

La Petite Mosquée dans la prairie
La Petite Mosquée dans la prairie décrit avec humour le quotidien d´une communauté musulmane dans le Saskatchewan.
Vidéo transcription
Le converti
Le converti
Année de production: 2007
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C'est vendredi, les fidèles de la communauté musulmane de Mercy sont rassemblés à la mosquée. AMAAR vient de terminer son sermon. YASIR le prend à part pour discuter pendant que SARAH et RAYYAN discutent avec d'autres femmes.
YASIR
Frère Amaar, il était
magnifique, ce sermon.
Vraiment magnifique.
AMAAR
Je suis heureux
qu'il vous ait plu.
Quel passage avez-vous préféré?
RAYYAN et SARAH rejoignent AMAAR.
YASIR
La fin. Oui. Vraiment,
je dirais la fin.
AMAAR
Sarah, Rayyan,
vous avez aimé le sermon?
Le peu entendu par-dessus
des ronflements de Yasir.
YASIR
Le sommeil permet
à vos paroles
de pénétrer mon subconscient.
SARAH
Ah! Alors, tu dois avoir
totalement mémorisé l'opéra
où je t'ai emmené
la semaine dernière.
YASIR
Ma femme est ma meilleure
relation publique.
AMAAR
Essayez d'être honnête, Yasir.
Vous êtes dans une mosquée.
BABER
(Se joignant au groupe)
Qui l'a louée à une église
pour avoir un bureau sans payer.
YASIR
Ridicule!
Le musulman passe en premier.
L'homme d'affaires en second.
Excusez-moi.
Oh! Je dois filer. Les jacuzzis
ne s'installent pas tout seuls.
BABER
(Pointant un inconnu)
Sarah, qui est-ce?
SARAH
Oh, d'accord. Parce que tous
les blancs doivent se connaître?
BABER
Je croyais simplement
que tu aurais pu le voir
au club de bowling ou au bingo
ou dans un autre repère
de vices occidental.
AMAAR
Baber!
AMAAR quitte le groupe pour se présenter au nouveau venu.
AMAAR
Bonjour. Je suis Amaar.
L'imam de cette mosquée.
Un imam, c'est comme un prêtre.
BABER, SARAH et RAYYAN s'approchent pour faire aussi connaissance.
MARLON
Je sais. Je connais votre
Rutba. Je suis Marlon.
RAYYAN
De l'arabe!
Très impressionnant.
MARLON
J'envisage sérieusement
de me convertir à l'islam.
BABER
Ha! C'est pas magnifique!
Un converti. Je suis Baber.
SARAH
Ho, hé! J'existe.
Je suis convertie moi aussi.
BABER
Oui, mais lui, il est sérieux.
SARAH
Pff! Salut, je suis Sarah.
MARLON
Salut.
AMAAR
C'est magnifique, Marlon.
BABER
Que c'est beau!
Notre premier vrai converti.
Titre :
La petite mosquée dans la prairie
Générique d'ouverture
RAYYAN et SARAH sont de retour à la maison.
SARAH
Tu te rends compte
que Baber a laissé entendre
que je ne prenais pas
l'islam au sérieux?
RAYYAN
Allons, maman. Tu ne pries
pas cinq fois par jour.
SARAH
Mais ce n'est pas
parce que je ne veux pas.
RAYYAN
Non, c'est juste
que tu ne veux pas.
SARAH
Non, je suis
simplement débordée.
RAYYAN
Débordée de ne pas prier?
SARAH
Je peux très bien être
une bonne musulmane.
D'ailleurs, je t'en fais le pari.
RAYYAN
Les musulmans
ne parient pas, maman.
SARAH
Le coup du doigt?
RAYYAN
D'accord.
SARAH tend l'auriculaire et RAYYAN tend le sien. Les doigts croisés, elles font un pacte.
RAYYAN
Cinq prières par jour
pendant toute une semaine.
SARAH
Une semaine? Chérie,
je te défie sur un mois.
YASIR
(Entrant dans la cuisine)
Vous faites un voeu?
RAYYAN
Maman va prier cinq fois
par jour un mois.
YASIR
(Riant)
J'avais compris que tu ferais
les prières durant un mois.
SARAH
Chéri, apporte-moi
mon tapis de prière.
YASIR
Ton tapis de prière?
Tu en as un?
SARAH
Oui, mon tapis... Dépêche-toi!
YASIR
Bien sûr, ton tapis
de prière, chérie.
Je reviens tout de suite.
RAYYAN
(Apportant une alarme qui indique les heures de prière)
Voilà. Ça va t'aider
à respecter les délais.
Il sonne en arabe cinq fois
par jour pour la prière.
SARAH
C'est pas un truc
avec lequel on a envie
de passer les portiques
de sécurité.
Comment ça marche?
RAYYAN
Je vais te montrer.
YASIR revient avec un tapis de bain.
YASIR
Pour tes prières, chérie.
SARAH
Là-dessus?
YASIR
Assume la position de la foi.
SARAH
D'accord.
YASIR
Attends. T'es pas
face au sud-est.
SARAH
Notre chambre est face au sud.
Donc, il faut que je me déplace.
SARAH s'agenouille.
YASIR
(Soulevant SARAH qui tient le tapis)
Non, non, je crois pas
que ce soit de ce côté.
Hop!
RAYYAN
Vous êtes vraiment mes
parents? Je fais un test ADN.
SARAH
Non, non.
Ça, c'est sud-sud-est.
YASIR
(Soulevant de nouveau SARAH)
Attends, attends. Voilà!
SARAH
Oui, c'est ça.
RAYYAN
J'apporterai une copie
de l’islam pour les nuls
en rentrant à la maison.
YASIR
Oui, ce serait gentil.
Allez, vas-y, ma chérie.
SARAH
Je peux le faire!
Je peux le faire.
FATIMA discute avec BABER qui mange au comptoir de son restaurant.
BABER
Mmm! Encore, s'il te plaît.
J'adore le jambon de dinde.
FATIMA
Chut! Les clients croient
que c'est du porc.
BABER
(Haussant la voix)
Je peux avoir encore une portion
de ce pourceau aux pieds
fourchus, s'il te plaît?
MARLON entre dans le restaurant.
MARLON
Salam alaykoum, mes amis.
BABER
Oh, alaykoum salam.
MARLON remarque LAYLA et JAMAL assis au comptoir.
MARLON
Est-ce que ce sont
vos merveilleux enfants?
BABER
(Parlant de FATIMA)
Nous ne sommes pas ensemble.
Le garçon est à Fatima.
La femelle est à moi.
LAYLA
La femelle?
MARLON
Alors, vous êtes
tous les deux... divorcés?
FATIMA
Oh, non, non!
Mon époux est parti.
Et la femme de Baber
est partie sans Baber.
MARLON
Je constate que votre fille
ne porte pas le hijab.
BABER
Ahem...
Le vent était très fort
aujourd'hui
et je suppose qu'il a dû
le faire s'envoler.
LAYLA
Pour la neuf milliardième
fois, je porte pas le foulard.
BABER
Ces jeunes!
Ce sont ses hormones.
LAYLA
Non! C'est écoeurant!
BABER
(S'adressant à BABER)
Pourquoi vous
ne respectez pas la loi?
FATIMA
(S'adressant à MARLON)
Pourquoi vous vous occupez pas
de vos oignons?
MARLON
Je parlais à mon frère
Baber, ma soeur.
FATIMA
Je ne suis pas votre soeur.
BABER
À mon avis,
on pourrait continuer
cette discussion
d'homme à homme sous mon toit.
On pourrait s'interroger
sur les versets coraniques.
MARLON
Ce serait fabuleux.
Il y a quelques versets
où je pourrais vous piéger.
BABER
Oh, ne soyez pas
aussi sûr de vous.
AMAAR entre en coup de vent.
AMAAR
Assalamu alaykoum Marlon.
J'aimerais que vous passiez
à la mosquée tout à l'heure
pour votre conversion.
MARLON
La shahâda. Excellent!
BABER
(Très enthousiaste)
Allahou Akbar!
Ce que c'est agréable!
À ce rythme, on va convertir
tous les individus blancs
de la ville à l'islam.
Certains clients du restaurant relèvent la tête en entendant les propos de BABER.
AMAAR
Voix intérieure, Baber.
S'il te plaît.
BABER
Pardon.
À l'hôtel de ville, ANN entre dans son bureau sans remarquer que SARAH fait sa prière sur le sol.
ANN
Jésus Marie, Joseph!
SARAH
(Sursautant)
Je suis désolée.
Je faisais ma prière.
ANN
Wow! Vous avez dû avoir
un week-end très cochon,
vous et Yasir.
SARAH
Non, c'est pas ça.
Ceci dit, il y a eu un moment
où il s'est déguisé
en réparateur télé.
Moi, j'étais habillée en...
Oh... Désolée.
De quoi on parlait?
ANN
De prière.
SARAH
Bien. Je veux essayer
de prendre l'islam
un peu plus au sérieux.
ANN
Bravo. Faites-le dans
votre bureau. Sérieusement.
SARAH
C'est un peu trop ouvert.
Je peux pas prier
devant tout le monde.
ANN
Bien. Je vais respecter
vos droits constitutionnels
à pratiquer votre religion,
mais que ça ne se
reproduise plus ici.
SARAH
(Recommençant sa prière)
Allahou akbar.
ANN
Vous pourriez...
Comment vous le dire
avec classe?
Votre lune musulmane est en vue.
SARAH
Quoi?
ANN
(Forçant pour pousser son bureau)
Non, non. Je vais bouger
mon bureau plutôt.
SARAH
Non, non. Je vais
déplacer mon tapis...
un peu plus vers l'ouest.
À la mosquée, MARLON prend son nouveau nom pendant sa conversion à l'Islam devant BABER et quelques hommes, sous les offices de AMAAR.
MARLON
Je témoigne qu'il n'existe
nul autre dieu que Dieu
et que Mahomet est son prophète.
AMAAR
Et ainsi se termine
la shahâda.
BABER
Takbir!
MARLON
Allahou akbar!
BABER
Takbir!
MARLON
Allahou akbar!
BABER
Takbir!
MARLON
Allahou akbar!
(Dans un genre de crescendo)
Allahou akbar!
Allahou akbar!
(Hurlant)
Allahou akbar!
La passion anime MARLON. AMAAR le tempère.
AMAAR
Doucement!
Doucement, mon petit!
BABER
Bon, j'ai un cours
d'économie à donner, alors...
MARLON
Tout de suite? J'espérais
qu'on pourrait discuter.
BABER
Discuter? Mais qui d'autre
va enseigner à mes élèves
comment l'Occident
exploite les musulmans?
MARLON
Ces sataniques chiens
occidentaux doivent recevoir
une leçon qu'ils n'oublieront
jamais.
BABER
Vous me direz
de quelle leçon il s'agit
et je la mettrai à mon prochain
examen. Salam alaykoum.
MARLON
Alaykoum salam.
Aleykoum salam.
Les hommes quittent la mosquée et MARLON reste seul avec AMAAR.
MARLON
(Parlan de djellaba)
Il faut que je m'en trouve un.
AMAAR
Je ne savais pas
que vous étiez encore là.
Dommage que vous n'ayez invité
personne à la cérémonie.
MARLON
Mes parents m'ont rejeté.
AMAAR
Ah oui? En fait,
mes parents ne me portent
pas au nez non plus.
Heureusement que j'ai mes amis.
MARLON
Je n'ai pas d'amis.
AMAAR
Oh. Euh...
Bon... Au moins,
vous avez Allah.
Vous êtes l'honneur
de la foi, Marlon.
MARLON
Entre vous et moi, Sarah
et Yasir ne prennent pas l'islam
très au sérieux.
Et Baber n'arrive pas
à convaincre sa fille
de porter le hijab.
AMAAR
Euh, Marlon...
les ragots sont un péché
dans l'islam.
MARLON
Oui. Il y a beaucoup de ragots
qui courent dans cette
congrégation.
On pourrait en parler
en passant la journée ensemble.
AMAAR
Oh... Euh... Bien...
À vrai dire, je vais au cinéma.
MARLON
Vous allez vraiment
voir un film?
AMAAR
Sauf s'il y a une coupure
d'électricité.
MARLON
C'est pas un péché?
AMAAR
Seulement quand ils sont bons,
mais celui-là, aucun risque.
MARLON
Ils représentent tous
la décadence occidentale.
AMAAR
Je vois ce que
vous voulez dire.
Il faut que je file. En route!
(Sortant de la mosquée)
À plus tard, Marlon.
Le RÉVÉREND MCGEE arrive à ce moment.
RÉVÉREND MCGEE
Qui c'est, ce jeune?
AMAAR
Un nouveau converti.
Vous avez un conseil pour calmer
un enthousiasme religieux?
RÉVÉREND MCGEE
Rejoignez le clergé.
Je plaisante.
Ouh! Allons-y.
Je ne veux pas manquer
une minute de Halle Berry.
SARAH et YASIR dorment dans leur lit. SARAH se réveille et se dépêche de fermer le réveil à prière pour ne pas réveiller Yasir.
YASIR
(Se réveillant)
Hum... C'est déjà le matin?
SARAH
Non, non, non.
YASIR
C'est l'amour qui sonne?
SARAH
Non. Il faut que je prie.
Rendors-toi.
SARAH se lève, se couvre la tête et commence sa prière.
SARAH
Allahou akbar!
L'appel du minaret envahit l'espace. C'est le réveil à prière.
SARAH
Oh pardon!
Pardon. Oh...
YASIR se cache les oreilles avec son oreiller.
YASIR
Trop de bruit!
MARLON mange au restaurant de FATIMA.
MARLON
Vous êtes sûre
que votre viande est halal?
FATIMA
Il n'y a pas de boutique
halal à Mercy.
Elle vient d'une boucherie
casher.
MARLON
Vous ne devriez pas
favoriser un commerçant juif.
FATIMA
Et vous, vous devriez arrêter
de me donner des leçons.
RAYYAN entre dans le restaurant.
RAYYAN
Assalamu alaykoum, Marlon.
MARLON
Wa alaykum assalam, Rayyan.
Enfin, une vraie musulmane.
RAYYAN
Oui. Marcher, parler, prier.
Le hijab est vendu séparément.
MARLON
Vous feriez
une épouse obéissante.
On pourrait peut-être
se voir pour un café.
RAYYAN
Je ne vois pas
les hommes pour un café.
MARLON
Oh, pardonnez-moi. Je voulais
dire avec un chaperon.
RAYYAN
Mon chaperon doit
se laver les cheveux.
MARLON
(S'adressant à FATIMA)
Pour votre viande...
FATIMA
Vous pourriez peut-être
essayer un restaurant musulman
authentique sur la route du jubilé.
MARLON
Je crois que je vais le faire.
À plus.
MARLON sort du restaurant.
RAYYAN
Il n'y a pas de resto
musulman sur la route du jubilé.
FATIMA
Je parle de celle
qui était au Nigéria.
AMAAR et MARLON passent devant le bureau de YASIR en entrant à la mosquée.
YASIR
Oh, Amaar!
Vous avez une minute?
AMAAR
Je ne tiendrai pas
un autre clou pour vous.
Mon pouce est toujours enflé.
YASIR
Non. C'est Sarah.
Il y a forcément
une règle dans le Coran
qui empêche de trop prier.
AMAAR
Laissez-moi bien comprendre.
Vous demandez
à un chef spirituel d'aider
quelqu'un à ne plus prier?
YASIR
Elle est obsédée.
Comme quand Rayyan
est venue au monde.
Elle se lève la nuit,
elle est trop fatiguée pour...
AMAAR
Pour ses devoirs domestiques?
YASIR
Non. Pour le sexe.
AMAAR
Je sais, je sais,
mais ça ne vous ferait pas
de mal d'être un peu plus dévot.
On oublie. Je commence
à parler comme Marlon.
YASIR
Je croyais que notre
nouveau converti était
un don de Dieu à l'islam.
AMAAR
C'est une façon sympathique
de voir les choses,
mais sérieusement
on fait quoi de lui?
YASIR
C'est Sarah qui
m'inquiète, Amaar.
Ce gamin est inoffensif.
MARLON
Vous avez un bureau
dans notre mosquée?
YASIR
Oui. Et les affaires
sont paradisiaques.
MARLON
Ce n'est pas drôle du tout.
Je vais alerter
le conseil islamique local.
Ils n'accepteront pas
ce sacrilège plus longtemps.
(Hurlant)
Allahou akbar!
MARLON s'éloigne.
AMAAR
Vous disiez?
YASIR
Il faut qu'on s'en
débarrasse vite fait.
À l'hôtel de ville, SARAH marque les prières sur un mur à la craie.
SARAH
(S'adressant à ANN)
Je ne me rappelle pas
si j'ai prié
trois ou quatre fois
aujourd'hui.
Le mardi est notre
milieu de semaine.
ANN
On est mercredi.
SARAH
Oh! Il me manque cinq prières.
ANN
Sarah, soyez un homme.
Laissez tomber.
SARAH
Bon... Ah oui,
je vais peut-être faire
une petite sieste sur le tapis.
Juste une seconde.
SARAH s'étend sur son tapis, mais le réveil à prière recommence sa litanie.
ANN
Euh, Sarah...
Si vous en avez l'occasion,
est-ce que vous pourriez
faire quelque chose pour moi?
SARAH
Bien sûr. Quoi?
ANN
Votre travail!
LAYLA aide son père décorer la maison pour recevoir le converti.
BABER
Fais vite! Il ne va pas
tarder à débarquer.
On frappe à la porte.
BABER
J'y vais, j'y vais, j'y vais!
BABER ouvre la porte.
BABER
C'est une tenue
qui vous va très bien.
Allez, venez, venez, venez!
MARLON porte une tenue identique à celle de BABER.
MARLON
(S'adressant à LAYLA)
Toujours sans hijab?
LAYLA
Et vous? Toujours en vie?
MARLON
Vous allez la laisser
me parler sur ce ton?
BABER
Layla, va dans ta chambre.
LAYLA
Chouette! Je vais dans
ma chambre, mais tête nue.
MARLON
Vous avez essayé
de la bastonner?
Ça marchait avec les talibans.
BABER
Je vous conseille
de trouver des modèles
qui soient un peu
plus proches de chez vous.
Asseyez-vous, voyons.
Je peux vous offrir
un peu de café?
MARLON
Je dois me lever à 5h pour
apprendre par coeur le Coran.
BABER
Ou bien peut-être
de l'eau du robinet.
MARLON
Merci, Allah.
LAYLA écoute de la musique hip-hop dans sa chambre.
MARLON
Vous permettez ce genre
de musique décadente?
BABER
Layla, tu veux arrêter
ce « hop-hop »?
LAYLA
On dit « hip-hop » et
c'est toi qui me l'as acheté.
BABER
C'est fou comme certains
disques sont très mal étiquetés.
Tu arrêtes ça?
LAYLA
Je te déteste.
MARLON
Peut-être Allah vous punit-il
avec cet enfant démoniaque.
BABER
Mais peut-être qu'Allah
me punit en m'imposant
votre compagnie.
AMAAR et YASIR discutent en jouant une partie de domino.
YASIR
S'il a rejoint l'islam
pour se faire des amis,
il a échoué lamentablement.
AMAAR
Baber l'aime bien.
BABER entre dans le bureau de AMAAR à ce moment.
BABER
Je déteste cet idiot de Blanc!
YASIR
Vous disiez?
AMAAR
Il ne parlait peut-être
pas de Marlon.
Baber, vous parlez
de votre ami Marlon?
BABER
Oui. Bien sûr que je parle
de ce malade de Marlon.
YASIR
On dirait qu'il va falloir
excommunier cet idiot.
AMAAR
Je ne suis pas le pape.
Cela dit, j'aimerais avoir
un grand chapeau comme lui.
BABER
On doit le garder
sur les bras?
AMAAR
Écoutez, je vais essayer
de lui parler.
BABER
On ne parle pas
aux fanatiques.
AMAAR
Il faut parfois plusieurs
années à un converti
pour trouver ses marques.
Il faut simplement être patient.
BABER
Je me suis montré totalement,
à 110% patient.
(S'adressant à YASIR)
Tu connais quelqu'un
de plus patient que moi?
Hein?
AMAAR
Si vous imaginez
un bon plan, prévenez-moi.
Mais sinon, vous sortez.
BABER
Bien. Je vais réfléchir
à quelque chose.
Au revoir.
(S'adressant à YASIR)
À vous de jouer.
Plus tard, BABER rend visite à YASIR à son bureau.
BABER
Yasir, je crois
que j'ai un plan.
On n'a qu'à déplacer la mosquée
et on oublie de le lui dire.
YASIR
On la met sur des roulettes
et on la balade en ville?
BABER
Je n'en reviens pas
que Marlon ait eu le toupet
de m'accuser, moi,
de comportements décadents.
YASIR
Baber, mais c'est brillant!
BABER
Je n'irais pas jusque-là,
mais peut-être que oui.
YASIR
Je ne dis pas
que tu es brillant.
Tu viens de me donner
une grande idée.
C'est moi qui suis brillant.
BABER
Effectivement,
je n'irais pas jusque-là.
YASIR
Écoute, il faut que nous
paraissions nous même décadents.
Il faut lui montrer
que nous sommes
les pires musulmans
du monde. Lui faire peur.
BABER
Le repousser de l'islam?
Mais s'ils tombent
entre les mains des chrétiens?
Moi, je préfère mourir.
YASIR
Réveille-toi, Saladin.
Les croisades sont terminées.
BABER
Va dire ça aux Américains.
YASIR
Baber, réfléchis.
Appelle tout le monde
et donne-leur rendez-vous
chez Fatima à 8h.
BABER
On prévient Amaar?
YASIR
Amaar a dit de l'avertir
si on imaginait un bon plan.
BABER
Et ça, c'est
un très mauvais plan.
Dacodac!
Dans le bureau de la mairesse, SARAH s'est endormie sur le plancher.
ANN
Sarah?
(Criant)
Sarah!
SARAH sursaute et se redresse.
ANN
J'ai fait poireauter le ministre
deux heures à cause de vous.
SARAH
Oh pardon! Je suis désolée.
Je vais aller prier à la maison.
ANN
Pour revenir épuisée
au boulot?
Je suis chrétienne,
mais ça ne m'affecte pas.
SARAH
Est-ce que vous
m'ordonnez de m'arrêter?
ANN
Vous me demandez
de vous ordonner d'arrêter?
SARAH
Oui... Euh non... Si!
ANN
Je crois que l'abandon
doit venir du fond du coeur.
SARAH
Le bizarre dans tout ça, c'est
que je commence à aimer prier.
ANN
C'est la privation de sommeil
qui parle. Je vous en prie.
Ce n'est pas comme
si vous faisiez des paris.
SARAH
C'est pas que je veuille
vraiment abandonner.
Non, c'est juste que je veux
recharger mes batteries.
ANN
Continuez de mentir encore,
encore et encore.
Demain soir, bingo à l'église.
Apportez vos marqueurs.
SARAH
Vaut mieux que je me repose.
Je me sens verte.
ANN
Bravo!
SARAH
Je suis une bonne musulmane.
ANN
Oui, c'est vrai.
SARAH
Je sais.
La communauté est rassemblée au restaurant de FATIMA. Il y a de l'alcool sur le comptoir.
RAYYAN
Ça, c'est très méchant.
On est sûrs de vouloir faire ça
au pauvre Marlon?
FATIMA
Oh, tu parles
de ton futur mari?
RAYYAN
D'accord. Ça marche.
YASIR
Fatima, tout est réglé?
Prêt pour le show, Baber?
BABER
Je suis prêt à planer un max.
YASIR
Parfait. Il manque rien.
SARAH
(Arrivant en courant)
Désolée d'être en retard.
J'essayais de rattraper
mon retard de sommeil.
RAYYAN
T'es superbe! Où as-tu
trouvé cette tenue coquine.
SARAH
Oh, c'est juste
pour le travail...
Oh, très amusant.
YASIR
(Guettant à la fenêtre)
En place tout le monde!
Le voilà.
RAYYAN retire son hijab sous lequel elle porte une perruque blonde.
SARAH
Oh, chouette ta perruque!
MARLON entre dans le restaurant et voit les divers indices de débauche.
MARLON
Mais qu'est-ce
qu'il se passe encore ici?
YASIR
(Tenant un gros cigare)
Bienvenue, frère Marlon.
Bienvenue.
On est prêts à « slamer »
l'islam.
MARLON
Yasir, vous portez de la soie.
C'est interdit pour les hommes.
YASIR
Ah, il faut que
vous voyiez mon string.
FATIMA apporte un plateau sur lequel un porc laqué est couché sur un lit de légumes.
YASIR
Du porc!
MARLON
Vous ne pouvez
pas manger du porc.
RAYYAN
Quel genre de vin il faut
servir? Du rouge ou du blanc?
(Pointant BABER en camisole)
Oh, regarde. C'est Mister B.
BABER
Il fait pas le poids.
MARLON
De l'or sur un homme?
Non!
Honte sur vous!
FATIMA porte un tablier montrant des œufs à la hauteur des seins.
FATIMA
Oh, je sais! Les oeufs
devraient être marron.
SARAH met de la musique et tous se mettent à danser.
MARLON
La musique?
Mais qu'est-ce
qu'il se passe ici?
Allah vous punira tous!
(Hurlant)
Allahou akbar!
MARLON sort en courant pendant que le groupe éclate de rire.
YASIR
Non, mais vous avez
vu sa tête?
J'ai cru qu'il allait
avoir une attaque.
Avec le faux porc
et le faux vin
et la fausse jovialité.
Vous savez, je plaisantais
pour le string.
BABER
C'était un mauvais plan.
RAYYAN
Nous sommes
d'horribles musulmans.
Mais qui a pu avoir cette idée?
YASIR
À mon avis, c'est frère Amaar.
SARAH
Je sais ce que nous devons
faire. Nous devons prier.
Je crois que par là,
c'est l'est ou le nord-est.
SARAH prend un linge de table pour se couvrir la tête.
FATIMA
Je prie dans ce café
tous les jours. C'est par là.
SARAH
Non, non, c'est--
BABER
Mesdames! Mesdames!
La Mecque, c'est de ce côté.
MARLON rencontre AMAAR à son bureau.
AMAAR
Il semble que
vous ayez été victime
d'une plaisanterie douteuse.
MARLON
Dans laquelle
vous avez joué un rôle.
AMAAR
La dernière fois
que j'ai joué un rôle dans
une plaisanterie douteuse,
c'est quand mon père
m'a demandé de tirer
sur son doigt.
MARLON
Quelle blague! Pourquoi
ils m'ont fait un truc pareil?
AMAAR
Ils ont peut-être pensé
que vous étiez un peu trop
critique, Marlon.
MARLON
Je ne critique pas.
Et Allah les punira tous
pour ce comportement d'athée.
AMAAR
Marlon, c'est... génial
que vous ayez choisi
une nouvelle religion,
mais il ne faut pas
être sectaire.
Vous devez apprendre
l'humilité.
MARLON
Je vous ai entendu
cinq sur cinq, Amaar.
AMAAR
Vous savez ce que
vous avez à faire.
MARLON
Je sais exactement
ce que j'ai à faire.
SARAH et ANN assistent à la soirée Bingo, dans les locaux de la mosquée.
ANN
Secouez-moi ces boules!
Dépêchons. B17.
SARAH
Mais qu'est-ce qu'ils
fabriquent avec les marqueurs?
Je me sens en veine ce soir.
ANN
Difficile d'être en veine
quand votre marqueur est sec.
AMAAR s'approche de la table de SARAH.
AMAAR
Sarah, je crois que vous
devriez rentrer chez vous.
SARAH
Amaar, vous ne devriez
pas prier?
AMAAR
Et vous, ne pas jouer?
SARAH
Amaar... Ann, parlez-lui!
ANN
L'imam bat le maire. Allez-y!
SARAH
(Poussant ses cartes à jouer vers ANN)
Tenez. Voilà mes cartons.
Bonne nuit.
AMAAR
Dormez bien.
(S'adressant à YASIR)
Vous aussi.
YASIR
Frère Amaar, je suis...
à une case de faire
un double bingo.
AMAAR
Maintenant!
YASIR
Vous avez raison.
Il a toujours raison.
Je vous donne mes cartes,
madame le maire.
ANN
Wouh!
YASIR
Allez, et soyez bonne, hein!
RÉVÉREND MCGEE
On dirait que certains
de vos agneaux
se sont étouffés
dans leur laine.
AMAAR
La religion serait
bien plus facile
s'il n'y avait pas de fidèles.
MARLON se présente derrière le comptoir pour animer le bingo. Il porte un T-shirt sur lequel on lit : «Jesus rocks».
AMAAR
C'est Marlon?
RÉVÉREND MCGEE
Oui. Il est venu me voir
après votre sermon.
Apparemment, il a décidé
que l'islam n'était pas
sa tasse de chai après tout.
AMAAR
C'est terrible.
Nous l'avons rejeté.
RÉVÉREND MCGEE
J'ai déjà vu ça auparavant.
Le shopping spirituel.
J'en veux un peu aux Beatles.
AMAAR
Je suis désolé
qu'il soit venu chez vous.
Marlon peut être difficile.
RÉVÉREND MCGEE
Franchement, je ne suis pas
contre un peu d'enthousiasme
autour de moi.
Et puis d'ailleurs,
s'il va trop loin,
je l'enverrai chez
les Témoins de Jéhovah.
MARLON
Et que le spectacle continue!
Et avec le « I », Isaac 27.
Comme le massacre
des soldats de Dieu,
morts au champ d'honneur.
ANN
Bingo!
MARLON
Bingo pour mon petit Jésus!
Alléluia!
AMAAR et le RÉVÉREND se regardent d'un air dépassé.
Générique de fermeture