ONFR
Restez à l'affût des dossiers chauds à Queen's Park et dans la francophonie ontarienne et canadienne.


Vidéo transcription
Francophonie : États généraux
Retour sur la course à la chefferie du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario et la place qu’y a occupé le fait français. Et coup d’oeil sur les «États généraux», une formule de réflexion de plus en plus utilisée par les francophones dans les milieux minoritaires au Canada.
Année de production: 2015
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Générique d'ouverture
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
(S'adressant au public de l'émission)
Bienvenue à #ONfr.
La course à la chefferie du Parti
progressiste-conservateur de
l'Ontario connaîtra son
dénouement le samedi 9 mai, 11
mois après que la formation ait
subi un quatrième revers
consécutif aux urnes.
On saura enfin qui, de Patrick
Brown ou Christine Elliott,
prendra les rênes de la
formation d'opposition à Queen's
Park. Les militants du parti
avaient jusqu'à aujourd'hui pour
exercer leur droit de vote.
Cette campagne à la succession
de Tim Hudak aura été riche en
rebondissements jusqu'au dernier
moment. Qui aurait cru, en
effet, que les Victor Fedeli et
Lisa MacLeod abandonneraient en
cours de route pour faire
barrage, avec Christine Elliott,
à ce jeune député fédéral qu'est
Patrick Brown?
Pour les francophones aussi, il
s'agit d'une course étonnante,
peut-être même historique.
Jamais n'aura-t-on vu les enjeux
de la minorité linguistique
résonner aussi fort près du haut
commandement de la Big Blue
Machine.
Si c'est Patrick Brown qui
l'emporte, le Parti PC pourrait
se retrouver pour la première
fois de son histoire avec le
chef le plus bilingue à
l'Assemblée législative, un chef
qui serait prêt, d'ailleurs, à
donner aux francophones leur
propre université à Toronto.
Si c'est Christine Elliott qui
l'emporte, elle voudrait enchâsser
les droits des Franco-Ontariens
dans la Constitution canadienne.
L'Ontario deviendrait donc la
deuxième province à ainsi
reconnaître sa minorité
linguistique, après le Nouveau-
Brunswick.
Reste maintenant à savoir
comment se déclineront ces
bonnes intentions lorsque M.
Brown ou Mme Elliott se
retrouvera dans le siège
conducteur du Parti PC.
S'agit-il d'une simple manoeuvre
de séduction politique, ou
s'agit-il d'un véritable
changement de cap de la part du
parti qui nous a donné le
règlement 17 et la crise de
l'Hôpital Montfort? On le saura
bien assez vite.
Transition
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
(S'adressant au public de l'émission)
Parlons maintenant d'États
généraux. La notion a fait son
apparition dans la France
médiévale lorsque le roi
Philippe IV s'est mis à
consulter le clergé,
la noblesse et la bourgeoisie
pour donner une certaine
légitimité à certaines de ses
décisions les plus importantes.
L'expression s'est retrouvée
dans le jargon du Canada
français brièvement à la fin des
années 60 lors d'une première
série de consultations sur
l'avenir constitutionnel de la
minorité linguistique.
L'expression des "États
généraux" semble être revenue en
force dans la francophonie
canadienne, notamment à Sudbury,
à Ottawa, et plus récemment
encore, à Winnipeg. Mais quelle
leçon doit-on en tirer?
J'en parle avec mon collègue, le
journaliste aux affaires
francophones de
#ONfr, Sébastien Pierroz.
(S'adressant à SÉBASTIEN PIERROZ)
Salut, Sébastien.
SÉBASTIEN PIERROZ
Bonjour, François Pierre.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Sébastien, dites-moi, pourquoi
est-ce qu'il y a ce besoin de
grande réflexion autour d'États
généraux dans la francophonie
canadienne?
SÉBASTIEN PIERROZ
Parce qu'il faut savoir,
François Pierre, qu'il y a un
paradoxe.
Les francophones ont gagné
beaucoup de droits ces dernières
années. On pense par exemple
aux conseils scolaires, qui ont
été acquis il y a une quinzaine
d'années. Il y a eu aussi la loi
8 qui a été mise en place en
1986 et qui assure des services
en français. Mais
paradoxalement, il y a un
sentiment de déclin dans la
francophonie.
Alors, il y a un déclin, tout
d'abord, qui est démographique.
On sait par exemple qu'à
Sudbury, il y avait
28% de francophones, selon
Statistique Canada, en 1996.
Et là, ils ne sont plus que 27%,
selon le dernier recensement de
2011.
Et un autre aspect, aussi, qu'il
faut bien retenir, c'est la
baisse de la représentation
politique des élus francophones.
Il y a de moins en moins de
représentants francophones, et ça,
c'était le reproche qui avait été fait,
par exemple, à la municipalité
d'Ottawa, où on parlait avant
d'un caucus francophone,
avec Jacques Legendre, Michel
Bédard, avec M. Bellemare. Et
maintenant, il y a beaucoup
moins d'élus qui sont capables
de parler en français.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Communauté francophone du
Grand Sudbury vient justement
d'achever une telle consultation
sur son avenir. Quelles sont les
grandes lignes de cette
réflexion?
SÉBASTIEN PIERROZ
Eh bien, trois grandes lignes
ont été mises en place la
semaine dernière. Premièrement:
attirer les jeunes. On sait que
beaucoup de jeunes de Sudbury
quittent la ville pour Ottawa ou
pour, éventuellement, Toronto. Ils
ne reviennent pas, ces jeunes
diplômés, donc c'est un gros
problème.
Deuxièmement, il y a un grand
axe qui a été débattu, c'est
donner à Sudbury une importance
francophone, on va dire une
place de la francophonie,
quelque chose qui distingue la
francophonie à Sudbury. Et là
encore, on a reparlé du dossier
de la Place des Arts. C'est un
dossier qui n'avance pas trop
depuis plusieurs années, et il a
été remis, on va dire, sur la
table.
Et le troisième point, c'est
trouver, on va dire, un fait
francophone à Sudbury, et peut-
être justement dynamiser la
démographie. On l'a dit, la
démographie ne se porte pas
vraiment bien dans le Nord.
Donc, il y a tous ces dossiers-là
sur lesquels on aimerait travailler
pour les années à venir.
On s'est donné une date
de réflexion.
Ça sera en 2020, où là, on va de
nouveau s'asseoir, sous
l'impulsion du comité directeur,
pour voir si ces grands axes ont
été respectés.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
À Ottawa aussi, il y a des
États généraux qui viennent de
prendre fin après trois, quatre
années de remue-méninges. Quelle
conclusion est-ce qu'on peut
tirer de ce côté-là?
SÉBASTIEN PIERROZ
Bien, finalement, on a vu tout
un dossier qui a été piloté par
les cinq comités qui avaient été
mis en place consécutivement aux
États généraux. Et parmi ces
comités, on notait le comité sur
le bilinguisme, un comité sur la
représentation, et un autre sur
l'inclusion.
Pendant plus de deux ans, donc,
des groupes de citoyens qui ont
porté un peu ces comités, ces
groupes de travail, et
finalement, le dossier est
envoyé à l'ACFO. L'ACFO qui sera
en charge de faire le suivi et
qui s'en servira en guise de
recommandation pour le futur de
la francophonie à Ottawa.
Mais déjà, ce qu'on peut dire,
c'est que ce suivi a été quand
même difficile au niveau des
États généraux. Deux choses: le
décès, en premier lieu, de
Claudette Boyer en février 2013.
Elle était la directrice
emblématique de l'ACFO d'Ottawa.
Et puis, aussi, c'est que
beaucoup de retards ont émaillé
ces comités.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
On en parlait d'entrée de jeu,
le concept d'États généraux est
de plus en plus utilisé dans la
francophonie canadienne. Mais
est-ce que la formule porte ses
fruits?
SÉBASTIEN PIERROZ
Bien oui, François Pierre, on
peut dire quand même que ça a
porté ses fruits.
Ça a permis un renouveau
de la communauté francophone. On
l'a vu à Sudbury et à Ottawa,
les francophones se sont
mobilisés. D'autre part, en
2012, il y a eu les États
généraux à Ottawa, et on a vu le
débat sur le bilinguisme
officiel à la ville qui s'est
intensifié, quand même, depuis.
Mais il y a quand même eu des
déceptions. Et là, on peut dire
finalement que les États
généraux n'ont pas porté les
espoirs attendus. Il y a eu
quand même que 200, entre
guillemets, francophones qui
étaient présents en 2012 à
Ottawa pour les États généraux.
C'est quand même beaucoup moins
que les 10 000 qui étaient au
parc Lansdowne pour la
sauvegarde de l'Hôpital
Montfort. C'était en 1997.
Et puis, il y a toujours le
problème: est-ce que ces États
généraux ont une véritable
résonance au niveau des
ministères?
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Qu'est-ce qui manque, selon
vous, pour rendre la réflexion
encore plus féconde?
SÉBASTIEN PIERROZ
Bien, il manque deux, trois
choses, quand même, François
Pierre. Et selon moi, la
première chose, c'est l'argument
économique. On sait que beaucoup
de conseillers municipaux, par
exemple à Ottawa, disent: "Oui,
peut-être le bilinguisme
officiel, mais on ne sait pas
combien ça coûte, on ne sait pas
combien il faut dépenser
d'argent pour cela, et ce sera
peut-être quelque chose qui va
coûter cher." Mais en deux ans
de travail de suivi des États
généraux à Ottawa, il n'y a
jamais eu une étude qui démontre
combien ça va coûter, le
bilinguisme officiel.
Après, le deuxième argument,
c'est au niveau des élections,
et la francophonie a été,
malheureusement, totalement
absente des débats. Ça avait
même été dénoncé par l'Assemblée
de la francophonie de l'Ontario,
qui avait dit que ce n'était pas
normal. Et assez paradoxalement,
il y a quand même eu un petit
espoir; c'était il y a quelques
jours. On sait qu'en ce moment,
il y a la course au leadership
chez les progressistes-
conservateurs, et, on va dire,
une proposition pour les
francophones; elle est venue de
la progressiste-conservatrice
Christine Elliott, qui s'est
prononcée en faveur de
l'enchâssement des droits des
francophones dans la
Constitution canadienne.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
Merci, Sébastien.
SÉBASTIEN PIERROZ
Merci, François Pierre.
Transition
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
(S'adressant au public de l'émission)
Il y a des enjeux politiques
ou linguistiques que vous
aimeriez qu'on aborde à
l'émission?
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Et n'oubliez pas de consulter
tous les jours notre site
d'information au: tfo.org/onfr.
Voilà ce qui conclut cette
émission de #ONfr.
On se retrouve jeudi prochain.
Au revoir.
Générique de fermeture
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