Destination Nor'Ouest
Six hommes et trois femmes acceptent de recréer, à bord d'un canot d'écorce, un périple de 2 500 km, identique à celui des Voyageurs du XIXe siècle. Ils veulent reproduire rigoureusement les conditions de voyage de l'époque et, malgré leur inexpérience et leur ignorance les uns des autres, ils veulent aller au bout de leur formidable aventure.


Vidéo transcription
Épisode 3
Les vagues du lac Nipissing bousculent le fragile canot d’écorce des Voyageurs. Après de nombreuses heures d’effort, ils sont invités par la communauté des Dokis à jouer une partie de crosse. Les Voyageurs s’amusent et se défoulent, retrouvant une énergie qu’ils croyaient morte. Ils en profitent d’autant plus qu’ils appréhendent devant eux la célèbre French River, première rivière classée du Patrimoine canadien. Certes, ils auront enfin le courant avec eux, avec tout autour un décor magnifique, mais comment se débrouilleront-ils dans les rapides? En effet, leur fragile canot risque à tout moment de se briser. Les risques de se perdre dans les différents chenaux menant à la Baie Georgienne, incroyable labyrinthe même pour les plus expérimentés, n’augurent rien de bon pour le reste de l’aventure.
Année de production: 2000
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NARRATEUR
Destination Nor'Ouest.
100 jours en canot d’écorce.
2 500 kilomètres de
Montréal à Winnipeg.
800 inscriptions
à travers le pays.
Seulement 9 candidats retenus.
Les CANDIDATS sont présentés les uns à la suite des autres, alors que des extraits de l’aventure les mettant en scène sont montrés.
NARRATEUR
Guillaume Morin,
de Chicoutimi.
GUILLAUME MORIN
Fallait jamais,
jamais arrêter de pagayer.
Si le moindrement on perdait la
vitesse, on perdait le contrôle.
NARRATEUR
Youri Cormier, de Québec.
YOURI CORMIER
Se rendre à Winnipeg,
on ne sait pas si on va arriver.
Il va falloir
bûcher, il faut faire du 40,
50 kilomètres par jour.
NARRATEUR
Mikael Rioux,
de Trois-Pistoles.
MIKAEL RIOUX
Tout le monde,
on s’est regardé.
On était convaincu qu’on
avait brisé le bateau, là.
NARRATEUR
Sandrine Desaulniers,
de Val-David.
SANDRINE DESAULNIERS
J’étais comme très
inquiète, très inquiète
de mon état de santé.
NARRATEUR
Christian Pilon, d’Ottawa.
CHRISTIAN PILON
Quand ils ont échappé
le canot sur mon genou,
j’étais prêt à
en étriper une couple.
NARRATEUR
Bob Abrames, d’Ottawa.
BOB ABRAMES
Toute la question avec la
santé, ça m’inquiétait beaucoup.
J’aurais fait
n’importe quoi pour rester.
NARRATEUR
Dominique Henri, de Montréal.
DOMINIQUE HENRI
Ça fait deux semaines
qu’eux pagayent, moi,
je pose des questions.
Je fais des erreurs.
NARRATEUR
Diane Moreau,
de Rouyn-Noranda.
DIANE MOREAU
On ne peut pas tomber à l’eau.
Il n’en est pas question.
Il y en a un qui va
mourir, c’est sûr.
NARRATEUR
Renaud Lafond, de Winnipeg.
RENAUD LAFOND
La descente de ce rapide-là
a été très désastreuse.
Moi, j’étais certain
qu’on allait frapper la roche.
NARRATEUR
Tous réunis pour
une grande aventure.
Pourront-ils faire revivre
une expédition authentique comme
celle des voyageurs de 1806?
NARRATEUR
Lors des derniers épisodes.
Des extraits des derniers épisodes défilent, reprenant l’essentiel de l’aventure jusqu’à présent.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Nos voyageurs sont maintenant
rendus à North Bay, aux portes
du lac Nipissing où je
suis venu les rencontrer.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
Ce qui vous attend maintenant,
c’est peut-être moins exigeant
physiquement, mais c’est je
dirais plus périlleux et plus
dangereux pour le canot surtout
parce que vous allez entrer
demain dans le lac Nipissing.
Ensuite, vous allez descendre
la Rivière des Français
et c’est très dangereux.
Il faudra vraiment, Renaud,
que tu sois très, très attentif
partout et tout le temps et
il faudra aussi tous les jours
faire attention au canot, voir
si le canot est bien colmaté.
Ou enfin, il va falloir
le soigner et le fignoler,
le dorloter parce que
c’est lui qui est en danger.
MIKAEL RIOUX
(Filmant le canot appuyé contre un arbre avec la caméra des voyageurs)
On peut seulement voir
que le bateau est magané.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Quand j’ai vu le trou avec les
varangues enlevées, les lattes
de cèdre enlevées puis que
le trou était grand comme ça
par large comme ça, j’ai
fait non, non, moi, j’abandonne.
Je ne suis plus capable.
MIKAEL RIOUX
(Filmant le canot appuyé contre un arbre avec la caméra des voyageurs)
Tous ces petits
nœuds-là, c’est toutes
des petites fissures.
Encore ici en haut, on les
voit, c’est ça les faiblesses
du canot qu’il y avait.
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
Mes références à moi, tu
patches un canot, il va flotter
pareil, mais les gars
n’avaient pas l’air d’y croire.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Il ne revivra plus, là.
Il est mort.
Moi, dans ma
tête, il était mort.
Il venait de mourir.
Il y a Mikael et Renaud qui
ont taponné dedans pour environ
au moins trois heures, quatre
heures même je pense avant que
j’ose retourner voir le canot.
MIKAEL RIOUX
(Filmant le canot appuyé contre un arbre avec la caméra des voyageurs)
Ça fait que qu’est-ce qu’on a
fait, on a, avec du pitch puis
des bouts de corde, on a fait de
la fibre un peu, comme un style
fibre de verre, puis on a
vraiment rempli cette craque-là
et essayer d’en mettre le plus
possible pour que ça rentre.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Ils ont travaillé dessus, ils
ont travaillé dessus puis là,
à un moment donné, je commence à
regarder puis je fais bon, bien,
ça s’en vient.
Puis j’ai remis
la main à la pâte.
MIKAEL RIOUX
(Filmant le canot appuyé contre un arbre avec la caméra des voyageurs)
Ensuite, Guillaume
a sacrifié son sac puis il a mis
le morceau de tissus par-dessus
tout ça pour solidifier ça.
On va le voir une fois rendu
sur l’eau comment ça va réagir.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Il n’y a pas que l’avenir
du canot qui est incertain.
La santé de Bob
inquiète elle aussi.
Il a déjà perdu 20 livres.
On peut comprendre que
le médecin lui a recommandé
de passer des tests.
BOB ABRAMES
(Commentant par la suite)
Mais toute la question avec
la santé, là, ça m’a inquiété
beaucoup parce que
j’ai pensé tout le temps
ils vont m’enlever.
DIANE MOREAU
(Commentant par la suite)
Puis là, on apprend que
Bob, il s’en va à l’hôpital.
BOB ABRAMES
(Commentant par la suite)
J’aurais fait
n’importe quoi pour rester.
BOB ABRAMES arrive à l’hôpital de North Bay et discute avec une INIFIRMIÈRE.
INIFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Vous êtes ici pour une prise
de sang?
BOB ABRAMES
(Tenant des propos en anglais)
Blood work I guess, yes.
That's what I'm doing, yes.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Après un mois sur l’eau
tout le monde est fatigué.
Plusieurs sont blessés.
Sandrine, elle, a un poignet qui
la fait cruellement souffrir.
SANDRINE DESAULNIERS
(Discutant avec un MÉDECIN)
Christian, je pense
qu’il est knock-out.
Je voulais pas le
déranger avec ça, mais je suis
mieux de le déranger.
MÉDECIN
Mais si tu n’es
pas pour pagayer fais-le pas.
SANDRINE DESAULNIERS
Oui.
MÉDECIN
Garde-le naturel, là.
SANDRINE DESAULNIERS
OK, c’était ça
que j’étais pas sûre. OK.
MÉDECIN
Si tu pagayes, si
tu te trouves à pagayer,
Christian peut le faire.
SANDRINE DESAULNIERS
OK.
YOURI CORMIER
(Commentant par la suite)
Là, on a commencé
à faire des étirements,
on a fait tout plein de choses.
Ça avait de l’air à aller
mieux il y a deux heures.
Là, quand j’ai décidé que
j’allais me coucher parce que
je ne me sentais pas
très bien, là, c’est parti.
J’ai bu une couple de shots
de rhum puis là, c’est le moral
personnel qui prend un coup.
Ça fait que, oui.
BOB ABRAMES est à l’hôpital et voit ensuite une MÉDECIN.
BOB ABRAMES
(Propos traduits de l’anglais)
Je risque de sentir mauvais.
Je m’en excuse.
MÉDECIN
C’est correct.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
S’il échoue ses examens,
Bob sera obligé d’abandonner.
D’ailleurs, il ne
supporterait pas d’être un poids
pour les autres.
DIANE MOREAU
(Commentant par la suite)
Moi, personnellement, ça m’a
vraiment bouleversée parce que
je me suis dit wow,
si lui, il fait son tough
puis il est capable et
tout ça, j’ai dit wow,
je le suis de pas loin, là, en âge.
J’ai dit oui, ça m’a questionné
et puis finalement, il est
revenu avec un grand sourire
puis il était bien fier de lui
parce que tout allait bien.
DIANE MOREAU
(Accueillant BOB ABRAMES à son retour)
Puis?
BOB ABRAMES
Ça va.
DIANE MOREAU
Oui?
BOB ABRAMES
Oui.
DIANE MOREAU
En top shape?
BOB ABRAMES
Top shape.
Non, ils ont
pris du sang pour...
CHRISTIAN PILON
Faire du troc?
BOB ABRAMES
Du troc, oui.
Ils ont pris du sang pour
savoir si, pour mon cholestérol.
Mais ça me fatigue un peu.
Mais pour rester dans
l’équipe, je vais le faire.
Le 24 juin correspond au jour 27 de l’aventure. Les CANDIDATS s’apprêtent à retourner dans le canot.
SANDRINE DESAULNIERS
Mais là, on est face à un
lac qui est assez mouvementé,
beaucoup de vent, vent de face.
Moi, j’ai un début de
tendinite là ici, la main gauche
puis je ne peux
pas pagayer aujourd’hui.
MIKAEL RIOUX
(S’adressant aux CANDIDATS)
Il paraît que ce lac-là,
il a des roches en plus.
Ça fait que c’est d’autres
difficultés qui s’ajoutent là.
SANDRINE DESAULNIERS
Mais juste l’idée d’embarquer
dans le canot, c’est déjà assez.
Juste d’être un bagage
aujourd’hui, de m’endurer
puis de pas trop faire endurer
aux autres, j’ai comme pas
de volonté propre, là.
J’ai la larme à l’œil
puis la journée va être longue.
MIKAEL RIOUX
Je ne sais pas pourquoi
on le fait, mais on le fait.
On va l’essayer.
On va l’essayer un peu puis
on va voir assez vite si ça
ne marche pas.
Les CANDIDATS pagaient, malgré les vagues.
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
Mais je pense qu’on
a tous été surpris de voir
dans le fond qu’il a flotté.
Rendu sur le lac Nipissing,
il me semble qu’il flottait.
Il avait intérêt parce que là,
on était dans la grosse vague.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
On est parti sur le lac
Nipissing, dans la vague
comme on n’avait jamais vue.
On est parti là-dessus avec un
canot qu’on ne savait pas trop.
Est-ce que ça va
tenir dans ces vagues-là?
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
Tout le monde l’a dit, tu
nous chanteras des chansons.
Tu nous garderas le moral,
mais je l’ai pas le moral, là.
MIKAEL RIOUX
Si le vent était du bon
bord, ça aiderait aussi là,
mais là, on a le vent de face.
On a travaillé peut-être dix
heures pour faire 20 kilomètres.
RENAUD LAFOND
(Encourageant, tandis que les CANDIDATS pagaient)
OK, on lâche pas.
On continue.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
J’ai tiré comme un fou
pour essayer de ramener le nez,
pour essayer de refaire avancer
le bateau parce que dans ces
vagues-là, si le moindrement
on perdait la vitesse,
on perdait le contrôle.
Donc, il ne fallait jamais,
jamais arrêter de pagayer.
RENAUD LAFOND
C’est beau, on continue.
Winnipeg, Winnipeg, Winnipeg!
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
À la fin de la journée,
j’ai craqué à un moment donné.
Je n’avais plus d’énergie.
Je n’étais plus capable.
J’étais épuisé totalement.
RENAUD LAFOND
On continue.
On rentre dans une
baie là, la vague va être
un peu moins forte.
CHRISTIAN PILON
(Commentant par la suite)
Pour la première fois
du voyage, j’ai eu peur.
J’ai vraiment senti que
notre vie était vraiment en danger.
BOB ABRAMES
(Commentant par la suite)
On pagayait et j’ai entendu un
crac, un crac, crac, et là,
j’ai dit bon, on cale.
NARRATEUR
Dans un instant à
Destination Nor'Ouest.
Des extraits du prochain segment de l’émission défilent.
Au jour 29, les CANDIDATS arrivent à la Rivière des Français.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Les voyageurs ont
réussi la dure et dangereuse
traversée du lac Nipissing.
Ils arrivent enfin à la Rivière
des Français avec plusieurs
heures de retard et un
canot dangereusement fragilisé.
En plus, ils se butent à un
barrage infranchissable et pour
la première fois, on devra
portager le canot en camion.
Les forces de Sandrine
déclinent à vue d’œil.
Elle lutte tant bien que mal
contre la fatigue, mais la
douleur à son poignet devient
par moments intolérable.
Elle n’aura pas la force
de faire le portage à pied,
comme Renaud, Bob et Mikael.
RENAUD LAFOND, BOB ABRAMES et MIKAEL RIOUX font le portage à pied, tandis que les autres le font en camion.
RENAUD LAFOND
(Marchant)
Deux kilomètres,
c’est une joke.
MIKAEL RIOUX
(Marchant)
Du moment qu’on commence
À embarquer dans la facilité,
c’est une pente glissante.
Si deux kilomètres à pied,
on décide de le faire en camion,
ça va être quoi.
Je sais qu’il y a des
affaires pas mal plus dures
qui s’en viennent.
J’ai peur un peu que l’équipe
tombe dans la facilité, là.
BOB ABRAMES
(Marchant)
J’ai décidé de le faire
en portage, en marchant,
pour le faire
aussi pur que possible.
CHRISTIAN PILON
Moi, j’ai décidé que j’étais
pas pour faire le portage,
simplement parce que j’étais
rendu écœuré qu’à toutes
les fois qu’on était supposé se
rendre pour faire un événement,
on le manquait puis je
ne manque pas ma chance.
Des portages, on va en
avoir en masse des portages.
Je suis pas inquiet de ça.
BOB ABRAMES
(Marchant)
Les jeunes, ils vont trop vite
pour faire presque tout puis ils
vont très vite pour une heure
et après ça, ils sont brûlés.
Comme l’autre jour en
portage, c’est Mike qui courait.
Pourquoi?
Il faut attendre pour
nous autres quand même.
Ça va très bien jusqu’à midi.
Après ça, ça
descend très, très vite.
Et ils devraient
prendre ça slow, easy.
Et garder leurs forces, mais
d’être capables de le faire
12 heures, 14 heures.
Mais ils sont jeunes encore.
Il faut apprendre.
Ils vont l’apprendre.
Ils ont deux mois
à le faire encore.
Ça fait que j’espère
qu’ils vont le faire.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Mikael et Renaud doivent
faire une pause sur le pont.
Bob, lui, qui a
maintenu un rythme constant,
les dépasse sans peine.
C’est peut-être ce qu’on
pourrait appeler une victoire
de la sagesse sur la jeunesse.
Depuis les portages
de la Mattawa, les voyageurs
n’ont eu aucun moment de répit.
Le portage La Vase et le
lac Nipissing leur ont fait
la vie dure.
Et depuis chaque
fois qu’il en a l’occasion,
Youri repose son épaule
qui le fait toujours souffrir.
Toutefois, il n’hésite
pas à accepter une invitation
à une activité sportive.
Le camion dépose les CANDIDATS à la Réserve indienne Dokis.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
Cet après-midi-là, on nous
a offert d’aller jouer un match
de la crosse chez
la communauté de Dokis.
Les CANDIDATS se livrent alors à une partie de crosse avec les gens de la communauté.
CHRISTIAN PILON
(Commentant par la suite)
Pour moi, c’était fantastique.
C’est ça que j’avais
besoin pour me défouler.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Tu reçois le bâton,
la balle, ça commence.
Écoute, malade, pas malade,
on s’en donnait à cœur joie.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
On s’est vraiment dégourdi.
On a joué fort.
On a joué comme des voyageurs.
On était agressif.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
C’est très
masculin comme réaction,
mais l’agressivité a monté.
CHRISTIAN PILON
(Commentant par la suite)
Ça, je m’attendais à jouer ça
avec des coudes puis des coups
de cochon puis c’est venu.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Alors, j’ai donné un petit
coup de hanche et tu as vu
Christian se planter royalement.
CHRISTIAN PILON
(Commentant par la suite)
Je me suis fait trébucher,
je me suis fait rentrer dedans.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
On était à terre, épuisé, plus
capable de continuer ce jour-là.
Tout d’un coup, on avait de
l’énergie pour courir pendant
trois heures après une balle.
Ça aurait été le fun qu’on ait
cette énergie-là dans le canot.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
La partie de crosse, un
jeu traditionnel autochtone,
se termine par une victoire
à l’arraché de nos voyageurs.
Christian lui veut sa
revanche sur Guillaume.
CHRISTIAN PILON renverse GUILLAUME MORIN et les deux se chamaillent.
DIANE MOREAU
Bon, regarde les gars, ils se
battent. La face, ah!
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
Ça faisait déjà presqu’une
semaine que j’avais comme cassé
puis j’ai cassé au portage
de La Vase dans le fond.
J’étais comme très inquiète.
Très inquiète de
mon état de santé.
Je me questionne juste parce
que je file vraiment pas depuis
quelques jours puis aujourd’hui,
je me traînais les pieds.
J’ai dormi
trois quarts de la journée.
Mal de cœur, étourdissements.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Cette expédition ne ressemble
en rien à des vacances,
au contraire.
Malgré la fatigue,
la routine, la peur,
il faut se rendre à Winnipeg.
Et tous les jours, en plus de
pagayer pendant des heures
et des heures, beau temps,
mauvais temps, il faut préparer
les repas, faire cuire la
bannique pour le lendemain.
Il faut réparer le canot,
prendre le temps de se laver et
se contenter chaque jour
de quelques heures de repos.
De tout temps, les
voyageurs ont eu faim.
Heureusement pour eux, les
nôtres peuvent pour une rare
fois se nourrir de façon
correcte avant d’entreprendre
la descente de la Rivière
des Français pour laquelle
ils recevront un coup
de main fort apprécié.
Jeff Thuot, un expert en
canotage qu’ils avaient déjà
rencontré, est venu faire
un bout de chemin avec eux.
MIKAEL RIOUX
(Apercevant JEFF THUOT)
Content de te voir.
JEFF THUOT
Ça va bien.
En forme?
MIKAEL RIOUX
En forme, en pleine forme.
JEFF THUOT
(S’adressant à DIANE MOREAU)
Tu t’es baignée
puis tu sèches.
DIANE MOREAU
Oui, c’est ça.
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
Sur la Rivière des Français,
Jeff Thuot, qui était venu
nous rejoindre,
il a amené le courrier.
JEFF THUOT
Bon.
OK, je fais des enchères.
(Brandissant les lettres)
Je fais des enchères.
Youri!
YOURI CORMIER
(Chantant)
Envoyons de l’avant,
Youri, envoyons de l’avant.
JEFF THUOT
Oui!
Guillaume.
On vas-tu en avoir?
Une chanson?
GUILLAUME MORIN
Ah, tati, tata!
JEFF THUOT
Une petite chanson, mon Bob.
BOB ABRAMES
Merci, Jeff.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Pour la première fois
depuis leur départ de Lachine,
les voyageurs reçoivent des
nouvelles de leurs proches.
JEFF THUOT
Diane.
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
Quand j’ai eu des lettres, de
tout le monde de tout le monde
qui m’encourageait.
Je pense ce qui m’a marquée,
j’ai des lettres d’amis,
de ma sœur, ma mère.
Tout le monde dit, aie,
je pense à toi tous les jours.
J’essaie d’imaginer
qu’est-ce que tu vis puis tu es
vraiment courageuse
et lâche pas, tu sais.
MIKAEL RIOUX
(Regardant un article de journal)
On a gagné un
Phénix de l’environnement
au Festival environnemental
Écofête de Trois-Pistoles. Yé!
Des belles nouvelles.
BOB ABRAMES lit une lettre et verse quelques larmes.
DIANE MOREAU
(Ayant lu une lettre et commentant par la suite)
Mais je pense pas
que ça va m’ébranler.
Je suis contente.
(Émotive)
Pas au point de remettre
en question mon voyage.
Pas du tout, là.
L’aventure, je veux
la faire et tout ça.
Puis je pense qu’il faut
que j’aille jusqu’au bout,
même si c’est difficile.
NARRATEUR
Dans un instant, à
Destination Nor'Ouest.
Des extraits du prochain segment de l’émission défilent.
JEFF THUOT
Je suis content de
revenir vous voir pour pagayer
la rivière ici puis en faire
partie, mais en même temps,
la section je pense...
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
Quand j’ai su
que Jeff allait venir
nous voir sur
la French, j’étais content.
Je me demandais un peu quel
allait être son rôle, si c’était
pour prendre charge ou quoi,
si moi j’allais devoir regarder
ce qui se passe du côté,
j’étais pas trop certain.
GUILLAUME MORIN
On n’a pas d’erreur à faire.
JEFF THUOT
Non.
GUILLAUME MORIN
C’est ça le problème
majeur du canot.
Si on touche une roche, il
va falloir quasiment arrêter
puis le réparer
la plupart du temps.
JEFF THUOT
Oui.
MIKAEL RIOUX
(Regardant une carte)
Ça c’est tous des rapides?
JEFF THUOT
Oui, c’est ça.
Mais pas toutes,
mais tu sais, Crooked Rapid,
c’est parsemé
de rapides là-dedans.
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
J’avais regardé les cartes de
la rivière avec Jeff Thuot puis,
bon, les autres de l’équipe.
Et là, quand j’ai vu, OK,
demain c’est 30 kilomètres
puis 12 rapides
puis peut-être 12 portages,
et là j’étais comme oh, les
larmes montaient toutes seules.
C’était comme non,
OK, la limite est là.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Sandrine n’arrive
pas à remonter la pente.
Elle réfléchit
sérieusement à son avenir
dans cette expédition.
Elle jongle même avec
la possibilité de partir.
Renaud lui suggère de ne
pas prendre de décision avant
d’en avoir parlé avec l’équipe.
Après tout ce qu’ils ont vécu
ensemble, ils sont suffisamment
proches les uns et les autres
pour se parler franchement.
SANDRINE DESAULNIERS
(Demandant l’avis de RENAUD LAFOND)
Puis comment tu penses
que l’équipe réagirait à ça?
SANDRINE DESAULNIERS
(S’adressant plus tard aux CANDIDATS réunis autour du feu)
En évaluant mon état physique,
je pense que ça serait mieux
pour moi de prendre une journée
off, aller consulter un médecin
pour savoir exactement
qu’est-ce que j’ai et puis pas
être un fardeau pour vous
autres sur la rivière demain.
Ça fait que je sais pas si
c’est correct avec vous autres
de faire ça.
MIKAEL RIOUX
Oui.
GUILLAUME MORIN
Oui.
YOURI CORMIER
Oui pour moi, pas de problème.
DOMINIQUE HENRI
Frustre-toi pas pour ça.
Sens-toi pas mal.
Sens-toi pas coupable.
Puis je pense que le
groupe t’appuie dans tout ça.
SANDRINE DESAULNIERS
Je veux juste vous remercier
aussi de m’avoir traînée
depuis quelques jours.
GUILLAUME MORIN
Ils vont te donner deux,
trois pilules et ils vont dire
tu es correcte, là.
Tu vas être
poignée pour revenir.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Sandrine pourra se reposer,
un privilège que n’avaient
pas les quelques femmes qui
accompagnaient les voyageurs.
Plus tard, alors que les CANDIDATS sont assis autour du feu, DIANE MOREAU raconte un pan de l’histoire.
DIANE MOREAU
(S’adressant aux CANDIDATS)
Je vais vous parler d’une
femme particulière qui est
Sœur Marie Eulalie Lagrave.
Elle est née en 1806.
Elle est partie de Lachine
avec trois de ses consœurs
pour fonder une communauté
religieuse à la colonie
de la Rivière Rouge.
Des images d’archives, des peintures, défilent.
DIANE MOREAU
(Narratrice)
Comme il n’existait aucun
autre moyen de transport,
tout le monde a dû s’adapter.
Pour descendre les religieuses
du canot sans les prendre
dans leurs bras, les voyageurs
utilisèrent les troncs d’arbre.
Au lieu de chanter des chansons
grivoises, les voyageurs
apprirent des cantiques.
DIANE MOREAU
(Poursuivant son récit autour du feu)
Après un long et pénible voyage,
la bonne grosse sœur et ses
consœurs arrivent finalement
À Saint-Boniface, à une heure
du matin le 21 juin 1844.
Elles sont accueillies par
Monseigneur Provencher, qui est
très heureux de recevoir
les premières religieuses
dans l’ouest du Canada.
Au jour 30, sur la Rivière des Français, les CANDIDATS s’apprêtent à repartir sans SANDRINE DESAULNIERS.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Après une nuit d’insomnie
due aux attaques incessantes
des mouches, il faut trouver
la force de se préparer
techniquement et mentalement.
Sandrine a beaucoup de
peine de laisser ses compagnons
partir sans elle.
Les eaux de la Rivière des
Français sont souvent traîtres
et le canot est en
si mauvais état que Jeff Thuot
insiste pour doter nos voyageurs
d’équipement de sécurité moderne.
Les CANDIDATS mettent des casques et des vestes de flottaison.
JEFF THUOT
En avant.
CANDIDATS
Avant.
JEFF THUOT
Allez.
CANDIDATS
Allez!
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Pour la première fois depuis
Montréal, ils vont pagayer
dans le sens du courant.
Longue de 110 kilomètres, la
Rivière des Français, première
rivière désignée du patrimoine
canadien, relie le lac Nipissing
à la baie Georgienne,
traversant une région magnifique
restée très sauvage.
Ils espèrent pouvoir y prendre
un peu de repos et s’y payer
du bon temps.
Plus tard, sur la berge, JEFF THUOT, GUILLAUME MORIN et RENAUD LAFOND analysent le courant et les rapides.
JEFF THUOT
En pagayant, on
va rentrer dedans, là.
GUILLAUME MORIN
Renaud il veut
partir de la droite.
RENAUD LAFOND
Tu veux poigner
les petites vagues?
GUILLAUME MORIN
Oui, on n’est pas pour
passer à côté du fun, là
Mikael vient de se pitcher à
l’eau, tester le courant un peu.
On va voir ce que
ça va donner tantôt.
Ça va probablement
être le fun à descendre.
RENAUD LAFOND
(Regardant MIKAEL RIOUX se faire emporter)
Aie, c’est fou
comment ça drague.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
C’est pour les aider
à traverser ce genre de rapide
que Jeff Thuot fait avec
eux cette partie du voyage.
Sous la direction de JEFF THUOT, les CANDIDATS pagaient tant vers l’avant que vers l’arrière pour éviter toute collision avec les roches autour.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
On se prépare bien
comme il faut avant de rentrer
dans le rapide.
Il y a une roche ici.
Il y a nous qui est ici.
Il faut s’en aller là.
On commence à y aller,
on commence à y aller
et à un moment, j’entends
Mikael qui crie à l’avant, fort.
Quand il a crié à l’avant
fort, moi, j’étais proche
de frapper l’autre
roche qui était en avant.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
Moi, j’étais certain
qu’on allait frapper la roche.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Finalement, de mon angle
de vue, on a passé à ça de la
roche, de venir complètement
écraser tout le devant
du Rabaska dans la roche.
MIKAEL RIOUX
(Commentant par la suite)
C’était tout un défi
puis celui-là, on l’a vraiment
bien relevé, mais de justesse.
Pendant ce temps, SANDRINE DESAULNIERS est au West Parry Sound Health Centre où elle voit une INFIRMIÈRE.
INFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Est-ce que tu bois beaucoup d’eau?
SANDRINE DESAULNIERS
(Propos traduits de l’anglais)
J’essaie de boire au moins 3 litres d’eau
par jour.
INFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Et est-ce que tu le fais?
SANDRINE DESAULNIERS
(Propos traduits de l’anglais)
Oui, mais ça ne semble ne pas être
assez.
INFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Je crois que tu es un peu déshydratée.
SANDRINE DESAULNIERS
Ah, oui?
INFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Oui.
Parfait, pas de fièvre!
Il va venir d’ici une demi-heure.
SANDRINE DESAULNIERS
Le médecin, the doctor?
INFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Le médecin.
SANDRINE DESAULNIERS
(Propos traduits de l’anglais)
Est-ce que je peux rester ici?
INFIRMIÈRE
(Propos traduits de l’anglais)
Oui.
SANDRINE DESAULNIERS
Oh, youppi! Thank you. Merci.
Pendant ce temps, les CANDIDATS observent la rivière.
RENAUD LAFOND
On est au,
comment ça s’appelle?
Little Pine Rapid.
Bien, il n’y a pas assez d’eau.
Il n’y a pas assez d’eau.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
Ça fait que c’est un rapide
qu’en kayak, on n’aurait même
pas débarqué, on
n’aurait même pas regardé.
On serait descendu.
MIKAEL RIOUX
(Commentant par la suite)
Avec un canot
d’écorce comme on était,
c’était tout un défi, là.
JEFF THUOT
Il manque un petit peu
d’eau et on colle la paroi puis
elle nous projette sur
deux roches en pointu en bas.
Avec le Rabaska, on va
faire un ouvre-boîte dessus.
RENAUD LAFOND
Il va falloir
qu’on fasse le portage.
MIKAEL RIOUX
On a du fun.
Let’s go.
DIANE MOREAU
On est de bonne
heure, mais on n’a de fun.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Depuis le temps qu’on
remontait les rapides puis
on portageait les rapides,
là, on était rendu à descendre
les rapides.
C’était supposé être
le fun, on était supposé avoir
du plaisir puis là, on
retombe encore dans le portage.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Et c’est ainsi qu’ils ont
fait leur deuil du repos qu’ils
espéraient prendre sur
la Rivière des Français.
Les CANDIDATS font alors du portage pour éviter les rapides.
CHRISTIAN PILON
(Recevant le canot sur le genou)
Ah, crisse!
Non, touche-moi pas.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Christian, il a reçu le
canot sur le genou puis il était pas vraiment,
vraiment de bonne humeur.
Il a voulu comme pas
mal tous nous étriper, là.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Christian s’est blessé lui
aussi, ce qui porte à quatre
le nombre de voyageurs éclopés.
RENAUD LAFOND
(Expliquant plus tard la stratégie pour descendre les rapides qui les attendent)
Puis quand on était enligné au
passage, on va passer entre
ces deux roches-là.
Ce qu’on va faire, c’est
qu’on va rentrer là-dedans.
Il faut aller légèrement à la
droite parce qu’à la gauche,
c’est pas très profond.
Il y a un beau train de vague,
des petites vagues, un peu comme
on a vu plus haut puis
on va juste pointer là-dedans
puis on va
descendre ces vagues-là.
C’est un beau pagnol,
une belle longueur, là.
Naviguer un petit
peu, c’est le fun.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Je ne le sentais pas,
plus ça allait, plus j’avais
l’impression qu’on s’en
allait vers une catastrophe.
RENAUD LAFOND
(Donnant ses commandes)
OK, on arrête.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
La descente de ce rapide-là
a été très désastreuse.
NARRATEUR
Dans un instant à
Destination Nor'Ouest.
Des extraits du prochain segment de l’émission défilent.
MIKAEL RIOUX
(Commentant par la suite)
On a descendu un rapide
qui en théorie était quand même
assez facile, sauf
qu’on s’est fait prendre.
L’angle était trop
ouvert dans le courant.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
La section du milieu,
il y avait des roches puis
il fallait les
contourner à la droite.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Et le bateau a fait
tranquillement ça comme ça.
On a évité toutes les roches.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
On a complètement flambé
notre ligne puis on est allé
beaucoup trop à la droite.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
On a tourné pour revenir
dans la ligne et on continuait
jusqu’à temps que ça ne
bouge plus sur les roches.
Le canot est alors immobilisé au milieu des rapides. Impossible de le faire bouger.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
On a vite débarqué du
canot pour enlever du poids
pour pas trop le grafigner.
On a pu finalement juste traîner
le canot par-dessus les roches.
Puis heureusement,
le canot n’est pas cassé,
mais la confiance de
tous était extrêmement basse.
MIKAEL RIOUX
(Commentant par la suite)
Là, tu as vu l’esprit
d’équipe, tout le monde,
on s’est regardé.
Ça été instantané,
on est retombé aussi bas
qu’on était monté.
On était convaincu qu’on
avait brisé le bateau.
Le canot prend l’eau et à l’aide de sceau, DIANE MOREAU doit le vider.
Pendant ce temps, SANDRINE DESAULNIERS est toujours à l’hôpital.
SANDRINE DESAULNIERS
(Commentant par la suite)
De la minute qu’ils
m’ont infusée des solutés,
j’ai senti que, OK, c’était
vraiment la déshydratation.
(Allant rejoindre le groupe après son séjour à l’hôpital)
Ils pensent que c’est une
combinaison comme mon état,
c’était une combinaison
de fatigue, coup de chaleur
et puis manque d’eau.
C’est sûr que je veux retourner
avec l’équipe puis me réintégrer,
mais tranquillement.
Je me verrais prendre une
autre journée demain de congé
pour revenir vraiment reposée.
GUILLAUME MORIN et RENAUD LAFOND regardent les rapides et analysent une fois de plus la stratégie à adopter.
GUILLAUME MORIN
Là, je voyais que si le niveau
aurait été un mètre plus haut,
ça aurait fait
des grosses vagues.
Mais là, rien du tout.
RENAUD LAFOND
Peut-être qu’avec huit
personnes puis quatre cordes,
on pourrait réussir
à le descendre doucement.
MIKAEL RIOUX
Je pense qu’on va être
bon de le faire à la cordelle.
Il faudrait qu’il y ait du monde
À l’eau pas mal, par exemple.
Ça va nous éviter
de décharger le canot
puis de faire un grand détour.
GUILLAUME MORIN
Là, on arrive ici puis
c’est des gros pagnols
avec des petits rapides
qui nous obligent à portager.
Ça fait deux semaines qu’on
n’a pas eu une journée de congé.
On est tous fatigués
un après l’autre.
On est rendu avec des
blessés et on est encore
dans un champs de roches.
MIKAEL RIOUX
Qu’est-ce que tu veux faire?
On fait ce qu’on
peut avec ce qu’on a.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Sur le point de partir,
Jeff Thuot ne peut cacher
son inquiétude.
JEFF THUOT
Quand je regarde le groupe qui
est là, la fatigue installée,
le moral aussi, je me
disais, bon, est-ce que
tout le monde va continuer?
Est-ce qu’il y en
a qui vont lâcher?
L’embarcation est vraiment,
il y a des problèmes avec.
Elle est rendue lourde, plus
lente, la difficulté en fait,
elle prend de l’eau un peu.
Ça, ça me fait peur en fait
qu’ils ne se rendent pas.
Pendant ce temps, SANDRINE DESAULNIERS se rend à la pharmacie.
SANDRINE DESAULNIERS
Le linge qu’on m’a donné, qui
est propre, ça sent très parfumé
puis c’est très artificiel.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Les voyageurs se
blessaient souvent.
Ils se faisaient des
entorses, des tours de rein,
des tendinites et très
souvent, les seuls remèdes
qui s’offraient à eux,
contrairement à eux
qui s’offrent à Sandrine,
c’était le temps et la patience.
En plus d’un repos bien
mérité, Sandrine trouve enfin
à l’hôtel un moment d’intimité.
Après la descente en canot, les CANDIDATS discutent entre eux, alors que CHRISTIAN PILON s’occupe du repas.
CHRISTIAN PILON
On mets-tu du sel
puis du poivre là-dedans?
MIKAEL RIOUX
Oh, yes.
CHRISTIAN PILON
Amène-moi ça.
On va brocher ça tout de suite.
C’est écœurant.
JEFF THUOT
(Commentant par la suite la descente de la journée)
Aujourd’hui, c’était plaisant,
sauf qu’à un moment donné,
l’énergie, c’était le fun.
Puis comme je disais au début,
continuez à avoir du plaisir.
Oubliez des fois les bouts
plates parce qu’il y en a
toujours, puis d’embarquer
dans les bouts plaisants.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Jeff Thuot doit partir et
laisser le groupe se débrouiller
seul avec les derniers rapides
de la Rivière des Français.
Mais selon lui, ils ont très peu
de chances dans les conditions
actuelles de
traverser les Grands Lacs.
JEFF THUOT
(Quittant le groupe)
Ça fait que profitez-en.
Quand ça va mal,
vous penserez à moi.
BOB ABRAMES
Ça fait trois jours que
je n’ai pas mangé de viande
et je me sens faible un peu.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Les journées sont
longues et la patience diminue
de jour en jour.
Chacun sent le besoin de
s’isoler dès que possible.
Chacun des CANDIDATS est dans son coin.
CHRISTIAN PILON
Ça fait quasiment cinq,
six jours que je ne dors pas
puis ma patience est vraiment.
Et après ça, quand ils m’ont
échappé le canot sur le genou,
j’aurais pu en
étriper une couple, là.
Le lendemain, SANDRINE DESAULNIERS est assise sur un quai et attend l’arrivée du canot.
SANDRINE DESAULNIERS
Hi.
MIKAEL RIOUX
T’as gardé ta
chemise de l’hôpital?
SANDRINE DESAULNIERS
Oui, ils m’ont
gardée à l’hôpital.
MIKAEL RIOUX
Est-ce qu’il y avait
des infirmières là-bas?
SANDRINE DESAULNIERS
Est-ce que je peux rembarquer?
MIKAEL RIOUX
Oui, avec plaisir.
YOURI CORMIER
(Lui laissant sa place)
Je vais rester en avant.
SANDRINE DESAULNIERS
Quelle question.
SANDRINE DESAULNIERS réintègre le groupe.
GUILLAUME MORIN
Bon, on a deux kilomètres
À faire avant les Récollets.
BOB ABRAMES
Avant les quoi?
GUILLAUME MORIN
Avant le portage
des Récollets.
CANDIDATS
(Repartant en chantant)
Rame, rame, rame donc, le
tour du monde que nous ferons.
On est parti tôt ce
matin, le vent du nord.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
L’absence de Sandrine nous
a permis de confirmer ce que
tout le monde
avait déjà compris.
MIKAEL RIOUX
(Commentant par la suite)
Plus que ça évoluait avec
Sandrine, plus qu’on s’est
attaché un à l’autre.
C’est une fille
vraiment géniale avec qui
j’ai plein de points en commun.
Je m’entends super bien.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Ainsi, la descente de la Rivière des Français
est presque complétée, mais, en fait, ce n’est
qu’une goutte d’eau dans l’océan qu’il leur
reste à traverser avant d’atteindre Winnipeg.
Le 28 juin correspond au jour 31 de l’aventure.
CANDIDATS
(Soulevant le canot pour un portage)
Un, deux, trois, hop.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
Bien, le canot d’écorce
de bouleau est très fragile.
On a eu des difficultés avec
sur le barrage de castor avant
North Bay puis on a fait encore
plus de dommages dans La Vase.
BOB ABRAMES
(Commentant par la suite)
On a frappé des
roches cet après-midi
en descendant les rapides.
Ça fait que ça brisé le canot.
Mais c’est nécessaire de
le réparer avant demain matin
parce qu’il
prend beaucoup d’eau.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Tout le monde
doit se rendre à l’évidence,
affronter les Grands Lacs
avec un canot d’écorce endommagé
est terriblement risqué.
Nous devons, pour la sécurité
des voyageurs, leur fournir
une nouvelle embarcation.
Ils ne le savent pas
encore, mais elle est déjà
en route vers eux.
Un camion s’en vient avec un nouveau canot.
NARRATEUR
Dans un instant à
Destination Nor'Ouest.
Des extraits du prochain segment de l’émission défilent.
Les CANDIDATS sont maintenant à la Rivière des Français, au jour 31 de l’aventure. Ils décident de s’arrêter quelques instants.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Le fait de savoir qu’ils
seront bientôt venus à bout de
la fameuse Rivière des Français
semble rassurer les voyageurs
qui se permettent
un instant de détente.
Les moments de folie
se sont faits plutôt rares
depuis de début de ce voyage.
Les CANDIDATS se baignent, se lancent de la boue et s’en étendent sur le visage.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Les voyageurs auront bientôt
un nouveau canot, plus maniable,
plus sécuritaire, mais il
leur sera impossible de trouver
de la résine naturelle.
Pour respecter les délais
imposés, ils devront sacrifier
une part d’authenticité.
RENAUD LAFOND
(Commentant par la suite)
Sans le pitch, c’était
impossible pour nous de faire
les réparations nécessaires
pour que le canot soit assez
résistant pour affronter
la houle puis les vagues
de la baie Georgienne
puis du lac Supérieur.
MIKAEL RIOUX
(Regardant le canot)
Dès le début, je pense qu’avec
la grosse bosse qu’il y avait
ici puis quand on l’a ouvert
À l’intérieur puis qu’on a vu
toutes les faiblesses dans
l’écorce, je sais pas, je pense
qu’on n’a pas eu une Lada,
mais je suis pas sûr qu’on a eu
le meilleur canot
d’écorce qui existait là.
Si on avait encore des beaux
gros bouleaux, je pense que ça
serait plus facile de faire des
beaux canots, mais ça l’air que
ce n’est plus facile de nos
jours d’en trouver, de la belle
écorce parfaite
sans imperfections.
BOB ABRAMES
Mais vraiment,
on parle pour rien.
S’il n’y a pas de pitch,
on ne peut pas continuer.
C’est aussi simple que ça.
GUILLAUME MORIN
Si on aurait de la
résine, on pourrait monter.
Je veux dire, c’est pas
une décision qui est le fun,
mais je pense qu’on
va le laisser partir.
BOB ABRAMES
Le problème
aujourd’hui, c’est le pitch.
On n’a pas de pitch.
SANDRINE DESAULNIERS
C’est le dixième
participant de notre équipe
puis ça été notre bébé.
J’en reviens pas.
On en a tellement parlé puis
on s’en est tellement occupé.
DIANE MOREAU
C’était très important,
un canot d’écorce.
Quand je suis
partie de chez moi, pour moi,
c’était une fierté.
Puis émotivement ça me dérange.
C’était vraiment,
c’était notre maison.
C’était sécurisant,
c’était notre... Mais c’était devenu notre maison.
bon.
SANDRINE DESAULNIERS
Ça fait que pour
moi, c’est une décision,
c’est comme une résignation
plus qu’une décision.
C’est comme la réalité qui
nous rattrape puis tant pis.
BOB ABRAMES
Au moins, on a le choix.
SANDRINE DESAULNIERS
Oui.
BOB ABRAMES
Tu sais, si le canot
cale, on n’a pas de choix.
Ça, c’est une autre histoire.
YOURI CORMIER
Je pense que tout le monde a
au moins mis ses lèvres une fois
à ce canot-là quand
on faisait des tests.
On l’a embrassé pas mal.
MIKAEL RIOUX
Bouche à bouche.
YOURI CORMIER
Du bouche-à-bouche.
BOB ABRAMES
Le plus important pour moi, et
je pense pour l’équipe, c’est de
se rendre là-bas, à Winnipeg,
À Thunder Bay premièrement,
en canot comme ça, sur le 26 pieds.
DIANE MOREAU
Sur l’eau.
BOB ABRAMES
Hein?
Et sur l’eau, c’est sûr,
avec nos mains, avec nos bras.
Pour faire ça, il
faut changer de canot.
Ça fait que c’est
pas une question de choix,
c’est une question de réalité.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Le temps presse et
le danger augmente.
Il faut que les voyageurs
reçoivent leur nouveau canot
avant d’entrer dans
la baie Georgienne.
Pour gagner du temps, on
opte pour un chemin plus court
et plus risqué.
De jeunes guides mettent le nouveau canot à l’eau et s’apprêtent à descendre des rapides pour l’apporter rapidement aux CANDIDATS.
GUILLAUME MORIN
(Commentant par la suite)
Jeff était inquiet pour nous
qu’on affronte le lac Supérieur
avec des craques aussi grandes
à l’intérieur du canot.
Il disait qu’une
bonne vague qu’on risquait
de refendre le canot.
On risquait de se
ramasser à l’eau aussi,
parce qu’apparemment, c’est
vraiment la structure du canot
qui est attaquée.
On a un canot amoché, il est
vraiment amoché par l’intérieur.
On a fait une belle décision.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Pendant ce temps, les
jeunes guides bravent le danger
pour amener le nouveau
canot jusqu’aux voyageurs.
Le delta de la Rivière des
Français est traître pour qui
ne connaît pas ses secrets.
Les jeunes guides, qui essaient d’amener le canot, se retrouvent pris dans les rapides et le canot se brise alors en deux.
GEORGES-HÉBERT GERMAIN
(Narrateur)
Et le temps
presse, comme toujours.
Les voyageurs ont un horaire à
respecter et ils sont prêts à
tout pour y parvenir
même à affronter les Grands Lacs
avec un canot endommagé.
La solidarité n’a jamais été
aussi forte au sein de l’équipe,
mais l’inquiétude et la
peur ne cessent de grandir.
NARRATEUR
Dans le prochain épisode à
Destination Nor'Ouest.
Des extraits du prochain épisode défilent.
Générique de fermeture