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Vidéo transcription
Lavoie sans frontières
Au début du siècle dernier, de nombreuses familles francophones se séparent de leurs racines canadiennes-françaises en terre québécoise pour aller s’établir dans des contrées éloignées du Canada. Ce fut le destin des Lavoie, une famille agricole du Saguenay-Lac-St-Jean, qui décida dans les années 50 de s’exiler en Alberta et en Ontario… Nous voilà 60 ans plus tard.
Réalisateur: Simon Madore
Année de production: 2011
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Il s'agit d'un reportage sur la famille Lavoie qui se rassemble dans le cadre d'une réunion quinquennale. Le reportage retrace les origines de ceux qui sont arrivés du Québec pour s’installer en Alberta. L'histoire est racontée par plusieurs membres de la famille et le reportage est entrecoupé d'images de la réunion familiale et d'images de la vie agricole.
JEAN-CLAUDE est assis à sa table de cuisine et accorde une entrevue.
JEAN-CLAUDE
Dans la vie...
Tu pourrais t'imaginer, si, si,
si... si on était resté au
lac Saint-Jean, je serais où
aujourd'hui, moi? Le sais-tu,
toi? Moi, je le sais pas.
JEAN-CLAUDE regarde des photographies de famille.
Texte informatif :
Au début des années 1950,
dans la région rurale du
Saguenay-Lac-Saint-Jean
au Québec, la famille Lavoie
décide de se disperser afin
d'assurer l'avenir de ses
descendants.
Des images de la ferme Lavoie & Fils sont présentées. LÉON est à l'extérieur et accorde une entrevue.
LÉON
Bien, mes parents
étaient très religieux,
la famille aussi était
très religieuse. Je sais pas
si tu sais que dans le passé,
l'Église, les prêtres,
travaillaient toujours à
la colonisation.
Des images à l'Église sont présentées. Une DAME lit un extrait de la Bible aux gens présents.
DAME
"Aux hommes de peu
de foi qu'étaient ses
disciples, Jésus a enseigné..."
Des images de plusieurs membres de la famille Lavoie rassemblés à l'extérieur dans le cadre d'une fête sont présentées. Chacun porte un chandail où on peut lire le nom de famille Lavoie. DENISE, la fille de Philippe et d'Emma, est à l'intérieur d'une caravane et regarde des albums photos. Elle accorde une entrevue.
DENISE
Il y avait beaucoup
de meilleures chances
d'avancement. La terre était
toute déjà colonisée au Québec,
puis ici, il y avait tellement
de chances d'avancement
dans l'agriculture.
Titre :
Lavoie sans frontières
Une carte géographique du Québec est présentée. On peut y lire le nom de la municipalité d'Albanel, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Des images de la route 169, qui dessert cette région, défilent.
ALEXANDRE et GÉRARDINE sont assis à leur table de cuisine et accordent une entrevue.
ALEXANDRE
Il y avait ici
150 cultivateurs.
Il en reste 40.
Il y avait aucun produit
pour empêcher la famille.
À part que séparer
le lit en deux.
On était... cinq garçons
et quatre filles.
GÉRARDINE
Trois filles.
ALEXANDRE
La ferme n'était pas grosse,
ça fait qu'elle n'employait
pas beaucoup du monde.
Texte informatif :
Soumis à l'influence du clergé,
des membres de la famille Lavoie
décident de migrer vers de nouveaux
territoires agricoles dans des
régions situées plus à l'ouest du pays.
Une photographie d'archive de la famille Lavoie est présentée. On y voit Gabrielle, Joseph, Philippe et Emma.
Texte informatif :
Alexandre Lavoie, frère cadet de
Joseph et Philippe,
demeure au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Il est le seul survivant de sa
génération.
GÉRARDINE
C'était deux
couples toujours ensemble.
ALEXANDRE
On pensait qu'ils allaient
être tous les deux à la même
place, soit en Ontario
ou en Alberta.
GÉRARDINE
Puis ils sont partis au mois
de septembre 1952. Puis l'autre
est parti en avril 1953.
Texte informatif :
Joseph et Gabrielle quittent le
Saguenay-Lac-Saint-Jean pour le
nord de l'Ontario à l'automne 1952.
Philippe et Emma quittent pour
l'Alberta au printemps 1953.
GÉRARDINE
Moi, j'avais espérance qu'ils
partent pas, parce que c'était
un moyen trou dans la famille,
ces deux familles-là
qui partent de devant la scène,
tu comprends. Ils sont
partis 20 personnes.
Mais moi, j'étais pas inquiète
parce que je savais
que c'étaient deux
gars qui avaient du talent,
puis les femmes aussi.
Quand ils ont décidé qu'ils
partaient, ça roulait, cher,
comme sur des roulettes!
Une carte géographique est présentée, on peut y voir la municipalité de St-Isidore, en Alberta. Des images de l'Alberta et de ses fermes sont présentées.
Texte informatif :
Le village de Saint-Isidore est
situé dans le nord-ouest de
l'Alberta, à 4087 km du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
EVENS, le fils de Philippe et d'Emma, est assis chez lui et accorde une entrevue.
EVENS
Il y en a qui étaient
pas trop d'accord avec ça. Ils
trouvaient que c'était risqué.
C'était... c'était d'aller
loin pour faire son idéal.
Dans le cadre de la fête des Lavoie, un HOMME discute avec DENISE, alors qu'ils regardent des photos.
HOMME
Et ça, ça c'est le
trajet qu'ils ont pris.
DENISE
Oui, le trajet
qui s'en vient...
DENISE, la fille de Philippe et d'Emma, poursuit l'entrevue.
DENISE
Partir dix enfants, laisser
toute la parenté en arrière,
pas comprendre
un mot d'anglais.
Partir. Ça a pris une semaine
s'en venir en train
dans ce temps-là.
LÉON, le fils de Philippe et d'Emma, poursuit l'entrevue, alors que le JOURNALISTE lui pose une question.
JOURNALISTE
C'était-tu
vraiment nécessaire?
LÉON
C'était pas une
obligation parce que, tu vois,
il y a beaucoup du monde qui
sont restés. Mais quand même,
les gens sont pas
restés sur la terre,
ils ont fait d'autre chose.
Ils ont déménagé à Montréal,
déménagé à Québec pour se
trouver un emploi ou dans
d'autres industries, ou déménagé
dans d'autres provinces pour
faire d'autre chose. Mais quand
même, les familles étant grandes
dans ce temps-là, vraiment,
ils avaient besoin de place,
ils avaient besoin
d'une manière de faire leur vie,
de gagner leur vie.
EVENS
(Poursuivant l'entrevue)
On était plusieurs garçons,
puis papa voulait qu'on ait
la chance de travailler
avec lui sur la terre.
Des images de différentes scènes agricoles de l'Alberta sont présentées.
ROMÉO, fils de Philippe et d'Emma, est assis à son bureau, à la ferme. Il accorde une entrevue.
ROMÉO
On se levait toujours
à 6h30 le matin. à 6h30-6h45,
il fallait être dans l'étable.
On commençait à tirer les vaches
jusqu'à 7h45, puis à 7h45,
on allait déjeuner.
À 8h15, on était sur le bus.
On revenait à 3h30.
On travaillait jusqu'à 6h30,
6h45. On revenait à la maison,
manger, faire nos devoirs, puis
se coucher. Le lendemain matin,
on se relevait à 6h30.
365 jours par année,
c'est ça qu'on faisait.
Une moissonneuse-batteuse parcourt un champ.
ROMÉO
(Poursuivant l'entrevue)
Comme c'est là, on cultive
12 500 acres environ: 10 800
en céréales, puis à peu près
2000-1500 en légumes,
du foin, puis du timothée.
GÉRARDINE
(Poursuivant l'entrevue)
Philippe avait
dit: "Avec une piastre ici,
on fait une piastre. En Alberta,
avec une piastre,
on fait 5 piastres."
C'était révélateur, ça. Tu
t'inquiètes pas pour le reste.
Des images de la traite des vaches sont présentées.
RICHARD, le fils de Philippe et d'Emma, est dans la ferme. Il accorde une entrevue.
RICHARD
Mes parents étaient
très aventureux pour faire
ce qu'ils ont fait là,
en 1953, quand ils sont
venus dans l'ouest
pour s'établir avec dix enfants.
Ça prenait un peu de courage.
Ils ne s'attendaient pas
exactement de tout l'ouvrage
que ça impliquait. Mais c'est
une joie de voir ça aujourd'hui
qu'ils ont réussi, qu'ils sont
venus dans l'ouest, puis tout a
bien été. C'est encourageant.
ALEXANDRE
(Poursuivant l'entrevue)
C'est eux autres qui ont bien
réussi. C'était leur idée de
faire des cultivateurs, puis ils
avaient la place pour le faire.
Ici, ils n'ont pas la place.
Ils n'ont pas la ferme pour ça.
ROMÉO
(Poursuivant l'entrevue)
On a été chanceux de venir ici
à comparer à mon oncle qui
a été dans le Nord de l'Ontario.
Puis il y avait des roches,
il y a eu de la misère...
le frère de mon père.
DENISE
(Poursuivant l'entrevue)
Mon oncle Joseph et
ma tante Gabrielle, qui ont été
en Ontario, eux autres
ont été s'établir à Moonbeam.
La terre est pas bonne là.
Différentes images de la route pour se rendre à Moonbeam sont présentées.
JEAN-CLAUDE
(Poursuivant l'entrevue)
C'est pas
compliqué à décrire, le Nord de
l'Ontario. C'est un chemin, ha,
ha, ha! Avec des maisons de
temps en temps de chaque bord.
(Rigolant)
Je le sais. T'endors pas
dans le Nord de l'Ontario, c'est
parce qu'il y a juste un chemin.
Texte informatif :
Le village de Moonbeam est situé
dans le nord-est de l'Ontario,
à 985 km du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
JEAN-CLAUDE, le fils de Joseph et de Gabrielle, poursuit l'entrevue.
JEAN-CLAUDE
(Poursuivant l'entrevue)
Ça là... ça là, c'est quand
Philippe est venu en Ontario.
Philippe est venu une fois dans
l'est, puis il a arrêté en
Ontario en passant. Une fois.
C'est probablement cette
fois-là. Nous, on devait aller
en Alberta, puis Philippe, mon
oncle, devait aller en
Ontario, puis ça a changé ça.
Moi, j'ai jamais su pourquoi.
On est arrivé à 6h45
le 23 septembre,
puis le soleil était là.
Je me rappelle de ça. Mais...
Qu'est-ce qu'il y
avait de nouveau?
On l'a vu ça a pas été long.
Nous au lac Saint-Jean, on était
habitué de récolter de l'orge et
l'avoine à tous les temps. Mais
dans le Nord de l'Ontario, hein,
hein, hein! C'était une année
sur dix qu'on réussissait à
récolter de l'avoine. Nous, avec
mon père, on a arrêté d'en
semer ça a pas été long.
Il y avait pas d'avenir là.
C'était clair et net.
GÉRARDINE
(Poursuivant l'entrevue)
Mais quand
ils sont venus pour cultiver
dans le printemps, la terre
était pleine de roches partout.
Tu peux en ramasser, des roches,
mais il y a un bout
quand il y en a à grandeur...
JEAN-CLAUDE
(Poursuivant l'entrevue)
On a été très désappointé.
Quand on est arrivé en Ontario,
nous autres, le soir,
il était 7h, mais dans
le Nord de l'Ontario, il fait
clair longtemps. Puis on avait
un tracteur avec l'hydraulique.
Fait que là, on a dit: "Hé,
l'hydraulique, c'est quelque
chose!" On n'avait jamais vu ça,
nous autres! Ça fait qu'on
installe la charrue, on part.
Puis on va aller labourer avec
un tracteur, avec une charrue
hydraulique. Baisse la charrue,
"bedang" dans une roche. Cherche
un peu alentour. On n'a rien
trouvé. Encore dans la charrue,
paf! Encore accroché dans
une roche... Finalement, on est
revenu parce qu'il faisait
noir, je sais plus. Moi,
j'ai jamais trouvé une place
pour labourer. C'était tout
le temps de la maudite roche!
SUZANNE, la petite-fille de Joseph et de Gabrielle, est dans une serre. Elle accorde une entrevue.
SUZANNE
Le Nord, c'était
des arbres, c'était des arbres
fluets. C'est-à-dire, c'est des
épinettes noires, c'est des
marais, c'est des petits arbres.
Le problème avec l'agriculture
et le Nord de l'Ontario,
c'est la température.
La saison de croissance est
minimale, les unités
thermiques sont minimales.
Texte informatif :
Suzanne est native de Moonbeam.
Elle habite aujourd'hui dans la
région d'Ottawa.
SUZANNE
(Poursuivant l'entrevue)
Oui, ça a été difficile pour
toutes ces familles, pas
seulement pour les Lavoie, je
dirais, mais toutes les familles
qui sont arrivées, je veux dire,
avec de grandes missions
peut-être sociales. Ces missions
étaient très valables, je le
sais pas en fait, je l'imagine.
Mais au niveau professionnel,
agriculture, c'était... ouf!
Difficile.
Texte informatif :
Dans les années 1970, après avoir
tenté de reprendre la ferme familiale,
Jean-Claude décide de quitter
Moonbeam.
JEAN-CLAUDE
(Poursuivant l'entrevue)
Tout le monde
lâchait. Quand tout le monde
lâche et qu'il y en a presque
plus alentour, c'est un
peu... c'est un peu difficile.
La ferme, c'est pas facile.
C'est beaucoup de travail,
c'est accaparant, puis c'est
pas toujours rassurant.
Plusieurs membres de la famille Lavoie sont réunis pour assister à la démolition d'un des trois silos de la ferme.
FEMME1
Pourquoi vous
l'avez mis en haut là, le
cap, lui? Si le
cap frappe la
bâtisse, qu'est-ce qu'il fait?
HOMME1
Ils veulent filmer.
OK? OK, go.
On entend un bruit d'explosion, puis le silo s'écroule, sous le regard attentif de la famille.
FEMME2
Oh, l'oiseau.
HOMME2
Ah,
regarde le pigeon, là.
FEMME3
Oh, hé.
Il retourne à sa place.
Il doit avoir des petits,
lui, là-dedans. Il doit y avoir
un nid là-dedans parce qu'il est
retourné dans son
shack.
HOMME3
Puis,
as-tu bien pogné ça?
Des photographies de la démolition du silo défilent.
DENISE
(Poursuivant l'entrevue)
C'est difficile de
distinguer les affaires, puis
la ferme, puis la famille.
Des images des frères Lavoie qui travaillent ensemble à la ferme sont présentées.
DENISE
(Poursuivant l'entrevue)
Quand on travaille toujours
ensemble, neuf frères ensemble,
on peut pas jamais toujours
avoir les mêmes opinions.
Puis comme dans n'importe quel
travail, il y a des choses
qui se sont dites
qui blessent. Peut-être pas
intentionnellement,
mais ça reste là longtemps.
RICHARD
(Poursuivant l'entrevue)
Il y a toujours
des obstacles, mais si
t'as un désir ce que tu fais,
tu t'arranges pour
que l'entreprise soit prospère.
Il y a différentes opinions
et tout le monde est différent.
Mais si tu gardes
le respect de chaque individu,
on avait nos idées,
on en discutait, puis c'était
la décision qu'on prenait.
ROMÉO
(Poursuivant l'entrevue)
C'est la même chose qu'un
mariage, il y en a qui arrivent
en divorce. Une entreprise,
quand il y a des problèmes, faut
se servir du monde pour essayer
de résoudre ces problèmes-là.
LÉON
(Poursuivant l'entrevue)
Parce qu'on s'est toujours
dit que si on se séparait
individuellement, c'est nous
autres qui serions perdants.
Ça fait qu'au lieu d'être
perdants, on se disait...
peut-être qu'on sacrifiait
un peu de notre goût personnel
pour travailler en groupe.
Il y a certainement eu de ça.
JEAN-CLAUDE
(Poursuivant l'entrevue)
Il reste une de
mes soeurs qui est encore là.
Une des jumelles, Jeannette,
elle, elle s'est mariée
avec un gars du Nord
et elle a élevé ses enfants-là.
JEANNETTE et MAURICE sont assis à leur table de cuisine et accordent une entrevue.
JEANNETTE
Ma famille était
ici, puis sa famille à
lui était ici aussi.
MAURICE
Il fallait pas se revirer
de bord de ça.
Il en est arrivé
des familles ici. Ouf!
Oui, et il y avait des Fortin,
il y avait des Bouchard...
... Brassard.
Il y en avait partout.
Ils sont partis et ils ont
tous laissé la terre. Il y a
plus rien. Ça fait pitié. Moi,
je trouve que ça fait pitié. Je
vois des terres, untel restait
là: ah, ils sont morts.
Il y avait untel qui restait là,
ils sont plus là. Et tous
les rangs étaient faits,
les fossés, tout était fait,
puis c'est tout abandonné.
C'est terrible.
Moi, je trouve ça terrible.
Il y a pas de place pour
vendre rien ici. Il faut toute
que ça aille virer à Toronto
et en dehors, et...
HÉLÈNE, la fille de JEANNETTE et de MAURICE, est dans sa cuisine et accorde une entrevue.
HÉLÈNE
Je pense qu'ils se
sont fait promettre des choses
qui étaient pas là. C'était-tu
si pire que ça qu'il fallait
qu'ils partent pour survivre?
Si c'était juste pour
développer le Nord, bien oui,
ça a développé le Nord.
Mais ça veut pas dire
que le sacrifice était pas gros.
Mais je pense qu'il y a
personne qui était intéressé
de continuer à faire
ce que mon grand-père faisait.
Moi, quand j'étais jeune, il y
avait des fermes partout. Les
jeunes n'ont pas voulu prendre
la relève de ça. Quand moi,
j'ai été rendue à l'âge adulte,
il y en avait presque plus.
Dans ce 20 ans-là, ça a
presque complètement disparu.
Puis je pense que c'est trop
demandant et pas
payant, peut-être.
Texte informatif :
Le nord de l'Ontario a délaissé
progressivement l'agriculture pour
se tourner vers l'industrie forestière
et minière.
HÉLÈNE
(Poursuivant l'entrevue)
C'était plus facile d'aller
travailler au moulin, à faire
ton petit 8 heures, puis de t'en
aller que d'avoir une ferme
à 12 heures, 14 heures par jour,
7 jours par semaine. Entre
les deux, je pense que le monde
a préféré aller à des emplois
où tu fais ton 8 heures
et tu t'en vas. Moi, je pense
vraiment que c'est ça.
SUZANNE
(Poursuivant l'entrevue)
Le Nord de
l'Ontario pour moi, c'est les
gens d'abord et avant tout.
Je veux dire, quand on vit dans
le Nord, il y a tellement rien;
tout ce qu'il y a,
c'est des gens. Alors,
les gens ont quelque chose
de très particulier,
ils sont extrêmement chaleureux.
En fait, les gens du Nord,
c'est des gens particuliers.
Et je dis ça, puis souvent,
je me le suis fait dire aussi.
Mais moi, je vous assure
que quand j'ai quitté le Nord,
j'ai pleuré pendant trois mois.
Évidemment, j'étais à l'âge
adolescent, le secondaire,
changer d'école secondaire, etc.
Ça a été vraiment un
grand déchirement.
Des images d'oies, de cochons, de poules et de différents animaux sont présentées, suivies d'images d'agriculture.
Texte informatif :
Suzanne est propriétaire d'une
ferme d'élevage et d'agriculture
durable.
SUZANNE
(Poursuivant l'entrevue)
Je dirais: être agriculteur,
c'est un style de vie. C'est un
engagement important. Quand t'as
des animaux, c'est tous les
jours, c'est pas une fois par
jour, c'est deux, trois,
quatre fois par jour.
J'aime l'agriculture parce que
je pense qu'il n'y a pas de
plus beau métier sur la Terre.
Et en fait, sur la Terre,
il y a rien de plus important
que la terre. Je veux dire:
sinon on se nourrit pas.
COLLIN, le petit-fils de Philippe et d'Emma, est dans la forêt et accorde une entrevue.
COLLIN
J'aimerais ça, vivre
ailleurs, ou voir autre chose
avant de revenir. Je m'imagine
revenir ici à la fin de ma vie,
pour moi, ça serait beau, mais
entretemps, j'aimerais ça,
voyager, j'aimerais ça, vivre
dans différents endroits.
Texte informatif :
Collin a quitté l'Alberta pour
s'établir au Québec.
SUZANNE
(Poursuivant l'entrevue)
Les jeunes d'aujourd'hui veulent
cette liberté, cette mobilité,
veulent voyager, veulent changer
d'emploi, veulent découvrir
le monde. C'est à l'encontre,
si on veut, des valeurs
nécessaires pour s'établir
dans l'agriculture,
où tu es très sédentaire.
RICHARD
(Poursuivant l'entrevue)
Je vois qu'il y
a un intérêt extrême. Mon garçon
et mon frère, ce sont des
garçons, et ça, ils ont un
intérêt exceptionnel pour les
terres encore. Les années
vont dicter un peu comment ça va
aller, mais je suis encore
très optimiste pour l'avenir.
ROMÉO
(Poursuivant l'entrevue)
Je le sais pas. C'est ça
qui nous encourage de continuer.
Si les enfants étaient pas là,
je ne sais pas si je serais
encore sur la ferme.
Des images des pierres tombales de Philippe et d'Emma Lavoie sont présentées.
COLLIN
(Poursuivant l'entrevue)
On habitait pas mal
tous à Saint-Isidore. Puis on se
rencontrait toujours les
dimanches chez mon grand-père
à la ferme familiale. Puis nous,
les jeunes, on allait tout le
temps s'amuser dans la cour
sur les bottes de foin,
on jouait au football. On avait
plein d'activités. Et depuis le
décès de mon grand-père, cette
tradition-là, elle a cessé. Puis
avec le temps, progressivement,
on se voit de moins en moins
à mesure que les familles
grandissent et que les noyaux,
ils se reforment.
La dynamique, elle change.
Des images de champs, à partir d'une voiture, sont présentées. On entend la voix d'un ANIMATEUR à la radio pendant ce temps.
ANIMATEUR
... région de Peace
River, Fairview, High Prairie
et Manning, pour aujourd'hui:
alternance de soleil
et de nuages. Maximum 23 et des
ultra-violets de 5 ou modérés.
Pour ce soir et cette nuit,
devenant nuageux ce
soir, suivi de 60%...
Différentes images du rassemblement de la famille Lavoie sont présentées.
RICHARD
(Poursuivant l'entrevue)
C'est une joie
extrême. Tu peux pas...
tu peux pas... Ça fait quatre...
quatre qu'on a, là. Et je vois
les descendants aller,
les nièces et les neveux. Ah!
J'en reviens pas, moi.
Lors du rassemblement de famille, les enfants se font appliquer de la peinture dans les mains. Les enfants posent ensuite leurs mains sur une très grande feuille de papier qui est ensuite présentée.
LÉON
(Poursuivant l'entrevue)
Notre famille est
beaucoup dispersée: il y en a à
Montréal de mes enfants, il y en
a en Alberta, aussi à Vancouver.
C'est dispersé un peu partout.
Différentes images de la réunion de famille sont présentées.
LÉON
(Poursuivant l'entrevue)
La réunion de famille
est seulement que tous
les cinq ans. Il y a tellement
de changement avec les nouveaux
petits enfants qui arrivent,
les changements qui se font
dans la famille. C'est un peu...
Le but de ça, je pense,
c'est de réunir le groupe,
qu'on puisse se rencontrer
et renouer les communications.
COLLIN
(Poursuivant l'entrevue)
J'ai comme
l'impression que les choses
n'ont pas changé. Comme, je
reviens ici à la rencontre, je
vois toute la famille ensemble.
À part les petits enfants
qui sont tout petits, et là tout
d'un coup ils sont très grands,
le reste des gens ont peut-être
des rides de plus, mais
on dirait que ça reste pareil.
J'ai comme l'impression
qu'on n'a jamais été séparés.
Différentes photos des membres de la famille Lavoie défilent.
DENISE
(Poursuivant l'entrevue)
Je pense que tu
réalises sans doute qu'il en a
plusieurs dans la famille,
puis on perd
track. À mesure
que tu fais ta vie journalière
et t'es tellement impliqué dans
ta vie de tous les jours que
tu oublies l'essentiel vraiment.
Les liens familiaux, les choses
comme ça, tu les oublies. Et à
moins qu'on se le rappelle et
qu'on fasse un effort pour dire:
"Oh, oublie pas,
on se revoit à ce temps-là."
Autrement, on se voit jamais.
EVENS
(Poursuivant l'entrevue)
C'est un hasard, ça
revient. Ça a été bien pour nous
autres. Est-ce que ça aurait été
mieux autrement? C'est difficile
de le dire. Mais je pense
qu'on a essayé de profiter du...
du milieu qu'on travaillait
dedans, puis on s'est
épanoui de ce côté-là.
DENISE
(Poursuivant l'entrevue)
Peut-être maintenant, à mesure
que je vieillis, je pense
que je réalise les sacrifices
qu'ils ont faits.
ROMÉO
(Poursuivant l'entrevue)
Le changement c'est
dur. Mais c'est ça qui rapporte
la réussite de la ferme. Faut
que tu sois capable de changer.
GÉRARDINE
(Poursuivant l'entrevue)
Et c'étaient
des hommes débrouillards, et les
femmes aussi. Ils sont allés
dans des horizons plus grands
pour réussir ce qu'ils
voulaient. Moi, c'est comme
ça qu'on l'a vu en tout cas.
Tous les membres de la famille Lavoie présents à la réunion se rassemblent pour une photo de famille.
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