Voyage à travers les couleurs
Jaune, rouge, bleu, vert... Les couleurs sont souvent ce qui nous frappe quand nous découvrons un pays. Pourquoi le jaune et l'or sont-ils autant utilisés dans la décoration des temples ? Comment le pigment bleu qui colore les étoffes est-il produit ? Notre oeil est d'abord attiré par des teintes vives ou inhabituelles : celles d'une rivière ou une fleur rare, de costumes traditionnels ou d'un accessoire banal. Et pourquoi pas explorer un pays à travers ce prisme?


Vidéo transcription
La Chine en jaune
Le jaune est de loin la couleur la plus chargée de symboles en Chine. Une teinte dorée, tirant parfois sur l’ocre, ou rappelant l’écorce du citron. Le jaune, c’est d’abord la couleur d’un fleuve emblématique. Le Huang He, ou Fleuve jaune mais aussi celle réservée à l’empereur ou encore à l’érotisme.
La couleur se fait plus ocre lorsqu’on se retrouve au début de la grande muraille, à 3 heures de Pékin. Liang Quingli qui habite la région depuis sa naissance s’est fait un devoir de la sauvegarder.
En Chine centrale on découvre ces villages aux maisons troglodytes, qu’on appelle Yaodong, dont les murs d’un beige doré se dressent à travers tout le plateau de Loess. Dans la région du Shanxi, les touristes chinois viennent nombreux admirer les spectaculaires chutes d’eau de Hukou, d’une belle couleur mordorée grâce aux sédiments chariés par les eaux depuis les hauts plateaux.
Année de production: 2016
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Plusieurs paysages défilent en rafale en introduction.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Les couleurs, voilà ce qui
nous frappe d'emblée
lorsqu'on découvre la Chine.
Une succession de détails défilent pour illustrer le propos de la narratrice.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Notre oeil est d'abord attiré
par les teintes vives ou plus
subtiles: la couleur d'un
fleuve, l'éclat d'une fleur,
d'une sculpture, d'un monument,
d'un costume traditionnel
ou d'un objet précieux.
Alors, pourquoi ne pas explorer
la Chine à travers le filtre
d'une couleur?
De nouveaux paysages défilent.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Dans la culture chinoise,
le jaune est tour à tour symbole
de gloire, de fertilité, de
sagesse, mais aussi d'érotisme.
Partons à la découverte
de la Chine à travers
la couleur jaune.
Les visages des personnes qui interviendront dans cet épisode se succèdent.
Générique d’ouverture
Titre :
Voyage à travers les couleurs
Titre :
La Chine en jaune
Le soleil se lève sur une pagode et colore le ciel en jaune.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Le jaune est de loin la couleur
la plus chargée de symboles
en Chine. Une expression affirme
même que le jaune génère le yin
et le yang, mettant le jaune au
centre de toutes les couleurs.
Le jaune est donc devenu la
couleur de l'homme qui se situe
pour les Chinois au centre
de l'univers, l'empereur.
Différents aspects de la pagode dont des silhouettes de gargouilles qui bordent les balcons à chaque étage se découpent dans le doré du soleil levant. Un dragon grimpé sur un toit de pagode menace Pékin qui se profile au loin.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Tout comme le soleil, il est
au centre du ciel. À partir
du seizième siècle, Pékin devient
la capitale de la Chine
et la couleur jaune,
la couleur exclusive
de la famille impériale.
Sur les rebords des toits de la Cité interdite, les dragons et les bêtes féroces enluminés d’or sont autant de gardiens de la cité. Ensuite, les multiples détails des bâtiments qui composent la Cité interdite sont présentés.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Un siècle plus tard, les
empereurs chinois ont leur
résidence, la Cité interdite.
Située au centre de Pékin,
elle couvre un quadrilatère de
72 hectares, dont 50 de jardins.
Selon la légende, elle
compterait 9 999 pièces.
Dans une salle intérieure constituée de colonnes alignées, le soleil illumine toutes les dorures et façonne les motifs en créant des ombres au travers des volets ciselés.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Le chiffre 9 chez les Chinois
est symbole de longévité.
La construction de la Cité
interdite dura 14 ans et plus
d'un million d'ouvriers
travaillèrent à son édification.
Avant 1924, année où elle a été
ouverte au public, seuls
l'empereur et sa cour avaient
le droit de s'en approcher
et de la regarder.
Le détail des dorures ornant les toits de la grande salle est présenté. Puis une modélisation de la cité interdite se confond aux multiples toits des bâtiments qui la composent, le tout aux premières lueurs du jour.
Quelque part en ville, un moine vêtu de jaune et de rouge marche en souriant. Les Pékinois déambulent dans leur ville. La rivière Yong Ding traverse aussi la ville en permettant la visite de différents quartiers. Des femmes dansent sur une place publique. Ailleurs, la circulation est dense et les triporteurs se faufilent entre les voitures pour quitter les quartiers pittoresques vers la cité nouvelle où des édifices plus contemporains se dressent. Une voiture sort de Pékin et circule dans un brouillard dense. La voiture roule en bordure d’une forêt de bambous. Une carte de la Chine apparaît pour situer Pékin au nord-est et cibler la nouvelle destination : Gianxi.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
À trois heures de route
au nord-est de Pékin
se trouve la Grande Muraille.
Encore dans le brouillard, près des pentes enneigées, se dessine subtilement la Grande muraille. Les détails des pierres qui composent ses murs apparaissent.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Plus de 6000 kilomètres érigés
au nord du pays pour se protéger
des invasions mongoles.
C'est ici, dans la province
de Hebei, que se trouve
sa partie la plus ancienne.
Elle est essentiellement
constituée de pierres de loess,
une roche sédimentaire jaune
formée par accumulation
de limon.
La construction de la Grande
Muraille commence au troisième siècle
avant Jésus-Christ. Et il faudra
deux millénaires pour
qu'elle soit achevée.
Aujourd'hui, sous l'action
de l'activité humaine et de
l'érosion, elle se dégrade.
Un homme marche sur un sentier enneigé de la muraille.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Liun Qin Li habite la région
depuis sa naissance.
Il s'est donné pour mission
de sauvegarder la Grande
Muraille dont il connaît
le moindre secret.
Un rayon de soleil frappe le mur et LIUN QIN LI pose sa main sur la pierre pour pointer la couleur jaune qui s’en dégage.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Vous voyez cette
couleur? Elle est magnifique
quand le soleil illumine ces
briques. Regardez son reflet.
On dirait de l'or!
Les murs sont construits avec
des briques faites à partir de
riz gluant, de chaux, de loess
et de grès. La couleur de
ces briques est très similaire
à celle de la montagne et des
alentours. à l'époque, ceux
qui construisaient la muraille
utilisaient les matériaux
trouvés sur place.
Le soleil se lève lentement dans la contrée brumeuse et lentement les montagnes se dessinent au loin.
LIUN QIN LI explore les moindres recoins de la muraille et débroussaille ses contours en ramassant les pierres libérées par l’érosion. Il trouve une brique percée et l’examine.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Regardez ce que j'ai trouvé!
On appelle ça une
(langue_etrangere=ZH]shilei[/langue_etrangere)
,c'est une grenade ancienne.
On mettait la poudre avec
une mèche et on la jetait
depuis la muraille.
Cette arme «shilei» date
de la dynastie Ming il y a
une centaine d'années.
Parfois, je vais sur
la muraille pour essayer
d'en trouver. Je cherche dans
les rochers ou dans les champs.
LIUN QIN LI fouille son sac et sort une pierre lisse gravée.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Ce matin par exemple, j'ai
trouvé ça à côté d'une tour
en bas. C'est un fragment
de stèle avec des caractères.
Il est très beau.
LIUN QIN LI reprend le chemin de la muraille et marche vers une des tourelles qui la composent.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Venez!
Venez, suivez-moi. D'ici,
on peut voir une deuxième
tour de guet, là-bas
avec les arbres.
Sur le toit d’une des tours, la végétation a fait sa place, il y pousse même des arbres.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
À l'époque, on signalait
l'ennemi depuis les tours avec
de la fumée. Quand on repérait
les ennemis, on criait: «Des
ennemis approchent!». Du coup,
les soldats voyaient la fumée,
ils se dépêchaient de
se rassembler dans cette tour
et ils organisaient le combat
contre les envahisseurs.
Les détails des tours et des murs qui les bordent sont présentés.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Chaque tour de guet est reliée
par un mur de protection
mesurant 6 à 7 mètres de hauteur
et 4 à 5 mètres de largeur.
Il permettait aux soldats
de se déplacer rapidement
et en grand nombre.
À l’intérieur d’une des tours, LIUN QIN LI fait visiter.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Ici, nous sommes
au rez-de-chaussée
d'une tour à deux étages.
Imaginez un toit avec des tuiles
au-dessus de nos têtes.
Venez par là.
(S’approchant d’une ouverture)
Là, c'est une meurtrière.
Avant, il y avait une cloche
pour sonner l'alerte.
À tour de rôle, les soldats
étaient postés ici.
Ils montaient la garde
et guettaient l'ennemi.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Cette partie, la plus
ancienne, a longtemps été
laissée à l'abandon. Ses pierres
ont même été utilisées
pour des constructions pendant
la révolution culturelle.
Sur la façade d’une tourelle, des couches de briques ont été retirées à partir de sa base vers le haut.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Depuis plus d'un siècle,
la Grande Muraille n'a plus
aucun usage militaire.
S'il ne devait rester
qu'un soldat pour la défendre,
Qin Li serait celui-là.
LIUN QIN LI marche sur le sentier enneigé entre les herbes hautes séchées. Il parcourt la partie de la vieille partie de la muraille comme un gardien silencieux.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Depuis dix ans, il travaille
au sein d'une ONG qui lutte pour
la préservation de la Grande
Muraille de Chine.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
(S’adressant à des visiteurs)
Bienvenue aux limites
frontalières de la Grande
Muraille de Chine de Tangshan.
Aujourd'hui, avec la brume,
c'est encore plus beau.
Messieurs, Dames, quand vous
visitez la Grande Muraille,
faites attention à ne pas
laisser traîner de déchets pour
ne pas gâcher ce beau paysage.
Je compte sur vous pour faire
le nécessaire pour préserver
ce monument exceptionnel
de notre patrimoine culturel.
Le groupe de visiteurs applaudit les propos de LIUN QIN LI
VISITEUSE
(Propos traduits du chinois)
Merci. Nous
tiendrons compte de ce conseil.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Cette muraille, c'est un peu
comme une personne âgée.
Elle est très fatiguée.
LIUN QIN LI s’éloigne en sillonnant le sentier mal entretenu.
LIUN QIN LI
(Propos traduits du chinois)
Quand je ne pourrai plus bouger,
je souhaite que mes enfants
poursuivent mes efforts
et qu'ils préservent cette
merveille architecturale qu'est
la Grande Muraille de Chine.
Un soleil jaune perce la brume au-dessus du sommet d’une montagne.
Les salles d’un aéroport grouillent de vie. Les passagers surveillent leurs téléphones en attendant les départs. Sur le tarmac, d’autres voyageurs montent à bord d’un avion qui survole ensuite une région très montagneuse. La carte de la Chine apparaît et montre le trajet qui part de Gianxi vers Lijiashan à l’ouest.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Dès l'Antiquité, le jaune est
associé à un élément, la terre.
Cette terre jaune avec laquelle
la Grande Muraille a été
construite, on la retrouve
partout dans le nord de
la Chine et notamment, dans le
village de Lijiashan, un village
de maisons troglodytes.
Les maisons construites à flanc de montagne semblent s’incruster dans le paysage avec une harmonie déconcertante. Les toits deviennent terrassent et la végétation s’installe sur chaque niveau de ce village escarpé.
Aux abords du village, des peintres fixent leur vision de ce décor inusité sur leur toile.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Des centaines de peintres venus
de toute la Chine se réunissent
ici pour essayer de fixer sur
leurs toiles toutes les nuances
de jaune qu'offrent ces maisons
creusées dans la montagne.
Sur un balcon, des lanternes flottent au vent. Dans une cour intérieure, une pierre ronde trône sur une table basse et attend le grain à moudre.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
La naissance du village remonte
à la dynastie Ming il y a
plus de cinq siècles.
Une des multiples peintres qui immortalisent ce décor témoigne de la splendeur des lieux.
PEINTRE
(Propos traduits du chinois)
Il y a beaucoup
d'éléments de la culture
chinoise ici.
La manière dont les maisons
sont agencées, décorées.
Tout ici raconte nos traditions.
C'est ce qui rend
ces maisons si belles.
Des détails de rigoles de pierre ciselées montrent le raffinement des constructeurs de ses maisons troglodytes.
PEINTRE
(Propos traduits du chinois)
Aucune de ces grottes
n'est identique. C'est
ce qui leur donne du charme.
Et c'est aussi ça qui donne
envie de les peindre.
Pendant qu’elle travaille, la PEINTRE explique ses techniques de peinture.
PEINTRE
(Propos traduits du chinois)
D'abord, j'utilise de l'encre
diluée pour dessiner
la structure puis je travaille
sur les couleurs.
Les maisons, sous les rayons
du soleil, notamment au lever
et au coucher, ont une gamme
de couleurs très étendue.
Et moi, ça m'inspire beaucoup.
Les peintres sont des dizaines à capter l’essence de ce décor. L’un d’eux travaille à l’encre. Il livre un témoignage.
PEINTRE 2
(Propos traduits du chinois)
Le village
se trouve sur les rives
du fleuve Jaune.
Sa topographie est différente
du reste de la Chine.
Ces grottes sont belles, car
elles sont restées primitives.
C'est précisément ce que nous
venons peindre. Leur structure
est unique, notamment
ces toits en saillie.
Les toits en saillies sont présentés avec leurs courbes subtiles et la végétation qui les côtoie.
PEINTRE 2
(Propos traduits du chinois)
Ce jaune unique est lié
au plateau du Loess et au fleuve
Jaune. Ce sont de grandes
étendues de terre jaune.
Mis à part le vert des arbres,
tout est jaune ici.
Les paliers de la montagne avoisinante semblent avoir été sculptés par des géants tailleurs de pierres.
Sur la palette du peintre, des couleurs primaires sont déposées.
PEINTRE 2
(Propos traduits du chinois)
Dans la peinture traditionnelle
chinoise, le jaune appartient
à la famille des ocres.
Le peintre colore son travail à l’encre jaune. Ensuite, il part avec son banc en remontant dans le village. CHEN observe son village depuis une pente voisine.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Chen est né dans ce village,
mais comme beaucoup d'autres,
il est parti pour la ville quand
il était en âge de travailler.
Il revient de temps en temps
pour aider sa mère qui a
reconverti leur maison
familiale en auberge.
CHEN marche sur une des rues taillées dans la pierre qui bordent le village. CHEN se tourne et guide les pas d’un visiteur vers les cours intérieures. La MÈRE DE CHEN accueille le visiteur.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Regarde qui je t'amène, maman.
MÈRE DE CHEN
(Propos traduits du chinois)
Bonjour!
Et bienvenue chez moi.
Dans la cour, la MÈRE DE CHEN place des tomates fraîchement cueillies dans un grand bol.
MÈRE DE CHEN
(Propos traduits du chinois)
Tenez. Goûtez mes tomates.
Elles sont sans engrais.
Des peintres sont assis dans la cour intérieure et prennent un thé en comparant leurs dessins.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Chen et sa mère accueillent
principalement des groupes
de peintres amateurs à qui
il arrive parfois de payer
leur séjour avec leurs oeuvres.
Quelqu’un feuillette un cahier de croquis. Ensuite, la cour se vide. CHEN fait visiter l’intérieur de la grotte qui sert de sa maison à sa famille. Il s’agit d’une grande pièce aux murs et au plafond arrondis, un peu comme un tunnel fermé.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Cette grotte a 101 ans.
Le plafond a été construit
avec des briques. Les enduits
ont ensuite été faits
avec de la terre.
Les murs aussi ont plus de
100 ans. Ils n'ont pas changé.
Le sol est dallé, tandis que les murs ont été lissés avec du plâtre ou de la chaux.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Sous nos pieds, le sol est aussi
fait avec des briques.
C'est impossible d'élargir
ou d'agrandir les pièces.
Si par exemple, on crée
un deuxième niveau,
la grotte s'affaisserait.
Ici, c'est à la fois la cuisine,
le salon et la chambre.
Tout est dans la même pièce.
L’ouverture fenestrée de la grotte est ornée de motifs géométriques qui créent une composition harmonieuse laissant passer la lumière du jour tout en protégeant des rayons crus du soleil.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
En hiver, l'épaisse couche
de terre au plafond permet
de conserver la chaleur. En été,
la terre isole également
très bien la chaleur. Du coup,
la température n'augmente pas.
Donc, il fait doux en hiver
et frais en été. C'est pour ça
que j'aime vivre ici.
En hiver, on peut utiliser
le poêle pour chauffer la pièce.
Dans le bas du mur du fond, un enfoncement creusé dans le sol sert de foyer.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
La chaleur est transmise au lit
également. En été, on n'a pas
besoin de climatiseur
ni de ventilateur.
CHEN sort de la grotte pour retourner vers la cour intérieure.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Sur chacune des portes
et des fenêtres, il y a
des inscriptions différentes.
À l’extérieur, les cadres de bois aux formes géométriques dessinent des caractères.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Ici, on peut lire les caractères
suivants: «Fortune, prospérité,
longévité, bonheur.»
Autrefois, les habitants
accordaient une grande
importance à ces symboles.
Sous les cadres de bois, des panneaux de tissus tendus et peints portent d’autres inscriptions.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Au fil des ans, les différents
architectes se sont efforcés de
conserver ce style. C'est aussi
ces symboles qui attirent
les touristes.
Le détail de ces motifs de bois est présenté. Ensuite, CHEN se dirige vers le portail qui mène à la terrasse qui fait aussi figure de chemin du village.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Quand on était petits, il y
avait toujours plein d'enfants
dehors. On était souvent
une dizaine, une vingtaine.
On traînait dans
tout le village.
On descendait de la montagne
et on allait chercher du maïs,
des pastèques, etcétéra.
Il fallait aussi qu'on porte
l'eau sur nos épaules.
On partait dans les montagnes en
petits groupes et on rapportait
l'eau au village.
Le village à flanc de montagne a la forme d’un fer à cheval, sur la rue-terrasse, CHEN est face à l’autre l’autre flanc de cette cuve naturelle où d’autres grottes sont devenues des maisons.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Pour le Nouvel An, on allait
de ce côté de la montagne.
On portait des baluchons
sur nos épaules et on allait
faire le marché.
Le chemin dallé longe une falaise escarpée, puis il se transforme en sentier dans un secteur plus végétal. CHEN arrive devant ce qui semble un mur taillé dans la terre. Des grottes y sont aménagées.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Je vais vous montrer un endroit
que seuls les habitants
du village connaissent.
Voilà. On y est.
Ces grottes ont plus de 600 ans.
Contrairement aux plus récentes,
elles n'ont pas de façade.
Ceux qui les ont aménagées
les ont directement creusées
dans la montagne.
CHEN se penche devant une minuscule fenêtre dont les cadres de bois semblent pétrifiés par le temps.
CHEN
(Propos traduits du chinois)
Malheureusement,
la terre s'est effondrée
et ça a bouché les grottes.
De retour à la maison, la mère de CHEN cuisine pour les peintres qui restent en pension. CHEN mange un peu plus loin dans la cour intérieure.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
La province Shanxi est
en train de classer le village
en site protégé, l'occasion
de freiner l'exode
de ses habitants.
Dehors les lanternes jettent un éclairage rouge au-dessus des portes des grottes.
Le matin se lève sur le fleuve Jaune.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Ces 20 dernières années, beaucoup
de villageois sont allés dans la
plaine sur les rives du fleuve
Jaune, là où l'activité
économique se développe
depuis des siècles.
Dans une rue d’un village fluvial, les habitants et les marchands entament leur journée.
Sur la rive, trois personnes montent dans une barque face à l’autre rive meublée d’une falaise escarpée et rocheuse.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Avec ses 5500 kilomètres
de long, le fleuve Jaune est
le deuxième plus grand fleuve
chinois. Son nom lui vient de sa
couleur boueuse liée à sa forte
teneur en loess et en limon
qui ont fertilisé les grandes
plaines du nord de la Chine.
Le détail des rives montre bien les dépôts jaunâtres laissés sur les pierres érodées par l’eau.
De nouveau, la carte de la Chine apparaît et une nouvelle ligne se trace pour passer de Lijiasha aux Chutes de Hukou vers le sud-est.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Les Chinois vénèrent ce fleuve
nourricier qu'ils considèrent
comme le berceau de leur
culture. Chaque année, ils sont
des millions à visiter
sa principale attraction,
les chutes de Hukou.
Dans une vallée entre les montagnes, le fleuve Jaune semble tomber littéralement dans une crevasse qui se perd dans les entrailles d’un sol creusé par l’eau. Cette formation géologique est d’autant plus impressionnante qu’elle fait place à de puissantes chutes d’eau. De part et d’autre, les touristes sont nombreux à admirer les forces de la nature.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Une particularité géographique
à l'endroit même où le lit
du fleuve Jaune passe de 300
à 50 mètres de largeur.
Les eaux jaunes se précipitent dans les profondeurs en créant un nuage de vapeur d’eau qui flotte au-dessus du torrent. Plus loin, de légères cascades fraient leur chemin sur des strates de pierres érodées par le temps.
Des habitants de la région, vêtus de couleurs vivent chevauchent des ânes qui portent des licous de fleurs toutes aussi colorées. Les touristes en profitent pour photographier ces gens venus d’un temps révolu. Chacun pose devant ce majestueux cours d’eau, comme pour immortaliser l’éternel. Après le passage des touristes, BIN HAO reste seul à contempler le grand fleuve.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Bin Hao s'occupe depuis 20 ans
du développement touristique
des chutes de Hukou.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
Pendant des années,
le nombre de touristes
n'a fait qu'augmenter. La raison
principale, c'est que le fleuve
jaune est surnommé «la mère de
la Chine», parce que le fleuve
Jaune a toujours apporté la
prospérité aux Chinois. Il est à
l'origine de notre civilisation.
Des enfants jouent sur les roches environnantes.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
En tant que Chinois, chacun a
envie de venir voir les chutes,
histoire de prendre le pouls
de notre mère à tous.
Les chutes d’Hukou sont présentées sur différents aspects.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
Les chutes d'Hukou constituent
la seule cascade jaune au monde.
Elles se distinguent des autres
cascades dont les eaux
sont plus limpides.
Les eaux jaunes transportent des sédiments et ne sont pas translucides.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
Ça peut paraître étonnant, mais
à sa source, le fleuve Jaune est
plutôt très clair, car son eau
provient de la fonte des neiges.
Après avoir traversé la Mongolie
intérieure, beaucoup de vase
s'ajoute à son eau. Voilà
d'où le fleuve Jaune tient
sa teinte si particulière.
On pourrait dire qu'aux chutes
d'Hukou, la couleur jaune
du loess et la teinte dorée
du fleuve se répondent,
s'illuminent mutuellement.
Pour nous, la couleur jaune
symbolise l'espoir.
Depuis toujours, pour les gens
d'ici, cette teinte représente
leur foi en l'existence.
BIN HAO se dirige vers une construction de briques près des chutes qui constitue l’entrée d’une grotte.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
Je vous emmène dans
la grotte du Dragon.
On dit que le fleuve Jaune
descend des hauteurs célestes.
À l’intérieur, BIN HAO descend dans la grotte qui s’ouvre sur une terrasse qui donne sur le bas des chutes. Vers les cascades la vapeur d’eau crée des arcs-en-ciel perpétuels.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
Même après 20 ans passés
à travailler sur ce site,
je ressens toujours
un sentiment très fort
envers les chutes d'Hukou.
Quand je me retrouve face à des
problèmes dans ma vie ou que je
n'ai pas le moral, je viens ici
près de la cascade.
Elle est si inspirante
qu'elle a le pouvoir
d'emporter tous mes soucis
dans les embruns montants.
De retour dans les entrailles d’un aéroport, il est temps de reprendre un vol qui survole les montagnes de Chine. La carte affiche le trajet qui mène plus à l’est vers Shanghai. Au petit matin, un moine bouddhiste marche dans la ville près d’un monastère.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Si au fil des siècles,
le jaune est devenu la couleur
du pouvoir, il a toujours été
très présent dans la religion
bouddhiste qui s'est imposée
en Chine dès le premier siècle
après Jésus-Christ.
Un temple orné d’or apparaît. Des moines se rassemblent près de l’entrée. Les détails des ornementations dorées des toits des bâtiments sont présentés.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
De nombreux temples dans le pays
en attestent. Le jaune,
considéré comme une couleur
venue du ciel, recouvre
les toits et les ornementations.
L'or représente la couleur
du corps de Bouddha.
Au chant du coq, un moine fait rouler les moulins à prières tous enluminés d’or.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Plusieurs fois par jour,
les moines bouddhistes font
tourner les moulins à prières,
des cylindres dorés
dont les prières sont censées
se répandre dans les airs.
Ailleurs dans la ville, la cité moderne se dresse avec ses gratte-ciels aux formes bigarrées.
BIN HAO
(Propos traduits du chinois)
Un des exemples les plus
spectaculaires de l'association
du jaune et du divin se trouve
à Shanghai, au coeur d'un
des quartiers les plus animés.
Au bord de l’eau, les citadins se rassemblent pour prendre des photos du centre-ville moderne. Un peu partout, des temples demeurent un lien avec le passé. Leurs toits sont décorés de forment dorées.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Le temple Jing'an, le temple de
la paix et de la tranquillité,
construit au deuxième siècle,
fut entièrement détruit
par un incendie pendant
la révolution culturelle.
Sa rénovation date
des années 1980.
Tous les aspects du temple Jing’an, qui occupe une grande surface au milieu des autres constructions beaucoup plus contemporaines, sont présentés.
De nouveau un aéroport suggère que le voyage se poursuit vers Hong Kong qui se trouve tout au sud.
La ville effervescente apparaît sous les lumières jaunes de différents sites. Le jour, les rues grouillent de monde qui se déplace dans l’harmonie la plus totale. Les gratte-ciels peuplent la ville qui donne sur la mer.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Hong Kong. Cette ancienne
colonie britannique est depuis
1997 rattachée à la Chine.
Malgré la rétrocession,
Hong Kong continue de cultiver
une identité particulière.
Derrière ses airs de «city»
londonienne ou de petit New York
de l'Asie, c'est une ville
chinoise où bat le coeur d'une
population venue majoritairement
de Canton et de Shanghai.
C'est ici qu'on trouve dans
certains quartiers la plus forte
densité de population
de la planète.
La ville égrène au fil de
ses rues ses multiples visages
et derrière ses «buildings»,
on trouve parfois des havres
de paix où l'on oublie
un instant la folie urbaine.
Quelque part au coeur de la ville se trouvent des péniches et des maisons sur pilotis, comme un petit village de pêcheurs entouré d’arbres et d’eau. Des bouddhas dorés aux visages divers exprimant toutes sortes d’expressions défilent.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Le temple des Dix Mille Bouddhas
est justement un petit modèle
de tranquillité. On y accède
en pénétrant une forêt
qui enveloppe les visiteurs
d'un calme apaisant.
Dans un jardin des centaines de bouddhas dorés sont assis, tous ont des visages différents et sont disposés de part et d’autre d’un long escalier qui mène au temple.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
La construction débute en 1949
et s'achèvera 17 ans plus tard.
Le temple des Dix Mille Bouddhas
tire son nom de ces innombrables
statues qui peuplent l'ascension
vers son monastère.
Des bouddhas de toutes sortes:
corpulents, maigres, chauves ou
chevelus, joyeux, énigmatiques,
sévères ou tristes. Ils évoquent
tous une expression ou un moment
de la vie de Bouddha.
Ce temple attise la ferveur des
bouddhistes de toute la Chine
et l'enthousiasme des nombreux
visiteurs étrangers.
VISITEUSE DU TEMPLE
(Propos traduits du chinois)
Je suis en voyage ici.
Je viens de Quanzhou
dans la province de Fujian.
Ce temple de bouddhas est très
renommé. Il est connu pour
apporter la santé, la prospérité
à toute la famille. Cet endroit
est connu dans le monde entier.
Je ne pouvais pas
ne pas le visiter!
Les visiteurs montent en silence en observant les attitudes de chacune des statues.
VISITEUR DU TEMPLE
(Propos traduits du chinois)
Monter jusqu'ici, ça demande un certain
effort. C'est une sorte de défi.
Lorsqu'on arrive ici,
on prie Bouddha et cela nous
procure une grande sérénité.
Ce grand nombre de bouddhas
représente une source de pouvoir.
Les couleurs de Bouddha
sont le rouge et le jaune.
Et la couleur dorée, c'est
le symbole de la prospérité.
Les visiteurs avancent sur le long chemin qui mène au temple. À un certain moment, les bouddhas ne sont plus assis, mais debout.
VIEUX VISITEUR
(Propos traduits du chinois)
C'est l'un des
plus vieux temples de Hong Kong.
Je viens ici depuis que je suis
tout petit. Et aujourd'hui,
même adulte, je continue à venir
au moins deux fois par an.
Ce qui est vraiment
exceptionnel, c'est le nombre
de statues de Bouddha.
Ce sont les fidèles qui les ont
peintes. Lorsqu'ils en ont
les moyens, ils viennent
les recouvrir de peinture dorée.
De nouveau, les détails des statues et de leurs expressions sont présentés.
VIEUX VISITEUR
(Propos traduits du chinois)
Au début de l'année,
je me suis promis de revenir
si j'en avais le temps.
Pour remercier les dieux.
Parce qu'ils ont veillé
sur moi toute l'année.
La tradition veut que lorsque
l'on demande quelque chose aux
divinités et qu'elles exaucent
nos voeux, on revienne ici
à la fin de l'année
pour les remercier et
leur demander miséricorde.
Dans le temple, de petits autels sont installés pour les offrandes. Il y a des fleurs et de l’encens.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Au sommet de la colline,
là où les fidèles viennent prier
se trouve le temple principal
qui abrite 12 800 bouddhas
miniatures. Chaque bouddha a été
offert par les fidèles depuis
la fondation du monastère.
Des voyageurs se dirigent vers le quai d’embarquement d’une gare. Le train prend sa vitesse et sort de la ville. Une voix féminine émet un message de bienvenue aux passagers. Ensuite, les agents de bord circulent dans les allées avec des goûters. La carte de la Chine apparaît. Une ligne pointillée montre la prochaine destination vers le nord à Changzhou qui se situe un peu à l’ouest de Shanghai.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Loin du monde religieux,
le jaune a également une
signification plus surprenante
en Chine. Au XXe siècle,
la couleur va devenir
celle de l'érotisme
et de la pornographie.
Des pagodes sont dispersées dans un décor en escalier où coule une fontaine. La façade d’une grande maison apparaît.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Dans la province du Jiangsu
à deux heures de Shanghai
se trouve le Musée du sexe.
À l’intérieur du musée, différentes vitrines présentent des artefacts reliés au sexe et qui s’étalent dans le temps. LIU DALIN, le conservateur du musée, marche lentement dans une des salles de son musée.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Il a été créé par un professeur
de sociologie. En 40 ans de
recherche et de voyages, Liu
Dalin a recueilli plus de 1600
objets et oeuvres d'art du monde
entier pour retracer 9000 ans
d'histoire de la sexualité.
Dans une des vitrines se trouvent différents godemichets sculptés dans le bois.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Si on réprime
sa sexualité, alors elle va
être encore plus exacerbée.
Le sexe, c'est comme la bière:
plus la pression est forte
et plus ça jaillit fort
quand on décapsule la bouteille.
Ailleurs, un personnage attaché avec des chaînes est affublé d’un pénis démesuré.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Voici une oeuvre d'art
contemporain. Elle s'appelle :
«On ne peut rien y faire». L'idée,
c'est que la sexualité est
une partie inhérente de l'être
humain et qu'il est impossible
de la réprimer. On ne peut
rien y faire.
Si vous regardez cet homme,
il est complètement enchaîné. Sa
bouche, ses mains et ses pieds
sont liés alors que son sexe
n'est pas enchaîné. Il ne peut
pas être enchaîné. Ça fait
partie de sa condition profonde.
Ailleurs dans la salle, une vitrine propose des sculptures représentant des femmes nues. Plus loin, LIU DALIN s’approche d’une peinture.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
La Chine possède de nombreuses
peintures érotiques, mais
celle-ci possède une force
particulière. Il s'agit d'un
long rouleau intitulé
Ruisseau, feuilles et montagnes.
On y voit tout d'abord un couple
accompagné de leurs servantes
qui partent vers les montagnes.
Dans la deuxième scène,
on peut voir le couple se laver
avec l'eau pure de la rivière.
Ensuite, le couple va trouver
un endroit pour faire l'amour.
Là, vous voyez, la domestique
tient une ombrelle au-dessus
d'eux pour les protéger
du soleil.
Après, ils refont l'amour
dans d'autres lieux.
Ce rouleau de peinture
est vraiment très original.
Les détails de la toile sont présentés. Le couple adopte différentes positions pour faire l’amour avec les soins des servantes qui parfois aident l’un des partenaires à maintenir sa position.
LIU DALIN continue son chemin dans les salles de son musée.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Nous avons créé ce musée
de l'histoire de l'érotisme
pour montrer au public
que la Chine était jadis un pays
où la culture érotique était
très présente. L'érotisme était
très développé, très raffiné
et profondément ancré
dans la culture.
Plusieurs gravures et peintures érotiques sont présentées.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Jusqu'aux dynasties Han et Tang,
la sexualité est
très visible, assumée.
Cette ère est marquée par un pic
de développement et de
prospérité dans l'histoire
de la Chine antique.
Cette prospérité s'accompagnait
d'une grande liberté
pour le peuple.
Sous la dynastie Tang, on était
libres de se marier avec qui on
voulait, divorcer, se remarier
après avoir perdu son conjoint,
tout cela était normal.
Une personne pouvait avoir un
ou deux partenaires sans avoir
à craindre les critiques
de la société.
Plusieurs porcelaines illustrent différentes postures dans lesquelles les partenaires font l’amour. Au-dessus de la vitrine des porcelaines se trouvent des dessins qui en font autant.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Regardez ce dessin.
Un homme et une femme
font l'amour, mais la femme
a gardé ses chaussures.
En fait, les femmes avaient
les pieds bandés. C'était une
pratique douloureuse. Les femmes
ne pouvaient pas parcourir
de longues distances. Du coup,
elles ne pouvaient pas
s'éloigner du foyer
et de leur mari.
Elles n'avaient alors pas
d'autre choix que de rester
à la maison pour s'occuper de
leur mari et de leurs enfants.
Cette contrainte leur donnait
également une démarche qui les
faisait rouler des hanches
et des fesses.
De plus, suite à des recherches,
on a découvert que ce mouvement
particulier avait pour
conséquence de rétrécir
leur vagin.
Dans une autre salle se trouve une chambre typique d’une autre époque.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
À partir du dixième siècle,
la société féodale chinoise
se désagrège. Le conservatisme
prend le dessus; le sexe
et toutes ses représentations
deviennent tabous.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Alors, les gens
se sont mis à trouver des
substituts au mot «sexe».
On parlait de «romans jaunes», la
couleur de l'érotisme en Chine,
de «films jaunes». Il y a encore
une trentaine d'années,
dans les films chinois, c'était
absolument impossible d'avoir
une scène où deux personnages
s'embrassaient. Si deux acteurs
s'embrassaient sur la bouche
ou sur la joue, c'était
déjà considéré comme de
la pornographie. Désormais,
le baiser est devenu
quelque chose de banal.
D’autres artefacts anciens sont présentés.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Depuis la proclamation de la
République populaire de Chine,
et notamment depuis les réformes
d'ouverture dans les années 80,
la société chinoise est
redevenue prospère et le pays,
puissant. Les gens sont de plus
en plus à l'aise avec la
sexualité. La société chinoise
jouit de plus en plus de
liberté, y compris sur le plan
de la sexualité.
À l’extérieur du musée, une fontaine coule au milieu du jardin et des lanternes rouges et jaunes sont suspendues dans une allée.
LIU DALIN
(Propos traduits du chinois)
Je pense qu'il faut promouvoir
une plus grande ouverture d'esprit.
La sexualité est quelque chose
de tout à fait naturel.
Il ne doit pas y avoir
de discrimination. La sexualité
est un droit de l'homme.
C'est dans la nature humaine.
Une voiture circule sur une autoroute au soleil levant qui colore le paysage montagneux d’une teinte dorée. Sur la carte de la Chine, une ligne pointillée quitte Changzhou et se dirige légèrement au sud-ouest vers Xian de Yunhe. Là-bas des fleurs jaunes s’étendent à perte de vue dans un champ.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
À la fin de l'été, la campagne
chinoise offre toutes les
nuances de jaune. Des champs
de colza aux rizières
en terrasses, le jaune devient
alors synonyme de fertilité
et d'abondance.
À flanc de montagne, des champs cultivés en terrasses façonnent le paysage.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
C'est dans la province de
Zhejiang au sud de Shanghai
que l'on trouve les plus
célèbres rizières en terrasses.
Situées entre 200 et 1400 mètres
d'altitude, elles sont les plus
anciennes et les plus
difficiles à entretenir. Il y a
10 000 ans que l'homme a appris
à cultiver le riz. Il est la
base de l'alimentation chinoise.
Dans les champs de riz, les travailleurs s’activent à récolter le précieux grain.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Dans cette région, les terres
agricoles se transmettent de
génération en génération. Tian a
repris les rizières familiales.
Elles sont sa principale
source de revenus.
TIAN travaille au champ. Il coupe les tiges de riz à la main avec une petite serpe.
TIAN
(Propos traduits du chinois)
Pour nous, le riz est très important,
car nous en mangeons tous les jours.
Ici, chaque foyer, chaque
famille cultive du riz. Quand
l'hiver arrive, chaque famille
plante du riz et ensuite,
on peut en manger
tous les jours de l'année.
Le riz de notre famille est bien
meilleur que celui des autres
parce que nous utilisons très
peu de pesticides, moins que les
autres. Ici, dans les montagnes,
il y a peu d'insectes.
C'est bien plus compliqué
en haute altitude que dans
la plaine. Par exemple, ici,
les trajets entre la maison
et les rizières se font à pied.
Nous faisons presque tout
à la main, alors qu'ailleurs,
les gens ont des machines.
Nous, les paysans de
la montagne, nous avons
une vie dure. Nous faisons
un travail difficile.
Ensuite, TIAN bat les tiges récoltées pour en extraire le grain à l’aide d’une machine rudimentaire. Puis, TIAN transporte le précieux grain à l’aide d’une palanche qui maintient de gros sacs chaque côté de ses épaules.
TIAN
(Propos traduits du chinois)
Pour nous, le meilleur moment,
c'est celui de la récolte.
On rentre à la maison
et on a du riz à manger.
Celui-là, on ne le vend pas.
On le garde pour nous.
On se retrouve entre proches, on
s'invite les uns les autres pour
partager un repas. On va chez
eux, ils viennent chez nous.
TIAN montre les grains de riz qui coulent entre ses doigts.
TIAN
(Propos traduits du chinois)
Ici, on s'entraide.
On partage la dureté du travail,
mais on est aussi heureux
de se retrouver pour passer
de bons moments.
Plusieurs visages défilent, ils sourient et saluent de la main.
JULIETTE BINOCHE (Narratrice)
Jaunes d'hier et
d'aujourd'hui, paysages
ou oeuvres d'art, la couleur
de l'empereur s'impose toujours.
Elle illumine l'âme de la Chine
à travers les siècles
d'un soleil immuable
qui n'a pas fini de briller.
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