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Vidéo transcription
Dubreuilville, une histoire à raconter
Jusqu’en 1985, le village forestier de Dubreuilville, à 300 km au Nord de Sault-Sainte-Marie, était un village francophone… privé, propriété de la compagnie forestière Dubreuil Brothers.
À partir d’archives et de photographies familiales, le petit fils de l’un des fondateurs de Dubreuilville Patrice Dubreuil et l’historien Serge Dupuis nous racontent l’histoire incroyable des quatre frères pionniers de l’industrie forestière qui ont fondé le village. Un récit passionnant qui a donné lieu à un livre, Les Dubreuil et le bois, publié aux éditions Prise de parole.
Réalisateur: Eric Bachand
Année de production: 2019
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Une photo hivernale d'une rue de Dubreuilville, prise dans les années 70, est présentée.
Des photos de PATRICE DUBREUIL de l'enfance à l'adolescence défilent.
PATRICE DUBREUIL
Quand je me présente
aux gens: Patrice Dubreuil
de Dubreuilville, il y a
toujours un petit sourire.
«T'as un village qui est nommé
avec ton nom.» «Oui,
c'est mon grand-père et puis
ses frères qui ont fondé
le village de Dubreuilville.»
Une vue aérienne de la petite municipalité de Dubreuilville est présentée.
Titre :
ONFR+
Titre :
SOCIÉTÉ
D'autres photos d'époque de la ville défilent.
PATRICE DUBREUIL
Puis il y a d'autres gens
qui vont dire: «Moi,
je suis allé travailler là.»
«Vraiment?» «Oui, en 1972,
j'ai fait mon été là.»
J'ai rencontré tellement
de gens dans ma vie qui ont
passé à Dubreuilville.
Ça m'émerveille tout le temps.
Pour un petit village qui était
pas sur la carte, qui était
pas bien connu, je pense
qu'on était connus en coulisses.
Divers articles de journaux retracent les faits saillants de Dubreuilville. Une photo de la tante de PATRICE DUBREUIL suit.
PATRICE DUBREUIL
La genèse du livre, ça a été
commencé au tout début par ma
tante Pâquerette, alors la sœur
des quatre frères. Elle était
plus ou moins comme archiviste
impromptue qui a ramassé
au fil des années des coupures
de journaux, des photos,
des lettres.
(Une multitude d'images, de lettres et d'articles défilent.)
PATRICE DUBREUIL
Alors, il y a eu
tout un amalgame d'informations
que ma tante avait cueillies.
Puis il y avait toujours eu
l'intention d'écrire l'histoire.
Et puis ma tante, elle avait
commencé à faire ça et elle
est tombée malade. Alors,
je suis allé la rencontrer et je
lui ai dit: «Écoute, est-ce que
je peux prendre ton document
parce que j'aimerais qu'on
le finisse.» Et je lui avais
carrément dit: «Écoute, je vais
aller embaucher quelqu'un.»
Des bribes de passages du livre s'affichent.
PATRICE DUBREUIL
Il y a des experts qui
s'y connaissent, comment
faire la recherche, etc.,
pour peaufiner ce que t'as et
aller chercher d'autres choses
qui te manquent, etc.»
La couverture du livre est présentée avec le titre: «Les Dubreuil et le bois, une histoire de Dubreuilville»
SERGE DUPUIS, coauteur du livre, témoigne.
SERGE DUPUIS
Quant à la question
des défis d'une commande
comme celle-là, c'est que
la démarche est différente.
Une foule de documents papier sont montrés.
SERGE DUPUIS
La majorité des documents
qui ont été utilisés proviennent
de fonds familiaux privés,
ce à quoi un chercheur
externe n'aurait pas
nécessairement eu accès.
Mais il y a aussi le processus
de révision et des révisions
qui sont effectuées avec
des membres de la famille
qui vont soumettre leurs
commentaires, qui vont soulever
des problèmes, mais aussi
suggérer des conclusions.
Et on a besoin de garder
une certaine distance.
Plus d'images d'archives défilent.
PATRICE DUBREUIL
L'histoire, c'est l'histoire de
Dubreuilville, mais c'est aussi
l'histoire des quatre frères
Dubreuil. Pourquoi ils ont voulu
construire un village en forêt
et de bâtir une communauté selon0
leur façon de voir les choses et
qui ont su surmonter toute cette
adversité-là qui existait dans
le domaine de la foresterie.
Tu sais, je veux dire: il y a
eu des feux, il y a eu
des accidents, il y a eu des
difficultés de négociation, il
y a eu toutes sortes de choses.
SERGE DUPUIS
Ce qu'il faut comprendre, c'est
que les frères
Dubreuil sont arrivés dans
le nord de l'Ontario en 1948
en acceptant un travail de
récolte de bois calciné dans
la vallée de la Mississagi.
De nombreuses images des années 50 montrant la récolte de bois sont présentées.
PATRICE DUBREUIL
Les grandes compagnies de bois
ne voulaient pas s'aventurer à scier du bois brûlé.
Eux autres, ils voyaient ça
comme peine perdue, qu'il
y avait pas d'argent à faire.
Alors, le gouvernement a
embauché beaucoup de petites
compagnies. Ils étaient quatre;
ils se divisaient les tâches.
Il y en avait un qui opérait
un moulin à un endroit, un autre à un autre endroit et l'autre
qui faisait la transaction. Et ils s'échangeaient ça.
SERGE DUPUIS
C'était des gens qui étaient croyants aussi, donc ils se disaient: s'ils
travaillaient très fort que
Dieu allait les remercier.
Et puis, c'était une époque de
l'après-guerre où, finalement,
tout était en croissance et
puis tout semblait possible.
Finalement, on pouvait se lancer
dans ce qui nous apparaît
aujourd'hui comme étant
une folle aventure et réussir.
Diverses images montrant l'évolution de l'entreprise défilent chronologiquement.
PATRICE DUBREUIL
Ils innovaient pour subvenir à leurs besoins.
En 1957, mon oncle Augustin a
mis sur pied une machine qu'il a
appelée le Sputnik. Et puis,
cette machine-là était capable
de prendre un arbre en pleine
longueur au moulin. Ça, c'était
quelque chose d'innovateur.
Tellement que les autres moulins
de l'Ontario et du Québec
sont venus dans les années 60
visiter les opérations
des frères Dubreuil pour voir
comment ils s'y prenaient.
SERGE DUPUIS
Ils ont pu développer leurs habiletés
à la fois comme spécialistes
de la récolte du bois, mais
aussi en tant qu'entrepreneurs,
au point où ils ont pu
fonder un village privé
qui nourrissait 1100 bouches
au bout d'une décennie.
Des images montrent l'agrandissement de la municipalité en vue aérienne.
PATRICE DUBREUIL
En grande majorité, les gens venaient
du Québec, parce qu'ils avaient
un frère, un beau-frère,
une sœur qui y travaillait.
On entendait parler de
ce petit village forestier
où on pouvait faire de l'argent.
Une brochure de l'époque est présentée. Il y est écrit: «Le royaume des frères Dubreuil, Dubreuilville à la fois village et industrie.»
PATRICE DUBREUIL
Faut comprendre que
Dubreuilville ne figurait pas
sur la carte de l'Ontario.
Ça a été un village
privé de 1960 à 1978.
SERGE DUPUIS
Les Franco-Ontariens qui se sont
retrouvés là ont parfois eu
l'impression de déménager
au Québec parce que les
Franco-Ontariens avaient
tendance à être davantage
bilingues, peut-être oscillaient
un peu plus entre deux cultures,
alors que Dubreuilville
restait un milieu francophone
quasiment unilingue.
Plusieurs enseignes de la compagnie en français puis d'autres en anglais sont montrées
PATRICE DUBREUIL
Leur compagnie a été
enregistrée les Frères Dubreuil.
Un moment donné, ils ont choisi
de changer leur nom à Dubreuil
Brothers parce qu'ils devaient
transiger en anglais avec
le gouvernement et le ministère.
Tellement que quand il y avait
des négociations, on utilisait
un dictionnaire anglais-français
à même la discussion, parce que
t'avais quatre francophones qui
négociaient avec le ministère
qui était seulement qu'anglo.
Puis faire certain qu'on
avait un bon contrat,
fallait faire certain qu'on
communique comme il faut.
Quelques exemples de correspondances en français de la compagnie sont présentés.
PATRICE DUBREUIL
Le journalier, c'était fait
en français, dans le moulin,
c'était en français. Ça a pris
du temps avant qu'il y ait eu
des anglos. Et puis,
on dit dans le livre que
les anglophones, c'est nous
qui les avons assimilés.
Tellement qu'un moment donné,
ils ont dû rêver en français.
SERGE DUPUIS
Pour ce qui est de la manière qu'on voyait Dubreuilville de l'extérieur,
une ville forestière ou privée,
il y a pas de municipalité. Les
maisons et le magasin général
appartiennent tous à la famille.
Il y a une barrière qui contrôle
les arrivées et les départs.
Il y avait peu de liquidités qui
circulaient dans la localité.
C'est vrai qu'il y en a
qui trouvaient ça parfois
contraignant ou étouffant
que la compagnie soit roi et
maître. Mais finalement, il y
avait autre chose. C'est que
finalement, on s'occupait des
besoins fondamentaux des gens et
qu'on vivait bien dans tout ça.
Des images d'archives montrent l'église de Dubreuilville.
SERGE DUPUIS
C'était aussi parce qu'il y a
pas grand monde qui aurait voulu
faire ça. La province n'allait
pas fonder le village.
La famille Dubreuil qui voulait
le faire parce qu'elle
se disait que ce milieu-là,
au plein milieu des concessions
potentielles que la compagnie
pourrait avoir, serait
propice à une vie familiale
au lieu de faire du travail
en exil. Donc finalement,
il y avait une question
très pragmatique
à la base de tout ça.
PATRICE DUBREUIL
On parle d'entrepreneurs, mais jamais
entrepreneurs avec le cachet
monétaire comme la fin ultime.
C'était beaucoup plus
le bien-être communautaire.
Divers exemples de la vie en communauté de Dubreuilville sont présentés en images.
PATRICE DUBREUIL
Tout le monde retient
une perspective différente
de Dubreuilville parce que
l'angle est différent pour
tout le monde, alors c'est pas
tout le monde qui a vu ça de la
même façon. Par contre, c'est
l'histoire de quatre frères
qui ont persévéré, qui ont fondé
un petit village qui a
apporté beaucoup de bonheur
à plusieurs personnes. C'est ça
qui est l'histoire de base.
Tu leur aurais demandé
aujourd'hui: «Serais-tu prêt
à recommencer?» et je suis
certain qu'ils diraient oui.
Ça valait la peine.
Générique de fin.
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