TFO 24.7
TFO 24.7, le nouveau regard francophone. Un magazine qui divertit, informe et commente les découvertes sociales et culturelles de notre francophonie canadienne. TFO 24.7 met à l'avant-scène les artisans, les artistes, les jeunes, les entrepreneurs, les leaders et toutes celles et ceux qui font vibrer notre francophonie d'un bout à l'autre du pays. Reportages, chroniques, entrevues, humour, opinions, une émission qui pose un regard authentique sur notre identité franco-canadienne.


Vidéo transcription
Daniel Lessard : Anecdotes d'un journaliste
À titre de chef de bureau sur la colline Parlementaire, Daniel Lessard a suivi les premiers ministres du Canada Pierre Elliott Trudeau, Brian Mulroney et Jean Chrétien dans leurs déplacements à travers le monde. Quel type de relation un journaliste occupant ce poste développe-t-il avec le chef du gouvernement? Comment ces hommes politiques agissent-ils avec les journalistes qui les accompagnent? Racontant quelques anecdotes de sa très longue carrière, Daniel Lessard dépeint certaines caractéristiques de leur personnalité.
Réalisateur: Caroline Leal
Année de production: 2015
video_transcript_title-fr
Titre :
TFO 24.7
Titre :
Anecdotes d'un journaliste
DANIEL LESSARD, journaliste et ex-chef de bureau parlementaire est assis sur le Divan et raconte.
Tout au long de la capsule, des photos d'archives défilent pour ponctuer les propos ou pour les illustrer.
DANIEL LESSARD
Je suis arrivé sur la colline
parlementaire en 1979. Les
élections, réélection, retour
de Pierre Elliot Trudeau. Et
à partir de là, je me retrouve,
du jour au lendemain, pour
des raisons que je vous
expliquerai pas, chef de bureau.
Un chef de bureau,
principalement, suit le premier
ministre du Canada partout où
il va. S'il va en Chine, s'il va
en Asie, s'il va à Baie-Comeau,
à North Battleford en
Saskatchewan, tu y vas aussi.
J'ai suivi le premier ministre
Trudeau pendant tout son dernier
mandat. Rapatriement de la
Constitution et sa mission
de paix. J'ai fait un premier
tour du monde avec Pierre Elliot
Trudeau. Arrive Brian Mulroney.
J'ai couvert les neuf années et
deux mandats de Brian Mulroney.
Encore là, plein d'événements
importants: Meech,
Charlottetown, la TPS,
le libre-échange avec les
États-Unis. Et j'ai fait ça
aussi jusqu'aux deux premières
années de Jean Chrétien,
avant de devenir chef
de bureau, animateur à RDI.
La relation avec un premier
ministre, c'est avant tout une
relation professionnelle. C'est
très rare que tu peux établir
une relation dite d'amitié avec
un premier ministre. Ils ne vont
jamais jusque-là, et toi,
tu ne veux pas aller
jusque-là non plus.
La première fois que je suis
allé à une conférence de presse
du premier ministre Trudeau,
le père m'a dit: "Pose-lui
une question pour qu'il te
connaisse, qu'il sache qui tu
es. Ça va être bon pour la suite
des choses." Je pose ma question
qui était pas très lumineuse,
je l'avoue. Et là, il me regarde
et il me dit, comme ça:
"Connaissez-vous Léon Blum?"
Je savais vaguement que c'était
un syndicaliste, un écrivain
de gauche, français, mais je le
connaissais pas du tout. Je me
suis dit: Si je dis oui, il va
me poser une question, je saurai
pas la réponse, j'aurai l'air
niaiseux, et si je lui dis non,
je vais avoir l'air niaiseux
aussi. Alors, je ferme ma boîte.
Là, il me regarde. Ça m'a paru
une heure, mais sur la cassette
après, ça durait sept secondes.
Il s'est levé et il a dit:
"Au suivant." Alors, c'était mes
débuts avec Trudeau. On savait
tous qu'il n'aime pas beaucoup
les journalistes. Il était
revenu pour sauver le Canada.
Il était là uniquement pour un
mandat. Il avait rien à perdre.
Il se foutait de nous carrément.
Et, moi... Chaque fois qu'il y
avait une conférence de presse,
j'y posais ma question même si
il trouvait ça pas intéressant.
Mais il m'a toujours répondu
par la suite. Mais j'ai jamais
senti qu'il avait pour moi
une profonde admiration.
Et pour aucun des journalistes
qui travaillaient avec
nous, à ce moment-là.
Brian Mulroney a été ma période
faste parce que pendant neuf
ans, j'ai côtoyé beaucoup
Brian Mulroney. Avec Mulroney,
la seule difficulté, c'est qu'il
était très rancunier. Il aimait
beaucoup qu'on l'aime. Mais
quand on faisait un reportage
qu'il aime pas, il nous
le faisait savoir et pas à peu
près. Dans chacun des points
de presse, il lançait presque
tous les jours... C'est
toujours lui qui désignait les
journalistes qui devaient poser
des questions qui pouvaient
poser des questions, et j'étais
toujours un des deux premiers.
Moi ou le journaliste de CBC.
J'avais toujours droit à ma question.
Des fois deux, même
parfois trois, ce qui faisait
rager les autres, mais bon.
J'avais toujours, parce que
Mulroney aimait passer à la télé
et il savait que s'il répondait
à mes questions, il passerait
à la télé, le soir.
Sauf que quand tu faisais
un reportage qu'il aimait pas,
il boudait et là, tu ne pouvais
plus lui poser de questions. Ça
pouvait durer deux jours, deux
semaines. Ça a déjà duré trois
mois. Un reportage qu'il avait
vraiment pas aimé, et il me
l'avait fait savoir très clairement.
Jean Chrétien, c'était le
politicien "politicien". Il
disait des fois, Jean Chrétien:
"Moi, j'ai pas besoin de lire
2000 pages de documents.
Quand je sors du 24, Sussex,
le matin, je mouille mon doigt,
je le mets en l'air. Je sais d'où vient
le vent et je sais ce que j'ai
à faire. Je nomme des ministres.
S'ils font pas leur job, je vais
les remplacer." Quand il aimait
pas, et c'est arrivé, moi,
une histoire spectaculaire
d'un piano. J'avais fait un
reportage où je m'étais trompé,
et bon, je m'étais excusé, mais
il avait été furieux, féroce. Il
m'avait engueulé comme c'était
pas possible. Mais une fois
que c'était fini, il passait
à autre chose.
C'est une carrière au-delà
de mes espérances.
Ce que j'ai aimé le plus, c'est
que un: ça m'a fait découvrir,
dans un premier temps,
le Canada. Deuxièmement, ça m'a
permis de faire le tour du
monde, ce que j'aurais jamais
fait par moi-même. Je suis allé
au Bangladesh, par exemple, au
Zimbabwe. Tu sais, il y a pas
grand touristes qui vont là.
On était un très petit groupe
de reporters dits "seniors",
et c'était quelque chose
d'exceptionnel. Il y a toujours
des gens derrière toi qui
auraient bien voulu avoir ton
job, donc il fallait toujours
que tu gardes un oeil derrière
toi, mais je peux pas dire qu'il
y a eu des tentatives démesurées
pour me poignarder dans le dos.
DANIEL LESSARD se lève et quitte le studio.
Épisodes de TFO 24.7
>Choisissez une option de filtrage par âge, fiction, ou saison
-
Catégorie Saison
-
Catégorie Divertissement
-
Catégorie Documentaire
-
Catégorie Éducation
-
Catégorie Fiction
-
Catégorie Musique
-
Catégorie Reportage