Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin et Daniel Lessard rencontrent des personnalités francophones et francophiles. Découvrez ces politiciens, ces artistes, ces entrepreneurs ou ces scientifiques dont l'histoire, extraordinaire, mérite d'être racontée.


Vidéo transcription
Paul Demers : auteur-compositeur-interprète
Paul Demers est un auteur-compositeur-interprète qui a longtemps roulé sa bosse en Ontario, cumulant prix et reconnaissances.
Sa chanson Notre place est devenue l’hymne des Franco-Ontariens. Elle est chantée dans les écoles et les rassemblements, partout en Ontario français. Paul Demers ne pouvait pas s’imaginer que sa chanson allait avoir autant de succès.
En 30 ans de carrière, Paul Demers a signé trois albums, tous réalisés sous le signe d’une maladie qui le hante depuis toujours : la maladie de Hodgkin.
Réalisateur: Linda Godin
Année de production: 2015
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Générique d'ouverture
Titre :
Carte de visite
Pendant que GISÈLE QUENEVILLE présente son invité, l'auteur-compositeur-interprète PAUL DEMERS, on entend les paroles de la chanson « Notre place », interprétée par celui-ci. Des images d'un spectacle accompagnent la musique.
PAUL DEMERS
♪ Il faut célébrer ♪
♪ Notre place ♪
♪ Aujourd'hui pour demain ♪
♪ Notre place ♪
GISÈLE QUENEVILLE
C'est la chanson qui est devenue
l'hymne des Franco-Ontariens,
chanté dans les écoles et
les rassemblements, partout
en Ontario français.
PAUL DEMERS
♪ Pour mettre les accents ♪
♪ Là où il le faut ♪
♪ Faut se lever ♪
♪ Il faut célébrer ♪
GISÈLE QUENEVILLE
Paul Demers ne pouvait pas
s'imaginer que sa chanson allait
avoir autant de succès. Cet
auteur-compositeur-interprète
a longtemps roulé sa bosse
en Ontario et partout
au Canada français.
On entend les paroles d'une autre chanson interprétée par PAUL DEMERS et on voit celui-ci sur scène.
PAUL DEMERS
♪ Des amis qui m'ont dit ♪
♪ Viens chanter tes chansons ♪
♪ Si possible sans te tromper ♪
GISÈLE QUENEVILLE
En 30 ans de carrière, Paul
Demers a signé trois albums.
PAUL DEMERS
♪ Dans une salle de 700 ♪
GISÈLE QUENEVILLE
Tous signés en marge d'une
maladie qui le hante
depuis toujours.
PAUL DEMERS
♪ Ça fait paraître
plus grand ♪
♪ Ça fait rien j'ai chanté ♪
♪ On s'est bien amusés ♪
♪ à Timmins ♪
♪ à bottine ♪
♪♪♪
L'entrevue suivante se déroule sur la scène d'une salle de spectacle.
GISÈLE QUENEVILLE
Paul Demers, bonjour.
PAUL DEMERS
Bonjour.
GISÈLE QUENEVILLE
Paul, tu es le plus
franco-ontarien des chanteurs
franco-ontariens et tu es
même pas né en Ontario!
PAUL DEMERS
Non, c'est vrai.
GISÈLE QUENEVILLE
Comment ça?
PAUL DEMERS
Je suis né à Gatineau,
l'Outaouais québécois.
Et puis, mon père qui
travaillait au Conseil scolaire
d'Ottawa a décidé d'amener la
petite famille du côté d'Ottawa.
J'étais encore au secondaire.
Dans l'ouest de la ville, à
l'école Champlain qui était une
nouvelle école francophone qui
allait prendre contrôle d'une
école qui s'appelait Champlain
High School. Donc, on a côtoyé
Anglos, Francos, pendant
quelques années. C'est là que,
en tant que Francophone, je
me suis impliqué dans les
arts à l'école, le théâtre.
Ma première prestation
sur scène, ça a été à l'école
Champlain qui est maintenant
le Centre Jules-Léger,
ici, à Ottawa.
GISÈLE QUENEVILLE
Ta première prestation en
musique, en chanson, c'était
comment? Qu'est-ce que tu as
chanté? Qu'est-ce
que tu as fait?
PAUL DEMERS
C'était le jour du Souvenir.
On avait monté un spectacle. Je
jouais dans une petite pièce
de théâtre qui s'appelait
Une goutte de miel,
si je me trompe pas.
GISÈLE QUENEVILLE
C'est joli.
PAUL DEMERS
Un petit sketch de 10-15
minutes sur la guerre.
Et puis, après ça, j'allais
chanter
Mon copain de Gilbert
Bécaud. Je sais
pas si tu connais.
(Chantonnant)
♪ C'était mon copain
et on l'a tué ♪
C'est vraiment... Son ami est
mort à la guerre, tu sais. Et
puis, j'avais le pied sur le
tabouret et le pied
m'allait comme ça.
GISÈLE QUENEVILLE
C'est un bon souvenir?
PAUL DEMERS
Bien, 400 personnes là.
C'était la première fois. Et là,
ça a fini... Je finissais
avec Et si on s'y mettait de
Jean-Pierre Ferland. Là, tout le
monde revenait sur la scène.
Tu sais, c'était le
We are the World du temps.
(Propos en français et en anglais)
Et puis, standing ovation.
GISÈLE QUENEVILLE
Toi, je pense que le déclic
pour toi s'est fait grâce
à Théâtre Action.
PAUL DEMERS
Bien, directement et
indirectement. À cause de la
petite pièce que j'avais jouée
le jour du Souvenir, Jean-Marc
Dalpé, qui faisait du
recrutement dans des écoles
secondaires pour organiser le
premier festival de Théâtre
Action à Elliot Lake, en 1973,
je crois. Et puis, rencontrer
les André Paiement, les Robert
Paquette, dans l'effervescence
totale du Nouvel-Ontario.
Alors, j'ai découvert un monde.
Et puis, ça a été un coup de
foudre naturellement. J'ai comme
découvert un peuple et puis,
j'ai même écrit une
chanson au retour de ça,
en souvenir de ça.
GISÈLE QUENEVILLE
Toi, tes grandes années, tu es
venu après CANO et Robert
Paquette et puis...
PAUL DEMERS
J'étais le petit jeune que,
des fois, à la fin d'une soirée
ou dans les festivals de Théâtre
Action, une fois qu'André avait
fini, il me passait sa guitare
pour que je chante la fameuse
chanson que j'avais écrite
en revenant du premier festival,
qui était déjà mon
Notre place de l'époque.
Ça s'appelait En Ontario.
Oui, c'est ça, j'étais
le petit nouveau.
GISÈLE QUENEVILLE
Mais pour arriver après CANO,
et Paquette et Garolou aussi,
est-ce que ça a fait une
différence, pour toi,
dans ta carrière?
PAUL DEMERS
Ah bien oui. Moi, j'appelle
ça des gens qui ont battu
(Propos en français et en anglais)
la trail. Et ça a été
des modèles. Moi, je sortais
du secondaire. C'est quoi
un artiste, tu sais? Là,
j'en voyais en chair et en os.
À peine plus vieux que moi, mais
qui s'assumaient comme artistes.
C'est une période aussi du
nationalisme québécois où
j'arrivais, donc j'étais
mélangé. J'arrivais du Québec.
J'arrivais en Ontario.
Canadien-français, Québécois,
Franco-Ontarien. Et puis
là, j'ai accroché à
cette identité-là. Celle
du territoire, Nouvel-Ontario.
Un Ontario qui essaie de
se créer une identité. Alors,
j'ai embarqué dans ça.
GISÈLE QUENEVILLE
Percer au Québec, est-ce que
c'était une possibilité? Quelque
chose que tu voulais faire?
Est-ce que c'était faisable
À cette époque-là?
PAUL DEMERS
Il y a des choix qu'on fait,
des fois. J'ai choisi d'être
un chanteur en région.
Et puis, les circonstances
de la vie ont fait ça aussi.
J'ai choisi un objectif très
large. Un plan de carrière,
si on peut dire. Je voulais être
connu d'un océan à l'autre.
C'était plus ça. Et puis... On a
fait la Gaspésie. Tu sais, j'ai
eu l'occasion de jouer dans à
peu près toutes les provinces
sauf l'Île-du-Prince-Édouard
et Terre-Neuve, je pense.
Alors, j'ai atteint ce que je
voulais et même plus. Parce que
je suis allé en Louisiane, je
suis allé en France. Donc,
moi... C'était pas de réussir.
C'est sûr, c'est sûr que
j'aurais aimé avoir un marché
plus gros au Québec, mais c'est
des circonstances. C'est la
maladie. C'est plein de choses
qui ont pas été mon destin.
C'est pas nécessairement
un choix que j'ai fait
ou un non-choix. Ça s'est
présenté comme ça.
GISÈLE QUENEVILLE
Il y a eu Paul Demers, il y a
eu Pure laine et il y a
eu Paul Demers à nouveau.
PAUL DEMERS
Oui.
GISÈLE QUENEVILLE
Plus facile en gang
ou en solo?
PAUL DEMERS
En gang, j'ai aimé ça. C'est
là que j'ai appris le métier
vraiment. C'est-à-dire que, en
jouant solo, avant Pure laine,
tu es un petit jeune qui doit se
faire connaître. Ça fait qu'il
faut que tu gagnes tes foules.
Ça, j'ai appris ça... déjà.
Et avec Pure laine, c'était
vraiment la route. Système de
son, éclairage,
(Propos en français et en anglais)
booking, jouer
dans des bars, jouer dans des
grands festivals, aller en
Saskatchewan. Premier 45 tours,
première expérience en studio.
Ça a été vraiment l'école pour
moi, Pure laine.
C'était vers 1979-1980.
PAUL DEMERS interprète une chanson en s'accompagnant à la guitare.
PAUL DEMERS
♪ J'ai fait 400 milles un soir ♪
♪ à Timmins pour aller voir ♪
♪ Des amis qui m'ont dit ♪
♪ Viens chanter tes chansons ♪
♪ Si possible sans te tromper ♪
♪ Il y en avait
une quarantaine ♪
♪ Dans une salle de 700 ♪
♪ Ça fait paraître plus grand ♪
♪ Ça fait rien j'ai chanté ♪
♪ On s'est bien amusés ♪
♪ à Timmins ♪
♪ à bottine ♪
GISÈLE QUENEVILLE
Paul, Paul Demers, c'est
Notre place, "la" chanson
des Franco-Ontariens. Comment
cette toune-là a vu le jour?
PAUL DEMERS
C'était dans des circonstances
spéciales dans ma vie parce que
justement, mon premier épisode
de maladie, c'était
à cette époque-là.
J'ai eu le Hodgkin et puis...
Je venais de...
De connaître un épisode assez
troublant et désespérant un peu.
Avec une greffe de moelle
osseuse qui avait été faite à
Toronto. J'étais le premier
d'Ottawa, si on retourne
dans l'histoire, à avoir
eu ce qu'on appelle en
anglais "autologous".
J'étais mon propre donneur.
C'était une nouvelle technique.
Alors, ça, ça a été un six
semaines, quasiment tout un été,
en isolation dans une chambre
d'hôpital, ici, à Ottawa.
Après l'opération de Toronto,
on m'emmenait à Ottawa.
Et puis, bon, convalescence.
Vers septembre, quand je suis
retourné à la maison, François
Dubé, un musicien que j'avais
connu à Saint-Boniface, mais
un gars d'ici, de la région,
qui m'appelle et il me dit:
"Paul, il y a un grand gala."
Je crois que c'était pour la
mise en vigueur de la loi 8 ou
le premier anniversaire, je ne
me rappelle plus tellement.
Et c'était justement des
producteurs de Montréal qui
connaissaient pas trop l'Ontario
français et c'était pour la télé
et ça se passait à Toronto.
La salle était pleine. Tout
l'Ontario français était là.
Tout le gratin culturel,
politique. On célébrait la loi 8
qui est la loi pour les services
en français. Et François
m'appelle et il dit: "Il y a
ce gala-là et ils veulent une
musique pour finir ça. Où tout
le monde va sortir de là comme
la Saint-Jean sur la montagne."
C'est ce que les producteurs de
Montréal disaient. Quand Ginette
Reno avait chanté "Plus haut,
plus loin" ou je sais pas quoi.
Ils voulaient quelque chose...
Ils voulaient que ça vibre.
Il me dit: "J'ai pensé à toi."
Ça fait que là, moi, j'étais
comme pas mal maigre,
les cheveux courts.
GISÈLE QUENEVILLE
Tu vibrais pas beaucoup là.
PAUL DEMERS
J'avais les cheveux courts,
mais c'était une bénédiction
dans un sens parce que ça me
donnait un défi. C'était un
(Propos en français et en anglais)
comeback. J'en ai fait bien
des comebacks à cause de ma
santé. Mais cette fois-là, ça a
été un défi que j'ai pas refusé.
Donc, c'est une commande,
dans le fond, pour
le gala de la loi 8.
Je suis descendu à Toronto faire
ça. On a fait ça chez François.
J'avais juste une idée de départ
qui avait été inspirée du
recueil de Jean-Marc Dalpé.
Parce que là, quand il m'a dit
ça, il y avait, à l'époque, la
chanson de Duteil qui parlait
de la langue française.
Il y avait celle de Michel
Rivard. Tout le monde en
faisait. Ça fait que là, je
voulais me différencier un peu.
Puis, je suis allé me remplir de
poésie franco-ontarienne de
Patrice Desbiens, de Jean-Marc
Dalpé. Juste pour me mettre dans
l'identitaire! Et puis, j'ai vu
une petite ligne dans le recueil
de Jean-Marc,
Les murs de nos
villages. C'est son premier
recueil. Il y a une ligne qui
disait: "Notre langue, on
l'avait dans nos poches et
nos poches avaient des trous.
On en a perdu un petit bout en
chemin." Quelque chose comme ça.
Alors, l'image. Et je me suis
dit, la loi 8, c'est... C'est
finalement une affirmation qu'on
existe. Et j'ai dit aussi: "Pour
ne plus avoir notre langue dans
nos poches, on veut exister."
Mais dans mon cas, c'est:
je vais chanter ça. Alors,
ça a parti ma première ligne.
Après ça, je savais que le
refrain, ce serait "notre
place". J'avais ça. Parce qu'on
trouvait notre place officielle
dans l'histoire, dans les
institutions. On avait notre
place. Une place reconnue.
On montre des images d'archives de PAUL DEMERS qui interprète la chanson « Notre place ».
PAUL DEMERS
♪ Pour ne plus avoir
notre langue dans nos poches ♪
♪ Je vais chanter ♪
♪ Je vais chanter ♪
♪ Que tu viennes de
Pointe-aux-Roches ou d'Orléans ♪
♪ Je vais chanter ♪
♪ Je vais chanter ♪
PAUL DEMERS
Alors pour moi, c'était "notre
place" blablabla. Je savais pas
quelle ligne encore.
"Notre place" blablabla.
Et après ça, c'était...
Pas autant la langue française
que je voulais célébrer, mais
ceux qui la parlent. Et cette
minorité qui, contre vents et
marées, a la tête dure comme
disait Robert Dickson et qui est
toujours là et qui lâchera pas.
Tant qu'il va y avoir du monde
qui va prendre le flambeau,
ça va continuer. Donc, pour moi,
c'est ces gens-là. C'est les
professeurs à Pointe-aux-Roches.
C'est l'enseignant ici. L'autre
commis là. Pour moi, c'est ça,
l'Ontario français. C'est pas
autant la langue que ces gens-là
que j'ai rencontrés sur mon
chemin. Donc, j'ai eu l'idée de
mettre un peu les quatre coins
de la province pour qu'un peu
tout le monde s'y reconnaisse.
Et puis, je pense que c'est pour
ça qu'on la chante encore
aujourd'hui. Parce que tout le
monde s'est reconnu à cause des
quatre coins de la province.
En tout cas, c'est
mon interprétation à moi!
GISÈLE QUENEVILLE
Est-ce que la réaction à
cette chanson-là t'a surpris?
Qu'on l'ait adoptée? C'est
devenu un peu l'hymne de
l'Ontario français.
PAUL DEMERS
Comme Marcel Aymar me dit: "Tu
as frappé une corde là."
"Tu as touché quelque chose."
On le sait pas ça, si ça va nous
survivre. Je savais que ça
aurait un impact ce soir-là
et on l'a senti dans la salle
quand je l'ai performée pour la
première fois avec Hart Rouge et
Robert. Avant même l'album.
GISÈLE QUENEVILLE
Oui.
PAUL DEMERS
La création s'est faite sur
scène. Et puis, la salle vibrait
puis... Puis d'autant plus que
j'arrivais de ma greffe de
moelle. Tout le monde savait que
je venais de passer à travers
ça. J'avais encore juste
un petit cheveu qui commençait
à pousser à peine. Très maigre.
Et puis, donc la vibration était
multiples raisons. Il y avait
beaucoup de choses qui
se passaient, en ébullition.
Et dans le contenu, des gens
se sont reconnus. Et c'est
facile à chanter.
GISÈLE QUENEVILLE
C'est facile à retenir aussi.
PAUL DEMERS
C'est ça. Dans le party après,
je me rappelle, Pierre Rodier et
sa gang de Vox Théâtre,
ils l'ont chantée avec des
ballounes. Bon, c'était déjà
parti. La soirée était pas finie
que déjà quelqu'un d'autre
la chantait. Donc...
GISÈLE QUENEVILLE
Et on la chante encore.
PAUL DEMERS
En plus, Pierre Touchette qui
était producteur-réalisateur,
à l'époque, à TVO, m'approche et
il dit: "Écoute, Paul, il faut
qu'on fasse quelque chose avec
ça. On va faire un vidéoclip."
Et puis Maurice Aubin qui a
réalisé le vidéoclip, en
commande avec Pierre Touchette.
Ça s'adonnait que j'étais en
train de faire mon premier
album. J'ai dit: "Bon, bien,
peut-être que je devrais
la mettre sur l'album."
GISÈLE QUENEVILLE
Parce qu'elle devait pas être
sur l'album cette chanson-là?
PAUL DEMERS
Je l'avais déjà commencé,
l'album, mais c'était une
nouvelle chanson. J'ai dit:
"Peut-être que je devrais
la mettre sur l'album et en même
temps, on va faire un clip."
Pendant qu'on l'a fait en
studio, quelques jours après,
l'équipe de tournage est venue.
J'avais fait ça à Montréal.
On a fait le clip en studio.
Robert et Hart Rouge sont tous
venus. Ils ont été assez gentils
pour refaire ce qu'ils avaient
fait en scène avec moi, mais
pour l'album. Et puis là, TVO, à
l'époque, se servait de ça comme
on ferme les émissions
avec Ô Canada.
Les émissions à TVO, TFO, merci
beaucoup, ça finissait avec
Notre place. Le vidéoclip
de Notre place. Et bip!
Les émissions se terminaient.
L'autre phénomène qui fait que
ça a pris de l'ampleur: dans les
écoles, on faisait le
Notre place et le Notre Père.
Donc ça, c'est des choses,
j'avais pas de contrôle dessus.
Donc, le peuple se l'est
accaparée et...
GISÈLE QUENEVILLE
Est-ce que cette chanson-là a
été un envol pour ta carrière ou
est-ce que ça a été
un boulet pour toi?
PAUL DEMERS
C'est un petit peu un boulet
dans le sens que j'ai fait
autre chose avant et après.
Pour ceux qui m'ont connu avant,
ils le savent, eux autres.
Mais il y en a d'autres que,
pour eux autres, moi, je suis
M. Notre Place et c'est tout.
GISÈLE QUENEVILLE
(Propos en français et en anglais)
Un one-hit wonder!
PAUL DEMERS
Je suis comme le bonhomme
Carnaval, tu sais. Je suis la
mascotte. Ce côté-là, c'est un
peu boulet, oui, j'avoue. Mais
c'est bon. C'est mon
(Propos en français et en anglais)
claim to fame, comme on pourrait dire.
Je l'assume. Et c'est un cadeau
qu'on fait aux gens. Et les gens
nous le renvoient. Il faut être
généreux à notre tour. Ça fait
que j'hésite pas quand
on veut que je la chante.
GISÈLE QUENEVILLE
À peu près à ce moment-là, tu
as été un des fondateurs de
l'Association professionnelle de
la chanson et de la musique de
l'Ontario... Qui, aujourd'hui,
c'est quand même une grosse
affaire. Il y a les prix Trille
Or, les concours. Il y a la
distribution de musique et tout
ça. Pourquoi c'était important
de mettre sur pied
l'APCM à ce moment-là?
PAUL DEMERS
Parce que... mon premier
album, je l'ai fait tout
seul comme un indépendant.
Et là, vendre mille disques en
province, c'était pas évident.
Ça, c'est une des raisons. Mais
l'autre c'est: originalement,
l'idée a germé, j'avais
justement vu CANO en version
préalbum, ici, à Ottawa et
j'avais jasé avec Marcel
après parce que j'avais reçu une
invitation ou une lettre et
dans le coin, c'était écrit
"C-A-N-O". Coopérative des
artistes du Nouvel-Ontario.
"Quelle merveilleuse idée! Je
voudrais faire partie de ça." Il
dit: "Ça marche pas de même." Et
tout ça. Et là, pour moi,
c'était l'extension de ça, dans
le fond. Au lieu d'être un club
sélect, si tu veux, c'est
une opportunité de se rencontrer
annuellement et de se prendre en
main, les indépendants et
se donner des outils pour,
justement, pas être celui
qui est toujours au téléphone
à essayer de vendre ses disques
et avoir un contrat, avoir
une subvention à Musicaction. On
pouvait pas avoir de subvention
à Musicaction parce qu'on avait
pas de distribution. Et tout
était à faire. Et puis...
j'avoue que maintenant que je
vais au gala et que je ne suis
plus sur les comités. J'ai été
président sur les C.A., les dix
premières années pas mal.
Là, je vois ça avec un grand
sourire. Je vois les nouvelles
générations. Je vois l'ampleur
que ça a. On fait ça, ici, au
Shenkman depuis quelques années
et puis, c'est le gala avec
le tapis rouge. Tout le monde se
met beau. Ça a pris une ampleur.
Tout le monde veut s'afficher
avec le gala. Il y a des
politiciens, tu sais. C'est un
moment bisannuel, aux deux ans,
qui rallie la communauté
musicale et culturelle vers un
des seuls grands galas qu'on a.
Et puis, j'avoue que c'est
une des choses dont je suis
le plus fier.
GISÈLE QUENEVILLE
Paul, toi, est-ce que tu as eu
des modèles en
chanson, en musique?
PAUL DEMERS
Bien, les modèles chair et os,
c'est, naturellement, les
premiers, ça a été Robert,
Marcel et tout ça. Mais disons
en chanson francophone,
Charlebois, ça a été fort.
Félix un petit peu aussi.
Côté anglophone, Johnny Cash.
Les Beatles. Les Beatles.
Paul McCartney, John Lennon.
Côté français, Cabrel pendant
une époque. Beaucoup Bécaud
quand j'étais jeune. Harry
Belafonte. Comme une grosse
palette. Parce que mon père
écoutait toute sorte d'affaires.
Donc, une grosse palette.
GISÈLE QUENEVILLE
Quelle est la chanson que
tu aurais voulu écrire?
PAUL DEMERS
Oh... Quelque chose comme
Hey Jude. Hein? Ce serait
pas pire, ça. Ou
Let it be.
GISÈLE QUENEVILLE
De toutes tes chansons, quelle
est ta préférée? En as-tu
une préférée? Sûrement.
PAUL DEMERS
J'en ai une qui m'est chère
parce que c'est sur ma mère et
je suis fier du texte, je suis
fier de l'emballage qu'on
en a fait. Ça s'appelle
Pour ceux qui restent.
PAUL DEMERS interprète une chanson en s'accompagnant à la guitare.
PAUL DEMERS
♪ J'ai froid au coeur ♪
♪ Je mords ma peur ♪
♪ Tandis qu'elle tourne
dans le vent ♪
♪ Dans la tempête de mon sang ♪
♪ On a beau être agile ♪
♪ C'est des rimes faciles ♪
♪ Des rimes faciles ♪
♪ Ne serait-ce que
pour un jour ♪
GISÈLE QUENEVILLE
Paul, j'aimerais
qu'on parle de cette maladie
dont tu as fait allusion tantôt
qui te suit depuis un bon bout
de temps. Tu souffres
de quoi au juste?
PAUL DEMERS
Là, je ne souffre plus de
cette maladie-là, mais j'ai eu
le Hodgkin qui est
un cancer lymphome
qui est le système lymphatique.
Et puis, le malheur que j'ai eu,
c'est que je l'ai eu deux fois.
J'ai eu une première vague de
chimio, de radiothérapie et
puis, c'est revenu comme
deux-trois ans après.
C'est là que ça a
été un peu l'enfer.
GISÈLE QUENEVILLE
Tu étais quand même assez
jeune quand ça a commencé.
PAUL DEMERS
25 ans, oui. Le premier
diagnostic, c'était à 25 ans.
Et puis, ensuite, deux-trois ans
après, c'est revenu. Là, ça
a été une greffe de moelle
osseuse. J'étais, comme je
disais tantôt, un des premiers,
à Ottawa, d'avoir cette
intervention avec sa propre
moelle. Il y en avait deux
et l'autre a pas survécu.
Donc, je suis comme historique.
Je suis le premier. Mais c'est
très, très sévère. On t'amène le
système immunitaire complètement
à terre. En isolation.
Tu es vulnérable à toutes
les maladies. Et puis, ça a
fonctionné. Ce qui fait
que je traîne un peu et j'ai
des faiblesses et des épisodes
maintenant, c'est plus
les séquelles des traitements
que la maladie elle-même.
Donc, j'ai un peu d'insuffisance
rénale. J'ai un système
immunitaire moins fort qu'avant.
Des choses comme ça. Mais ça
fait quand même 26 ans. Donc...
GISÈLE QUENEVILLE
Qu'est-ce que cette maladie-là
a représenté pour ta
carrière musicale?
PAUL DEMERS
Bien, ça a été sûrement un
empêchement. À des époques où,
justement, ça roulait
bien et tout allait bien.
GISÈLE QUENEVILLE
Parce qu'il y
avait des rechutes.
PAUL DEMERS
Bien, c'est ça. Je veux dire,
quand je tombais malade, on met
la carrière en pause, hein. Des
fois, c'est deux-trois ans avant
de te remettre de ça. Tu
recommences pas à chanter le
mois d'après. Et puis, tu es pas
sûr même, si tu vas être capable
de le faire. Donc, c'était
des renaissances. Je suis
un phénix en permanence.
GISÈLE QUENEVILLE
Et trois albums en 30 ans.
PAUL DEMERS
Et ça justifie ça aussi.
Comme la production, elle s'est
échelonnée parce qu'elle
a été interrompue assez souvent.
GISÈLE QUENEVILLE
Aujourd'hui, comment tu vas?
PAUL DEMERS
Aujourd'hui, c'est l'âge.
GISÈLE QUENEVILLE
Quand même!
PAUL DEMERS
Mais disons que, c'est ça,
c'est insuffisance rénale,
des choses comme ça. J'ai eu
un blocage artériel, il y a
trois ans. Donc, je suis
en semi-retraite.
GISÈLE QUENEVILLE
Et est-ce que tu écris
encore? Est-ce que tu composes?
PAUL DEMERS
J'ai le projet d'écrire. J'ai
le projet de... J'ai déménagé à
Orléans, il y a un peu plus d'un
an. Là, j'installe mon nouveau
studio. Donc, j'ai l'intention
de m'amuser cet hiver,
en écriture.
GISÈLE QUENEVILLE
Est-ce que tu penses, des
fois, à ce qu'aurait été ta
carrière si tu avais pas eu la
maladie? Ou est-ce que c'est
mieux de ne pas y penser?
PAUL DEMERS
J'y pense pas
vraiment. Non, non.
C'est sûr que ça aurait été
autre chose. C'est sûr que ça
aurait été autre chose. Mais
j'ai le destin que j'ai.
Et puis, je l'assume. Tout ce
qu'on veut, dans le fond, c'est
de faire une différence. Dans
n'importe quoi qu'on fait, qu'on
a fait au moins une différence.
Puis je peux dire que j'ai fait
une différence. Donc,
je suis content de ça.
GISÈLE QUENEVILLE
Quand même 35 ans de carrière,
voire même presque 40 ans de
carrière. Quel est, pour toi, le
plus beau souvenir de ces
années-là? C'est sûr qu'il y
avait Notre place, mais bon,
il y a eu autre chose
que Notre place.
PAUL DEMERS
Bien, il y a deux-trois
épisodes: le Pure laine qui a
éclaté à La Nuit sur l'étang
comme une tornade. Ça a été
un coup de foudre instantané.
Et on avait travaillé fort.
J'avais déménagé à Hearst
pour monter ce groupe-là. Le
deuxième, c'est encore à La Nuit
sur l'étang. C'est la chanson
Mademoiselle, justement en
revenant de ma première vague de
maladie. J'ai été invité, un
petit peu par la porte d'en
arrière, parce qu'il y avait eu
une annulation à la dernière
minute. J'ai eu 15 minutes
à La Nuit et il y avait ce qu'on
appelait la Bourse Bertrand qui
était pour la chanson de la
soirée. Et j'avais
présenté
Mademoiselle.
Et puis ça, ça a été comme un
(Propos en français et en anglais)
boost au moral, au bon moment.
Et naturellement,
Notre place.
Oui. Particulièrement au gala de
la loi 8, mais aussi, SOS
Montfort. 10 000 personnes
debout avec des drapeaux, dans
une cause maintenant historique.
C'était très particulier.
GISÈLE QUENEVILLE
Paul Demers, merci beaucoup.
PAUL DEMERS
Ça fait plaisir.
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