Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin et Daniel Lessard rencontrent des personnalités francophones et francophiles. Découvrez ces politiciens, ces artistes, ces entrepreneurs ou ces scientifiques dont l'histoire, extraordinaire, mérite d'être racontée.


Vidéo transcription
Richard Robinson, dessinateur de mode et couturier
Tout juste revenu de Paris où il avait travaillé chez Christian Dior et Yves Saint Laurent, Richard Robinson ouvre, en 1969, sa propre maison de haute couture à Ottawa. Aujourd’hui, ce fils d’ouvrier de Gatineau n’a rien perdu de sa passion pour la mode ni de sa créativité.
Gisèle Quenneville l’a rencontré pour évoquer son enfance, sa passion pour les tissues, son entreprise et sa famille.
Réalisateur: Simon Madore
Année de production: 2013
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Générique d'ouverture
Titre :
Carte de visite
Pendant que GISÈLE QUENNEVILLE présente son invité, RICHARD ROBINSON, dessinateur de mode et couturier, on montre des photos d'archive de RICHARD ROBINSON dans sa jeunesse. L'entrevue se déroule au salon de RICHARD ROBINSON
GISÈLE QUENNEVILLE
Durant les années 60, la mode
n'était pas un choix de
carrière conventionnel pour
un jeune homme. Encore moins
pour le fils d'un ouvrier de
Gatineau. Pourtant, c'est ce
qui a toujours passionné
Richard Robinson. Dès son jeune
âge, le petit Richard est
fasciné par les tissus et la
couture. À plusieurs reprises,
il se fait dire de faire autre
chose. Mais Richard persévère.
Quand vient le moment de faire
des études, il se rend à
Montréal et ensuite à Paris. Il
travaille chez Christian Dior
et Yves St-Laurent. En 1969, il
rentre chez lui à Ottawa pour
fonder sa propre maison de
haute couture. Sa première
cliente deviendra son épouse,
et ensemble, Richard et Louise
Robinson formeront le couple de
la mode de la capitale. Richard
habillera Mila Mulroney, Aline
Chrétien et Michaëlle Jean. Mais
c'est l'ensemble d'un million
de dollars confectionné pour
Marlene Cowpland, l'épouse d'un
homme d'affaires d'Ottawa qui
fera tourner des têtes. En 45
ans, Richard Robinson s'est
taillé une place dans le monde
de la mode canadienne. Et tout
indique que ça va continuer
puisque, pour les Robinson, la
mode est devenue une affaire
de famille.
Richard Robinson, bonjour.
RICHARD ROBINSON
Bonjour.
GISÈLE QUENNEVILLE
Commençons par le début,
à quel moment est-ce que
vous vous êtes dit, moi, je veux
devenir couturier, je veux être
dessinateur de mode?
RICHARD ROBINSON
C'est vraiment vers l'âge de
12 ans que j'ai dit, c'est ça
que je veux faire. Puis j'ai
jamais pensé à quoi que ce soit
d'autre. Cette journée-là,
le professeur nous fait prier
pour se concentrer sur ce qu'on
devrait faire dans la vie.
Moi, ça m'est venu à l'idée:
dessinateur de mode. J'ai pas
été formé dans une famille qui
était dans la mode du tout. Ma
mère ne faisait pas de couture,
j'avais trois soeurs puis un
frère. Moi, je jouais plus
souvent avec leurs poupées
pour les habiller. J'avais du
plaisir à ça parce que j'aimais
la mode même jeune comme ça.
J'ai pas été influencé du tout
par personne. C'était naturel
pour moi puis ça gênait un petit
peu mon père parce que...
GISÈLE QUENNEVILLE
Il aimait pas ça?
RICHARD ROBINSON
Non, lui, il disait: "Les gars
jouent pas habituellement avec
des poupées." Moi, je m'étais
préparé une grosse boîte de
linge avec les robes puis les
pantalons de mes soeurs puis
avec des chapeaux puis des sacs
à main. Puis le samedi,
j'allais jouer avec les
voisines puis eux autres
voulaient toutes jouer avec moi
parce qu'on faisait des
fashion shows. Je les
habillais, on prétendait qu'on
s'en allait à un mariage puis
eux autres en revenaient pas.
à chaque samedi, c'est ça.
GISÈLE QUENNEVILLE
À l'école, est-ce qu'on vous
a encouragé, découragé dans
votre choix de profession?
RICHARD ROBINSON
À un moment donné, le
professeur nous fait faire une
composition sur ce qu'on veut
faire plus tard. Moi, j'étais
tout excité. Enfin, je vais
pouvoir... Cette journée-là, on
présentait devant la classe
notre composition. Moi, je
m'étais tout mis beau. J'ai
dit... Fait que j'arrive en
avant de la classe, j'ai dit
moi, c'est parce que je veux
devenir dessinateur de mode.
Alors tous les gars dans la
classe, même le professeur ont
ri. Mais c'est drôle parce que
ça m'a donné encore plus
de courage pour... Fait que j'ai
présenté mon exposition puis
après la présentation, même le
professeur m'a dit: "Tu sais,
Richard, y a bien des choses
qu'un homme peut faire autre
que la mode." Mais c'est drôle
parce que ça m'a encouragé
encore plus de leur prouver
que... Une journée à la
boutique, ce professeur-là est
venu me voir puis il dit: "Je
le savais que..." J'ai rien
dit parce que ça valait pas la
peine. Mais c'est drôle parce
que tu veux faire quelque chose
puis au lieu de t'encourager
parce que je veux dire... le
monde sont pas obligés de tous
faire des pompiers, des polices
puis des chauffeurs de taxi,
des camionneurs. Je veux dire,
tu fais ce que tu sens à
l'intérieur qui... Moi, je suis
certain que ma mission, c'était
ça parce que tout ce que j'ai
réalisé, ça s'est tout fait
normalement.
GISÈLE QUENNEVILLE
À un moment donné, vous êtes
allé à Montréal pour faire des
études en mode. Et peu de temps
après, vous vous êtes retrouvé
à Paris. J'imagine en quelque
part, Paris étant la capitale
mondiale de la mode, surtout à
cette époque-là, ça a dû être
libérateur pour vous.
RICHARD ROBINSON
Bien oui parce que à Montréal,
ce que j'avais fait comme cours
de deux ans, ça me permettait
d'aller travailler dans une
manufacture coudre à une
machine. Mais moi, dans ma
tête, c'était pas ça. Mais vu
que c'était une école de mode,
j'ai dit, ça doit être ça. Mais
c'était pas ça. Fait que j'avais
parlé à une de mes professeurs
qui était Française. Mme
Verdier, c'était une femme
formidable. Elle, elle
m'encourageait beaucoup. Elle
disait, ah... J'ai dit: Mme
Verdier, moi, j'aimerais
produire des vêtements comme
les grands couturiers à Paris.
Elle a dit: "Richard, pour faire
ça, faut que t'ailles à Paris.
Y a la Chambre syndicale des
couturiers parisiens, puis tu
vas avoir une formation pour
produire des robes haute
couture. Tu vas pouvoir faire
comme les grands couturiers."
GISÈLE QUENNEVILLE
Puis vous êtes allé cogner
sur des portes. Je pense que
vous aviez 17 ans, vous êtes
allé cogner aux portes de
Christian Dior, d'Yves
St-Laurent, assez téméraire
pour un jeune Canadien!
RICHARD ROBINSON
Pour moi, c'était normal parce
que je voulais aller travailler.
Fallait que je les rencontre.
Mais je pensais pas qu'il
fallait prendre un rendez-vous
puis tout ça. Alors j'arrive
chez Courrèges, le premier que
je suis allé voir, Courrèges.
Lui, il me dit, bien... C'était
drôle parce que je demandais
pour voir André Courrèges. Fait
que la personne qui était là,
elle dit: "Est-ce que vous avez
rendez-vous avec?" J'ai dit
non, mais j'aimerais ça
le rencontrer. Puis André
Courrèges vient me voir, il
m'emmène dans le salon de
présentation qui était tout
blanc, les chaises... En tout
cas, c'était impressionnant. Je
lui dis: M. Courrèges, moi,
j'aimerais travailler dans une
maison de haute couture parce
que je commence mes cours
à la fin de septembre, fait que
entre-temps, j'aimerais..."
C'était le temps des émeutes
à ce moment-là. Il dit: "On a
beaucoup moins de clientes
américaines fait qu'on est
obligés de laisser du personnel
aller." Mais il dit: "Je te
suggère si y a une place où ils
peuvent te prendre, ça va être
chez Christian Dior. Je connais
le chef du personnel, je
t'écris un mot, tu vas là,
tu le présentes, puis..." Il
m'écrit le mot. Moi, je vais
chez Christian Dior. La personne
qui me reçoit, elle dit: "Est-ce
que vous avez rendez-vous?" Non,
mais j'ai un mémo de André
Courrèges. Tu sais, quand t'es
Canadien, j'étais pas laid
puis... Ils voyaient mon
innocence. Quand j'y pense
maintenant, je ferais jamais ça.
J'ai rencontré et j'ai pu
travailler pour la maison
Christian Dior dans l'atelier
où on faisait les robes de
soirée, les robes cocktail.
J'ai même travaillé sur une
robe pour Elizabeth Taylor.
Oh, c'était...
GISÈLE QUENNEVILLE
Mais vous êtes pas resté
à Paris. Est-ce que c'était
toujours dans vos plans de
rentrer et d'ouvrir votre
propre maison de couture
à Ottawa?
RICHARD ROBINSON
Ah oui. Avant de partir,
j'avais même fait des plans. Ma
maison de couture va être comme
ça, les salons d'essayage vont
être comme ça. Tu rêves quand
t'es jeune, tu penses pas que...
ah, ça prend de l'argent
puis... Moi, c'était...
J'avais fait des plans puis
quand j'étais à Paris, je me
disais: je vais retourner à
Ottawa, je vais ouvrir ma
propre maison de haute couture.
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce qu'il y avait une
demande pour une maison de
couture à Ottawa dans les
années 70, début des années 70?
RICHARD ROBINSON
Non. Mais tu le crées. Je
veux dire... Moi, dans ma tête,
c'était possible. Je voyais que
j'avais une maison de couture.
Les gens viendraient, se
feraient faire des vêtements,
je présente des collections.
Je rêvais, mais... c'est réel.
La cliente m'inspire beaucoup
parce que quand je vois la
cliente, je sais quel style
de femme que c'est, je vais
dessiner pour la forme qu'elle
a, puis la forme, ça a pas
d'importance parce que
tu peux avoir une belle grande
femme mince et elle est... ou
tu peux avoir une femme plus
grassette, c'est toujours en
conséquence avec la cliente
puis la mettre la plus
belle possible.
GISÈLE QUENNEVILLE
Parlez-moi de votre
première cliente.
RICHARD ROBINSON
OK.
RICHARD ROBINSON rit.
RICHARD ROBINSON
On est en train de préparer
ma maison de haute couture.
C'était pas complètement
terminé. Puis tout d'un coup,
cette personne-là, elle vient
à la boutique puis elle me
demande de lui créer une robe
pour sa graduation. Elle
graduait comme infirmière. Elle
arrive puis une belle blonde.
Elle était belle. Mais je la
connaissais. Parce que moi,
j'étais ami avec son frère.
Mais elle avait l'air tellement
sérieuse puis moi, j'étais un
peu, pas sérieux du tout. Fait
que j'aurais jamais pensé
qu'elle se serait intéressée à
moi. Alors on lui fait sa robe
puis elle était tellement
impressionnée que... Fait que
moi, je la trouvais belle. J'ai
dit: "T'aimerais pas ça
modeler pour ma première
collection?" Qui était en
septembre. Ça, c'était comme
au mois de mai. Elle dit: "Bien
non, j'ai jamais modelé." Pas
grave, t'es belle, je vais te
dire comment faire, c'est
simple. Finalement, elle est
venue modeler pour ma première
collection. Puis moi, tout le
temps, je me disais, elle
est-tu belle! Fait qu'à un
moment donné, elle m'invite
pour aller chez elle pour un
souper. J'ai commencé à sentir
que oh... Elle a l'air
intéressée, mais...
GISÈLE QUENNEVILLE
Elle était pas mal intéressée
parce que vous êtes encore
ensemble toutes ces années
plus tard, c'est votre épouse,
Louise.
RICHARD ROBINSON
C'est ça. Mais je pense que
elle a tellement aimé la robe
puis elle s'est dit, je suis
aussi bien de le marier, je
vais avoir des belles robes.
Je dessine encore des beaux
vêtements, fait qu'elle est
encore avec moi. Je continue
de bien l'habiller. Elle
est formidable.
Dans un atelier de couture, LOUISE ROBINSON, l'épouse et associée de RICHARD ROBINSON, parle de sa robe de mariage.
LOUISE ROBINSON
C'était magnifique. C'était
une robe avec toutes sortes de
détails. Je me souviens, y
avait à peu près comme une
trentaine de petits boutons
dans le dos.
RICHARD ROBINSON
Tout le dos, le dos c'était
des petits boutons recouverts.
La robe était dans un... comme
un genre de jacquard...
LOUISE ROBINSON
De soie. Mais c'était tout
rebrodé, il y avait du
fil doré.
L'entrevue au salon se poursuit.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous avez habillé plusieurs
grandes dames à Ottawa, un peu
partout au Canada, mais des
grandes dames à Ottawa. Je pense
que la création qui vous a
vraiment mis sur la map, c'est
cette fameuse robe cat suit de
Marlene Cowpland, épouse d'un
président d'une compagnie
informatique à Ottawa.
Parlez-nous de cette robe et de
l'impact qu'elle a eu, cette
robe d'un million de dollars.
RICHARD ROBINSON
Comme à Ottawa, on a pas les
célébrités qu'on a en Europe
ou... Fait que elle, elle me
téléphone une journée, elle
me dit: "Richard, j'aimerais ça
me faire dessiner une robe pour
notre gros gala de Corel". À
chaque année, y avait le grand
gala où ils remettaient des
prix de un million de dollars à
des gens à travers le monde qui
sont dans le high-tech. Je dis:
Ah oui, ça serait le fun. Elle
dit: "Ça n'a pas d'importance,
le prix. Je veux quelque chose
d'extraordinaire puis quelque
chose que personne d'autre
ne voudrait avoir." J'ai dit
bien... Parce que moi, je
dessine des vêtements
classiques parce que c'est ce
que les gens veulent acheter,
ils veulent porter des
choses... Mais cette fois-là,
ça me permettait de faire ça.
Alors, je fais un croquis de ce
que j'imaginais, le premier
croquis qu'elle a vu, elle dit:
"Ça, ça serait formidable. Ça,
j'aimerais ça." C'était un cat
suit en cuir puis y avait une
partie de la poitrine qui était
en or, mais ça, il fallait que
je moule ça pour avoir
exactement la forme du sein,
parce que c'est que c'était
le... Alors, elle m'invite chez
elle pour aller prendre les
mesures, faire le moule de sa
poitrine. Fallait qu'elle soit
à poil, mais Marlene...
GISÈLE QUENNEVILLE
Pas de problème.
RICHARD ROBINSON
C'est ça que t'as besoin,
fais-le. J'ai tout moulé le
"breast plate" sur elle en
plâtre puis après, on l'a fait
couler en or puis là, elle me
dit: "Richard, le nipple, on
pourrait mettre un diamant".
Ah bien, là, j'ai dit, hé, ça se
peut-tu! Puis elle avait une
bague de 35 carats en diamant.
Fait qu'elle a dit: "Organise-le
pour que tu puisses mettre la
bague, que ça soit le mamelon."
Tout excité, moi. Alors on a
fait ça. Puis ce gala-là, il y
avait des gens qui venaient de
partout dans le monde, qui
venaient puis ils recevaient
les... Alors Michael Cowpland
avait même tout invité
la presse de partout.
Une des journalistes me dit:
"Richard, ça ne sera plus
jamais pareil".
GISÈLE QUENNEVILLE
Justement, parce que vous êtes
aussi connu pour avoir habillé
Mme Chrétien, Mme Mulroney,
Michaëlle Jean. Là, c'est pas
tout à fait le même style
qu'on cherche.
RICHARD ROBINSON
Oh non. Même Mme Chrétien...
Mme Chrétien, elle était
cliente chez moi avant même que
son mari soit premier ministre.
Puis elle, c'est toujours du
classique, mais j'aimais
l'habiller parce qu'elle était
toujours élégante puis... Mais
à un moment donné, on a eu
tellement de publicité avec
Marlene Cowpland à travers le
monde, elle dit, une journée:
"Tu sais, Richard, je suis pas
tellement à l'aise que j'aie
le même couturier que Marlene
Cowpland". Mais je dis: "Mme
Chrétien, ce que je dessine
pour vous, Marlene Cowpland
voudrait jamais le porter. Puis
ce que je dessine pour Marlene
Cowpland, vous ne voudriez
jamais le porter. Mais
c'est ça, un couturier, on
dessine pour la cliente, puis
moi, je peux habiller n'importe
quelle femme puis plus qu'il y
a des challenges, plus que c'est
stimulant". Surtout pour un
couturier canadien.
GISÈLE QUENNEVILLE est à l'atelier de couture avec LOUISE et RICHARD ROBINSON.
GISÈLE QUENNEVILLE
Les gens viennent d'où?
RICHARD ROBINSON
Partout.
LOUISE ROBINSON
Oui, partout.
On en a même d'Europe qui
sont clients ici. On a Angela
Hewitt qui est pianiste, qui
voyage à travers le monde pour
ses concerts, on a beaucoup
de clients de Toronto et de
Montréal. Puis on en a d'Ottawa
aussi. On en a de Vancouver, je
veux dire, ça vient d'un peu
partout. Je pense que c'est
aussi parce qu'il y a quand même
des gens qui voyagent beaucoup
puis c'est la capitale, donc
les gens viennent à Ottawa.
Ils viennent à nous connaître
puis après ça, bien, même,
on fait à distance avec
certains clients.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous, vous voulez changer
de style, vous avez changé
de style.
LOUISE ROBINSON
C'est-à-dire que moi, je l'ai
obligé à changer de style.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ah oui. Alors OK, on va avoir
la vraie histoire.
Allez-y, Louise.
LOUISE ROBINSON
Parce qu'il portait des
tailleurs classiques comme tout
le monde porte. Puis j'ai dit,
vraiment, il est temps que les
hommes changent. T'as assez
d'imagination pour trouver
quelque chose.
Puis la première collection
qu'il a sortie pour homme,
c'était fantastique. Même que
lui, il a des clients qui vont
venir puis ils commandent un
de ses styles, puis tout à coup,
oups, la peur les prend puis
ah, peut-être rajouter une
lapel, peut-être rajouter...
Ça finit toujours par changer.
RICHARD ROBINSON
L'habit pour homme, c'est pas
vraiment la largeur du pantalon,
parce qu'on en retrouve dans
toutes les largeurs. Les lapels
de jackets, y a trois largeurs,
fait que une saison, la
manufacture va produire des
lapels de deux pouces et demi,
l'année après, elle va le faire
à trois pouces pour... C'est
juste ça le détail qui change.
L'entrevue au salon se poursuit.
GISÈLE QUENNEVILLE
Se faire habiller par un
couturier, c'est pas à la portée
de tout le monde, n'est-ce pas.
Ça représente combien une robe
ou un tailleur?
RICHARD ROBINSON
C'est pas si cher que ça parce
que moi, je vois mes clientes,
elles portent des choses que
j'ai faites comme dix ans
passés puis c'est encore beau.
Parce que beau tissu, belle
coupe, c'est bien fait. Puis
quelque chose qui est beau
sur une cliente, bien, elle va
toujours vouloir le porter.
C'est mieux d'avoir moins de
vêtements, mais des choses
plus classiques que tu peux
habiller... dress it down or
dress it up. Alors Mme
Chrétien, j'ai fait plein de
vêtements comme ça. Puis Mme
Chrétien, fallait toujours faire
attention, la longueur. Elle
dit, quand je serai assise. Elle
a beaucoup de critiques, Mme
Chrétien. Elle a même du
personnel qui lui disait: bien,
ça, Mme Chrétien, c'est un petit
peu trop court ou... Marlene
Cowpland, elle, du moment
qu'elle avait l'air...
GISÈLE QUENNEVILLE
Rock'n'roll un peu,
ça faisait l'affaire.
RICHARD ROBINSON
Mais c'est deux choses
différentes.
GISÈLE QUENNEVILLE
Mais ça peut représenter
combien un tailleur ou
une robe?
RICHARD ROBINSON
Une robe, c'est à peu près
comme... on en a à 1600$,
1800$. Un tailleur, 2500$.
Ça peut aller jusqu'à 3200$,
3500$. Ça dépend du design, du
tissu puis tout ça est inclus.
Même quand on regarde même
un tailleur à 3500$ que vous
portez pour plusieurs années,
ça revient pas cher. Ça revient
cher sur le coup, mais à la
longue, souvent les femmes
seraient surprises que c'est
comme un genre d'investissement.
Parce que des beaux tissus,
c'est bien confectionné, c'est
pas quelque chose que tu le
fais nettoyer puis oups...
GISÈLE QUENNEVILLE
La mode, la couture chez
vous, c'est devenu une affaire
de famille. Votre épouse
Louise est avec vous au niveau
administratif, au niveau de
l'académie parce que vous avez
également une académie de
couture. Mais là, il paraît que
la deuxième et même la troisième
génération s'intéressent
à la business familiale.
RICHARD ROBINSON
Oui, on a huit petits-enfants
puis ils ont toujours été élevés
avec nous. Même mes deux
filles, mon garçon, ils vivent
un peu ce qu'on vit parce que
à chaque fois qu'on a une
présentation, ils viennent. Ils
viennent chez nous, on parle
de la mode...
GISÈLE QUENNEVILLE
Ça doit être génial.
RICHARD ROBINSON
Ils sont tous intéressés.
Parce qu'on leur fait sentir
qu'ils font partie. C'est vrai
parce que si jamais ils
voulaient se joindre à nous, ils
peuvent le faire n'importe quel
temps. Même ma fille qui est
architecte à Los Angeles, moi,
dans mon idée, elle va prendre
un peu la relève. Mais c'est
une personne qui est
indépendante puis elle voulait
faire quelque chose d'elle-même.
Pas dire: j'ai suivi mon père
puis ça a donné ça. Elle
voulait être architecte puis
elle est partie pour étudier à
Laval, elle a gradué puis elle
est tout de suite partie à Los
Angeles comme architecte puis
elle eu du travail comme ça.
Fait que là, elle a sa propre
entreprise puis je suis fier.
Mais des fois, elle dessine des
vêtements pour moi qu'on
produit parce que elle adore
la mode.
GISÈLE QUENNEVILLE
Puis vous avez une
petite-fille aussi qui est
intéressée. Elle est pas grande
encore, mais ça viendra.
RICHARD ROBINSON
Elle a... comme Ève, cette
année, elle a présenté--
GISÈLE QUENNEVILLE
Elle a quel âge, Ève?
RICHARD ROBINSON
Ève, huit ans. OK. Ça faisait
une couple d'années que je lui
disais: "Ève, un jour, tu vas
pouvoir créer puis présenter."
Puis nous autres, au défilé de
mode annuel, je fais tout le
temps l'ouverture du défilé avec
mes créations. Mais ça fait
peut-être trois ans que je fais
pour enfants aussi. J'utilise
mes petits-enfants pour
modeler. En tout cas, ils
adorent ça. Ils viennent au
chalet, puis ils se pratiquent
à modeler.
GISÈLE QUENNEVILLE
C'est le rêve de toute
petite fille.
RICHARD ROBINSON
C'est un domaine qui est
intéressant parce que les beaux
tissus, les belles couleurs,
des designs, puis... juste
le fait de modeler.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ève, elle joue pas juste
à la mannequin.
RICHARD ROBINSON
Non, non. C'est ça, cette
année, je lui ai dit: Tu vas te
mettre avec moi, tu vas
dessiner des modèles qu'on va
produire puis ça va être une
collaboration de toi et moi
comme design. Puis c'est ça
qu'on a fait, elle m'a aidé
à choisir les couleurs, les
tissus, les détails. On faisait
le modèle, puis on fait une
toile habituellement avant.
Puis elle me disait: "Ah, je
pense que j'aimerais ça
une ouverture en arrière,
grand-papa." J'aimerais ça, ci,
j'aimerais ça, ça. Ça fonctionne
bien. Elle a beaucoup d'idées.
GISÈLE QUENNEVILLE
Eh bien, monsieur Robinson,
je pense que votre entreprise
est entre bonnes mains.
Merci beaucoup.
RICHARD ROBINSON
Ça me fait plaisir.
GISÈLE QUENNEVILLE est à l'atelier de couture avec LOUISE et RICHARD ROBINSON.
RICHARD ROBINSON
C'est sûr que je pourrais pas
habiller tout le monde.
J'aimerais ça pouvoir, mais
ça coûte cher nous autres.
LOUISE ROBINSON
Dans le fond, je pense qu'il
aime ça avoir un challenge puis
rendre la personne la plus
belle possible puis que la
personne se sente bien dans le
vêtement. Ça, c'est tellement
important pour lui.
Il veut rendre les gens heureux.
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