

Le rêve de Champlain
Le rêve de Champlain est une série docu-fiction en six épisodes de trente minutes sur la vie de Samuel de Champlain. Elle est basée sur l'oeuvre épique de l'historien David Hackett-Fischer. Chacun des épisodes consiste en un mélange d'explorations documentaires et de reconstitutions historiques.
Vidéo transcription
Fondateur 1604-1609
Notre correspondant revient sur les lieux de l’île Sainte-Croix, premier établissement français en Acadie et premier échec pour Champlain suite aux conséquences d’une maladie dévastatrice : le scorbut. L’habitation de l’île Sainte-Croix est déplacée vers un site plus prometteur: Port-Royal. 1608, on donne à Champlain une nouvelle mission: fonder un établissement permanent dans la vallée du Saint-Laurent. L’hiver qui arrive inquiète Champlain et il fait travailler sans relâche les colons. À la fin de l’été c’en est trop. La grogne s’installe et un complot se prépare.
Réalisateur: Martin Cadotte
Acteur: Maxime Le Flaguais
Année de production: 2015
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Texte informatif :
Précédemment
Pendant la récapitulation de MARIE-LOUISE ARSENAULT, de courts extraits de l'épisode précédent sont présentés.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Jusqu'à maintenant, toutes
les tentatives de colonisation
française ont échoué.
De Mons et lui
choisissent de s'établir
dans une toute petite île,
l'île Sainte-Croix.
Début générique [MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Dans la vision de
David Hackett Fisher,
nous vivons encore aujourd'hui
avec l'héritage de paix
et l'esprit de
collaboration de Champlain.
Voici le portrait renouvelé
et fascinant de l'homme.
Dans un studio numérique, MARIE-LOUISE ARSENAULT propose une introduction à l'épisode en cours. Des animations numériques et des tableaux peuvent apparaître pendant le récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Toujours à la poursuite
de son rêve, Samuel de Champlain
cherche l'endroit idéal
pour bâtir un Nouveau Monde.
Un monde prospère où Amérindiens
et Européens pourraient vivre
dans un esprit de collaboration.
Durant cette série, nous allons
suivre ses aventures
d'une toute nouvelle façon.
L'historien américain
David Hackett Fisher
a consacré une partie de sa
carrière à Samuel de Champlain.
La nomenclature des différents intervenants de la série est accompagnée de segments où on voit chacun d'eux dans l'environnement proposé.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Son ouvrage, Le rêve de Champlain,
nous fait découvrir
son extraordinaire épopée.
Son livre nous a inspiré cette série.
Nous serons accompagnés par
3 correspondants sur le terrain.
Vincent Leclair sera en
Europe et aux États-Unis;
Charles Bender, en Ontario;
et Fabienne L'Abbé, au Québec.
En studio, notre archiviste
précisera certains détails importants.
Nous utiliserons une ligne du temps
pour nous situer dans l'époque
et nous permettre de faire des
allers-retours dans l'Histoire.
Plusieurs spécialistes
de renom nous aideront
à mieux comprendre
les différents enjeux.
Texte narratif :
Port-Fortuné (Cape Cod), 1606
Autour d'un feu, sur une bande de terre au bord de l'eau, des marins se relaient pour leur tour de garde.
DUVAL
(En réveillant un homme qui dort)
Hé, debout! Hé!
Allez! Ton tour!
UN MARIN
Ah... Il y a personne d'autre
qui est venu du bateau?
DUVAL
Non. Ces peureux préfèrent
leur cabine puante
au bon air de la plage.
Tant pis pour eux.
UN MARIN
Duval?
DUVAL
Hum?
UN MARIN
Tu penses vraiment
qu'ils vont pas nous punir
pour avoir désobéi aux ordres?
DUVAL
Poutrincourt
est un mollusque.
Il ne peut rien contre
nous. T'inquiètes pas.
Dans la forêt, des Amérindiens surveillent les marins et s'approchent du campement. Ils attaquent le MARIN qui fait le guet.
DUVAL
Allez! Allez! Allez!
Allez, debout! Debout!
À l'aide! Aidez-nous!
Aidez-nous! On nous tue!
Aidez-nous!
Les marins s'enfuient du rivage par la mer. Mais les Iroquois les atteignent avec leurs flèches.
Titre :
Le rêve de Champlain
Fondateur 1604-1609
Dans le studio numérique MARIE-LOUISE ARSENAULT entame le récit de ce nouvel épisode.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
À l'établissement de l'île Sainte-Croix,
le pire ennemi des colons
français est invisible.
Alors qu'ils sont emprisonnés
sur l'île par les neiges et
les glaces, une mystérieuse
maladie se met à les décimer
un à un. Au printemps,
sur les 79 colons du départ,
il n'en reste plus que onze,
dont Champlain et
le commandant de Mons.
La plupart ont péri
dans des souffrances atroces.
Champlain veut à tout prix
comprendre ce qui s'est passé,
car il semble clair que l'avenir
de la Nouvelle-France dépend
de leur capacité
à combattre ce fléau.
VINCENT LECLERC, correspondant États-Unis, poursuit le récit à l'île Sainte-Croix.
VINCENT LECLERC
Depuis, il y a eu plusieurs
fouilles archéologiques
qui ont permis de confirmer
les doutes de Champlain,
qui, lui, était persuadé
qu'il s'agissait d'un mal
d'origine alimentaire.
Il faisait preuve
une fois de plus
d'une extraordinaire intuition.
De retour dans le studio numérique, on retrouve LAURENT TURCOT, professeur d'histoire qui donne des détails.
LAURENT TURCOT
Le scorbut à l'époque
est une maladie aussi méconnue
que redoutable.
Les marins du 15e au 17e siècle
en souffrent régulièrement.
Texte informatif :
Le scorbut est caractérisé par :
Hémorragies, oedèmes, fièvre,
déchaussement des dents.
LAURENT TURCOT
Champlain n'est pas
loin de comprendre la maladie.
Voyant que les Amérindiens
n'en sont pas affectés,
il déduit, à tort, que la chair
d'animaux fraîchement tués
peut servir de remède.
Mais il faut attendre
le début du 20e siècle
pour comprendre
les causes du scorbut,
qui est simplement
une carence en vitamines C,
mais qui provoque
d'aussi grands ravages
que le déchaussement des dents,
des hémorragies,
et ultimement la mort.
Les Amérindiens
combattaient le scorbut
en faisant bouillir de
l'écorce de cèdre blanc,
un mélange riche en vitamines C.
Plus tard, les colons
s'en inspireront pour créer
leur propre remède:
la bière d'épinette.
VINCENT LECLERC rencontre MARC LAVOIE, professeur agrégé, archéologue qui ajoute un commentaire.
MARC LAVOIE
C'est une maladie qui
est affreuse de toute façon.
Dans les descriptions
que nous a laissées Champlain,
c'est assez précis pour
que les médecins aujourd'hui
puissent prendre la description
écrite et dire: "Oui, en effet,
c'est du scorbut."
Alors, les plaies ne guérissent pas,
le sang qui coule des plaies
est noir, les dents des gens
tombent. Essentiellement,
c'est un miracle qu'il y en ait
quelques-uns qui aient survécu.
CHAMPLAIN est de retour sur son bateau.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Malgré l'hécatombe causée
par le scorbut, Champlain
et ses compagnons refusent
d'abdiquer. Le printemps venu,
les renforts arrivent de France
et ils retournent explorer
les côtes acadiennes pour trouver
un lieu d'établissement.
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit son récit dans le studio numérique.
Sur le tableau numérique, on affiche : 1604 Expédition commandée par Champlain, 1605 Expédition commandée par De Mons et 1606 Expédition commandée par Poutrincourt.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Mais contrairement aux Anglais,
ils veulent aussi créer des
liens avec les Amérindiens.
Trois expéditions sont organisées.
Champlain est de chacune d'elles,
mais ne commande que la première.
Il explore cette partie de l'Acadie
qui comprend les côtes de
l'actuel Maine, où vit la nation
Abénakis.
Une carte montre la côte est de l'Amérique du Nord, à hauteur de l'île Sainte-Croix. Un tracé montre le voyage de Champlain vers le sud.
On retourne sur le bateau où CHAMPLAIN écrit.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Nous passâmes près
d'une grande quantité d'îles,
la plupart couvertes de pins, de
sapins et autres mauvais bois.
Parmi ces îles, il y a plusieurs
beaux et bons ports,
mais la terre y est fort mal
plaisante. Nous passâmes aussi
proche d'une grande île
où se trouvent 7 ou 8 montagnes
rangées les unes proches des autres.
Le sommet de la plupart d'entre
elles est dégarni d'arbres.
Je l'ai nommée l'île des
Monts-Déserts.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain, comme toujours,
cartographie la région.
Voici une carte manuscrite
des côtes et port d'Acadie
dessinés par Champlain
suite à ses explorations.
Il fait un travail sobre
et détaillé. Il cherche
simplement à faire ressortir
les principaux aspects
géographiques et la présence
indienne avec un degré
très élevé d'exactitude.
(En montrant une deuxième carte)
Regardez ce qui se
passe si on la compare
avec la carte dessinée par le
capitaine anglais John Smith.
Ici, les aspects dominants sont
le grand portrait de Smith
et les armes d'Angleterre.
Sur la carte dans le coin supérieur gauche un encadré avec le portrait de Smith occupe quasiment le quart de la superficie de la carte. Dans le coin supérieur droit, les armoiries de l'Angleterre occupent aussi une bonne superficie du document.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Pour Champlain, pas de portrait,
mais un détail qui en dit long:
ces nombreux petits campements
que l'on voit le long de la côte
qui indiquent la présence autochtone.
De nouveau le tracé du voyage de Champlain apparaît sur la carte du littoral. Il part de l'île Sainte-Croix jusqu'à l'île des Monts-Déserts.
VINCENT LECLERC
Alors qu'il parcourt les eaux
dangereuses le long de ces côtes,
Champlain utilise une sonde
de plomb pour mesurer la
profondeur des eaux.
Mais même cette précaution
ne suffit pas à éviter un haut-fond.
VINCENT LECLERC se tient sur un bateau sur les eaux de l'Atlantique.
VINCENT LECLERC
Cette bouée indique
l'endroit exact où le bateau de
Champlain s'est échoué,
n'ayant pu détecter à temps
cette bande rocheuse
à fleur d'eau. Heureusement,
les dommages sont mineurs
et Champlain reprend la mer
une fois que la coque
de son bateau est réparée.
Il contourne alors
l'île qu'on peut voir au loin,
enveloppée dans le brouillard,
et rencontre un groupe
de chasseurs abénakis
qui lui propose de
l'amener à la rencontre
de leur chef, Bessabez,
en amont de la rivière Penobscot.
Un nouveau tracé apparaît sur la carte.
VINCENT LECLERC se retrouve maintenant à Bangor dans le Maine.
VINCENT LECLERC
L'endroit est aujourd'hui la
ville de Bangor dans le Maine.
Champlain pose le pied
sur cette rive et décrit
de magnifiques chênes dont
il ne reste qu'un nom de rue.
C'est au croisement
de la rivière Kenduskeag,
que l'on aperçoit derrière
ce petit centre d'achats là-bas,
que Champlain va à la
rencontre du chef Bessabez.
Fidèle à ses habitudes,
Champlain approche
les Amérindiens, entouré
de peu de monde et sans armes,
pour ne pas inquiéter
ses interlocuteurs.
Par contre, il le fait sans naïveté
et prend soin de se préparer
au pire. Avant de débarquer,
il donne l'ordre à l'équipage
de sa barque d'approcher
les Amérindiens en gardant
leurs armes bien dissimulées,
mais prêtes à tirer si les choses
allaient mal. Comme l'accueil
de Bessabez est chaleureux,
les armes restent cachées
et aucun signe d'hostilité
n'est visible ni d'une part
ni de l'autre. Cette approche
vaut alors à Champlain
le respect et la confiance
de ses hôtes, et la rencontre
se solde par un grand festin,
le rituel de la tabagie,
où l'on fume et échange
des cadeaux.
Et grâce à l'infatigable
sociabilité de Champlain,
la fête dure toute la nuit
et débouche au petit matin
sur une nouvelle
amitié franco-amérindienne.
DAVID HACKETT FISHER, historien et auteur, témoigne dans son bureau chargé de livres.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Champlain était unique,
car il trait les Amérindiens en
égaux. Et ils agissaient de même
envers lui. Ils se testaient sans
cesse l'un l'autre et Champlain
ne les décevait jamais.
Les Amérindiens croyaient
au pouvoir de l'esprit.
Ils recherchaient ce qu'ils
appelaient « orenda »,
une certaine force de l'esprit.
Ils soumettaient Champlain à
des épreuves pour vérifier
la force de son esprit.
Et il réussissait chacune
de ces épreuves.
On revient au récit de MARIE-LOUISE ARSENAULT dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Au cours de ce long voyage,
Champlain ne trouve pas de lieu
propice à un nouvel établissement.
Mais il fait tout de même
un gain primordial: sa rencontre
avec les Abénakis crée une alliance
qui va durer près de 200 ans.
De leur côté, les sieurs de Mons
et de Poutrincourt obtiennent
le résultat inverse. Les deux dirigent
des expéditions plus longues
et plus au sud, auxquelles
Champlain prend part.
Ils y découvrent des terres
habitables, où ils n'auraient plus,
enfin, à affronter les terribles
hivers du nord. Mais face
aux Amérindiens, ils n'ont pas
le même doigté que Champlain.
La carte revient pour illustrer le tracé du voyage de De Mons.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
De Mons met d'abord la patience
de Champlain à l'épreuve
en passant 2 longues semaines
à refaire son parcours,
sans toutefois y faire
de nouvelles découvertes.
VINCENT LECLERC se trouve près des fortifications encore visibles à Wiscasset.
VINCENT LECLERC
Quand ils arrivent enfin
sur des eaux inexplorées,
à l'embouchure de
la rivière Kennebec,
ils rencontrent des Amérindiens
près de l'actuelle ville
de Wiscasset qui les aident
à remonter ce cours d'eau difficile.
Un chef amérindien vient
alors en canot à la rencontre
de la barque française.
Mais comme de Mons
n'est pas très à l'aise
et qu'il préfère rester sur son bateau,
leurs discussions restent courtes
et ils ne font pas de tabagie.
Aucune alliance solide
ne peut donc être conclue
avec ces peuples.
DAVID HACKETT FISCHER poursuit le récit.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Chacun d'entre eux, humanistes
à leur manière, ont éprouvé
de grandes difficultés à établir
le contact avec les Amérindiens,
en partie à cause de la langue,
mais surtout parce qu'ils
considéraient les Amérindiens
comme inférieurs à la culture
européenne.
On se trouve sur la côte Atlantique, plus au sud, à Cape Cod.
VINCENT LECLERC
Plus il descend vers le sud,
plus les contacts de de Mons
avec les Amérindiens
deviennent difficiles.
Bientôt, les Amérindiens
prennent cette distance
pour de l'arrogance et se méfient
de lui. C'est bien dommage,
parce qu'en arrivant à Cape Cod,
les Français découvrent
un paradis pour s'établir.
Mais en se comportant
comme les maîtres du pays,
les armes à la main, les Français
sont au bord de la confrontation.
Un dessin illustre les événements de l'époque.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Une escarmouche éclate
et un matelot français est tué.
La situation dégénère et même
Champlain se voit obligé
d'ouvrir le feu. L'hostilité est
désormais à son comble
et les Français doivent
se résigner à quitter ce lieu
où ils auraient peut-être
pu s'établir. Le potentiel de ce
territoire est si grand que l'année
suivante, Poutrincourt dirige
une nouvelle exploration
qui descend jusque de
l'autre côté de la pointe,
juste ici, dans cette baie.
VINCENT LECLERC se trouve maintenant devant la baie de Port-Fortuné.
VINCENT LECLERC
Dans son cas, les résultats
du voyage sont encore
plus catastrophiques.
Texte narratif :
Port-Fortuné, (Cape Cod), 1606
Des colons érigent une croix sur la plage.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Poutrincourt a beau être
d'un sincère humanisme,
il craint les Amérindiens
et fait preuve de beaucoup
de maladresse à leur égard.
Il érige quelques croix,
dont une ici, sur cette plage,
qui sont perçues comme des
emblèmes de prise de possession,
et ses hommes se nourrissent
sans permission du fruit de
la récolte autochtone.
Puis, lorsqu'il sent que la tension
monte, il fait des démonstrations
de force pour intimider
les Amérindiens.
Puis, les Amérindiens, effrayés,
réagissent à leur façon.
Dans un campement au bord de l'eau, les marins se font attaquer par un groupe d'Indiens pendant la nuit.
DUVAL
Aidez-nous!
On nous tue!
À l'aide!
Au matin, CHAMPLAIN se rend à terre pour se rendre compte des dégâts.
CHAMPLAIN
Tiens bon, mon ami.
(Narrateur)
Tout ce que nous pûmes faire
fut de retirer les corps
et les enterrer auprès d'une
croix plantée le jour avant.
Trois heures après notre
départ, les sauvages revinrent
sur le bord de la mer.
Ils abattirent la croix
et déterrèrent les corps.
Un croquis de Champlain illustre les combats entre les Amérindiens et les marins français, à Port-Fortuné en 1606.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Cette défaite marque la fin
des tentatives d'établissements
français dans la région
actuelle du Maine,
laissant du même coup
la voie libre aux Anglais
qui étaient sur le point de fonder
leur première colonie
à Jamestown, en Virginie.
VINCENT LECLERC s'adresse au public de l'émission près du phare de Port-Fortuné.
VINCENT LECLERC
Poutrincourt arrête ses explorations
et peut désormais se concentrer
sur son rôle de gouverneur
de l'Acadie. Quant à Champlain,
qui est le seul à avoir réussi
là où ses supérieurs ont échoué,
il commence à être considéré
comme un véritable chef
au sein de la colonie.
MARIE-LOUISE ARSENEAULT poursuit le récit dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Entre 2 explorations,
on démantèle l'habitation
de l'île Sainte-Croix et
on la déplace vers le
magnifique havre de Port-Royal.
Champlain et de Mons avaient
découvert ce port naturel
en arrivant en Acadie,
mais à l'époque, ils avaient
préféré s'établir sur l'île.
C'est Champlain lui-même
qui trace le croquis de l'habitation,
en se souciant de maintenir le respect
du rang social et de l'ordre.
CHAMPLAIN dessine des plans. Ensuite on présente le croquis final des habitations à Port-Royal.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Il y a le dortoir pour les artisans
et les petites maisons pour les
officiers, le prêtre catholique,
le pasteur protestant et le chirurgien.
Quant à cette élégante demeure,
c'est la même maison préfabriquée
en France et érigée pour le sieur
de Mons à Sainte-Croix.
À Port-Royal, elle devient celle
de Champlain et de Pont-Gravé.
Ce dernier dirige les pêcheries,
et Champlain, lui, s'adonne
au jardinage.
CHAMPLAIN s'occupe du potager.
À Port-Royal, le site historique, VINCENT LECLERC poursuit le récit.
VINCENT LECLERC
Une réplique de l'habitation
de Port-Royal est érigée en 1939
au même endroit que l'originale.
Autour du fort, Champlain
aménage des jardins et encourage
les colons, qui ne demandent
pas mieux, à y cultiver la terre.
Une carte de Port-Royal en 1605 dessinée par CHAMPLAIN, apparaît sur le commentaire de MARC LAVOIE.
MARC LAVOIE
Champlain va se bâtir
un jardin dans le marais.
Il va y installer des réservoirs,
des viviers pour le poisson.
Et il y a 2 viviers: un vivier
pour le poisson d'eau douce
et qui est nourri par des petits
ruisseaux, puis un vivier pour
le poisson d'eau de mer.
Dans la résidence de Port-Royal, CHAMPLAIN et ses amis dégustent un bon repas.
CHAMPLAIN
Allez! à vous!
Et à vous, mes amis!
Dans le studio numérique, LAURENT TURCOT commente la vie des colons à cette époque.
LAURENT TURCOT
À Port-Royal, grande première
pour les Français en Amérique:
il fait bon vivre et on mange bien.
Texte informatif :
Au menu : canard sauvage,
orignal, castor, huard, loutre,
ours, chat sauvage.
LAURENT TURCOT
Champlain fonde la société
dînatoire de l'Ordre du Bon Temps.
Chaque jour, quelqu'un
reçoit une médaille
et doit aller chasser.
Il la passe ensuite au suivant,
et le soir, c'est le festin.
On revient au repas copieux de CHAMPLAIN et ses amis.
CHAMPLAIN
Délicieux! Délicieux!
(Narrateur)
Nous passâmes cet hiver
fort joyeusement. Nous fîmes
bonne chère par le moyen
de l'Ordre du Bon Temps,
plus utile pour la santé
et plus profitable que toutes
sortes de médecines dont
on eût pu user.
SERGE BOUCHARD, anthropologue commente.
SERGE BOUCHARD
Ces gens-là, ils passaient
l'hiver à rien faire.
Les gens, Champlain ou
les patrons des compagnies,
ils foutaient rien, ils s'ennuyaient,
ils s'emmerdaient.
Ils étaient encabanés,
c'est le cas de le dire!
Donc, ils étaient prisonniers
de l'hiver, puis c'est long,
c'est long! Puis là, ils ont pas
de télévision, là,
ils ont pas de HD,
ils ont pas rien.
Tu sais, je veux dire,
tu te regardes en pleine face
puis trouve-toi
quelque chose à dire.
Et t'es menacé du scorbut,
t'es menacé de...
Alors, déjà, on voit un
Champlain qui est proactif.
Je veux dire, il sera pas passif.
On va pas se mettre
à pleurer puis à prier,
puis à réciter le chapelet,
tout ça, puis à mourir.
On va s'organiser pour
manger comme du monde.
ÉRIC THIERRY, historien commente à partir de la France.
ÉRIC THIERRY
Donc, Champlain pouvait
être un bon vivant, hein?
Il avait quand même compris que
pour qu'une colonie lointaine
puisse subsister, il fallait
absolument éviter
les dissensions internes,
il fallait, donc, maintenir
le moral des troupes,
et en particulier de
l'état-major, des officiers.
MARC LAVOIE poursuit le commentaire.
MARC LAVOIE
Ces gens-là n'ont jamais mangé
tous ces animaux sauvages-là
et on essaie tout, tout, tout,
tout. Et Champlain offre
toujours son commentaire sur:
"OK, ben, un héron, c'est
pas bon."
Dans l'actuel Port-Royal, tout les éléments de l'époque sont reconstitués. Une table est dressée pour montrer les couverts de l'époque.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Les festins de l'Ordre
du Bon Temps, qui sont
réservés aux officiers et
aux Amérindiens, permettent
de souder des liens privilégiés
avec les nations amérindiennes
voisines.
CHAMPLAIN et attablé avec des Amérindiens de la région.
Une carte situant l'Acadie apparaît. On y situe aussi les Nations amérindiennes et leur territoire.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Les Amérindiens
de l'Acadie forment,
selon les calculs de Champlain,
4 nations: les Micmacs,
les Etchemins, les Abénakis
et une branche des Montagnais
qu'il appelle "Canadiens"
et qui habitent au nord
de l'Acadie et au sud du
Saint-Laurent. La bonne entente
avec les autochtones
compte pour beaucoup dans
la réussite de Port-Royal.
Malgré ça, le sieur De Mons
est un grand absent des festins
et des rencontres avec
les Amérindiens.
Pas par manque d'intérêt,
mais parce qu'il a dû quitter
pour la France où une mission
importante l'attend:
assurer la survie de
la colonie de Port-Royal.
On suit De Mons en France avec VINCENT LECLERC.
VINCENT LECLERC
Malheureusement, suite à l'hiver
désastreux de Sainte-Croix,
les ennemis de la Nouvelle
France refont surface et
les marchands rivaux en profitent
pour contester le monopole
commercial du sieur de Mons.
Henri IV songe de plus en plus
sérieusement à implanter
une colonie française
entre le Brésil portugais
et la Nouvelle-Espagne.
Et le sieur de Mons
fait tout ce qu'il peut
pour raviver l'intérêt
du roi pour l'Amérique du Nord.
Il lui offre de nombreux cadeaux,
mais est-ce suffisant pour
sauver la colonie de Port-Royal?
DENIS VAUGEOIS, historien, témoigne dans une église.
DENIS VAUGEOIS
J'aime pas le mot "opportuniste",
puis on va l'utiliser dans
certains moments pour Champlain
en disant: "Il a été opportuniste."
Mais c'est clair que
Duguas de Mons, lui,
n'était que ça, opportuniste.
Et lui, il a pas de vision,
là. Il est en affaires.
Sa femme est arrivée avec
une dote, il spécule avec
la dote de sa femme.
Il a le don de ramasser de l'argent
pour organiser des expéditions.
On poursuit le récit avec ÉRIC THIERRY.
ÉRIC THIERRY
Il y a des caribous qui
ont été rapportés par
Pierre Dugua de Mons
d'Amérique du Nord,
qui ont été offerts au roi Henri IV.
VINCENT LECLERC
Vivants?
ÉRIC THIERRY
Vivants, hein? Et alors,
Henri IV savait pas trop quoi
en faire, et donc il en a envoyé
un au château de
Saint-Germain-en-Laye,
où les enfants du roi étaient élevés.
C'était la pouponnière royale.
Et le problème, c'est que le personnel
de château de Saint-Germain-en-Laye
ne savait pas quoi lui donner
à manger, à ce caribou,
et donc il est mort de faim
dans les fossés du château.
On est en France, sur l'île de France.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
La pièce maîtresse de la stratégie
de De Mons est un magnifique
canot d'écorce amérindien
qu'il offre au roi Henri IV.
VINCENT LECLERC
Depuis le quai face du Louvre,
le sieur De Mons admire son
grand canot d'écorce rouge vif
qu'il lance sur la Seine en ordonnant
à ses matelots de pagayer
à toute vitesse, au grand plaisir
du roi et de son petit dauphin,
le futur Louis XIII.
Une illustration montre De Mons devant le Roi Henri IV qui joue à quatre pattes avec ses enfants sur le dos.
De retour en Amérique, VINCENT LECLERC poursuit son récit.
VINCENT LECLERC
Le 24 mai 1607, les habitants
de Port-Royal aperçoivent une
voile dans le havre.
On apporte une lettre de France
et les nouvelles sont mauvaises.
Texte narratif :
Port Royal, 1607
CHAMPLAIN regarde à la fenêtre de son domicile à Port-Royal.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Le sieur de Mons annonce
que le duc de Sully, principal
ministre du roi et grand détracteur
de la Nouvelle-France,
est parvenu à faire casser
son monopole de la traite des fourrures.
Le territoire est désormais
ouvert aux marchands rivaux,
et la compagnie fait faillite.
Port-Royal doit fermer ses portes
et la France abandonne l'Acadie.
CHAMPLAIN ferme les volets.
MARC LAVOIE poursuit son témoignage.
MARC LAVOIE
Le monopole de De Mons
se termine en 1607
parce qu'on manque d'argent,
on manque de fonds,
et l'autosubsistance ne se fait,
on n'est pas capable
de pourvoir à ses besoins
et on manque d'argent.
On est obligé de retourner
en France.
CHAMPLAIN est de retour à Paris, à la cour du roi HENRI IV.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Champlain rejoint alors de Mons à Paris
pour lui porter assistance.
ÉRIC THIERRY
Champlain était reçu
par le roi Henri IV
à chacun de ses retours
d'Amérique du Nord,
et le roi prenait toujours
beaucoup de plaisir
à écouter les récits de Champlain.
Donc, le courant passait entre
les 2 hommes, ils s'appréciaient
mutuellement.
On se trouve à l'intérieur du Palais du Louvre, demeure d'Henri IV à Paris.
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Il réussit à convaincre le roi
de lui accorder de nouveau
le monopole du commerce
des fourrures, mais cette fois-ci
pour seulement une année.
On retourne dans le studio numérique avec MARIE-LOUISE ARSENAULT.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Une seule année pour monter
une colonie qui marche à profit.
Pouvez-vous imaginer?
Les investisseurs embarquent,
mais De Mons ne peut
plus rater son coup.
C'est pourquoi il décide
de rester en France pour administrer
lui-même son entreprise.
Et qui est-ce qu'il choisit pour
commander la Nouvelle-France?
Un homme d'exception,
un homme qui connaît le terrain
et qui a fait ses preuves:
nul autre, vous l'aurez deviné,
que Samuel de Champlain.
Il ne leur reste qu'à décider
où implanter la colonie.
Le tableau numérique change de dates : 1607 Abandon de Port-Royal et 1608 Départ pour Québec.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Mais le nouveau commandant
a une idée bien arrêtée.
Pour Champlain, il n'y a aucun
doute: le meilleur emplacement
se cache quelque part
dans la vallée du Saint-Laurent.
À l'aide de la carte, on montre tous les circuits utilisés par les Nations amérindiennes pour le commerce de la fourrures. Les territoires de chaque Nations sont aussi identifiés.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
D'abord, cette région est au
coeur du commerce des fourrures,
pour lequel le fleuve fait
office de véritable autoroute.
Mais surtout, considérant les récentes
activités des Hollandais et
des Anglais en Amérique du Nord,
la vallée peut être défendue en
fortifiant quelques endroits
où le fleuve est plus étroit.
Et elle possède une porte
d'entrée idéale: Québec.
On se retrouve dans l'actuelle ville de Québec devant la statue de CHAMPLAIN et le château Frontenac. FABIENNE LABBÉ, correspondante Québec, raconte face depuis l'autre rive.
FABIENNE LABBÉ
La pointe de Québec est en
effet un lieu très intéressant
pour établir une première habitation.
En construisant un fort sur
ce promontoire, on peut
contrôler et surveiller toutes
les allées et venues sur le fleuve,
mais particulièrement l'avancée
des navires ennemis provenant
d'Europe. Et en construisant
l'habitation sur la pointe de terre
en bas de Cap Diamant,
on se retrouve avec un poste
de traite pouvant à la fois accueillir
les Indiens venant du fleuve
que ceux voyageant par
la rivière Saint-Charles.
CHAMPLAIN arrive à Québec.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Mais en 1608, quand Champlain
redescend le fleuve jusqu'à Québec,
tout ce travail est encore à faire.
Nous sommes le 3 juillet,
donc l'été est déjà bien entamé.
Champlain doit se lancer dans
une course contre le calendrier
pour s'assurer que
l'habitation soit prête à temps
pour affronter le rude hiver
qu'il anticipe.
Texte narratif :
Québec, 1608
JEAN PROVENCHER, historien et communicateur, commente. Un croquis de Québec en 1608, dessiné par Champlain apparaît.
JEAN PROVENCHER (Narrateur)
L'habitation que Champlain
va faire construire, en fait,
elle n'est pas née de rien, hein?
C'est sûr que les Français,
comme les Européens en général,
on construisait ce genre
de choses-là depuis facilement
200 ans, et ça va être,
ma foi, une habitation,
un logis fortifié, je dirais, hein?
Première chose
qu'ils vont faire...
Ils sont pas nombreux.
Un modèle de l'habitation en 3D apparaît à l'écran. Puis on retrouve JEAN PROVENCHER à Québec.
FABIENNE LABBÉ
Ils étaient combien?
Ils sont vingt-huit.
Ah, OK.
JEAN PROVENCHER
Ils sont vingt-huit seulement.
Déjà, il va mettre des hommes
avec des pelles
pour creuser un fossé
de 15 pieds de profond.
Ça veut dire pas loin
de 4 mètres, au fond, hein,
de profond, qui protégerait
l'habitation qu'on s'apprête
à construire.
Les premiers colons construisent l'habitation de Québec.
JEAN PROVENCHER (Narrateur)
Il y a sûrement des charpentiers
assurément dans le groupe, hein,
parce qu'on va tout raser
pour construire l'habitation.
On retourne au récif de DAVID HACKETT FISCHER.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Lorsque Champlain a fondé Québec,
en 1608, l'hiver approchait et il
devait être très exigeant envers
ses hommes et ils n'aimaient
pas ça.]
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Plus l'hiver approche,
plus Champlain se fait
exigeant avec les colons.
Il leur laisse de moins en moins
de repos, le travail est dur,
on mange mal, et une certaine
grogne commence
à s'installer parmi eux.
L'un des plus mécontents n'est
nul autre que Jean Duval,
le seul survivant parmi
les colons dissidents attaqués
par les Amérindiens à Cape Cod.
Un homme qui a souvent eu maille
à partir avec les autorités.
DUVAL travaille sur le chantier à Québec. Soudain il s'arrête et laisse sa pelle.
Texte narratif :
Québec, 1608
DUVAL trame quelque chose avec un PREMIER CONSPIRATEUR.
DUVAL
Vous savez pourquoi
je vous ai fait venir ici?
C'est toi qui en as parlé en premier.
PREMIER CONSPIRATEUR
Oui.
DUVAL
Et qu'est-ce que t'as dit?
PREMIER CONSPIRATEUR
Que j'en ai assez de ce petit roi.
Qu'on ne pourra pas être heureux ici
tant qu'il ne sera pas mort et enterré.
DUVAL
C'est ce que je pense aussi.
J'ai accès à l'arsenal. Je peux
nous avoir de la poudre.
Toi, tu crois que tu peux
nous avoir 5 ou 6 hommes?
PREMIER CONSPIRATEUR
Oui. Oui, sans problème.
DUVAL
Arme-les du mieux que tu peux.
On se retrouve ici dans 2 jours.
D'ici là, soyez discrets.
Allez.
Début générique fermeture
Dans un encadré on diffuse des extraits du prochain épisode sur les commentaires des différents intervenants.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Lors du prochain épisode...
FABIENNE LABBÉ
Champlain s'apprête
à affronter des centaines
de guerriers Agniers
sur leur propre territoire.
VINCENT LECLERC
Ils sont en sous-nombre, mais
ils possèdent une arme-surprise.
Samuel de Champlain
célèbre son mariage
avec la protestante
Hélène Boullé.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Ce mariage offre à Champlain
des appuis à la cour et dans le milieu
des affaires de Paris.
Fin générique de fermeture
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