Le rêve de Champlain
Le rêve de Champlain est une série docu-fiction en six épisodes de trente minutes sur la vie de Samuel de Champlain. Elle est basée sur l'oeuvre épique de l'historien David Hackett-Fischer. Chacun des épisodes consiste en un mélange d'explorations documentaires et de reconstitutions historiques.


Vidéo transcription
Héritage 1627-1635
Charles 1er envoie des corsaires sans foi ni loi pour s’emparer des établissements français en Amérique: les frères Kirke. Champlain doit leur rendre la colonie sans résister. Québec appartient désormais à l’Angleterre. En 1633, Champlain fait son retour triomphal dans l’habitation. Il travaille sans relâche à la reconstruction et au peuplement de la Nouvelle-France. Jusqu’au soir de Noël 1635, où Champlain rend l’âme vers l’âge de 65 ans. David Hackett Fisher, en compagnie de Martin Dufour, chef du conseil Innu de Essipit, nous aide à retracer l’héritage laissé par Champlain.
Année de production: 2015
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Texte narratif :
Précédemment
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
(Précédemment, dans Le rêve de Champlain. [On présente des extraits de l'épisode précédent.)
Début générique d'ouverture
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Dans la vision de David Hackett Fischer,
nous vivons encore aujourd'hui
avec l'héritage de paix
et l'esprit de collaboration
de Champlain.
Voici le portrait renouvelé
et fascinant de l'homme.
Fin générique d'ouverture
Dans un studio numérique, MARIE-LOUISE ARSENAULT propose une introduction à l'épisode en cours. Des animations numériques et des tableaux peuvent apparaître pendant le récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Toujours à la poursuite
de son rêve, Samuel de Champlain
cherche l'endroit idéal
pour bâtir un Nouveau Monde,
un monde prospère où Amérindiens
et Européens pourraient vivre
dans un esprit de collaboration.
Durant cette série, nous allons
suivre ses aventures
d'une toute nouvelle façon.
La nomenclature des différents intervenants de la série est accompagnée de segments où on voit chacun d'eux dans l'environnement proposé.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
L'historien américain
David Hackett Fischer
a consacré une partie de sa
carrière à Samuel de Champlain.
Son ouvrage, Le rêve de Champlain,
nous fait découvrir
son extraordinaire épopée.
Son livre nous a inspiré
cette série.
Nous serons accompagnés par
3 correspondants sur le terrain:
Vincent Leclerc sera en Europe
et aux États-Unis;
Charles Bender, en Ontario;
et Fabienne L'Abbé, au Québec.
En studio, notre archiviste précisera
certains détails importants.
Nous utiliserons une ligne du temps
pour nous situer dans l'époque
et nous permettre de faire des
allers-retours dans l'histoire.
Et plusieurs spécialistes
de renom nous aideront
à mieux comprendre
les différents enjeux.
Juillet 1628, à Québec. CHAMPLAIN lit une missive provenant du navire anglais.
CHAMPLAIN
(En lisant)
"Messieurs, je vous avise
avoir obtenu commission
"du Roi de la Grande-Bretagne
"de prendre possession des pays
nommés Canada et Acadie.
"À cet effet, nous sommes
partis 18 navires,
"suivant l'ordre de Sa Majesté.
"Si j'ai envoyé des navires
détruire et saisir le bétail
"du cap de Tourmente,
"c'est que je sais que quand
vous manquerez de vivres,
"j'obtiendrai plus
facilement l'habitation.
"Je résous de demeurer ici,
à Tadoussac,
"afin que nul navire
ne vienne vous ravitailler."
UN OFFICIER FRANÇAIS
Nous sommes fichus!
CHAMPLAIN
Hum-hum!
(En lisant)
"À vous donc de décider
"si vous désirez me rendre
l'habitation ou non.
"En attendant votre réponse,
je demeure, messieurs...
"... votre affectionné
serviteur."
Eh bien, qu'en
dites-vous, messieurs?
UN OFFICIER FRANÇAIS
Dix-huit navires!
Nous ne sommes que 50
À pouvoir nous battre.
J'ai peur que ce M. Kirke
ne soit que trop bien informé.
Il nous manque de tout,
à commencer par la poudre
et les munitions.
UN COLON
Ça fait plus d'un mois
que les hommes désespèrent
de voir arriver les navires
de ravitaillement.
Nous comprenons maintenant
qu'ils n'arriveront jamais.
Je ne vois vraiment pas
comment nous pourrions
repousser ces Anglais.
Mieux vaut capituler.
CHAMPLAIN
Bon, bon, bon, bon, bon!
(En riant)
Mes amis, je crois plutôt qu'il
faille répondre à l'intimidation
par la défiance. Si ce Kirke
veut nous voir de plus près,
alors qu'il vienne, au lieu
de menacer de si loin, hum?
Qu'il vienne!
(En riant)
Titre :
Le rêve de Champlain
Héritage
1627-1635
Dans le studio numérique, MARIE-LOUISE ARSENAULT énonce la prémisse de ce nouvel épisode.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Le rêve de Samuel de Champlain
se concrétise.
Il est désormais capitaine
dans la marine du Roi,
lieutenant de la Nouvelle-France
et commandant à Québec.
Mais voilà que les Anglais
arrivent et exigent qu'on
leur cède Québec.
Cette menace n'étonne personne.
Depuis 3 ans, la France
et l'Angleterre sont en guerre.
Les 2 États veulent jouer
un rôle dominant en Europe
et élargir leur empire en Amérique.
Louis XIII a de grandes
ambitions, et pour les réaliser,
il s'appuie sur son principal
ministre, le cardinal de Richelieu.
LAURENT TURCOT, professeur d'histoire ajoute des informations sur Richelieu.
Texte informatif :
43 ans en 1628
Il est considéré comme
l'un des fondateurs de
l'état moderne en France.
LAURENT TURCOT
Homme très pieux,
très jaloux de son autorité,
mais aussi sombre que méfiant,
Jean Duplessis de Richelieu est
un véritable génie du pouvoir.
Il a une profonde
intelligence politique
qui lui permet d'écarter ses
rivaux sans la moindre pitié.
Toute la cour le craint.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
La cruauté de Richelieu est
l'un des éléments déclencheurs
des hostilités entre la France
et l'Angleterre.
Le fil du temps recule en septembre 1627, siège de La Rochelle. En juillet 1628, on marque l'arrive des Anglais à Tadoussac.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Et c'est à Larochelle
qu'a lieu le choc inévitable.
VINCENT LECLERC, correspondant Europe, se trouve à La Rochelle.
VINCENT LECLERC
En France, l'Édit de Nantes,
qui garantit de la liberté
de religion depuis 1598,
a eu comme effet pervers
de créer un État dans l'État.
Les protestants ont converti
La Rochelle en une véritable
forteresse. La cour de France
commence à craindre
que la ville ne devienne un bastion
d'où les protestants pourraient,
avec l'aide de l'Angleterre,
s'emparer de tout le territoire.
Le cardinal de Richelieu,
avec l'appui de Louis XIII,
entend bien tuer cette menace
dans l'oeuf, mais la ville est
trop bien fortifiée:
un assaut serait impossible.
Fidèle à lui-même, Richelieu
élabore donc un plan cruel:
affamer la ville.
Une illustration montre Richelieu lors d'un siège à La Rochelle.
MICKAËL AUGERON
Le cardinal de Richelieu
sait parfaitement que la citadelle
de Larochelle est une des plus
puissantes d'Europe.
MICKAËL AUGERON, historien de l'Université de La Rochelle témoigne dans une église.
MICKAËL AUGERON
Alors, pour empêcher
l'accès maritime,
on a construit une digue
d'à peu près 1500 mètres de long
en appuyant sur un ensemble
de bateaux de véritables pontons
fortifiés, qui permettaient justement
de contrôler toutes les communications
entre la ville et l'extérieur.
Un plan illustre la méthode utilisée par le Cardinal Richelieu à La Rochelle.
MICKAËL AUGERON
Et, au fil des mois,
même s'il y a, de temps
en temps, des escarmouches,
les habitants ont vu leurs corps
affaiblis. À la fin du grand siège,
c'est-à-dire 14 mois plus tard,
eh bien, il ne resterait plus,
dans la ville de Larochelle,
qu'à peu près un cinquième
de ces habitants.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
La population de Larochelle passe
de 27 000 à 8000 habitants.
Plus de 19 000 d'entre eux
meurent pendant le siège.
D'autres illustrations montrent l'arrivée triomphale de Louis XIII à La Rochelle.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Louis XIII et Richelieu entrent
triomphalement dans Larochelle,
tandis qu'à Londres, le roi Charles
premier prépare sa vengeance.
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit son récit dans le studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Il veut anéantir les établissements
de la Nouvelle-France,
mais il manque de fonds pour
lancer une expédition militaire.
Il fait donc appel aux frères Kirke,
des corsaires qui se battent
dans le seul but de s'enrichir.
LAURENT TURCOT
Champlain l'appelle
"le général", mais David Kirke
n'est ni soldat ni navigateur.
Texte informatif :
En 1628, il a 31 ans.
Élevé à Dieppe, en Normandie,
c'est un aventurier et
un négociant. Il est le
chef de l'expédition.
LAURENT TURCOT
C'est un marchand de vin
d'origine écossaise
qui a grandi en France
et ne connaît rien à la mer.
Mais une fois mandaté
par Charles premier,
il part en mission avec ses 4 frères.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Le cardinal de Richelieu
croit en la Nouvelle-France.
Il crée la Compagnie des Cents associés
avec une centaine d'actionnaires,
dont Champlain.
Ils deviennent propriétaires du
territoire de la Nouvelle-France
et responsables de son peuplement.
Richelieu envoie plus de 400 colons,
une opération vitale pour
la pérennité de la colonie.
À Paris, au Printemps 1628, le REPRÉSENTANT de la Compagnie des Cents associés rencontre RICHELIEU.
LE REPRÉSENTANT
Monseigneur?
RICHELIEU arrive avec des cartes.
LE REPRÉSENTANT
Monseigneur?
Le directeur de la Compagnie
des Cents associés...
m'envoie pour demander
la permission de retarder le départ
du grand convoi vers Québec.
La guerre nuit aux préparatifs.
RICHELIEU
Vous direz à ces messieurs
qu'il n'en est pas question.
Le sieur de Champlain
et ses colons ont un urgent besoin
de vivre. Cette mission
commerciale est trop importante
pour être soumise
à quelque caprice.
LE REPRÉSENTANT
Monseigneur, si
je puis me permettre,
depuis Larochelle,
la guerre s'est étendue
vers les Amériques.
Les mercenaires anglais risquent
d'intercepter tout le convoi.
RICHELIEU
Votre insistance m'irrite, monsieur.
Ce convoi partira comme prévu.
S'il faut une proclamation royale
pour les obliger à faire voile,
bien soit, ils l'auront.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Le convoi part donc de Dieppe,
comme le voulait Richelieu.
FABIENNE LABBÉ, correspondante Québec, se trouve près de Tadoussac et s'adresse au public de l'émission.
FABIENNE LABBÉ
Mais lorsqu'ils arrivent
dans le golfe du Saint-Laurent,
des pêcheurs les avertissent
qu'une flotte de navires
britanniques vient de prendre
possession de Tadoussac
et inspecte tous les vaisseaux
français sur le fleuve.
L'expédition se réfugie
donc à Gaspé.
Mais les Britanniques
dont il est question sont nul
autre que les frères Kirke, qui,
sans même avoir quitté Tadoussac,
viennent de demander à Champlain
de leur rendre Québec.
En juillet 1628, le navire des frères KIRKE est ancré à Tadoussac. DAVID KIRKE lit la missive de CHAMPLAIN à ses frères.
DAVID KIRKE
(En lisant)
"Monsieur, nous ne doutons
pas des commissions
"que vous avez obtenues du
Roi de la Grande-Bretagne.
"Mais sachez que nous avons
toujours des grains,
"blé d'Inde, pois et fèves,
"en plus de tout
ce que le pays fournit.
"Et si nous rendions
une habitation
"À l'État que nous
sommes maintenant,
"nous ne serions pas dignes
de paraître devant notre roi.
"En la voyant,
vous ne la jugeriez pas
"aussi facile d'accès
"qu'on a pu vous
donner à entendre.
"Et sachez que
la mort combattant
"nous sera honorable.
"Nous sommes donc prêts à
vous recevoir et empêcher,
"si nous pouvons,
les prétentions que vous avez
sur ces lieux, "hors desquels
je demeurerai, Monsieur,
"votre affectionné serviteur,
"Champlain."
(Propos traduits de l'anglais)
Si ce n'est pas clair pour vous :
Champlain refuse d'abandonner.
PREMIER CHEF D'EXPÉDITION
(Propos traduits de l'anglais)
Ils ne sont peut-être pas
aussi affaiblis qu'on le pense.
DAVID KIRKE
(Propos traduits de l'anglais)
Je suis sûr qu'ils le sont.
C'est du bluff.
DEUXIÈME CHEF D'EXPÉDITION
(Propos traduits de l'anglais)
Mais s'ils sont en mesure
de combattre, leur fort sur
la colline risque de faire
des ravages parmi nous.
PREMIER CHEF D'EXPÉDITION
(Propos traduits de l'anglais)
Nous sommes ici pour le profit,
pas pour la gloire.
Cette attaque n'est pas une bonne
affaire.
DAVID KIRKE
Bon. Revenons l'an prochain.
Après avoir subi un autre
hiver, on verra bien s'ils sont
aussi fiers.
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit son récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Le bluff de Champlain sauve
temporairement la colonie.
La flotte quitte Tadoussac pour
redescendre le Saint-Laurent.
Dans le studio numérique, une carte apparaît pour montrer où se dirigent les navires des KIRKE.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Pendant ce temps, le convoi
de navires français est à Gaspé.
On retrouve FABIENNE LABBÉ au bord du fleuve.
FABIENNE LABBÉ
Les Français décident
de faire voile vers Québec
sous le couvert du brouillard
en essayant d'échapper
au regard des Anglais.
Mais ils pouvaient pas
savoir, évidemment,
que les Britanniques
allaient se mettre en marche
à peu près au même moment.
Les 2 flottes se retrouvent
donc nez à nez ici même,
en aval de Rimouski, dans
la région de Pointe-aux-Pères.
Le choc est brutal.
Sur la carte, on peut suivre le mouvement des deux flottes qui naviguent l'une vers l'autre.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Les Britanniques ont des canons
plus puissants et l'avantage du courant.
Ils se positionnent donc
à l'extrême limite de la portée
des canons français.
Les Français subissent
de lourdes pertes.
Ils résistent plus de 15 heures,
jusqu'à ce que, n'ayant plus
de munitions, ils soient contraints
de se rendre. Les Britanniques,
eux, ne signalent aucune perte.
Les Kirke assurent le retour
en France des survivants
et s'emparent de la seule chose
qui les intéresse vraiment:
le butin.
FABIENNE LABBÉ
Dans toute cette confusion,
une petite barque française
parvient à s'enfuir en longeant
la rive jusqu'à Québec
dans le brouillard.
Mais l'accueil que leur réserve
Champlain est plutôt froid.
À Québec, CHAMPLAIN et les colons ont la mine basse.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Les choses étant déjà difficiles
pour les gens de l'habitation,
l'arrivée de 11 nouvelles
bouches à nourrir n'enchante
personne. Il n'y a pas assez
de vivres pour tout le monde,
et Champlain doit rationner
toute la colonie.
Avec la défaite navale
qui vient anéantir
toute possibilité de ravitaillement,
l'hiver qui arrive inspire
les pires craintes et tout le monde
doit se préparer le mieux possible.
CHAMPLAIN (Narrateur)
Chacun portait à ce moulin
sa ration de pois, que l'on moulait,
et en recevait-on de bonnes
farines, qui augmentaient
notre bouillie. Cela nous fit
un très grand bien.
FABIENNE LABBÉ, poursuit le récit près des îles du Bic.
FABIENNE LABBÉ
Champlain fait donc fabriquer
une meule en pierre
pour lui permettre d'allonger
les rations de pois. Quand même,
au printemps, la colonie manque
de pain, de vin, de sel, de beurre,
mais surtout d'espoir.
Il ne reste des provisions
sèches que pour un mois,
et Champlain est profondément
inquiet. Il leur faut désormais
cueillir et chasser pour survivre,
mais il manque de munitions
pour la chasse et d'hameçons
pour la pêche.
CHAMPLAIN (Narrateur)
En attendant la moisson,
nous étions tous les jours à la
recherche de racines pour vivre,
ce qui causait de grandes fatigues.
On allait 6 à 7 lieues
les chercher avec grande peine
et patience, sans en trouver
en suffisance pour en vivre.
CHARLES BENDER, correspondant Ontario, est sur le site historique de Sault-Sainte-Marie.
CHARLES BENDER
Nous sommes présentement sur
le site historique de Sainte-Marie
au Pays des Hurons,
dans la reproduction
d'une maison longue,
habitation traditionnelle des
Hurons de l'époque de Champlain.
Encore une fois, ce sont
les Amérindiens qui viennent
en aide aux Français.
Dans un geste d'une grande
générosité, les Hurons acceptent
de prendre 20 Français avec eux
pour soulager l'habitation.
Ils vont les garder et les
nourrir pendant tout l'hiver,
jusqu'à la fin du printemps 1629.
Lorsque ces hommes sont ramenés
à Québec, au début de l'été,
Champlain n'a toujours
pas de quoi les nourrir
et doit se tourner vers
d'autres nations.
Sur une carte on trace le chemin parcouru par les hommes de CHAMPLAIN vers les Nations Etchemins et Abénakis.
CHARLES BENDER (Narrateur)
Une partie de ces hommes
est envoyée vers le sud
et va séjourner chez les
Abénakis et chez les Etchemins.
Une autre partie, moins
nombreuse, s'en va en Gaspésie,
dans une nation que Champlain
appelle "les Canadiens".
Pendant cette année difficile,
les Amérindiens prennent
en charge près de 20%
des bouches à nourrir
de l'habitation,
dans un geste d'une
humanité remarquable,
trop souvent oublié par l'histoire.
Sans eux, la famine aurait pu
devenir meurtrière.
ÉRIC THIERRY, historien complète l'information.
ÉRIC THIERRY
Et l'hiver 1628-1629 a été très dur.
La colonie a failli mourir de faim.
Et, donc, Champlain a été obligé
de capituler face aux Anglais,
en juillet 1629, parce qu'ils
n'avaient plus de vivres,
de toute façon, pour tenir!
MARIE-LOUISE ARSENAULT poursuit le récit. Le fil du temps se rend à juillet 1629, Prise de Québec par les Frères KIRKE.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Au matin du 19 juillet,
des navires britanniques
apparaissent à Québec.
Cette fois, les frères Kirke
sont sur place et il n'est plus
question de bluffer.
Champlain doit négocier
la reddition.
Il s'assure que les colons
qui veulent rentrer en France
puissent le faire, et que ceux
qui préfèrent rester
soient bien traités.
En échange, les Anglais prennent
officiellement possession
de Québec.
L'historien et auteur DAVID HACKETT FISCHER ajoute au commentaire.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
C'était comme si tout avait été en
vain et que la Nouvelle-France allait
devenir une colonie anglaise et
que l'oeuvre de Champlain allait
disparaître. Champlain lui-même
fut prisonnier et ramené en Angleterre.
Il demeura sur place et travailla
étroitement avec l'ambassadeur
de France.
De retour au studio numérique on poursuit l'épopée de CHAMPLAIN avec MARIE-LOUISE ARSENAULT.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain se rend en Angleterre,
car il veut reconquérir la
Nouvelle-France. Il apprend
que la guerre entre la France
et l'Angleterre est terminée.
Un traité de paix a été
conclu 6 mois plus tôt.
Toutes les conquêtes
faites après cette entente
doivent être rendues.
Or, la prise de Québec
a eu lieu 3 mois plus tôt;
elle est donc illégale.
Québec appartient toujours
à la France.
Dans les couloirs du Louvres, VINCENT LECLERC, correspondant Europe, poursuit le récit.
VINCENT LECLERC
Agissant de son propre chef,
Champlain compose
les récits des événements
ayant mené à la chute de Québec,
et présente son rapport
à l'ambassadeur
de France à Londres,
le marquis de Châteauneuf,
un homme du vieux régime
d'Henri IV et favorable à la
Nouvelle-France.
Le portrait de CHATEAUNEUF apparaît.
VINCENT LECLERC
Champlain lui raconte
son aventure et lui remet
une série de documents
qui font état des dommages
causés aux intérêts français.
Il a pris soin, avant même
de quitter Québec, de bien planifier
son plaidoyer.
DENIS VAUGEOIS, historien ajoute des détails à l'histoire.
DENIS VAUGEOIS
On va faire l'inventaire,
on va dire aux Kirke:
"OK, on cède, on va signer
le papier de reddition,
"pis vous allez
faire l'inventaire
"de tout ce qu'il y a ici.
"Parce que, éventuellement,
"vous allez devoir nous rendre
tout ce que vous prenez.
"Donc, il faut que vous sachiez
ce que vous avez pris
"pour savoir ce que
vous allez nous rendre."
VINCENT LECLERC (Narrateur)
Grâce à sa prévoyance
et son entêtement, Champlain
contribue encore une fois
à la cause de la Nouvelle-France.
L'ambassadeur obtient
finalement une audience
avec le Roi d'Angleterre
Charles premier, et ainsi débutent
de longs pourparlers.
Pendant les propos de MARIE-LOUISE ARSENAULT, on se promène dans les couloirs du château du Louvres.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
De retour en France, Champlain
poursuit son plaidoyer et publie
Les voyages de la Nouvelle-France,
qu'il dédie au cardinal de Richelieu.
VINCENT LECLERC
L'ouvrage est en quelque sorte
un bilan de ses 30 années en Amérique,
un parcours de son oeuvre,
et il contient aussi ce que
les historiens considèrent
comme étant sa meilleure carte
de la Nouvelle-France.
La carte est davantage axée
sur la terre que sur la mer,
car elle vise à revendiquer
les frontières.
Elle indique les endroits
où les Français ont vécu en
Amérique du Nord depuis 1603,
les noms donnés par
les navigateurs français
et l'emplacement des nations
amérindiennes.
Les armes de Louis XIII
figurent au-dessus,
avec les lys de France.
Grâce aux initiatives
et l'opiniâtreté de Champlain,
et après de longues négociations,
l'Angleterre accepte de rendre
la Nouvelle-France.
On revient au témoignage de DAVID HACKETT FISCHER dans un bureau chargé de livres.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Lorsque Québec fut remise aux
mains des Français, elle était
moins peuplée que l'île Ste-Croix,
en 1604. Il n'y avait eu aucune
croissance.
Champlain n'avait pas été en
mesure d'attirer des familles,
des femmes.
DENIS VAUGEOIS poursuit son témoignage.
DENIS VAUGEOIS
D'abord, en France, c'est un pays
qui est contrôlé par le Roi.
Et, donc, il y a pas d'exode,
il y a pas de massacre,
il y a pas de révolution.
Donc, les Français ont pas
de raison de quitter la France.
Ils en auraient peut-être.
Mais quand on leur dit
de quitter la France pour le Canada,
il y a l'image des Sauvages,
pis il y a l'image de l'hiver.
Et ça, c'est très, très fort.
Non, c'est très, très fort.
Les maringouins aussi,
les moustiques.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Champlain s'est attaqué au problème.
Il réussit à établir, non pas seulement
une, mais bien quatre populations
françaises en Amérique du Nord.
On retourne au studio numérique où MARIE-LOUISE ARSENAULT et LAURENT TURCOT continuent de raconter.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Louis XIII investit alors
Champlain de tous les pouvoirs,
et c'est le début, enfin,
d'une vraie colonisation.
À partir de ce moment,
la population de Québec se met
à doubler tous les 25 ans.
Champlain instaure un système
seigneurial qui s'avère
d'une grande efficacité.
Texte informatif :
Louis Hébert, Marie Rollet,
Guillaume Couillard, Nicolas Marsolet
Olivier Le Tardif, Françoise Langlois,
Guillemette Hébert, Antoine Brassard,
Noël Morin, Marguerite Lesage,
François Aubert, Jean Guyon,
Robert Giffard
LAURENT TURCOT
Les premières familles à
s'établir en Nouvelle-France
sont parmi les plus lointains
ancêtres des habitants du Québec.
Par exemple, Guillemette Hébert,
la fille de Louis Hébert,
aura plus de 10 enfants avec
son mari, Guillaume Couillard.
En 1684, à sa mort,
on calcule qu'elle aura une
descendance de 250 personnes.
Aux abords du fleuve Saint-Laurent, on retrouve FABIENNE LABBÉ devant la maison Girardin, dans la seigneurie de Beauport.
FABIENNE LABBÉ
Champlain octroie la Seigneurie
de Beauport, située ici même,
à Robert Giffard de Moncel.
En échange du domaine
et des privilèges féodaux
qui viennent avec, Giffard
s'engage à faire venir
à ses frais des colons
pour travailler la terre.
Le système se propage rapidement,
et 100 ans plus tard,
la Seigneurie de Beauport
compte une centaine de familles
réparties sur des rangs différents
et 11 maisons construites
en pierres. En fait, la Maison Girardin,
située sur l'avenue Royale,
à Beauport, est un bel exemple de
ces maisons de style normand
construites au 18e siècle.
On visite la maison. Puis on retourne au studio numérique.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain n'a pas non plus
délaissé l'Acadie. Il insiste pour
qu'elle soit ajoutée
à la liste des territoires
que l'Angleterre doit
rendre à la France.
Port-Royal, le site
préféré de Champlain,
devient le berceau de l'Acadie.
VINCENT LECLERC se trouve sur le site historique de Port-Royal.
VINCENT LECLERC
Parmi les colons français,
plusieurs familles
s'installent en Acadie.
En peu de temps, la population
de Port-Royal atteint le nombre
de 200 habitants.
Aujourd'hui, certaines sources
estiment qu'il y aurait
jusqu'à 3 millions
d'Acadiens et de Cadiens
partout dans le monde,
principalement dans l'est
de l'Amérique du Nord.
Sur la carte, on identifie les circuits de communications de la Nouvelle-France, Trois-Rivières s'ajoute aux lieux d'habitations.
MARIE-LOUISE ARSENAULT (Narratrice)
Champlain commande un poste de traite
dans un lieu qu'on appelle
déjà Trois-Rivières. L'endroit
devient vite un carrefour
pour le commerce des fourrures.
On se retrouve à Trois-Rivières avec FABIENNE LABBÉ.
FABIENNE LABBÉ
C'est ici même, au coeur
de Trois-Rivières,
à environ 150 mètres du fleuve,
que se trouvait l'emplacement
du fort en bois érigé par les hommes
de Champlain.
Nous sommes à la frontière ouest
de la Nouvelle-France.
C'est ici aussi que vont naître
de nouveaux modes de vie
issus de la rencontre
des 2 cultures.
Champlain avait déjà lancé
le mouvement de métissage
en formant des corps de quelques
dizaines d'interprètes français
et amérindiens, grâce à des camps
ou des sessions d'immersion.
On illustre les truchements qui deviendront les coureurs de bois par plusieurs dessins.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Ce sont des truchements.
Ils sont suivis par
des centaines d'esprits libres
qui ne tardent pas
à quitter les établissements
de Nouvelle-France
pour aller commercer et même
vivre avec les Amérindiens.
On les appellera
"coureurs des bois".
En 1680, ils sont environ
800 à Trois-Rivières
sur une population
de 9700 habitants.
On revient à Trois-Rivières avec FABIENNE LABBÉ.
FABIENNE LABBÉ
À la fin du 18e siècle,
on comptera plus de
5000 coureurs des bois
sur le continent nord-américain.
Ces hommes exceptionnels
vont voyager jusque dans les plaines
de l'Ouest, et longeront le Mississippi
jusqu'en Louisiane.
De nouvelles illustrations défilent.
FABIENNE LABBÉ (Narratrice)
Truchements, coureurs
des bois et voyageurs
vont s'unir à des Amérindiennes,
et leurs enfants seront alors
connus sous le nom de "métis".
En 2011, le recensement
du Canada signale
que près d'un demi-million
de personnes partout au pays
s'identifient comme métis.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Outre les Québécois,
les Acadiens et les métis,
qu'en est-il des Franco-Ontariens?
Portent-ils aussi l'empreinte
de Champlain?
Au bord d'un lac, CHARLES BENDER poursuit le récit.
CHARLES BENDER
Par ses voyages, par ses
enquêtes auprès des Amérindiens
et par les cartes qu'il a dressées,
Champlain a grandement contribué
à faire connaître le sud de l'Ontario
et ses Grands Lacs. De plus,
on peut dire que son passage
dans la région marque
le début de la présence française
en Ontario. Les premiers francophones
à fouler le territoire de l'actuel Ontario
sont les interprètes et les missionnaires
envoyés par Champlain
à partir de 1610, dont le premier
fut Étienne Brûlé, envoyé chez
les Algonquins et chez les Hurons.
Champlain n'y arrivera qu'en 1615.
Une illustration montre ÉTIENNE BRÛLÉ parmi les Hurons.
De retour dans le studio numérique, on poursuit le récit.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
À la fin de l'année 1635,
on peut dire que le rêve
de Champlain est bien né.
L'avenir de la Nouvelle-France
est rempli de promesses.
La colonie est reconnue outre-mer
et le commerce est rentable.
Les habitants français vivent
dans une paix relative
avec les nations amérindiennes.
Québec est éclatante de santé.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Cette population fut formée de
telle sorte que sa culture propre
s'imprégna de l'humanisme de
Champlain.
DENIS VAUGEOIS
C'est un peu triste
parce qu'il est mort au moment
où il aurait pu jouir de l'arrivée
de ces colons-là, parce que là,
ça démarrait.
Le 25 décembre 1635, à Québec, CHAMPLAIN est alité.
CHAMPLAIN
Il est bientôt minuit,
je crois, mon cher ami.
PÈRE LEJEUNE
Voilà!
Les canons célèbrent la
naissance de notre Sauveur.
CHAMPLAIN
J'espère que nos habitants
s'amusent ce soir.
Ils le méritent bien.
CHAMPLAIN
Priez avec moi, mon ami.
CHAMPLAIN se signe et meurt.
PÈRE LEJEUNE (Narrateur)
Le 25 décembre,
jour de la naissance de
notre Sauveur sur terre,
M. de Champlain,
notre gouverneur,
prit une nouvelle naissance au ciel.
Du moins, nous pouvons dire
que sa mort a été remplie
de bénédiction.
Je crois que Dieu
lui a fait cette faveur
en considération des biens qu'il
a procurés à la Nouvelle-France
où nous espérons qu'un jour,
Dieu sera aimé et servi
de nos Français, et connu
et adoré de nos Sauvages.
JEAN PROVENCHER, historien et communicateur ajoute un commentaire. Ensuite tous les intervenants de la série ajoute un commentaire, pendant qu'on revoit CHAMPLAIN au cours de son épopée en Nouvelle-France.
JEAN PROVENCHER
C'est le 25 décembre 1635.
La mort de notre père.
La mort du fondateur.
La mort de celui
qui a tout parti ça!
ÉRIC THIERRY
Il est pas mort en France, hein!
Cartier est mort en France!
Tandis que Champlain, lui,
il est mort à Québec,
il est mort dans sa colonie,
et il y est encore!
Où? On sait pas avec précision.
MARC LAVOIE, professeur agrégé, archéologue, commente aussi.
MARC LAVOIE
C'est un explorateur
qui nous a légué une merveilleuse
description du pays,
puis on voit que c'est
un pays qu'il aimait.
JONATHAN LAINEY
C'est quelqu'un qui est
très courageux, très brave,
très convaincu, très décidé,
qui est ouvert au partage.
SERGE BOUCHARD
C'est vrai qu'il est différent.
Il est différent parce qu'il
est un peu plus humaniste.
Je reviens sur sa curiosité,
sa saine curiosité.
Il regarde les gens:
"C'est qui, ça? C'est quoi, ça?
"Comment ça, t'es habillé
comme ça? "Et t'es qui, toi?"
Ce qu'un explorateur
fera pas, normalement.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Il pouvait voir les bases d'un
nouvel empire, qui reposait sur
des notions d'intérêts partagés
et non sur l'exploitation.
C'est ainsi que tout a commencé.
CHEF KIRBY WHITEDUCK
(Propos traduits de l'anglais)
C'était quand même un homme
de son temps, mais avec des idées
et approches nouvelles,
plus respectueuses des
Premières Nations. La société
serait peut-être différente s'il
y était encore.
CHRISTIAN MORISSONNEAU
On a mal jaugé
l'immensité de ce géant
qui s'appelle Champlain.
DAVID HACKETT FISCHER
(Propos traduits de l'anglais)
Il a créé un leadership inspiré
d'un mot français qui n'a
pas d'équivalent en anglais :
le mot « prévoyance », souvent
traduit par « foresight », mais qui,
d'une certaine façon, veut dire
le contraire. Le leadership axé
sur la prévoyance implique la
poursuite de grands objectifs
dans un monde rempli d'imprévus.
[DENIS VAUGEOIS:]:
Fischer a
une opinion un peu angélique
sur Champlain,
mais il a peut-être pas
tout à fait tort.
Champlain est un humain.
Plus qu'un humaniste, même:
il est humain.
ÉRIC THIERRY
La présence de la France
en Amérique du Nord,
encore aujourd'hui,
À travers tous les francophones
d'Amérique du Nord,
à travers tous les Franco-Ontariens
À travers les Québécois,
les Acadiens, mais aussi
les Cadiens de Louisiane:
ben, cette présence française,
c'est l'héritage de Champlain.
MARIE-LOUISE ARSENAULT
Champlain est mort,
mais son rêve se poursuit.
En ce début de 21e siècle,
la présence francophone
en Amérique du Nord
est bien établie. Après tout,
c'est nous, le résultat bien réel
du rêve de Champlain.
CHAMPLAIN
Quand cette grande maison sera faite,
alors nos garçons se marieront
à vos filles, et nous ne ferons plus
qu'un peuple.
Générique de fermeture