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Vidéo transcription
Ontario : Vente d'alcool
Le modèle unique – certains diront archaïque – de vente d’alcool de l’Ontario est de plus en plus remis en question. L’équipe d’#ONfr s’intéresse aux changements qui pourraient intervenir cette année sur le marché de la bière dans la province, avec le chroniqueur Martin Regg Cohn du Toronto Star, qui a beaucoup écrit sur le sujet.
Année de production: 2015
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Générique d'ouverture
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
(S'adressant au public de l'émission)
Bienvenue dans le nouvel
univers #ONfr. Le monde change,
et nous aussi. Parlant de
changement, il risque de se
brasser de grosses affaires
cette année au niveau de la
vente d'alcool en Ontario.
Le gouvernement de Kathleen
Wynne pourrait être appelé à
moderniser un peu le marché des
bières, des vins et des
spiritueux. Une chose qui n'a
pas été faite, attention, depuis
la fin de la prohibition, en
1927. Les libéraux, à Queen's
Park, attendent ce printemps le
rapport d'un économiste, Ed
Clark, qui s'est penché entre
autres sur l'avenir de la Régie
des alcools de l'Ontario, la
LCBO. On sait d'ores et déjà que
M. Clark va recommander de
conserver la LCBO dans le
domaine public. Mais, et ça,
c'est du jamais vu, il va aussi
recommander que la LCBO se mette
à vendre des caisses de 12 et de
24 bouteilles de bière, afin de
concurrencer davantage le Beer
Store.
Le Beer Store, c'est cette
entreprise privée qui appartient
à trois grands brasseurs
internationaux et qui détient un
quasi-monopole sur la vente de
bière en Ontario.
Le modèle est unique. Certains
diront même archaïque, et il est
de plus en plus remis en
question. Pour en parler, nous
avons rencontré plus tôt cette
semaine le chroniqueur
provincial du Toronto Star,
Martin Regg Cohn, qui a beaucoup
écrit sur le sujet.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
S'adressant à MARTIN REGG COHN
Martin Regg Cohn, bonjour.
MARTIN REGG COHN
Bonjour.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Pourquoi est-ce que l'Ontario
conserve un système de vente
d'alcool qui date de 1927?
MARTIN REGG COHN
C'est une question de
l'inertie, si je peux le dire,
de la belle indifférence parmi
les Ontariens, et l'ignorance.
Le Beer Store est une société
contrôlée par des sociétés
outre-mer ou étrangères comme
Labatt, Molson Coors et Sleeman.
La plupart des gens imaginent
toujours que le Beer Store est
une agence du gouvernement, et
ce n'est pas le fait.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Est-ce que le gouvernement a
un intérêt à conserver le statu
quo?
MARTIN REGG COHN
Les gouvernements libéral et
conservateur étaient contents
avec ça, parce qu'ils gagnent
beaucoup d'argent.
Les contributions pendant les
campagnes électorales sont très
fortes: des centaines de milliers
de dollars. Alors, il y a
beaucoup de liens entre le
gouvernement et cette industrie.
Tout le monde profite de ça, pas
nécessairement du point de vue
de l'argent, mais il profite de
ces liens chers et intimes.
Autre chose, c'est que les
députés se font toujours offrir
le privilège de tenir leurs
dîners-bénéfices dans les salons
qui sont contrôlés par ces
compagnies, gratuitement, avec
beaucoup de bière gratuitement
aussi.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Au cours des dernières
semaines, on a vu le Beer Store
lancer une campagne de
publicité. On l'a vu vouloir
apporter des changements, comme
ouvrir ses portes aux petits
brasseurs, par exemple. Pourquoi
est-ce que ces changements
surviennent à ce moment-ci?
MARTIN REGG COHN
D'abord et avant tout, j'ai
fait des pressions, je crois, et
j'espère, dans notre journal, à
essayer à informer le public,
des faits.
Et peu à peu, les gens sont plus
au courant de l'influence de ces
propriétaires étrangers.
Autre chose, c'est que le
gouvernement a reçu des
pressions des petits brasseurs
qui ont fait des plaintes que
c'est difficile pour eux de
vendre leurs produits dans le
Beer Store. C'est parce que les
grands brasseurs comme Labatt,
Molson, Sleeman donnent la
meilleure place dans ses
magasins pour leurs bières.
Pour les autres petits
brasseurs, c'est plus difficile
à fonctionner dans cet
arrangement. Troisième chose,
c'est qu'ils ont besoin
d'argent.
Et avec une commission avec M.
Ed Clark à la tête, l'ancien
président de TD Bank,
ils se sont aperçus qu'il y a
beaucoup de rangs, beaucoup de
profits que ces propriétaires
ont gagné pendant des années, et
que le gouvernement veut
profiter lui-même de ce monopole
pour garder leurs propres
montants des dix, des millions
de dollars pour le gouvernement.
Alors, à cause de ça, les
brasseurs, ils veulent éviter
ces pressions du gouvernement,
ces enquêtes du gouvernement, en
essayant de faire un nouvel
arrangement avec les petits
brasseurs.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Le Beer Store maintient que le
prix de la bière va augmenter
si, effectivement, la LCBO se
met à vendre des caisses de 12
et de 24, comme le recommande Ed
Clark. Comment est-ce que le
Beer Store parvient à une
conclusion comme ça?
MARTIN REGG COHN
Il y a un accord secret entre
le LCBO et le Beer Store, qui
"prévenir" le LCBO de vendre ces
caisses de 24 ou caisses de 12.
Seulement le Beer Store peut
vendre dans ces quantités.
M. Clark a dit qu'à cause des
profits durant que le Beer Store
gagne de son monopole dans le
marché, le gouvernement veut
prendre sa propre partie de ce
profit. Et le Beer Store a
répondu: "Attention, s'il y a un
montant que nous devons donner
au gouvernement pour le profit,
ça va être passé au
consommateur." Alors ça, c'est
la première façon de créer des
peurs pour les consommateurs.
La deuxième chose, c'est la
question de caisses de 12 et de
caisses de 24. C'est vrai que le
Beer Store gagne la plupart de
ses ventes avec les caisses de
24, et qu'ils vont perdre de
leur domination du marché si la
LCBO, et les autres, peuvent gagner
en caisses de 24. Mais la
compétition, la concurrence, est
une bonne chose pour le
consommateur au Québec et dans
les autres provinces. Alors, on
ne doit pas avoir peur d'une
compétition. C'est vrai que ça
va augmenter les coûts de
distribution, mais la
concurrence, la compétition, va
aussi bénéficier aux
consommateurs.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Quelles solutions amèneriez-
vous aux problèmes que vous avez
identifiés au niveau de la vente
d'alcool?
MARTIN REGG COHN
Libérer la bière de la Beer
Store. Laisser les autres
magasins privés faire de la
concurrence avec le Beer Store
privé. C'est toujours, on dit:
"C'est une question de Beer et
de convenience store, Beer and
corner stores". Mais c'est pas
le dépanneur qui peut vraiment
créer de la concurrence et de
donner l'énergie à ce marché.
Vous voyez, le Québec, c'est pas
vraiment les dépanneurs. C'est
seulement une question d'être
"convenable". Les grandes ventes
sont dans les supermarchés, le
Provigo ou le Métro, ou le
Costco. Là, il y a beaucoup de
place, beaucoup d'expertise.
Ils ont l'expérience. Et il n'y
a pas peur de vendre la bière
aux jeunes. Ils n'ont pas à
faire ça au Québec, et ils vont
pas faire ça en Ontario. Les
grands brasseurs connaissaient
ça, parce que ce sont les mêmes
grands brasseurs, Labatt et
Molson, qui vendent la bière
avec Costco et Métro au Québec.
Alors, pourquoi pas en Ontario?
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Martin Regg Cohn, merci.
MARTIN REGG COHN
De rien.
Transition
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
(S'adressant au public de l'émission)
Nous vous parlions récemment
du Collège d'Alfred, le seul
établissement d'enseignement
agricole en français en Ontario,
dont l'avenir demeure incertain.
Eh bien, le ministère de
l'Agriculture a finalement rendu
une décision quant à l'avenir du
collège le 30 janvier. Il
recommande essentiellement d'en
transférer la responsabilité au
niveau municipal et
communautaire. Il s'agit là
d'une décision sans précédent,
et qui ne fait pas l'unanimité.
Pour connaître tous les détails,
rendez-vous sur notre site
d'information au tfo.org/onfr.
Et puis, en terminant, c'est
aujourd'hui, le 5 février, que
les électeurs de la
circonscription de Sudbury se
rendent aux urnes pour élire un
nouveau député provincial.
Une élection partielle
importante, et dont les
résultats, comme on vous le
disait la semaine dernière,
s'annoncent très serrés.
Pour tout savoir, on se retrouve
dans quelques instants sur
Twitter, et un peu plus tard sur
notre site d'information.
Voilà ce qui conclut cette
émission de #ONfr. Rendez-vous
jeudi prochain, 20h50.
Au revoir.
Générique de fermeture
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