

Carte de visite
Gisèle Quenneville, Linda Godin et Daniel Lessard rencontrent des personnalités francophones et francophiles. Découvrez ces politiciens, ces artistes, ces entrepreneurs ou ces scientifiques dont l'histoire, extraordinaire, mérite d'être racontée.
Vidéo transcription
Hugh Segal : ancien chef de cabinet
Que ce soit comme chef de cabinet de Brian Mulroney ou de l’ancien premier ministre ontarien Bill Davis, Hugh Segal a toujours été passionné par la politique.
Il n’a jamais été élu député mais il a été nommé sénateur. C’est un fervent conservateur mais qui n’a jamais eu peur de critiquer son parti.
Et après neuf ans au Sénat, il a décidé qu´il était temps de passer à autre chose…
Aujourd´hui, Hugh Segal oeuvre à la tête du Collège Massey de l’Université de Toronto.
Réalisateur: Charles Pepin
Année de production: 2015
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Générique d'ouverture
Titre :
Carte de visite
GISÈLE QUENNEVILLE fait la présentation de son invité, HUGH SEGAL, maître au Massey College. L'entrevue se déroule à la bibliothèque de l'université.
[GISÈLE QUENNEVILLE:]Il a
parcouru les corridors de
Queen's Park, à Toronto, et ceux
du Parlement canadien, à Ottawa.
Que ce soit comme chef de
cabinet pour Bill Davis ou Brian
Mulroney, il a toujours été
motivé par le service public.
C'est un fervent conservateur
qui n'a jamais eu peur de
critiquer son parti, et après
neuf ans comme sénateur,
il a décidé qu'il était
temps de passer à autre chose.
Aujourd'hui, Hugh Segal
poursuit son service public
aux côtés des professeurs et
étudiants du Collège Massey
de l'Université de Toronto.
HUGH SEGAL
Pour moi,
le premier but du gouvernement,
c'est d'assurer que tout le
monde, quoi qu'ils soient leur
racine, quelle que soit leur
capacité économique, vont
entrevoir "un certain"
opportunité fondamentale
de faire leur propre vie.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hugh Segal, bonjour.
HUGH SEGAL
Bonjour.
GISÈLE QUENNEVILLE
M. Segal, quel a été
votre premier contact avec la
politique et les politiciens?
HUGH SEGAL
Voilà, j'étais un étudiant à
13 ans, à Montréal, dans "mon
petit" école "religieux", dans
la région nord-ouest "du" ville,
et c'était pendant
l'élection de 1973.
Et M. Diefenbaker, le premier
ministre du pays, a visité notre
école, c'était dans le comté de
Mont-Royal, un comté tout à fait
libéral, profondément libéral.
GISÈLE QUENNEVILLE
Il avait aucune chance?
HUGH SEGAL
Aucune chance, mais il l'a
visité, en tout cas, avec
le candidat conservateur.
Une grande assemblée
des étudiants et des familles,
des parents, de la parenté,
des professeurs, etc.
Mais le but pour "son"
visite était de faire une
présentation spéciale à l'école,
au principal de l'école
et c'était l'Acte de
droits humains du Canada qui
vient d'être passé au Parlement
du Canada, en 1961.
Alors, son discours n'était pas
aucunement partisanerie, c'était
un discours du Canada qui était
en train de bâtir le Canada,
ou quelle que soit votre langue,
ou quelle que soit votre
religion, quoi que soit votre
votre couleur, quoi que soit vos
préférences, on est tous membres
de la famille. Si on est prêts à
travailler, on a de la place sur
la table familiale pour tout le
monde. Ceci est le Canada qu'il
est en train de construire, et
c'était représenter ses racines
de l'ouest du Canada, de
Saskatchewan, où il était
parti sur une perspective
tout à fait populiste.
Et son discours était
magnifique, j'étais très jeune,
impressionnable, et j'ai
retourné à la maison le soir,
c'était un vendredi soir,
le dîner de vendredi soir,
dans une petite famille juive.
Mon père, à l'époque, était
un chauffeur de taxi.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum-hum.
HUGH SEGAL
Puis il était le gérant
"du" campagne pour le
candidat libéral...
GISÈLE QUENNEVILLE
Oh!
HUGH SEGAL
... dans le comté voisin,
le comté de Montréal-Cartier.
Le député était M. Milton Klein,
anciennement élu, puis mon
père était un des gérants
"du" campagne pour lui. Mon
grand-père, qui était au dîner,
mon grand-père était un membre
du Syndicat des travailleurs
des vêtements de ferme.
GISÈLE QUENNEVILLE
Donc, c'était pas
des conservateurs.
HUGH SEGAL
Non, non, du tout. Puis
il était impliqué avec le NPD,
puis travaille fortement.
Alors, du moment que j'ai dit:
"M. Diefenbaker était à l'école,
j'étais bien impressionné, puis
je pense que je vais travailler
pour son propre candidat
dans notre propre comté."
GISÈLE QUENNEVILLE
Quelle a été la réaction?
HUGH SEGAL
Ça a créé "un" certain
controverse "au" table.
GISÈLE QUENNEVILLE rit.
HUGH SEGAL
Puis maman a dit: "Voyons, on va
avoir une discussion politique
'au' table, là, c'est pas
gentil. Hugh, tu vas écrire
une lettre à tous les chefs des
partis politiques en demandant
des raisons pour lesquelles vous
déciderez de devenir militant,
ou des conservateurs, ou des
libéraux, ou des NPD, ou
des Crédit social, même."
GISÈLE QUENNEVILLE
Et vous avez écrit des
lettres à chacun des chefs?
HUGH SEGAL
Le prochain matin. J'ai écrit
des lettres directement
à tous les chefs, en posant
deux, trois questions.
GISÈLE QUENNEVILLE
Avez-vous eu des réponses?
HUGH SEGAL
Oui, la réponse de M. Pearson,
qui était chef de l'opposition
à l'époque, était, comme on dit,
une lettre "mémographiée",
quoi, avec un pamphlet du Parti
libéral du Canada. La même chose
du NPD, la même chose de Crédit
social. "Le" lettre qui s'en
vient de M. Diefenbaker était
une lettre personnelle.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum...
HUGH SEGAL
Il faut savoir, notre famille
était une famille d'aucune
conséquence ni économique ni
sociale, était une famille
travaillante, avec tous
les défis qu'une famille
travaillante aura, mais il a
donné une lettre personnelle,
"Cher M. Segal, voilà les
raisons pour lesquelles
vous devez...
doit devenir membre du parti
conservateur." Et j'ai installé,
j'ai envoyé deux, trois
de mes discours, puis, parlant
de telle, telle chose, ça t'a
confirmé que le meilleur
parti pour un jeune qui veut
s'installer "au" milieu
politique, travailler pour
le pays, c'était le parti
progressiste-conservateur,
à l'époque.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous êtes devenu chef
de cabinet pour Bill Davis.
HUGH SEGAL
Oui.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous avez également travaillé
dans la fonction publique en
Ontario, je pense que vous êtes
devenu sous-ministre,
vous aviez 29 ans...
HUGH SEGAL
Oui, c'est ça.
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce qu'on vous prend
au sérieux quand on est
sous-ministre à 29 ans?
HUGH SEGAL
Hum... La première journée,
quand j'étais sur l'équipe de M.
Davis, à son bureau, M. Stewart,
qui était le sous-ministre,
qui vient du système
du ministre de l'Éducation,
aucune partisanerie du tout. Il
m'a invité à un petit-déjeuner
à Hepburn Block où on est
en train de donner une
médaille pour service de 25 ans
au service de la couronne.
Alors, c'était une chambre
remplie de ceux qui ont
travaillé dans tous les
départements, qui étaient
au service de la couronne
pour 25 ans. Alors, après ce
petit-déjeuner, il m'a dit que
"chaque fois que vous pensez,
mon jeune homme, que vous avez
plus de connaissance ou de
compréhension que les personnes
dans ce
room-là, vous êtes en
train de faire une grosse faute.
GISÈLE QUENNEVILLE rit.
HUGH SEGAL
Et ceci était une des choses
qui m'a guidé pour toute ma vie
dans le service politique.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous avez été chef de cabinet
pour Bill Davis au provincial,
mais également pour Brian
Mulroney, n'est-ce pas,
au fédéral. Laquelle des deux
expériences vous a le plus
marqué, diriez-vous?
HUGH SEGAL
Les deux étaient tout à fait
différentes à cause que, au
provincial, on travaille sur
des choses qui sont une partie
intégrale de vie quotidienne
de tout le monde.
GISÈLE QUENNEVILLE
La santé, l'éducation,
l'agriculture...
HUGH SEGAL
L'éducation, santé, les
rues, les voies rapides...
hum, les questions
environnementales, ce sont
des questions qui touchent tout
le monde presque toutes les
journées. Au fédéral, c'était
toujours une petite bataille
pour des grandes choses
comme le libre-échange.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum-hum.
HUGH SEGAL
Ou des grandes choses
comme la négociation d'un nouvel
accord constitutionnel, l'accord
de Charlottetown, où j'étais
impliqué farouchement. Hum...
Alors, ça vous donne un niveau
de perspective qui est un petit
peu... pas tout à fait proche
de la population. Alors, pour
moi l'expérience qui était
fondamentale était
l'expérience au provincial.
GISÈLE QUENNEVILLE
Lequel des deux était
le meilleur patron,
M. Davis ou M. Mulroney?
HUGH SEGAL
Ils étaient des patrons tout à
fait différents. M. Davis était
un père de famille. Tout le
monde qui était sur son équipe,
était à la table famille
et M. Davis était le père
de famille, mais tout le monde
était presque égal. Avec
M. Mulroney, il était premier
ministre du Canada, puis,
you know, eux, ses collègues
au conseil exécutif qui étaient
élus, et ceux-ci étaient à un
niveau. Les autres, nous autres,
qui étaient dans le
higher help, c'est une autre affaire.
On a travaillé dans une façon
tout à fait claire, mais
c'était pas la même relation,
la même cordialité qu'on a
eue avec M. Davis.
L'édifice de Queen's Park était
jusqu'au centre "du" ville,
jusqu'au centre de la rue
University. Un grand édifice
de trois grandes parties,
avec l'assemblée provinciale au
centre et les bureaux des partis
politiques d'un côté, la tribune
de la presse au centre. Ça
montre comment, dans une société
démocratique, l'instrument
de légiférer, l'instrument où
ceux qui sont élus travaillent
ensemble pour l'intérêt
de la province est central
et l'édifice a montré,
pour moi, toujours un
édifice d'opportunité.
À cause que, moi, j'ai travaillé
avec M. Davis dans un
gouvernement minoritaire
au début, alors rien a passé.
Cette idée de retravailler
conjointement dans une façon
pas tout à faire partisane
représente pour moi le centre
de notre vie démocratique,
et c'était le commencement
de ma vie politique.
Des images extérieures et intérieures de Queen's Park se succèdent.
GISÈLE QUENNEVILLE
M. Segal, vous avez toujours
été un fervent conservateur
depuis ce premier contact avec
John Diefenbaker. Qu'est-ce
que le conservatisme
ça signifie, pour vous?
HUGH SEGAL
Pour moi, ça représente
un équilibre entre la liberté
et la responsabilité.
Et j'étais toujours un
progressiste-conservateur,
ça représente une certaine
partie du parti, en effet.
L'expression en anglais qu'on
utilise c'est le
Red Tory.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum-hum.
HUGH SEGAL
Ça dit que l'idée d'avoir une
économie tout à fait compétente,
une économie qui est forte, une
capacité fiscale qui est souple,
mais des raisons pour le
gouvernement, c'est de créer des
opportunités pour tout le monde,
y compris ceux qui sont pauvres,
ceux qui ont des problèmes.
Et le fait que les grands
programmes canadiens qui
sont une partie intégrale
de notre société, comme
l'assurance-maladie, ça a été
créé par un néo-démocrate
en Saskatchewan. C'était M.
Diefenbaker, alors qu'il est le
premier ministre, qui a demandé
à un monsieur de la justice,
Hall, de la Cour suprême,
d'étudier quelles sont
les implications de ça
pour le Canada.
Le rapport de M. Hall était
donné à M. Pearson à cause que
M. Diefenbaker était déjà battu.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum-hum.
HUGH SEGAL
Mais ceci représente la façon
dans laquelle cette importante
fondation de notre société
était établie dans une façon
multipartisane. Alors,
pour moi, le premier but
du gouvernement, c'est d'assurer
que tout le monde, quoi que soit
leur racine, quoi que soit leur
capacité économique, vont avoir
une certaine opportunité
fondamentale de faire leur
propre vie. Alors, avant de
travailler avec M. Davis, je
travaillais pour M. Stanfield.
M. Stanfield, qui était
le premier ministre de la
Nouvelle-Écosse, qui était un
progressiste-conservateur, qui a
organisé un débat sur le revenu
garanti dans notre parti. Ceci
représente la perspective
conservatrice que j'ai toujours
gardée avec moi, et qui reste
encore une partie intégrale
de ma perspective partisane.
GISÈLE QUENNEVILLE
On dit de vous que vous
êtes un fervent partisan
conservateur, qu'il y a pas
plus partisan que Hugh Segal.
Est-ce que c'est vrai, ça?
HUGH SEGAL
C'était la vérité pour
une "grande espace" de ma vie.
Et maintenant, quand j'étais
au gouvernement provincial et
fédéral, j'étais au sénat, j'ai
voté contre mon gouvernement
plusieurs fois. Je trouvais
qu'on a certaines questions
où la partisanerie n'est pas la
considération le plus sérieux.
On a des autres choses qui sont
plus sérieux et, pour cette
raison-là, le fait que le
nouveau premier ministre
du Canada veut avoir un sénat
pas tout à fait partisan, divisé
entre les deux; mais avec
des Canadiennes et Canadiens
qui s'en viennent avec une
certaine capacité, expérience,
compétence, et ils sont pas là
à cause qu'ils sont absolument
partisans, mais pour des autres
raisons; je pense que c'est
un changement important
et d'une valeur supérieure.
GISÈLE QUENNEVILLE
Est-ce que ça va assez loin?
Parce que vous, lorsque vous
étiez sénateur, vous étiez
en faveur des mandats délimités.
Vous êtes parti,
d'ailleurs, après neuf ans.
HUGH SEGAL
Oui.
GISÈLE QUENNEVILLE
Et vous étiez en faveur
d'une certaine réforme du sénat.
Est-ce que ce qu'on propose
maintenant, ça va assez loin?
HUGH SEGAL
Mes propositions, à l'époque,
étaient avant la décision de
la Cour suprême. La Cour suprême
vient de décider que quoi
que soit le changement, il
doit avoir une approbation
constitutionnelle.
Ou de sept provinces, avec
50% plus 1 de la population
canadienne, ou de l'unanimité
pour abolir ou quoi. Alors,
ceci a créé un chemin assez
limité pour le gouvernement
actuel. Je pense que les
réformes qu'il propose sont les
meilleures à faire à prendre
comme acquis la décision
de la Cour suprême.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous l'avez mentionné tantôt,
vous avez voté à quelques
reprises contre votre parti
lorsque vous étiez sénateur
contre le projet de loi pour
divulguer les dépenses des
syndicats, contre la proposition
d'expulser sans paie...
HUGH SEGAL
Certain.
GISÈLE QUENNEVILLE
... les trois sénateurs Duffy,
Wallin et Brazeau. Est-ce que ça
a été difficile pour vous, ça?
HUGH SEGAL
C'est ça. Oui. Hum... C'était
difficile à cause que j'étais
contre la perspective officielle
de mon propre parti.
Mais voyons, quand on prend
la question de culpabilité de
personne pour des fautes qu'on
a peut-être faites ou qui sont
sur la table, il faut garder
certains principes de société
fondamentaux. Au Canada, tout
le monde sont innocents avant
qu'ils "sont" chargés dans
une façon formelle et où
l'approbation est dans une cour.
Avant ça, on est innocent.
Le fait que le sénat, à
l'époque, a décidé de passer
le jugement et de donner la
punition avec aucun processus,
à mon avis, était violation des
droits de tous les Canadiens,
même ces trois sénateurs.
Et c'est pour cette raison
que j'ai eu aucun choix de voter
ma conscience, la conscience,
là-dessus. Sur la question des
syndicats, la loi, qui était
une loi d'un membre privé
du parlement, était une loi
qui était contre le droit
d'organisation des
non-syndicats.
Les droits de non-organisation,
les relations travail et patron
sont complètement clef à notre
économie libre et ouverte.
Et le fait d'avoir une loi
qui va créer des problèmes pour
un côté des négociations et pas
pour l'autre, pour moi était
tout à fait inacceptable, et
c'est pour ça, sur une question
de principe, j'ai voté contre,
et ceci, avec des autres dans
mon propre parti, même, on a
voté contre. J'étais renvoyé
au Parlement, à la Chambre des
communes. Chambre des communes
était prorogée, comme on dit,
puis maintenant, le gouvernement
actuel a un engagement de mettre
ces lois à côté. Alors, ceci va
être une des grandes victoires
pour les libertés d'organisation
de nos syndicats au pays et
de ça, je suis tout à fait
fier comme citoyen. Pas
comme conservateur,
mais comme citoyen.
GISÈLE QUENNEVILLE et HUGH SEGAL sont à l'extérieur du Collège Massey.
GISÈLE QUENNEVILLE
M. Segal, vous êtes le
directeur depuis un peu plus
d'un an du Collège Massey,
à l'Université de Toronto.
On est dans la cour intérieure
du Collège Massey. Qu'est-ce
que c'est le Collège
Massey, au juste?
HUGH SEGAL
Ceci est un collège supérieur
résidentiel, avec une longue
histoire qui commence vers 1962,
établi par le premier gouverneur
général du Canada, qui était
Canadien, Vincent Massey.
Puis "son" famille a créé ce
collège comme un endroit où les
étudiants au niveau supérieur
des différents sujets,
scientifiques, littéraires,
histoire, la loi, le médecin,
peut se mélanger dans leur
vie actuelle pour avoir une
perspective plus large que
le domaine où ils travaillent
au niveau académique.
GISÈLE QUENNEVILLE
Alors, il y a
combien de monde, ici?
HUGH SEGAL
Ici, on a presque 70 qui
demeurent ici, puis on a des
fellows qui sont à un niveau
supérieur, qui sont des anciens
professeurs. Le Dr Tom Axworthy
est ici et d'autres qui sont
impliqués avec les jeunes
dans les programmes, les tables
rondes, les discussions,
qui aident nos étudiants
au niveau supérieur
de trouver leur façon de
procéder dans leur vie. C'est
une opportunité immense pour
un jeune d'accroître certaines
perspectives globales qui sont
pas disponibles dans les
autres, à mon avis, collèges.
L'entrevue se poursuit dans la bibliothèque.
GISÈLE QUENNEVILLE
M. Segal, c'est quoi votre
définition de "service public"?
HUGH SEGAL
On a plusieurs, dans notre
société, qui sont pas impliqués
au gouvernement, qui sont
impliqués dans les
services publics.
Tous les bénévoles, tous les
gardes-malades qui travaillent
dans nos hôpitaux, tous les
instituteurs, institutrices,
qui travaillent dans nos écoles,
ils sont tous impliqués dans les
services publics, d'une façon ou
d'une autre. Alors, je trouve
pas que qu'est-ce qui arrive au
gouvernement est nécessairement
plus important. Un journaliste
qui travaille sur une grande
question de santé publique
est au service public.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum-hum.
HUGH SEGAL
Ces choses-là doivent être,
à mon avis, équilibrées dans
une certaine façon. L'idée que
du point de vue des nouvelles,
c'est les choses au gouvernement
qui comptent, qui sont plus
importantes. Ça montre une
certaine perspective pas tout à
fait enracinée dans la société
réelle. À cause que les choses
qui sont "sérieux" dans les
écoles, dans nos hôpitaux,
dans nos... même aux
food banks, ces choses-là sont
tellement importantes...
Il faut avoir une perspective
là-dessus qui est équilibrée
entre tous ceux qui sont
impliqués, comme bénévoles,
comme professionnels, dans
les services publics. On va le
voir quand les nouveaux réfugiés
de la Syrie arrivent. Toutes les
familles qui sont impliquées,
des millions de Canadiens qui
sont impliqués... Ça, c'est les
services publics. Profond est
l'avenir du Canada au bien-être
des hommes et femmes qui ont eu
des problèmes assez sérieux
dans leur vie.
Et alors, il faut avoir une
perspective, pour moi, qui est
plus large et plus souple sur
cette question de qu'est-ce
qui compte dans les
services publics.
GISÈLE QUENNEVILLE
Le service public politique,
dans son sens le plus étroit, a
depuis quelques années mauvaise
réputation, je dirais. Est-ce
qu'on arrive aujourd'hui
à attirer les meilleurs
au service public politique?
HUGH SEGAL
Je pense qu'on a un problème.
Le problème, c'est qu'à cause
du cynisme public, à cause des
optiques qu'on a et perspectives
vers ceux qui étaient dans la
fonction publique au niveau
politique, par exemple,
ça devient de plus en plus
difficile à faire venir
ceux dans les grands sommets
de la société pour être
des politiciens, de se
présenter comme candidat.
Et ça montre un certain manque
de qualité, mais quand on a
un parti qui est en train
d'avancer, c'est qu'il est
en train de chercher un certain
progrès. On trouve que le niveau
de candidat qui est impliqué
là-dedans est plus élevé que
dans un parti qui ne cherche pas
à avoir une discussion ouverte
avec la population. Et ceci
était tout à fait évident
dans la dernière élection.
M. Trudeau a eu des médecins,
des avocats, des professeurs,
ceux qui étaient impliqués
dans la politique provinciale,
un grand groupe, une nouvelle
génération, et le côté
conservateur n'était pas tout
à fait bien enrichi avec les
nouveaux à cause que certains
ont quitté et certains étaient
dans la perspective qu'on va pas
avoir aucune opportunité de
faire une différence à cause de
la façon dans laquelle le parti
était "gestionné" pour l'espace
de dix ans. Les résultats aux
élections ont souligné ce fait.
GISÈLE QUENNEVILLE
Je vous entends parler, puis
je me dis: Si Hugh Segal avait
13 ans aujourd'hui, est-ce qu'il
serait aussi séduit par le parti
conservateur ou est-ce qu'il
serait plutôt libéral?
HUGH SEGAL
C'est un "bon" question.
Euh... Je pense que si j'ai 13
ans ces jours-ci, j'imagine que
je vais être même du Parti vert.
À cause que si on a 13 ans, on
va avoir, tout votre avenir est
avant vous, alors les questions
environnementales, les questions
d'équilibre économique
et environnemental
sont tout à fait clefs
et le parti qui a la perspective
la plus claire là-dessus,
c'est le Parti vert.
GISÈLE QUENNEVILLE
Bien, justement,
ça m'amène à une autre...
HUGH SEGAL
Vous savez que le chef
actuel du Parti vert est
un ancien conservateur?
(rire)
Elle a travaillé pour Dalton
Camp et Tom McMillan, qui était
le ministre de l'Environnement
du gouvernement de M.
Mulroney. Et c'était elle qui...
Elle était avec la
société Sierra après.
GISÈLE QUENNEVILLE
Oui.
HUGH SEGAL
Puis c'était elle qui a
organisé le prix pour M.
Mulroney, devenir le premier
ministre le plus environnemental
dans l'histoire du
Canada. Alors...
GISÈLE QUENNEVILLE
Alors, ce serait presque
normal que vous deveniez
vert aujourd'hui.
HUGH SEGAL
Certain.
GISÈLE QUENNEVILLE
Ça s'est déjà vu. J'aimerais
qu'on parle d'une de vos
propositions qui, peut-être,
est plus à gauche que le Parti
conservateur ou le Parti
libéral et ça, c'est votre
proposition que vous avez mise
de l'avant, d'un revenu annuel
garanti au Canada. Comment
ça fonctionnerait, ça?
HUGH SEGAL
Ça fonctionne pas comme
un instrument gauchiste, ça
fonctionne comme un instrument
qui reconnaît le droit de tout
le monde de faire ses propres
décisions dans sa vie. M.
Milton Friedman, pas un grand
gauchiste, économiste de l'école
Chicago, disait que si le
gouvernement américain était
responsable pour le désert
Sahara, on va avoir un manque
de sable dans trois ans.
C'est-à-dire qu'il faut donner
l'argent à ceux qui en ont
besoin, pas aux grandes
formations politiques ou
aux grandes formations des
fonctionnaires d'administrer des
programmes de bien-être social,
avec des règlements pour tout,
où la dignité personnelle est
tout à fait perdue. Le revenu
annuel garanti, qu'on est
en train de lancer maintenant
en Finland, par exemple, on a
eu un projet pilote à Dauphin,
Manitoba, avec M. Trudeau comme
premier ministre à l'époque
et M. Schwier comme premier
ministre provincial.
On a montré qu'avec cette
garantie, tout le niveau
de participation au champ de
travail n'a pas réduit du tout,
tout le monde ont travaillé,
mais pour le 17% qui en ont
eu besoin, eux, il y a eu
une certaine garantie qu'après
l'an financier, ils vont avoir
la capacité de rester dans leur
appartement, leur maison...
GISÈLE QUENNEVILLE
Hum-hum.
HUGH SEGAL
... d'avoir leurs besoins
fondamentaux traités. Et
on a trouvé des choses très
importantes à Manitoba, Dauphin,
par exemple. Niveau de visites
aux hôpitaux a réduit, niveau
d'arrêts de la police, réduit,
niveau des accidents dans la
circulation, réduit. Pourquoi? à
cause que cette tension qu'on a,
qu'on sait pas comment on va
payer le revenu en fin de mois
était tout à fait réglée.
Et là-dessus, deux groupes
dans la population qui n'ont pas
travaillé dans ce même montant
avant que le plan soit
mis en place, était des
jeunes hommes qui sont restés
dans l'école secondaire jusqu'à
la fin, à cause qu'ils doivent
pas quitter pour faire de
l'argent. Et vous savez le
bénéfice d'une société quand
un jeune homme reste à l'école
jusqu'à la fin, au moins
de l'école secondaire et
même continuer au collège,
c'est incroyable.
Alors, ceci est une façon de
faire une certaine confiance
dans la population, c'est-à-dire
qu'ils ont certains droits
comme êtres humains au Canada,
et qu'ils doivent pas avoir
des grands départements,
administrations, des grands
problèmes avec des règlements
qui sont tout à fait...
qui niait, d'une certaine façon,
l'humanité de nos concitoyens
et concitoyennes.
GISÈLE QUENNEVILLE
Vous êtes ici, au Collège
Massey. Vous côtoyez
la prochaine génération,
sans doute, de leaders dans
les différents domaines.
HUGH SEGAL
Absolument.
GISÈLE QUENNEVILLE
Êtes-vous optimiste
quant à l'avenir?
HUGH SEGAL
Certain. Quand je vois, et pas
seulement ici, mais dans toutes
nos grandes écoles au Canada,
on trouve des jeunes avec une
perspective mondiale plus élevée
que c'était pour notre propre
génération, avec des capacités
intellectuelles qui sont tout
à fait impressionnantes
et qui veulent vraiment
changer le monde.
Et ils sont tout à fait ouverts
à changer des choses qui
sont prises comme acquis pour
notre génération. Alors,
quand je vois tous ces
jeunes comme ça, avec
leurs perspectives et sa
capacité énorme, ça me donne
beaucoup d'espoir pour l'avenir.
GISÈLE QUENNEVILLE
Hugh Segal, merci beaucoup.
HUGH SEGAL
C'est moi qui dois
vous remercier.
Générique de fermeture
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