

The Little Mosque
The Little Mosque
Video transcript
Welcome to Mercy
When the mayor takes a few days off, Sarah takes over for her, which makes Yasir the First Lady of Mercy! Meanwhile, the Welcome to Mercy sign is destroyed in a tractor accident, setting off a crisis with some unusual consequences. Sarah replaces the sign with one featuring Arabic, Chinese, and Ukrainian. But English is conspicuously missing. And as Reverend Magee discovers a talent for sign painting, Amaar has no choice but to feign appreciation.
Production year: 2007
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À la mairie, ANN, la mairesse donne des directives à SARAH, sa secrétaire.
ANN
N'oubliez pas
d'arroser ma plante.
SARAH
Promis. Je l'arroserai
tous les jours.
ANN
Mais ne la noyez pas.
J'ai pas envie de
la retrouver toute molle.
SARAH
Ne vous inquiétez pas.
Tout se passera bien.
Vous avez mérité de partir
et de profiter de vos vacances.
ANN
(Riant)
Mes vacances? Je n'en suis
malheureusement pas là.
C'est un voyage de recherche.
SARAH
Dans un hôtel cinq étoiles
des Caraïbes.
ANN
Je ne suis jamais allée
dans ce cinq étoiles.
Je vais l'étudier
pour mes prochaines vacances.
Ça me fait un drôle d'effet
de partir sans laisser personne
aux commandes.
SARAH
Mais je suis là.
ANN
Je me demande si mon neveu
ne serait pas libre.
Il n'a que 14 ans,
mais il est très malin.
SARAH
Allez, je peux quand même
être maire par intérim.
ANN
Si maire par intérim signifie
la personne qui dit aux gens
que le maire va
les rappeler, alors oui.
SARAH
Oui! Je vais être
maire par intérim.
Je promets de faire
mon travail très sérieusement.
ANN
Ça en fera une sur deux.
Ciao!
ANN sort du bureau et aussitôt SARAH s'assoit sur le siège du maire.
Titre :
La petite mosquée dans la prairie
Bienvenue à Mercy
FRED TUPPER, l'animateur de radio admire un tracteur avec JOE.
FRED
Superbe engin.
JOE
Oui. Je l'ai
complètement retapé.
Nouvelles vitesses,
turbo, amortisseurs, pompe.
FRED
C'est une merveille.
Dommage que ce soit
seulement un tracteur.
JOE
Montre-moi un autre tracteur
capable de monter de 0 à 20
en 3,2 secondes.
FRED
Oui, bien sûr. Prouve-le.
JOE
C'est parti.
JOE monte sur son tracteur. Un peu plus tard, JOE et FRED sont sur le bord de la route. Le tracteur a enfoncé le panneau «Bienvenue à Mercy», à l'entrée de la ville.
JOE
Je te l'avais dit, hein?
FRED
Oui. Dommage
qu'il puisse pas redescendre
de 0 à 20 en moins d'une minute.
JOE
C'est facile de dire ça.
Maintenant, c'est vrai
que j'aurais dû améliorer
les freins aussi.
FRED
Si t'avais regardé
devant toi, ça aurait suffi.
Une moitié du panneau tombe par terre.
JOE
Il y a pas de mal.
À la mosquée de Mercy, AMAAR, l'imam se dirige vers YASIR qui entre à la mosquée.
AMAAR
Frère Yasir, il faut
que j'installe des étagères.
Je peux utiliser votre perceuse?
YASIR
Oui.
AMAAR
C'est gentil. Je sais
que ça peut vous déranger
que j'utilise vos outils.
YASIR
Pas du tout.
AMAAR
Pourtant,
en tant qu'entrepreneur,
votre perceuse
est toute votre vie.
Vous ne devriez pas
me la prêter,
vous devriez faire
le travail pour moi.
YASIR
Vous ne savez pas
vous servir d'une perceuse?
Mais il y a pas plus simple.
Choisissez votre mèche,
déverrouillez l'embout,
bloquez la mèche, visez le
repère, vérifiez la longueur,
et c'est parti.
AMAAR
Je bloque le truc?
YASIR
Je vais le faire.
Je prends la perceuse.
AMAAR
Merci.
YASIR
Je vais aussi
utiliser un crayon.
Vous voulez que je vous montre
comment ça marche?
AMAAR
Je sais comment ça marche.
À condition de pas le tailler, hein?
AMAAR va ensuite voir le RÉVÉREND MCGEE qui s'apprête à fixer un tableau sur un mur.
AMAAR
Révérend.
RÉVÉREND MCGEE
Hé.
AMAAR
Vous égayez un peu les lieux?
RÉVÉREND MCGEE
Oh, l'art est toujours
bon pour l'âme.
AMAAR
Je sais pas si j'appellerais
ça de l'art. Mais c'est tout
ce que vous pouvez acheter
avec le budget de l'église.
RÉVÉREND MCGEE
C'est moi qui l'ai peint.
AMAAR
Oh...
C'est vous qui...
RÉVÉREND MCGEE
Je le savais. C'est horrible.
Mme Bernier avait raison.
AMAAR
Qui est-ce?
RÉVÉREND MCGEE
C'est ma prof de dessin.
Troisième, seconde et première.
Elle disait toujours: «Duncan,
tu es le plus mauvais élève
que j'ai pu avoir.
Tu n'as aucun talent.»
AMAAR
Mais quand on y regarde
de plus près,
euh, les couleurs,
le jaune, c'est pour le blé,
le bleu pour le ciel.
La citrouille est orange.
RÉVÉREND MCGEE
C'est une maison.
AMAAR
La maison couleur
orange citrouille.
RÉVÉREND MCGEE
Oui, je le savais.
Mme Bernier avait raison.
Je suis un raté.
AMAAR
Mais le cadre est joli.
Au café de FATIMA, SARAH discute avec FATIMA.
SARAH
J'arrive pas à croire
qu'un idiot ait pu
percuter le panneau
de Bienvenue à Mercy.
FATIMA
Il va bien, le chauffeur?
SARAH
Il a pas attendu qu'on arrive,
donc je suppose
qu'il va bien, oui.
C'est la crise la plus grave
de mon administration.
BABER, assis au comptoir, se mêle de la conversation.
BABER
Administration? Le maire
est absent pendant dix jours.
Ça n'a rien à voir
avec une administration.
SARAH
Mais ça suffit pour que
notre malheureux panneau tombe.
BABER
La coupable,
c'est ton administration.
FATIMA
Je n'ai jamais aimé
ce panneau de toute manière.
Il était «inaccueillant».
SARAH
On aurait besoin de quelque
chose d'original et d'unique.
BABER
Buckfield honore sa ville
jumelle en Grèce
en mettant un panneau
dans les deux langues.
SARAH
Oh! On va suivre cette idée.
FATIMA
On a une ville jumelle?
SARAH
Oui, en Chine.
Ça entretient de bonnes
relations entre nos cultures.
BABER
C'est quoi, son nom?
SARAH
Il faudrait que j'aille voir.
Mais on devrait écrire
en chinois sur le panneau.
BABER
Si on doit avoir
du chinois sur le panneau,
je veux qu'il y ait
de l'arabe.
C'est la langue de l'islam.
SARAH
Bien sûr, plus
on est de fous.
(Notant dans son carnet)
Arabe.
SARAH et YASIR sont assis à une table de salle de congrès. À l'entrée de la salle, une affiche indique: Rencontrez le maire.
YASIR
Les types de la Chambre de
commerce sont de vrais requins.
Si ça devient trop tendu,
tu me fais signe.
SARAH
Merci, chéri.
Un HOMME D'AFFAIRES s'approche de SARAH et YASIR.
HOMME D'AFFAIRES
Vous vous régalez?
SARAH
Oui, merci beaucoup.
HOMME D'AFFAIRES
Avec les gars, on aimerait
avoir l'oreille du maire
par intérim quelques minutes.
Ça vous dérange pas?
YASIR
(Se levant)
Pas du tout. Allons-y.
HOMME D'AFFAIRES
Désolé, pas vous.
On veut juste parler
au maire par intérim.
Vous pouvez attendre
avec les épouses.
YASIR se retourne et voit les femmes assises à une table plus loin.
SARAH
(S'adressant à YASIR)
Je reviens tout de suite,
mon coeur.
C'est pour une affaire
sous le manteau?
On sort l'alcool et les cigares?
HOMME D'AFFAIRES
Il y a du jus d'orange.
SARAH
Ah, du jus d'orange.
YASIR
Du jus d'orange. J'adore.
YASIR se retourne vers la table des conjoints.
ÉPOUSE
Un sandwich au concombre?
À la mosquée, le RÉVÉREND MCGEE rend visite à AMAAR dans son bureau. Il montre un nouveau tableau à AMAAR qui reste bouche bée.
RÉVÉREND MCGEE
Ah. C'est si moche?
AMAAR
Non, c'est pas moche. C'est...
c'est pas fini?
RÉVÉREND MCGEE
Je suis un raté. Je ne sais
pas pourquoi je continue.
AMAAR
Duncan, la peinture
comme hobby,
c'est censé vous détendre,
d'accord?
Même si c'est troublant
pour les autres.
RÉVÉREND MCGEE
Je vois. Alors, ce ne sera
jamais que ça, un hobby.
AMAAR
Écoutez, qu'est-ce que j'y
connais en art de toute manière?
La représentation
d'une figure humaine est...
proscrite pour les musulmans.
RÉVÉREND MCGEE
Hé, une minute,
vous m'avez donné une idée:
la peinture abstraite.
Mme Bernier me l'interdisait.
C'était trop libre penseur.
Mme Bernier n'est
plus là maintenant.
AMAAR
Elle est morte?
J'en suis désolé.
RÉVÉREND MCGEE
Non, partie dans le Montana.
AMAAR
Désolé quand même.
RÉVÉREND MCGEE
Je vais peindre
quelque chose d'abstrait
et vous allez l'accrocher
dans votre bureau.
AMAAR
Ah, bon sang.
SARAH est de retour au bureau du maire. Elle écoute les messages sur le répondeur.
VOIX MASCULINE
Et comme il y aura de l'arabe
et du chinois sur le panneau,
nous, à l'Association
des Ukrainiens,
on se demande pourquoi
il n'y aurait rien
d'écrit en ukrainien.
SARAH soupire et appuie sur le bouton pour passer à l'autre appel.
VOIX MASCULINE 2
Buongiorno,
je suis le président
de l'Association des Italiens.
On veut être sur le panneau.
SARAH
Ah, flûte!
VOIX MASCULINE 3
Bonjour, ici
la compagnie du téléphone.
On se demande
quand vous abandonnerez
votre vieux répondeur
pour passer à une boîte vocale.
FATIMA frappe à la porte ouverte et avance vers le bureau du maire.
FATIMA
Assalamu alaykum.
SARAH
Ah, Fatima!
Wa Alaykum salam.
Tu as besoin de quelque chose?
FATIMA
J'ai besoin de quelque chose?
Non. Je suis juste venue voir
comment se débrouillait
mon maire par intérim préféré.
SARAH
Ah, bien, merci.
FATIMA
Et pour le panneau?
SARAH
Ne me dis pas que tu veux
que ce soit écrit en nigérien?
FATIMA
Bien sûr que non.
Je le veux en yoruba.
C'est la langue du Nigéria.
Tiens, voilà la traduction.
Mais pas de pression.
(Saluant dans sa langue)
O dabo!
SARAH
O da...
Ce que tu veux.
SARAH appuie sur le répondeur pour écouter les autres messages.
VOIX FÉMININE
Bonjour, j'appelle
pour l'Association
des mal voyants de Mercy.
On voudrait que vous écriviez
en braille sur le panneau.
SARAH
(Notant l'idée)
Ah oui, bien sûr, en braille.
YASIR est assis à une table avec RAYYAN sa fille, au café de FATIMA.
YASIR
Pour accrocher un miroir,
il faut utiliser
un détecteur de clous.
FATIMA
(Debout près de la table)
Ça a l'air difficile.
YASIR
Bon, je le ferai
pour toi plus tard.
FATIMA
Ah! Je préfère cette solution.
YASIR
Mais pourquoi les gens
ne veulent pas apprendre
à se servir d'outils?
Un détecteur de clous,
c'est pas compliqué-
RAYYAN
Oui, oui, oui. Qu'est-ce
que tu as à être aussi bougon?
YASIR
C'était très humiliant,
ce déjeuner d'affaires.
RAYYAN
Tu t'es mis du chou
sur le pantalon?
YASIR
Mais non. En fait, si.
Mais le plus terrible, c'est que
j'ai dû poiroter avec les femmes
pendant une heure, pendant
que ta mère parlait boulot.
RAYYAN
(Riant)
Pardon.
Et avec les femmes,
vous avez parlé de quoi?
YASIR
Bah, de rien. De pédicures.
En fait, c'était
assez intéressant.
Je vais peut-être
me laisser tenter.
Mais le problème,
c'est que c'était humiliant.
RAYYAN
Il va falloir que
tu te fasses une raison.
Maman est maire par intérim
et tu es la première dame.
YASIR
Ah non, tout, mais pas ça.
RAYYAN
C'est pas si dur.
Il faut que t'aies de l'allure
et que tu sois près de maman.
YASIR
C'est juste que--
RAYYAN
N'encombre pas ta jolie petite
frimousse avec des problèmes.
L'ÉPOUSE présente au dîner d'affaires s'approche de la table de YASIR et RAYYAN.
ÉPOUSE
M. Hamoudi?
YASIR
Oh, bonjour.
ÉPOUSE
On vous invite à une réunion
d'information des auxiliaires.
YASIR
Auxiliaires de quoi?
ÉPOUSE
Je sais pas.
C'est juste un nom. D'habitude,
la femme du maire nous donne
une conférence chaque année.
YASIR
Mais le maire Popowicz est
célibataire et c'est une femme.
ÉPOUSE
On n'a pas eu de conférence
depuis longtemps.
Voilà l'occasion
de se rattraper.
YASIR
J'ai beaucoup de travail.
Je suis entrepreneur.
Du travail d'homme
dans le bâtiment.
RAYYAN
Allez, papa,
ça va être l'occasion
de te faire pouponner
et de porter un joli truc.
ÉPOUSE
Et j'ai aussi noté l'adresse
de la pédicure pour vous.
YASIR
(Prenant la note)
Ah, merci.
Oui, merci, merci.
(Se tournant vers RAYYAN)
Mon corps mérite
ce qu'il y a de mieux.
Le RÉVÉREND MCGEE revient voir AMAAR à son bureau avec une nouvelle œuvre.
RÉVÉREND MCGEE
Ne levez pas les yeux.
AMAAR
Duncan...
RÉVÉREND MCGEE
J'ai un autre tableau
et je ne veux pas
vous faire peur.
Donc, levez les yeux lentement.
Et je veux une réaction honnête.
AMAAR réagit vivement avec un mouvement de recul.
RÉVÉREND MCGEE
D'accord.
Mme Bernier avait raison.
J'aurais dû choisir économie.
AMAAR
Non, c'est... très bon.
Wow! Je peux l'avoir?
RÉVÉREND MCGEE
Pour de bon?
AMAAR
Vous avez dit
que je pourrais l'avoir.
Ça pourrait avoir de la valeur.
Vous pourriez être
le prochain Van Gogh.
RÉVÉREND MCGEE
Il n'a jamais vendu
de tableaux. Vous essayez
de me dire que
je n'en vendrai jamais un?
AMAAR
Vous êtes dans le besoin?
Des tables ont été installées dans le local du centre communautaire de Mercy. YASIR est le seul homme présent parmi des dizaines de femmes.
YASIR
Bon, c'était... délicieux.
ÉPOUSE
Et vous n'avez pas
renversé de chou
sur votre pantalon cette fois.
YASIR
Ah, vous avez remarqué?
Merci beaucoup.
Bon, il faut que j'y aille.
ÉPOUSE
Pas tout de suite.
Faites votre discours d'abord.
YASIR
Mon quoi?
ÉPOUSE
Pardon, je vous l'ai pas dit?
YASIR
Ah non, non, non.
ÉPOUSE
Je crois que si.
YASIR
Je m'en souviendrais.
ÉPOUSE
Mais je vous l'aurais dit.
YASIR
Mais on est d'accord
tous les deux que vous auriez pu
me le dire et que je crois pas
que vous l'ayez dit.
ÉPOUSE
Allez, grimpez là-haut
et laissez-vous aller.
Le maire est peut-être
le cerveau de la mairie,
mais vous,
vous en êtes le coeur.
YASIR
Je pourrais pas juste être
les jambes et rentrer chez moi?
ÉPOUSE
Non.
YASIR descend le micro fixé à un lutrin.
YASIR
(S'adressant à l'assemblée)
Bien.
Je vous remercie pour cette...
cette occasion, mesdames. Euh...
ÉPOUSE
Laissez-vous aller. Oui.
YASIR
Beaucoup de gens...
devraient apprendre
à se servir d'outils.
C'est pas compliqué.
Et c'est une capacité importante
qui devrait vous être très utile
jusqu'à la fin de votre vie.
ÉPOUSE
Mais quel genre d'outils?
YASIR
Mais électriques, voyons.
FEMMES
Ah!
YASIR
Tenez, prenez la scie à ruban,
par exemple.
C'est très excitant.
Il y a trois principes de base.
ÉPOUSE
Oh, trois?
YASIR
Oui, oui, écoutez bien.
YASIR imite le bruit d'une scie.
Ailleurs, SARAH inaugure le nouveau panneau de bienvenue de la ville devant un groupe d'une dizaine de personnes.
SARAH
Le nouveau panneau
est enfin terminé.
Le monde entier saura maintenant
ce que nous voulons dire.
HOMME
Euh...
JOURNALISTE
Qu'est-ce que ça veut dire?
SARAH
C'est juste une traduction
de l'anglais.
SARAH
L'anglais, où ça?
Le message sur le panneau est écrit en 8 langues différentes, mais pas l'anglais.
SARAH
Pourtant, c'est censé dire
«Bienvenue à Mercy»
quelque part.
Un homme non-voyant approche pour toucher l'inscription en braille.
NON-VOYANT
Vous avez mis un accent
circonflexe sur le «A».
JOURNALISTE
C'est du klingon.
Plus tard, le bord de la route a été dépouillé du nouveau panneau, à la place on peut lire sur un écriteau: Panneau à venir.
SARAH est de nouveau assise à la place du maire. Un homme entre dans le bureau.
SARAH
Donc, vous êtes
le commis qui a commandé
le panneau qu'on a dû retirer.
CAMILLE
Je ne suis pas juste commis.
J'ai un nom, vous savez.
SARAH
Oui, pardon. Et c'est quoi?
COMMIS
Camille.
SARAH
Bien. Pardon.
CAMILLE
J'ai appelé ceux qui ont
fabriqué le panneau.
Ils m'ont dit que personne
n'avait parlé d'anglais.
SARAH
Désolée, mais ça tombait
sous le sens.
CAMILLE
C'est pas vous qui avez fait
écrire en braille
sur un panneau de signalisation?
SARAH
Résultat: toute la ville
est remontée,
car il y a pas d'anglais sur le
panneau. La ville mérite mieux.
CAMILLE
Alors, on fait quoi?
SARAH
Le faire faire ailleurs.
CAMILLE
Pas bête.
À la mosquée, AMAAR a accroché le tableau du RÉVÉREND dans son bureau. En entrant dans le bureau, il sursaute en le voyant. Assis derrière son bureau, AMAAR s'imagine des scènes causées par la présence du tableau.
AMAAR imagine une femme sortant de son bureau avec un enfant qui pleure.
AMAAR
Je suis désolé pour
le tableau, Mme Merzan.
J'espère qu'il ne fera pas
de cauchemars.
L'affabulation se termine.
AMAAR marche dehors avec le RÉVÉREND.
AMAAR
C'est vraiment curieux.
Je regardais
votre nouveau tableau
et la façon dont
vous avez dessiné les formes,
on voit clairement
la silhouette d'une personne.
RÉVÉREND MCGEE
Vraiment?
AMAAR
Ah oui. Tout le monde
l'a remarqué.
RÉVÉREND MCGEE
Mais je ne l'ai pas
fait exprès.
AMAAR
Ah, je sais.
Vous êtes un artiste.
Vous faites tellement
de choses en même temps
et à des strates différentes.
Vous êtes comme un...
bâtiment à niveaux multiples
plein de... de niveaux.
RÉVÉREND MCGEE
Oui, j'ai peut-être puisé un
peu trop dans mon subconscient.
AMAAR
Exactement.
De toute manière, je peux pas
l'avoir dans mon bureau.
RÉVÉREND MCGEE
Mais je croyais
que vous aimiez ce tableau.
AMAAR
Bien sûr.
Mais décrire une forme humaine
dans un tableau,
c'est pas convenable
dans un bureau d'imam.
RÉVÉREND MCGEE
Je vais en faire un nouveau.
Il sera... vraiment abstrait.
AMAAR
Rien ne vous oblige
à le faire.
RÉVÉREND MCGEE
Je le ferai. Il faut que je
peigne sur une toile plus large.
AMAAR
Il faut élargir ses horizons.
RÉVÉREND MCGEE
Non. J'ai vraiment une toile
plus grande en réserve.
Ce tableau va être énorme!
AMAAR
Génial.
YASIR fait la une du journal local. SARAH lit le titre de l'article à la maison.
SARAH
«Des outils pour les jeunes.»
YASIR
Elle est bien, cette photo.
SARAH
Oui.
YASIR
Je me suis fait faire
un masque lors de ma pédicure.
SARAH
Tu crois que
c'est une bonne idée?
YASIR
C'est mon rôle de tenter
d'améliorer la ville.
Une campagne éducative
pour apprendre
le maniement basique
des outils aux jeunes,
ça les sortira de la rue.
SARAH
Et tu vas faire ça où?
YASIR
Dans la rue.
D'ailleurs, il faut
que tu en boucles une pour moi.
SARAH
Tu as un grain de peau
magnifique sur cette photo.
YASIR
Oui, encore,
t'as pas vu mes pieds.
Le RÉVÉREND MCGEE propose une nouvelle œuvre à AMAAR.
AMAAR
Je ne sais pas quoi dire.
Je vois clairement l'image
d'un visage dans celui-ci aussi.
RÉVÉREND MCGEE
Vraiment?
AMAAR
C'est un homme.
Cheveux noirs et moustache.
RÉVÉREND MCGEE
C'est pas un des prophètes, dites.
AMAAR
Je pencherais pour le type
qui est sur les boîtes de café.
RÉVÉREND MCGEE
Jacques Vabre?
AMAAR acquiesce.
RÉVÉREND MCGEE
Et c'est pas autorisé?
AMAAR
Eh bien, il y a
violation du copyright.
RÉVÉREND MCGEE
Oh... Je buvais du café
quand je peignais
ce tableau. Wow!
Mon subconscient est très fort.
AMAAR
C'est du beau travail.
Je crois que vous avez
vraiment prouvé que
Mme Bernier avait tort.
Et vous devriez
arrêter maintenant.
RAYYAN entre dans le bureau d'AMAAR.
RAYYAN
Assalamu alaykum.
AMAAR
Wa alaykum salam.
RÉVÉREND MCGEE
Bonjour.
RAYYAN
Ah! Oh, c'est quoi?
AMAAR
C'est une oeuvre de Duncan.
RAYYAN
Oh! Wow.
La vache!
Quel effort!
RÉVÉREND MCGEE
Euh, pas de souci.
Je ne l'ai pas fait exprès.
RAYYAN
Ça fait beaucoup de peinture
renversée accidentellement.
RÉVÉREND MCGEE
Non. Je parle de l'art figuratif.
Ce n'est pas intentionnel.
RAYYAN
Je suis désolée. Je ne vois
pas de quoi vous voulez parler.
En quoi est-ce
de l'art figuratif?
AMAAR
Je crois qu'il y a un visage.
RAYYAN
Non, c'est juste un assemblage
de triangles et de trucs.
AMAAR
Non, c'est comme un poster
d'illusion d'optique.
Il faut que le regard
se voile. C'est en 3D.
RÉVÉREND MCGEE
Attendez une minute.
AMAAR
Non.
RÉVÉREND MCGEE
Je vois ce qui se passe ici.
AMAAR
Je n'accepte pas d'attendre
une minute. Vous pouvez pas.
RÉVÉREND MCGEE
Vous détestez ma peinture.
AMAAR
Non!
RÉVÉREND MCGEE
Avouez. Vous essayez
de m'épargner.
AMAAR
Je ne ferais jamais ça.
RÉVÉREND MCGEE
Mme Bernier avait raison.
Elle nous regarde de là-haut
et elle se tord de rire.
AMAAR
Je croyais qu'elle était
dans le Montana.
RÉVÉREND MCGEE
Elle habite sur une colline.
Le RÉVÉREND quitte la pièce en emportant son œuvre d'un pas pressé. En voulant passer la porte, la toile lui bloque le chemin. Il doit se raviser et repart en colère.
RAYYAN
(Se tournant vers AMAAR)
Vous lui avez menti, Amaar?
AMAAR
Je voulais pas le tableau.
Que pouvais-je dire?
RAYYAN
«Je ne veux pas
votre tableau».
AMAAR
Oui. C'est facile
de dire ça, maintenant.
SARAH marche sur la rue. FRED TUPPER, l'animateur de radio la rejoint.
FRED
Donc, des outils
pour les jeunes.
SARAH
Qu'y a-t-il de mal à ça?
FRED
Rien. Je suis pour manier
des outils électriques.
Ça interpelle. Qui porte
la culotte dans cette famille?
SARAH
Quoi?
FRED
Je veux dire: c'est vous
qui êtes derrière le bureau,
pas lui. Personne n'a
voté pour lui.
SARAH
Personne n'a voté pour moi.
Je suis maire par intérim.
FRED
Ça pousse quand même
à se demander
qui est vraiment à la barre?
Le capitaine ou la femme
du capitaine?
SARAH
Yasir n'est pas ma femme.
FRED
Si vous étiez un capitaine,
il serait votre femme
et vous seriez un homme.
SARAH
Parce qu'une femme peut pas
commander un bateau?
FRED
C'est un bateau de la vieille
époque. Celle de colons.
SARAH
Je ne crois pas
qu'ils amenaient leur femme
sur les bateaux à
cette époque. C'est pour ça
qu'ils sculptaient
une femme à la proue du navire.
C'était la seule femme
qu'ils voyaient.
FRED
Si vous étiez sur le bateau,
vous ne pouviez pas la voir,
elle était à l'avant de la coque.
SARAH
Mais ils pouvaient la voir
quand ils montaient à bord.
FRED
Han-han. Mais ils attrapaient
presque tous le scorbut.
Ils avaient pas d'oranges.
SARAH
C'est vrai.
FRED
Oui, enfin, bref, le panneau
est un fiasco. Les gens parlent.
SARAH
Hein?
CAMILLE, le commis, frappe à la porte ouverte du bureau du maire. SARAH est assise derrière le bureau.
CAMILLE
Je viens de parler aux gens
qui font le nouveau panneau.
SARAH
Est-ce qu'ils sont en route?
CAMILLE
Ils l'étaient.
Ils ont traversé la ville parce
que nous n'avons pas de panneau.
SARAH
Vous avez envisagé d'envoyer
quelqu'un d'ici les chercher?
CAMILLE
Et comment.
SARAH
Alors?
CAMILLE
Ils sont toujours pas revenus.
SARAH
Faut régler ce problème
avant le retour du maire.
CAMILLE
Si elle arrive
à nous retrouver.
Le lendemain matin, SARAH et YASIR sont dans leur chambre. YASIR hésite entre deux complets.
YASIR
Qu'est-ce que t'en dis?
Plutôt croisé ou décontracté?
SARAH
Tu ne penses plus
qu'à t'habiller ou quoi?
On a de sérieux problèmes
à résoudre.
YASIR
Qu'est-ce qu'il y a?
SARAH
Pendant que tu t'amuses
à faire le beau avec
tes petits projets, moi,
j'essaie de diriger cette ville.
Et toi, tu me rabaisses.
YASIR
Je comprends pas.
SARAH
Bien, tu vois bien que les
gens se posent des questions
sur moi à cause
de cette histoire de panneau.
Et maintenant, tu fais
ce que tu veux,
comme si j'étais incapable
de te contrôler.
YASIR
Me contrôler, moi?
SARAH
Non, c'est... C'est pas ce que
je veux dire, mais est-ce que
tu pourrais faire
un petit peu profil bas?
YASIR
En fait, tu dis ça...
parce que je suis ton époux,
donc je peux pas avoir d'idées.
SARAH
Non, voyons. Bien sûr
que tu as des idées.
Je voudrais juste que tu ne
les mettes pas en pratique.
YASIR
Je ne suis pas qu'un corps.
J'ai une âme.
YASIR s'enferme dans la salle de bain.
SARAH
Ah, je t'en prie.
Tu ne vas quand même pas
faire une scène.
Ah, allez, sors de là.
On va en parler.
YASIR
Non!
SARAH
Ah, chéri, j'aimerais
que tu sois un peu rationnel.
YASIR
Toi, d'abord.
Au presbytère, le RÉVÉREND MCGEE entre dans le grenier où se trouve son atelier de peinture. Il soupire en ramenant sa dernière toile. Puis il se remet à la tâche sur sa prochaine œuvre. En transférant un bol de peinture, il le répand sur la toile.
RÉVÉREND MCGEE
Oh! Oh-oh...
(Voyant la tache sur la toile)
Ah! Génial. Génial.
(Essuyant la tache)
C'est génial!
C'est génial.
(Éclaboussant la toile avec d'autres couleurs)
Essayons un peu de ça. Parfait!
C'est beau! C'est génial!
C'est bon!
Oh que c'est bon!
Au bout d'un moment le RÉVÉREND est couvert de peinture, mais semble soulagé. AMAAR entre dans l'atelier.
AMAAR
Wow!
RÉVÉREND MCGEE
J'ai eu une petite crise
de folie, là.
AMAAR
Non, sincèrement,
c'est très bon.
Quelle colère!
RÉVÉREND MCGEE
Vraiment?
AMAAR
J'adore. Écoutez,
je suis venu vous dire
que j'aurais dû être franc avec
vous et je suis désolé, mais ça,
ça, j'adore!
RÉVÉREND MCGEE
Merci, Amaar.
Il faut se rappeler une chose
quand on se met à peindre:
on est censé le faire avec
son coeur et pas avec sa tête.
AMAAR
Et il faut penser
à aérer la pièce.
Sinon, les vapeurs
s'accumulent et...
RÉVÉREND MCGEE
Pardon?
AMAAR et le RÉVÉREND s'évanouissent au même moment. Ils se retrouvent tous les deux à l'hôpital.
AMAAR
Belle peinture en tout cas.
Ça me fera plaisir
de l'avoir dans mon bureau.
RÉVÉREND MCGEE
Mais je ne vous l'offre pas.
Rien que la toile,
il y en a pour 50$.
AMAAR
Je vous en offre 75.
RÉVÉREND MCGEE
Bien fait pour toi, Bernier.
Je suis devenu un pro!
YASIR donne l'atelier d'utilisation des outils à des jeunes dans la rue.
SARAH
Ça n'aurait pas été
plus facile
de le faire dans
une cave ou ailleurs?
YASIR
C'est plus festif. C'est
pour éveiller les consciences.
SARAH
Je suis très contente
qu'on fasse tout ça.
YASIR
Que fabriquez-vous?
Des planches à pain.
SARAH
Oh, alors, la ville n'aura
peut-être pas de panneau,
mais elle aura
des planches à pain.
Plus tard, YASIR enseigne devant un groupe d'adolescent.
YASIR
Des outils électriques.
Vous croyez peut-être
que votre cerveau
est votre meilleur outil,
mais votre meilleur outil,
c'est... l'outil.
ADO
Ce type est pas vrai.
Je trouve pas de mots.
YASIR
On va beaucoup
s'amuser aujourd'hui.
Vous allez apprendre des tas
de choses sur les outils,
mais d'abord, il y a
un changement de plan:
nous ne ferons pas
de planches à pain.
Le groupe émet un soupir de déception.
YASIR
À la place,
nous allons fabriquer
quelque chose d'utile
pour... toute la communauté!
Plus tard, YASIR et SARAH marchent au bord de la route à l'entrée de la ville.
YASIR
Et dire qu'il paraît que
faire travailler les enfants,
c'est honteux.
Un groupe d'adolescents termine l'installation du panneau de bienvenue.
YASIR
Mais c'est utile, regarde.
SARAH
Merci, chéri. C'est fabuleux.
Quel dommage que les enfants
aient oublié le «I».
«Mercy, un endroit où "vvre"».
YASIR
C'est la lettre la plus
simple. Je l'ajouterai demain.
AMAAR a accroché le tableau du RÉVÉREND dans son bureau. RAYYAN admire l'oeuvre.
RAYYAN
Wow!
RÉVÉREND MCGEE
C'est un original
de Duncan McGee. Ça vous plaît?
RAYYAN
Non!
Vous ne pouvez pas
avoir ça dans votre bureau.
AMAAR
Pourquoi?
RAYYAN
Regardez bien.
C'est un visage.
Regardez. Là, il y a ses yeux,
son nez et il porte un chapeau.
AMAAR
Votre imagination
vous joue des tours. C'est...
c'est pas un chapeau,
c'est un béret.
RAYYAN
Vous avez raison.
AMAAR
Je peux peut-être
le mettre à l'envers.
À l'hôtel de ville, ANN est de retour à son bureau et SARAH a repris ses fonctions. Elle est bronzée, porte une tenue des Antilles et une coiffure de tresses avec des billes.
ANN
Ah, ce que
c'est bon d'être chez soi.
Alors, il y a eu des trucs
intéressants durant mon absence?
SARAH
Eh bien, quelqu'un a percuté
le panneau Bienvenue à Mercy,
mais j'en ai fait faire
un autre en braille
et en plein de langues étrangères.
Mais ils n'ont pas mis
l'anglais sur le panneau. Donc,
j'ai demandé à des jeunes d'en
faire un autre. Tout est réglé,
et le panneau Bienvenue à Mercy
est redevenu ce qu'il était.
ANN
Ah. On a un panneau
Bienvenue à Mercy?
SARAH
Heureusement, oui.
ANN
Enfin, du moment
que tout est dans l'état
où je l'avais laissé.
Au bord de la route, à l'entrée de la ville, JOE a de nouveau fracassé le panneau avec son tracteur. FRED TUPPER et lui constatent les dégâts.
FRED
Alors, sérieusement,
ce coup-ci,
c'était vraiment stupide.
Le panneau s'écroule.
Générique de fermeture