curieux hasard, tandis que
Champlain se trouve à la cour,
les personnages des Indiens
que l'on voit danser dans les ballets
ressemblent de plus en plus
à des Amérindiens
de la Nouvelle-France.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Alors que la cour de Louis XIII
se plaît à regarder les ballets,
Champlain, lui, cherche un appui
à son projet. Il rédige alors
une lettre au roi, dans laquelle
il propose de manière fort poétique
de lui bâtir un vaste empire
dont le centre serait Québec.
Louis XIII ne reste pas de glace
devant ce plaidoyer
et lui délègue son autorité
en Nouvelle-France
par une lettre d'appui.
Tout semble alors sourire
à Champlain. Après quelques
allers-retours au Canada,
il gravit encore les échelons
et devient capitaine
dans la marine du roi,
lieutenant du vice-roi
de Nouvelle-France
et commandant à Québec.
Le fil du temps marque la lettre à LOUIS XIII en 1618 et l'arrivée de CHAMPLAIN et son épouse à Québec en 1920.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Même son union avec Hélène
a repris du mieux.
CHAMPLAIN et HÉLÈNE marchent dans le fort de Québec.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Hélène, qui a maintenant 22 ans,
souhaite accompagner son mari
en Nouvelle-France
pour la première fois.
Inutile de dire que c'est
un dépaysement total
pour cette jeune femme
originaire d'une riche famille
parisienne.
Une illustration montre HÉLÈNE BOULLÉ CHAMPLAIN faisant la classe à de jeunes Amérindiens.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Hélène est d'une grande
curiosité intellectuelle,
et les Amérindiens la fascinent.
Elle étudie même les langues
algonquiennes suffisamment
pour faire la classe aux enfants.
Rapidement, les Amérindiennes
recherchent sa compagnie.
On retrouve FABIENNE LABBÉ dans les rues de Québec.
FABIENNE LABBÉ
Hélène les soigne, les réconforte
et leur parle de sa foi chrétienne.
On voit HÉLÈNE montrant son miroir aux Amérindiennes.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
En fait, il y a une très jolie
histoire à son sujet
qui a été transmise par
les ursulines.
La mode du temps voulait
que les gens d'une certaine
qualité portent sur eux
un petit miroir de toilette.
Les Amérindiennes étaient
fascinées par le miroir
que portait Hélène au bout
d'une chaîne autour de son cou.
Les Amérindiennes se regardaient
dedans constamment.
Puis, un jour, il y en a une
qui lui a demandé:
"Comment se fait-il
"qu'on puisse se voir
si proche de ta poitrine?"
Et Hélène lui a répondu:
"Parce que vous êtes
si près de mon coeur."
Dans les rues du vieux Québec, FABIENNE LABBÉ poursuit son récit.
FABIENNE LABBÉ
C'est ici même à Québec
que Champlain lance
son projet le plus ambitieux.
Fatigué à chaque année de faire
réparer l'habitation de bois
qui résiste mal à l'hiver,
il décide d'en édifier
une nouvelle plus solide
faite de pierre.
Une maquette permet de voir le Québec d'autrefois.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Champlain lui-même
va superviser les travaux
pendant tout l'été 1624.
Il fait construire la 2e habitation
au même endroit que la première.
Il érige une muraille
et entoure le tout
de fossés et de ponts-levis.
Cette écritoire faite de plomb
et de fer blanc a été retrouvée
sur le site de la 2e habitation.
On observe les maquettes et objets de la Nouvelle-France.
FABIENNE LABBÉ
C'était peut-être celle
que Champlain utilisait.
Si c'était le cas, cet objet
aurait été témoin
des longues heures d'écriture
de cet auteur prolifique.
Mais pour assurer la sécurité
de la jeune colonie,
Champlain insiste également
sur la nécessité de faire
construire un fort capable d'abriter
tous les habitants de Québec -
on parle d'environ une
cinquantaine de personnes
À l'époque -, mais dont la position
sur le fleuve serait parfaite.
Les navires anglais
qui rôdent à l'embouchure
du Saint-Laurent
l'inquiètent particulièrement.
Même si ça fait pas
l'affaire des investisseurs,
qui voient cela comme
une lourde dépense
bien éloignée de leurs visées
commerciales,
le fort Saint-Louis
commence à prendre forme.
ÉRIC THIERRY
La colonie s'est développée,
les récollets sont présents à Québec,
puis aussi une famille qui est
installée en haut de la falaise.
C'est la famille Hébert,
la famille de Louis Hébert.
Hein, alors Louis Hébert est
sa première famille de colons
en quelque sorte, la famille qui
a fait souche au Québec, hein!
Un dessin illustre un colon cultivant la terre.
JEAN PROVENCHER, historien et communicateur parle de LOUIS HÉBERT.
JEAN PROVENCHER
Le bonhomme arrive
en haut en 1617 avec son épouse
et ses 3 enfants. Et là, ben sûr,
on se construit. Ils vont être
les premiers à occuper le haut, hein,
le haut de la falaise à Québec.
Hein, Champlain, c'est 3 ans après.
Ça fait que là, il s'installe en haut,
puis il se part un jardin, un potager,
de nombreuses herbes,
du persil, du pourpier.
Champlain, en 1618, il écrit,
il énumère tout ce que l'autre
a réussi...
FABIENNE LABBÉ
À faire pousser.
JEAN PROVENCHER
.. à faire pousser.
De la laitue, c'est... 56 affaires.
Il y a 3 ou 4 lignes, tu sais,
dans son énumération
de produits, là. Pis il dit:
"Cet homme-là est
plein de talents manifestement."
On retourne dans le studio numérique en compagnie de LAURENT TURCOT, professeur d'histoire.
LAURENT TURCOT
En 1617, il n'y a qu'entre
50 et 60 Français à Québec.
C'est très peu, surtout qu'il
s'agit de marchands et de marins
venus profiter du poste de traite
sans pourtant vouloir s'y établir.
La première famille
qui choisit de s'installer
est celle de Louis Hébert,
un apothicaire de Paris ayant
déjà séjourné à Port-Royal.
Texte informatif :
Né vers 1575 à Paris, mort
le 25 janvier 1627 à Québec.
Marie Rollet âgée de 37 ans.
En 1617, Champlain le convainc
de déménager à Québec
avec sa femme, Marie Rollet,
et leurs 3 enfants.
Texte informatif
(Âgés de 14, 9 et 3 ans)
LAURENT TURCOT
Champlain dit de lui
qu'il est le premier chef
de famille résidant au pays
qui vivait de ce qu'il cultivait.
Louis Hébert est donc
un véritable pionnier.
Texte narratif :
Cap Tourmente
FABIENNE LABBÉ
Une autre grande préoccupation
de Champlain à cette époque-là,
c'est l'agriculture.
Il veut voir sa colonie subvenir
elle-même à ses propres besoins
sans avoir à dépendre
du ravitaillement français.
Il décide donc d'élargir
le domaine agricole de Québec.
L'île d'Orléans est remplie
de promesses, mais Champlain
n'a pas assez de fermiers,
et il ne peut pas se permettre
de coloniser l'île.
Sur la carte on situe le Cap Tourmente et l'île d'Orléans et on date la construction de la ferme en 1624.
FABIENNE LABBÉ
Il jette donc son dévolu
ici au Cap-Tourmente.
En fait, c'est sur ce lieu
où je me trouve actuellement
que les archéologues
ont dégagé les ruines
de la petite ferme qui s'est fait
construire. C'est l'endroit parfait
pour élever du bétail
parce que les prairies ont pas
besoin d'être défrichées,
la terre est très fertile,
et on y trouve, délicieux bonus,
des oies sauvages en abondance.
Des illustrations montre l'aspect présumé de la ferme à l'époque.
FABIENNE LABBÉ
Bref, la ferme du Cap-Tourmente
se met à prospérer.
Champlain est à son affaire.
Les bases qu'il installe
en vue de l'établissement à long
terme à Québec sont solides,
mais la colonie, elle,
reste très fragile. Elle ne compte
que 50 habitants, ses réserves
de vivres sont très limitées
et elle ne possède pas
beaucoup de munitions.
Une vulnérabilité
qui se révélera très dangereuse.
Québec, Juillet 1628, CHAMPLAIN travaille dans sa maison.
PONT-GRAVÉ
Samuel! Les Anglais viennent
d'attaquer le Cap-Tourmente.
CHAMPLAIN
Quoi?
PONT-GRAVÉ
Ils ont brûlé la ferme,
capturé les habitants.
Le pauvre Foucher s'en est sauvé,
mais il est gravement blessé.
CHAMPLAIN
Les navires vus à Tadoussac
étaient donc Anglais et non
Français! On se croyait ravitaillés,
et on risque d'être attaqués!
PONT-GRAVÉ
Je vois mal comment
on pourrait se défendre!
Nos réserves sont vides, même
les munitions nous manquent!
CHAMPLAIN
Il est hors de question
d'abandonner Québec!
Début générique de fermeture
Dans un encadré on diffuse des extraits du prochain épisode sur les commentaires des différents intervenants.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Lors du prochain épisode...
Depuis 3 ans, la France
et l'Angleterre sont en guerre.
FABIENNE LABBÉ
Mais les Britanniques
viennent de demander
À Champlain
de leur rendre Québec.
ÉRIC THIERRY
L'hiver a été très dur et
la colonie a failli mourir de faim.
FABIENNE LABBÉ
Il ne reste des provisions
sèches que pour un mois,
et Champlain est
profondément inquiet.
Fin générique de fermeture